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Délirium

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Août
19 août

Vietnam Journal T5

Déjà 5 tomes pour une série qui n'en finit pas de surprendre et de nous scotcher. De la très grande bande dessinée de guerre ! ll est des récits qui gagnent leurs galons de classiques grâce au seul nom de leur auteur, mais plus souvent par le truchement d'une série, d'un héros ou de quelques albums particulièrement réussis. Ceux-ci laissant une forte impression aux lecteurs, en développant un univers personnel marquant. C'est le cas de Vietnam journal, apportant une vision précise et à hauteur de bidasse de la guerre du Vietnam. Avec Scott « journal » Neithammer, il n'y aura plus de secret sur les types d'hélicoptères, de véhicules de transport de troupe, de blindés, il n'y aura plus d'approximation non plus sur les noms: ANV, ARNV, les Vietcong, les Marines, les troupes Aéroportées, l'infanterie...et la vague idée que l'on se faisait d'un conflit entre Américains et nord Vietnamiens, par le biais de quelques films sur l'une ou l'autre bataille, se trouve largement précisée par des éléments documentés, narrés par un protagoniste les ayant vécus, et ayant surtout été témoin de différents incidents, accrochages et combats, sur une période s'étalant sur trois ans. Une matière inédite dans le media qui nous intéresse, augmentée par la personnalité de l'auteur, plutôt humaniste, qui n'hésite pas à laisser effleurer ses émotions, à donner son avis, et à réhabiliter au passage ses camarades les plus braves, tombés parfois de manière atroce au combat, tandis que d'autres, plus chanceux, et devenus vétérans, seront accueillis à leur retour au pays par un peuple américain haineux (dont des hippies) mal renseigné. Don Lomax nous offre avec ce tome une immersion précise et totale dans les batailles du Têt, du nom de cette fête nationale, qui vit disparaître, ne serait-ce qu’au sein de la ville historique de Hué que la coalition nord vietnamienne cherchait à ériger en symbole de leur reprise, et sur une période d’un mois : 437 Marines, laissant 857 blessés sérieux, contre plus de 5000 ennemis. L'objet de batailles de rue comme jamais vues en bande dessinée, avec murs d'enceinte explosés un par un à la roquette, afin d'avancer cour après cour dans la cité impériale, et sans appui aérien au départ, afin de protéger le « patrimoine national » (paradoxe quand tu nous tiens….) Tout cela, et bien plus encore, donne lieu à des scènes d'un réalisme prenant, mis en image à l'aide d'un dessin plus efficace que jamais, abordant le noir et le blanc à l'aide d'aplats et de jeux de lumière excellents. Si l'auteur a laissé l'encrage à sa femme Emma, c'est sans doute la meilleure idée de ce tome 5, tant le résultat est bluffant. On avait déjà un scénario et un récit au top sur la série, on a en plus un dessin plus coolissime que jamais dans ce numéro. Un seul mot: : « #rejoignez le bataillon# » (des fans de Vietnam Journal !).


Illustration : Don Lomax | couverture : Don Lomax | Couleur : Mitch Breitweiser
Guerre
Juin
3 juin

Judge Dredd - Affaires Classées T7

Déjà septième tome des archives de Gotham City, et un recueil d'histoires (relativement) courtes, réjouissantes. Des robots, des Faties et des champignons radioactifs... Mais comment font-ils ??Vingt histoires se succèdent au sein de ce nouveau recueil, sous la forme de cinquante épisodes créés de mars 1982 à juin 1983 dans la revue 2000AD. Tous abordent avec malice les travers d'une société humaine sensée être futuriste mais résonnant étonnement avec celle d'aujourd'hui. L'épisode Le Jeux des jeux mettant en scène la vengeance délirante d'un animateur raté de jeux télévisés en est un des plus succulents, si l'on peut imaginer un jeune milliardaire souhaitant se venger de ses collègues avec un parc spécialement conçu pour les tuer dans d'atroces souffrances. En terme de vision, Dégueu, abordant la mal bouffe reconditionnée, à base de poils, insectes, détritus divers, résonne de façon très réaliste à l'heure où il est justement question de surpoids dans nos sociétés et de culture d'insectes pour pallier au nombre grandissant d'humains et à la pénurie de ressources. Les Anges du destin nous permettent de retrouver la petite famille dégénérée de Fink et de Mean machine, qu'un autre « méchant », le jeune (ex) enfant juge, exilé sur Xanadu et devenu gourou psychique, va commander afin de tuer Judge Dredd. Une des plus longues histoires, avec La chose venue des étoiles, qui de son côté, rappellera beaucoup le film Alien, créé seulement 3 ans plus tôt, avec cet entité extraterrestre atterrissant dans le désert, perturbant l'environnement avec des ondes électro-magnétiques et s'emparant d'humains afin de les féconder. C'est cependant Hag le trappeur/i>, sur 3 épisodes, qui nous fera nous demander si ce chasseur de prime extraterrestre, collectant des humains dans son sac, utilisant un champ de force et un téléporteur jusqu'à son vaisseau en orbite stationnaire, n'a pas inspiré fortement le Predator de John Mac Tiernan, sorti en...1987 ! Quoi qu'il en soit, on ressort de ce 7ème volume de Judge Dredd rassasié et heureux de ces nombreuses réjouissances « Pop » et si le dessin n'est pas aussi génial que dans certains précèdent tomes - il ne faut pas craindre le style très « lâché » et punk du créateur original Carlos Ezquerra, responsable ici de 30 épisodes - celui de Ron Smith (19 épisodes), voire de José Casanovas sur un épisode, rééquilibrent l'apport graphique, réalisé par des maîtres de la narration de toute façon. Un tome brillant par son aspect scénaristique, inventif, et toujours incisif, justifiant pleinement son achat.


Illustration : Ron Smith
aventure
Mai
13 mai

Copra T2

Suite d'un des comics les plus secs, nerveux et avant-gardistes de notre époque troublée. Une œuvre (presque) incomparable, à la lisière du comic book de super-héros et des productions indépendantes.Le début de l'album s'avère assez ardu car il est un peu compliqué de reprendre le fil de l'histoire avec la présentation des personnages principaux restés sur terre. Cette description est en effet opérée portrait par portrait, utilisant la voix off de Sonia dans le chapitre d'ouverture (qui correspond au chapitre 7). Il faut attendre le suivant pour entrer à nouveau dans l'action et comprendre qu'en fait rien n'est acquis et que le combat perdure avec des « hommes de main » envoyés par Vitas, dans l'anti-zone où est resté Rax et quelques membres de Copra. Le portail menaçant de se refermer, une solution de repli est mise en œuvre, mais les discussions parallèles de Sonia sur Terre pour trouver des solutions soulèvent un plus gros problème. Ce tome 2 nous embarque dans un récit davantage tourné vers le complot que le précèdent, où l'univers, déjà complexe, était posé, mais sur un rythme tout aussi nerveux. Là, les fantômes bienveillants de John Byrne avec les Next Men et celui de Matt Kindt avec MGMT se rappellent à notre bon souvenir, plaçant Copra dans une lignée de comics exigeants où les scènes extraordinaire de combat sont bien au service d'un récit Hard Boiled d'espionnage (industriel) de qualité supérieure, ce shrapnel extraterrestre étant la relique improbable que chaque partie souhaite avoir en sa possession. Au delà d'un scénario au découpage relativement complexe mais maîtrisé, et aux dialogues aux petits oignons (on pense par moments au Black Hammer ou AD After Death de Jeff Lemire), c'est le dessin et les couleurs mélangeant encre noir et crayonnés de Michel Fiffe, qui font vraiment toute la différence avec n'importe quel comics déjà croisé par ailleurs. Ce mix improbable, mais génial, entre BD européenne, Manga et comics alternatif fonctionne du tonnerre de dieu, et laisse presque à chaque page bouche bée. Rien ne ressemble à Copra, à part peut-être un breuvage radioactif composé des meilleurs auteurs de ces trente dernières années. Une lecture exigeante certes, mais chez un éditeur qui l'est tout autant, nous proposant une œuvre et un auteur, ouvreurs de possibles. La sensation de tenir là quelque chose d'assez rare ; aussi, ne restez pas devant le portail, mais franchissez-le !


Illustration : Michel Fiffe
heroes
Mars
28 mars

Portés disparus

Quatrième tome des souvenirs de « Journal », reporter incroyable, baroudant avec les GIs dans l'enfer du conflit vietnamien 1967-1968. Encore une bombe narrative, indispensable témoignage. « C'est pas mal d'être en tête» explique le caporal Kennard Keno, dans le prologue à ces quatre épisodes, affirmant que passer en premier dans la jungle, devant la colonne, permet de mieux s'en tirer, en évitant les tirs ciblés du gros de la troupe, par les VC, pauvres en munitions. Et « bing », on rentre direct page suivante dans le noir du réalisme de Don Lomax, qui sait de quoi il parle. Quel kif de retrouver l'ambiance sans pareille de ce comics quasi documentaire sur la guerre du Vietnam. Trait énergique bien encré et ton direct, mais écrit avec finesse. On sait d'entrée de jeu que l'on va encore aimer ce volume et c'est le cas. Dans la droite continuité des précédents épisodes mais avec le sentiment que l'on connaît encore davantage les protagonistes, dont le narrateur, ce tome 4 réaffirme le propos dur mais sincère et surtout résolument antimilitariste de l'auteur. La guerre fait des dégâts de chaque côté, et Don Lomax, par les yeux de Scott « Journal » Neithammer la reçoit en pleine face. Comme lorsque il assiste, impuissant, aux exécutions sommaires et sauvages d'une mère et son bébé, ce dernier ayant été caché dans un camp de nord vietnamiens. Comme lorsqu'il se fait raconter un épisode de viol (puis d'assassinat !?) d'une jeune femme par certains soldats désemparés ; comme lorsqu'il assiste à l'explosion d'une équipe héliportée de ses camarades et qu'un de ses compagnon de boue se reçoit en plein visage la tête de l'un d'eux, tranchée par les pales. Et, inexorablement, c'est dans l'alcool que ces horreurs trouvent à s'enfoncer au fin fond de nos âmes... Scott n'y échappe d'ailleurs pas. Un comics coup de poing, on l'a déjà écrit, mais surtout de la bande dessinée de guerre comme rarement vue. Une lecture addictive et un talent incroyable. Lisez Vietnam journal !


Illustration : Don Lomax | Couleur : Mitch Breitweiser
Guerre
Avril
14 avril

Nexus T1

Une œuvre majeure de science fiction quasiment jamais éditée en français depuis sa création en 1981, voilà le challenge des éditions Delirium, relevé avec brio. 423 pages présentées façon Omnibus américain, dans un épais volume cartonné couverture satinée dos rond, comprenant 102 pages noir et blanc et le reste en couleur, voilà pour la présentation physique. Tout commence avec les premiers épisodes nous présentant Nexus, et les manigances de vilains désirant appréhender l'origine de sa puissance. Si l'on s'engage légèrement à reculons dans ce pourtant attendu premier volume - les pages noir et blanc pourtant agréables ne soutenant que peu la comparaison avec celles en couleur - il faut reconnaître une mise en bouche suffisamment originale et étrange à cette histoire pour abonder, d'autant plus que les belles couvertures des comics originaux, faisant office d'inter chapitre, brillent aussi de mille feux Pulp et nous alpaguent. Steve Rude, dessinateur dont on sait la classe du travail et combien il est devenu « bankable » depuis 1981, commençait tout juste alors, et déjà il marchait dans les traces d'un Russ Manning. Trait souple, encrage onctueux et un certain sens de l'épure participent du charme opérant sur le lecteur découvrant son œuvre de base. Les couleurs de Les Dorscheid, sur la majorité des épisodes, ajoutant la touche typique de ce comics parmi les plus significatifs et funs de ces années quatre-vingt que l'on ne finit pas de redécouvrir. Si Steve Rude nous charme, comme peuvent le faire d'autres talents tels Dave Stevens, Mark Schulz, ou bien encore Jaime Hernandez, pour rester dans cette génération d'auteurs au trait souple, le scénario de Mike Baron fait preuve d'une belle inventivité. Aussi, c'est à un mix de 2000AD, la revue culte SF britannique, à laquelle on pense parfois, dans l'irrévérence et le rythme, tout comme aux Tortues Ninja du duo Kevin Eastman - Peter laird, et au moins aussi à American Flagg, d'Howard Chaykin, peut-être pour l'humour et les scènes de combat (superbes épisodes dans le monde bol avec le Blaireau, un anti super héros improbable de beaufitude). Mais ne nous y trompons pas, cette dernière référence partage aussi une vision politique avec Nexus, nous gratifiant au passage d'une réflexion sur le pouvoir, l'amitié et la confiance, assez rare. Auquel s'ajoute une beau suspens de recherche des origines, sous couvert de fouilles archéologiques, élément fantastique dans un comics de Space Opera où la sensation de bien-être surpasse les situations les plus noires. Tout le talent du duo Mike Baron - Steve Rude, que l'on a hâte de retrouver dans un tome deux, puisque l'action est en cours... Nexus est exaltant et fun, et Delirium nous le sert sur un plateau d'argent, avec une belle introduction du traducteur Alex Nikolavitch et deux épisodes bonus. Que demander de plus ?


Couleur : Steve Rude
heroes
Mars
4 mars

Contrôle

Un recueil d'histoires courtes récentes du Dredd ne se refuse pas, surtout dessiné par Chris Weston. Top à tous les niveaux.Alors que Le Jardin se déploie sur trois chapitres, dont Contrôle, dans une ambiance plutôt dramatique, cinq autres complètent ce volume de 141 pages, pour notre plus grand bonheur. Les quatre derniers proposent un ton davantage humoristique, comme dans Joyeux Noël, où la promesse d'une prime aux citoyens se tenant bien le soir de Noël est détournée par un juge véreux. Barney le robot transmetteur nous embarque avec lui dans un déversement d'insultes publiques. Ascension éclair présente les aliens simiens essayant de s'emparer d'un «ascenseur de rupins». Belle analogie avec la dichotomie sociale vécue de fait déjà de nos jours. Tandis que La mort du canon Dan-E présente le sujet du débordement des IA, telle celle contrôlant cette station orbitale de défense, pétant les plombs et réorientant son laser en décidant de semer la panique en ville si l'on ne satisfait pas son désir. Enfin, Cadet Dredd contre Grudzilla se moque de la grosse tête de certaines célébrités, pétant plus haut que leur c...c'est le cas de le dire, d'autant lorsqu'elles se sont fait implanter le cerveau dans un corps de reptile mutant hypertrophié. Des synopsis fun, inventifs et surtout très bien mis en page et superbement dessinés, s'équilibrant parfaitement avec le plus long récit titre davantage sombre et remarquable faisant la couverture. Ce dernier rend d'ailleurs (et il est difficile d'imaginer que ce soit involontaire) hommage au maître de l'horreur Bernie Wrightson et c'est bien le moindre que l'on puisse citer pour évoquer le talent de Chris Weston, bien que l'autre géant Brian Bolland se tienne en embuscade dans l'ensemble des pages intérieures. Les couvertures originales de toute beauté sont jointes en fin d'album, et font de celui-ci un grand cru, parfaitement contrôlé !


Illustration : Chris Weston | couverture : Bill | Couleur : Stéphanie Hans
Horreur
Février
4 février

Carnaval

Dernier tome de l'intégrale consacrée aux aventures originales de The Mask, ce recueil de deux grandes histoires comblera les fans. Une fin au top, sans déchet.A l'inverse du tome trois, qui avait connu une légère baisse d'inspiration, ce dernier recueil propose deux histoires bien fichues, certes assez classiques dans leur fond d'intrigue policière, mais traitées avec un certain respect du lecteur. L'arrivée de Grosse tête se fait de manière un peu moins outrancière et les scénaristes prennent le temps de développer les récits, usant de dialogues dans la grande tradition du Thriller. Si Rich Edden offre une histoire bien fichue à la Nouvelle Orléans, sur un dessin au top réalisé par Goran Delic, artiste des Balkans pas encore connu chez nous, dans un style pouvant évoquer un Kelley Jones plus cartoony, Bob Fingerman assure de son côté une bonne enquête façon Seven de David Fincher, avec un fou mettant en scène ses crimes vengeurs. Sibin, (Klavkovic, artiste serbe), révélé aussi à cette occasion, fait le job à l'aide d'un dessin un peu plus informatisé, mais néanmoins de grande qualité. Mises en page fluides, dialogues au top, ces deux très bonnes histoires ne révolutionnent certes pas le comics, mais méritent une place dans votre bibliothèque de genre, d'autant plus que les superbes couvertures originales de Kyle Host sont incluses en fin d'intégrale. Un très bon dernier tome, bien fun, pouvant se lire indépendamment des autres.


Illustration : Sibin Klavkovic | Couleur : Sibin Klavkovic | Scénario : Rich Edden
Mondes décalés
Janvier
21 janvier

Les hérésies complètes

Troisième et dernier tome des aventures reliées de l'extraterrestre démoniaque Némésis, arpentant les tubes de la cité souterraine de Termight où l'on va assister à son combat final avec le sanguinaire Torquemada...Dans un début peinant à relancer le suspens après des épisodes haletants, les auteurs Pat Mills, David Roach puis John Hickleton procèdent à une sorte de résumé afin de bien recoller les morceaux. Paul Staples réveille le lecteur avec son dessin aux couleurs un peu psychées, avant que Clint Langley explose tout avec Le Marteau des sorciers, dans un style assez proche de son collègue Simon Bisley : bien gore et trash. Cependant, on est davantage ravi par l'arrivée de Henry Flint, au départ accompagné de Kevin O'Neil, qui va non seulement apporter une nouvelle fraîcheur avec son style graphique plus épuré, ramener de l'intérêt en introduisant quelques autres personnages et montrer Chasteté sous un autre jour. La suite continue à garder un cap intéressant dans les récits bonus. Parmi les nouveaux personnages, Deadlock est assez classe, avec sa morgue et sa moto scie faisant de lui un parfait mix entre Judge Dredd et Ghost Rider. Une sorte d'hommage ? Le peuple rebelle des mandragores est aussi intéressant, tout comme «le comptable», Serial killer Zardar, sous-fifre de Torquemada. Néanmoins, et alors que tout cela se passe désormais à la surface, on sent un rapprochement presque évident avec la série phare Judge Dredd de la revue 2000AD, tout comme la série ABC Warriors, du même éditeur, dont des liens en pointillé sont tissés. La fin, géniale, sera écrite dans cette dynamique. Némésis le sorcier c'est tout cela et la sensation de tenir grâce aux éditions Delirium une sorte de grimoire maudit. Peut-on faire plus diabolique, gothique et hallucinant que Némésis, sans devenir illisible ? Telle est la question que l'on se pose en refermant le tome 3 de ce comics dont le statut culte sera entièrement à mettre au crédit de son scénariste Pat Mills, ayant réussi à garder le cap d'un récit pourtant parti dans un délire assez conséquent et glauque, mais aussi des enluminures des différents artistes convoqués. Un sans faute, mais peut-être pas de bon goût, oseront dire certains ? Tant pis pour eux…


Couleur : Collectif
aventurestrange
Novembre
19 novembre

Next Men T3

Conclusion en apothéose pour une série comics adulte mêlant SF et super héros, au statut culte mérité.Ce troisième tome tient toutes les promesses faites dans les deux précédents, fournissant un nombre incroyable de rebondissements et d'intrigues croisées. Les personnages sont nombreux, et si toutes les scènes ne sont pas toujours faciles à appréhender du premier coup, John Byrne a suffisamment de talent pour citer juste en quantité nécessaire les noms des protagonistes, et les différencier graphiquement, afin de clarifier le propos. Il apporte son soutien à Mike Mignola dans le numéro 21 "Faith", avec un passage éclair du "jeune" Hellboy, récemment créé à l'époque, pour une scène sympathique dans les égouts, tout comme il s'amuse à s'auto caricaturer, aux côtés de son créateur et de Art Adams "stars" de l'époque et copains de l'aventure du label Légend avec Frank Miller chez Dark Horse. D'ailleurs, de nombreux personnages, tels She-Demon, Monkeyman & O’Brian, Concrete, ou Les elfes de Elquest, apparaissent au fil du récit, profitant des soubresauts d'une sorte de "portail" créatif créé par l'éditeur auteur Ben Horrowitz (avatar de Stan Lee ici). Un joyeux Melting Pot mêlant réalité et fiction, apportant la touche humoristique bienvenue à un récit sinon plutôt sombre voire angoissant. Ce dernier assumant une critique politique, pouvant rappeler le film Dead Zone de David Cronenberg sorti 8 ans plus tôt, ou le Terminator de James Cameron (1984). Un grand récit, ténu, serré, racé, magnifiquement proposé sous format cartonné par les éditions Delirium, à l'occasion de leurs dix ans. Incontournable dans toute collection de comics digne de ce nom.


Illustration : John Byrne
heroesaventure
19 novembre

Eerie & Creepy présentent Richard Corben

Jamais Richard Corben n'aura été aussi bien édité et représenté qu'avec ce volume exceptionnel publié à l'occasion des dix ans des éditions Delirium. Un écrin à sa gloire, qui fera date.On ne refera pas le détail de ces histoires, 40 monuments incontournables de l'étrange et de l'horreur des années soixante-dix que les amateurs de Richard Corben et ou des revues Eerie ou Creepy connaissent bien et qui ont pu, précédemment (en 2013 et 2014), se régaler avec les deux tomes ici réunis, que le label Delirium proposait aux lecteurs français. Il s'agit d'une partie importante de l'œuvre des débuts de l'artiste, où celui-ci, après avoir débuté dans le fanzinat, créait, en équipe avec une foultitude de scénaristes (pas moins de 18 ici, Doug Moench en totalisant cinq à lui seul, Bruce Jones six..) des histoires d'horreur pour l'éditeur Warren. Une période de grande liberté de ton et de forme, où des loups-garous malins, ou pas, côtoyaient des jeune femmes pas si naïves, des sorcières monstrueuses essayaient de retrouver leur jeunesse à l'aide d'incantations, ou bien encore de malheureux enfants maltraités imaginaient un univers fantastique monstrueux pour s'échapper. C'était aussi l'époque où l'auteur commençait à adapter Edgar Allan Poe et trouvait dans les ambiances du romancier anglais l'essentiel des univers fantastiques qui allaient sous tendre ses propres créations ; mais aussi HP Lovecraft, plus sombre, plus noir, apportant son flot de monstres anciens venus du fond des âges. Finalement, au regard de toutes ces histoires, on se rend compte de la qualité du mix ayant pu être réalisé sur la base de ces deux univers, leur apportant toutefois sa touche si personnelle. La Science-fiction et le Pulp font aussi partie de cette palette, et Dashiell Hammett, Stanley Kubrick, Phillip K. Dick, A E Van Vogt ont pu inspirer de récits tels que : Bénissez-nous oh mon père, Attaque sans sommation contre l’hôtel Hilton, Un ange tombé aux enfers, le Boucher, Pinball Wizard, Celui qui y croyait, Comme te voilà devenue grande...D'autres, plutôt rétro SF , écrites par Bruce Jones, telles Sans toi, mais en toi, sur une expérience de retour vers la préhistoire assez musclée, qui sera remaniée et donnera naissance à un album complet en 1991 (Temps déchiré), ou En profondeurs, un «vécu» glaçant et poignant, apportent une assise littéraire telle que l'on comprend comment Richard Corben a pu marquer autant des millions de lecteurs. Cet artiste à la patte graphique unique, tout de suite repérable, même si elle reste riche et variée, a eu l'intelligence de s'entourer de bons scénaristes, qui ont permis cette multitude de récits exquis. Cette édition « spécial 10 ans » est exceptionnelle à plus d'un titre, car proposée dans un format cartonné au dos toilé un peu plus grand que les deux précédents volumes et sur un papier épais de haute qualité, faisant ressortir comme jamais auparavant les histoires du maître de l'étrange. Une redécouverte, pour tout le monde, que l'on ait déjà ces histoires sous d’autres formes ou pas. De plus, bénéficiant des apports de collectionneurs du monde entier, rassemblés par Frédéric Manzano, à l'occasion de l'exposition rétrospective de 2019 à Angoulême, les scans haute définition sélectionnés permettent d'appréhender 10 originaux de couverture et 35 planches ou dessins originaux de Richard Corben dans leur plus glorieuse beauté. Et comme si cela ne suffisait pas, en sus de l'avant propos de l'éditeur passionné, l'ouvrage comprend trois histoires Noir et Blanc inédites en France et parues dans les Creepy nouvelle formule chez Dark Horse en 2012. Un indispensable.


Illustration : Richard Corben | couverture : Fabien Mense | Couleur : Stéphanie Hans
Horreurstrange
Septembre
10 septembre

Copra

Deuxième titre édité en français de ce génial auteur, Copra présente une équipe de super héros dans un esprit alternatif acéré et graphiquement génial.Copra fait penser graphiquement à une bande dessinée qui concrétiserait le pari improbable de la liberté enthousiaste d'un inconnu utilisant des crayons pour colorier ses planches, tout en pratiquant un encrage précis et un agencement de cases que seul un professionnel aguerri sait maîtriser. De l'alternatif haut de gamme, dans la grande tradition de mecs comme les inventeurs des Teenage Mutant Ninja Tuttles. Sauf que Michel Fiffe passionne et séduit par son côté "New Touch", un peu japonisant, tel celui d’un Tayio Matsumoto sur Number Five, en ajoutant une touche 2.0 arty, version Punky, du meilleur effet. On est scotché par les planches ultra dynamiques du dessinateur, parsemées de petits détails minéraux ou métalliques acérés, rehaussées de couleurs douces, apaisantes, inimitables. Ces couleurs n'étaient pas présentes dans son précèdent album traduit, Panorama, et on les découvre presque indispensables. Du super boulot. Que dire de la scène de poursuite sur les tours, pages 128 à 120, sinon que reviennent en mémoire les planches fantastiques de Frank Miller pour Elektra. ...Kevin Eastman, Peter Laird, Miller...que de belles références. Et pourtant Michel Fiffe parvient à assumer sa propre voie, nous montrant des choses que seuls les meilleurs de son temps sont aussi capables d'offrir. Des visions de mondes parallèles, néo futuristes, ou les mots « tokyoides » ou « agent double », « apprentie sorcière », apparaissent. Certes ces super héros bizarroïdes feront penser à d'autres, mais ce monde-ci s'appelle Copra, et il vous attend de pied ferme ! Complétement réjouissant et beau comme une première fois.


Illustration : Michel Fiffe | Couleur : Michel Fiffe
heroes
Août
20 août

Can't get no (Satisfaction)

Roman graphique noir et blanc incroyable traitant du traumatisme post 11 septembre, Can't Get No, paru originellement en 2006 sur le label adulte Vertigo de DC comics, propulse son auteur au firmament des plus talentueux de son époque.Deux lumières aveuglantes, deux lasers recréant ce qui a été, ce qui ne sera plus. Deux ascenseurs hissant vers un paradis imaginaire les âmes de toutes celles et ceux qui ont disparu... Il y aurait tant à dire sur Can't Get No et simplement sa couverture. Ce livre opère déjà, en tant qu'album, telle une compilation des plus belles prouesses techniques graphiques que le comics peut apporter (quelle superbe page 295 !). Il vous transporte cela dit aussi loin, très loin, et ça ne sera pas faire injure à son auteur que d'écrire qu'il agit comme un puissant produit psychotrope, nous faisant traverser en montagnes russes différents états hallucinatoires, avant de doucement nous reposer sur nos pieds. On suit Chad Roe dans son désarroi, dans ses expérimentations, de l'autre monde, de celui « Entre deux », vivant à son niveau ses frustrations, entre autre sexuelles. L’auteur amène d’ailleurs ces dernières tel un fil conducteur, permettant de trouver des repères là où tous les autres ont disparu. La morale, puisqu'il y en a une, ou en tous cas un constat, apporte un espoir tout relatif à ce conte mélodramatique. La poésie qu'à souhaité Rick Veitch pour exprimer son désarroi et celui de millions d'Américains, sûrement, lui permet de poser des mots sur un traumatisme qui aurait sans doute été impossible à traiter autrement à son niveau. C'était une riche idée, certes difficile à mettre en œuvre surtout dans le cadre d'une traduction, confiée à un grand auteur français : Jean Hautepierre et certainement compliquée à vendre à un lectorat comics habituel. L'exigence qu'il y démontre néanmoins, tant au niveau graphique que scénaristique, en fait une œuvre unique, sublime. Ce roman graphique remarquable à bien des égards, dont sa qualité d'impression et de maquette, s'adresse à tous les lecteurs exigeants, aux amateurs de prose, à ceux que le Road movie et la culture Beat interpellent, ainsi qu'à tous les amoureux de belles aventures dangereuses. A l'inverse de son titre, vous éprouverez de la satisfaction à lire Rick Veitch, voire même un certain apaisement,... même si tous deux se méritent. On croit cela dit que c'est un peu la conclusion de son livre. Un titre qui ne pouvait qu'être édité par les éditions Delirium.


Illustration : Rick Veitch | Couleur : Jin Han | couverture : Brian Haberlin
Chronique sociale
Juin
11 juin

La Bataille de la Somme

Dix ans d'éditions pour Delirium, et dix ans que ce premier titre du catalogue sur la guerre de 14-18 a été proposé en français. L'occasion d'une superbe intégrale anniversaire. Résumer la guerre des tranchées étant quasi impossible, même sur une seule grande offensive, tentons plutôt d'expliquer pourquoi La Grande guerre de Charlie (Charley's War) est un classique indémodable de la bande dessinée mondiale. Charlie, au sein des Tommies, les soldats britanniques partant au front pour la Somme, va découvrir la dure réalité des tranchées, les gaz et les corps déchiquetés, la maltraitance de certains officiers, mais aussi l'amitié et l'honneur. La manière dont Pat Mills dépeint ces épisodes, parus dans douze numéros de la revue comics Battle Action du 03 février 1979 au 26 juillet 1980 (cette édition reproduit en pleines pages toutes les couvertures couleur de ces numéros), est criante de vérité, plongeant le lecteur au cœur du vécu des combattants. Pour cela, il se base sur d'authentiques lettres de soldats, les faisant passer pour la correspondance de Charley et sa famille, donnant au ton du récit un côté à la fois naïf et hyper réaliste. En effet, Charley, peu éduqué, n'écrit certes pas très bien mais use souvent de périphrases pour décrire ce qu'il vit avec pas mal d'humour, censure des autorités oblige...Vivre cette tragédie par sa vue et son verbe permet aussi de voir comment de jeunes gens, souvent mineurs ou tout juste majeurs, prenaient un coup de vieux en quelques mois, obligés par la vie impitoyable qui leur était imposée. A l'instar de notre Tardi national, Pat Mills n'omet cependant aucune critique, n'épargnant ni les officiers véreux, ni la lâcheté de certains soldats, ni les rapports, parfois humains, entre belligérants. Tout cela donne du peps, de l'émotion, à des épisodes d'action tous plus passionnant les uns que les autres qui s'enchaînent au rythme de l'historique déroulement des évènements. Côté dessin, Joe Colquhoun, initié à l'école Alex Raymond, délivre un dessin noir et blanc absolument remarquable, même si son trait souple et son encrage onctueux, feront davantage penser au comics 50's de Jack Davis chez EC. Il ne démérite à aucun moment, nous régalant de scènes superbes, où charges de cavaliers masqués succèdent à des épisodes dans les ruines, des scènes oniriques ou les nuages de gaz ont obligé les survivants à se réfugier dans les arbres avec les rats, ou la charge des premiers Tanks, « les vaisseaux terrestres de sa Majesté », terreur justifiée des Fritz, mais pas utilisés malheureusement avec l'opiniâtreté qu'il eût fallu. Mais comme le dit si bien Charley : « un général a toujours raison, surtout lorsqu'il a tort ». Charley's War est un succès mérité, déjà de nombreuses fois réimprimé depuis 2011, qui a fait l'objet de 10 tomes. Ces trois premiers consacrés à la bataille de la Somme, vu du côté anglais, réunis en une belle intégrale limitée au dos toilé, est définitivement un indispensable de la BD consacrée à la première guerre mondiale.


couverture : Bryan Hitch | Couleur : Mitch Breitweiser
Guerre
18 juin

Vietnam Journal T3

Journal, l'alter ego de l'auteur, poursuit son témoignage vibrant du conflit vietnamien à vue d'homme. Toujours au top ! Un fort sentiment « d'inventivité » nous étreint dans ce tome retraçant des épisodes pourtant vécus. Chacun comporte son lot de surprises et on s'étonne de constater combien un simple récit de guerre peut apparaître intéressant. Intéressant au point de se dire, en tournant les pages : « bon sang, quel talent, quel courage, quelle dinguerie, quel bourbier ! " En fait, là réside toute la force et la différence d'une série comme Vietnam Journal, comparée à d'autres récits de guerre « classiques » que l'on soupçonne, avec recul, d’être copiés sur d'autres, tout simplement. Il leur manque la réalité, il leur manque les détails, qui font qu'une simple sortie en hélico ou un bivouac dans la jungle puissent prendre une dimension tout de suite plus haute lorsqu’ils sont racontés et dessinés par Don Lomax. Précision du propos, avec dates, lieux, noms des bataillons, matériels utilisés, et surtout vue à hauteur d'homme, et d’un civil pour le coup, puisque « Journal » est correspondant de guerre. Critique politique enfin, car un cœur bat encore en l'être humain vivant ces épisodes souvent tragiques. Car si les compagnons de route de Scott (d'infortune pourra-t-on dire) en ont aussi un, de cœur, il leur est difficile en tant que soldats aux ordres de faire la part des choses, bringuebalés dans un bourbier qu’ils subissent, tels des pions sur un échiquier. Des chiffres de pertes mesurés par la hiérarchie chaque jour, tandis que Scott assure de son côté un autre comptage, lui permettant de donner un sens à tout cela. Par exemple celui du lieutenant Edward, ayant donné sa vie lors de la prise de la Colline 875 pour sauver celle de cinq de ses hommes. Toutes les collines ou côtes à prendre ou reprendre à la guerre se ressemblent, surtout à l’aune de ceux qu'on y a laissé. Un roman graphique fort, agréable graphiquement, émouvant, sincère, humain, uppercut souvent. Indispensable.


Illustration : Don Lomax | couverture : Bryan Hitch | Couleur : Mitch Breitweiser
Guerre
Mai
14 mai

Judge Dredd - Affaires Classées T6

Pour fêter les dix ans des éditions Delirium, rien de moins qu’un sixième tome de plus de 400 pages d’une des BD les plus cool issues du milieu comics. Et un tome riche à plus d’un titre. Si l’on a aimé les précédents volumes de cette superbe intégrale magnifiquement présentée (avec galerie de couvertures couleur et biographies), il faut dire très rapidement que ce « méga volume » fait sans doute partie des meilleurs. Pourquoi ? Parce que déjà, il rassemble une myriade de dessinateurs tous plus doués les uns que les autres, dont certains n’avaient pas encore été vus dans la série. On pense entre autre à Colin Wilson, bien connu en France depuis qu’il a repris le personnage iconique de Jean Giraud dans La jeunesse de Blueberry en 1985. Ces épisodes d’au moins trois ans antérieurs démontrent déjà toute la puissance et la dynamique de son dessin et de son encrage. On a déjà parlé de Ron Smith, habitué, au style très sixties, hyper reconnaissable, ou des autres « classiques », mais John Cooper étonne aussi, avec son encrage rappelant notre Jean- Marc Rochette hexagonal. Barry Mitchell quant à lui, sur le scénario des Psycos, évoque avec un dessin bien dans le genre les EC comics comme si on y était. Sans doute parce que les hallucinations provoquées par les psychers, ces spécialistes associés à des racketteurs, pouvant entrer en contact psychique avec leurs victimes, sont tout à fait dans l’esprit (sans jeu de mot) du fameux éditeur des années cinquante. La tournée des Hot Dogs permet quant à elle de retrouver une facette scénaristique intéressante du juge Dredd, comme maitre de 12 cadets, en mission dans les terres maudites. L’occasion d’une droiture certes mais aussi d’une sorte de tendresse bienvenue. Enfin, la Guerre de l’apocalypse, avec ses 24 épisodes, remet en selle le dessinateur original de la série : Carlos Ezquerra, pour un final dingue, contant les heures les plus noires de la méga citée. Le dessin « à l’ancienne » de l’artiste, très typé seventies, tel un Moebius des débuts, convient parfaitement à ce conte nucléaire très Shakespearien. La série Juge Dredd mérite vraiment d’être connue ou mieux connue, car elle offre à beaucoup d’occasions une lecture très agréable, autant dans les aspects graphiques que l’on vient d’évoquer, mais aussi, et c’est ce qui est peut-être le moins discernable au premier coup d’oeil, une lecture sans équivoque du fond. Le duo John Wagner et Alan Grant arrive en effet, avec une recette qui leur est propre, à raconter le bien pouvant se cacher dans les règles, mêmes strictes, d’une société certes autoritaire, mais de droit. L’épisode Block Mania est à cet égard non seulement complètement délirant mais aussi très drôle. Dès lors, si la plus grande fermeté est de rigueur, on se surprend néanmoins à déceler une justice, que notre Juge défend au prix de sa vie. Beaucoup d’échos, toujours, entre cette série créée à la fin des années soixante-dix, et notre époque. Ce tome « anniversaire » remporte tous les suffrages, et peut même être une superbe porte d’entrée dans la série, exceptée le fait qu’il vous faudrait acheter auparavant au moins le tome 04 racontant l’arrivée du Juge Death. D’autant plus que ces épisodes sont l’oeuvre graphique de l’excellent Brian Bolland !


Couleur : Francis Manapul
aventure
Avril
9 avril

Panorama

Un récit très étrange, dans le fond et la forme. C'est ce que proposent les éditions Delirium, publiant pour la première fois en France le quadragénaire américain Michel Fiffe. Renversant. On rentre dans Panorama de manière violente, abrupte, mais cela doit sans doute nous préparer aux scènes qui vont suivre, n'ayant rien à envier aux récits les plus gores. Et c'est le dessin noir et blanc au trait de Michel Fiffe qui fait heureusement toute la différence, surtout avec le support du beau papier crène utilisé par Délirium, permettant plutôt de replacer son univers dans celui du comics alternatif que dans une débauche de pis allers sans fond. D’ailleurs, le jusqu'au boutisme des relations amoureuses entre les protagonistes, leur jeune âge, la présence de musique rock, par le biais des K7 compilation faites par Augustus à la Kim, renverra implicitement au comics culte Love and Rockets des frères Hernandez, que l'auteur reconnaît comme une influence, parmi d'autres artistes tels que Frank Miller, Steve Ditko ou Walter Simonson. De ces derniers on repèrera le goût de la vitalité du trait, et la prédominance des personnages aux caractères exacerbés, sans oublier un encrage nerveux et fou sur certains aspects, pouvant aussi évoquer le travail fantastique d'Ashley Wood. Panorama est intriguant, séduisant, bouleversant et va surtout au bout de son propos, laissant le lecteur, après une série de rebondissements rocambolesques, dans la réflexion d'une fin magistrale. Du grand œuvre, organique, habité, que l'on réservera cela dit aux âmes bien accrochées. L'éditeur nous annonce la parution prochaine de l'autre œuvre reconnue de l'auteur, davantage baignée dans l'univers des comics super-héros, même si totalement alternatif : Copra. On a hâte, car Michel Fiffe n'est pas un auteur comme les autres.


Illustration : Michel Fiffe | couverture : Gustavo Duarte | Couleur : Jay Stephens
strange
Octobre
8 octobre

Le Masque contre-attaque

Ce second recueil des premières histoires de Big Head se concentre sur le retour du colosse Walter et d'une bande de jeunes désireux de porter le fameux masque. Encore plus fun !Dire que l'on est passé à coté ! Enfin, pas tout le monde, car quelques histoires ont paru en format souple en France, à l'époque, dont ces épisodes précis, chez Dark Horse France, en1996... mais tout de même, quel pied de lire ces planches déglinguées, dont se dégage une telle énergie ! Déjà dans le propos, punk et engagé de John Arcudi, qui ne manque cependant jamais d'humour, et d'ironie non plus. Il faut voir à ce titre la première case : « j'veux dire, j'ai 18 ans. J'pourrais voter...si j'voulais », qui annonce d'entrée de jeu la médiocrité de l'un des quatre loustics de cette bande de jeunes (Hugo) - même si les adultes ne sont pas épargnés non plus - mais surtout la morosité débutante de ces années 90. John Arcudi est un scénariste s'étant spécialisé ensuite dans les histoires d'horreur, maniant pour notre plus grand plaisir le sens du dialogue de rue. Il faut voir à ce sujet la scène où Hugo, le junkie portant le masque, voit son entourage comme des clowns zombies. Une vision l'effrayant au point de vouloir le retirer, mais celui-ci a pris l'aspect de son propre visage. On ne peut fuir ses propres vices, semble nous suggérer l'auteur... Ensuite, l’énergie se diffuse au travers des dessins incroyables de Dough Mahnke, artiste au style nerveux mais hyper lisible, dont on pourrait trouver qu'il offre un mix étonnant entre un Juan José Ryp, et sur certaines cases : Jaime Hernandez. Allusion à cet encrage assez épais, agrémenté de pas mal de petites hachures, les scènes rock amplifiant la comparaison. Énergie, humour, inventivité, et une mise en page hyper dynamique au dessin incroyable font de ce deuxième tome de The Mask un immanquable dans l'univers comics alternatif. Sérieux !


Mondes décalés
Mars
5 mars

Tournée mondiale

Revoilà le personnage le plus déjanté de l'univers comics pour un cocktail explosif de trois récits scénarisés par trois équipes d'auteurs différentes. Inégal, mais dément.A la poursuite d'octobre vert écrit par Evan Dorkin, ouvre le bal de ce volume 3 et reprend les choses dans une suite plus ou moins directe des précédents événements. Si l'on est habitué aux courses poursuites entre pseudos gentils ayant souffert, et méchants, avec dénonciation, une fois n'est pas coutume, des travers d'une société américaine à deux vitesses, la nouveauté réside dans l'utilisation de l'élément enfantin, par le biais de la jeune Emily. Celle-ci, victime de harcèlement, finira en effet par revêtir elle aussi le masque tout puissant, assouvissant sa propre vengeance, mais réalisant que cela n'arrange en rien le quotidien, quoi que. Le dessin typé 90's de Peter Gross sied bien à cet épisode plaisant. L'indigestion guette par contre quelque peu au moment du second chapitre, concocté par Robert Loren Fleming. Bien que le dessin un peu plus moderne réalisé par Gary Erskine soit agréable, il est en effet difficile de ne pas être désarçonné par ce méli-mélo visitant le multiverse DarkHorse et enchaînant les rencontres de personnages de la licence : Hero zero, Long Tiger, Ghost, Avram, BarbWire, Grace, Warmaker...Toujours est-il que cette mise en abîme rocambolesque retombe sur ses pattes avec un certain brio et nous cloue le bec au final. Mais quelles montagnes russes ! Le chapitre de conclusion apporte une touche d'humour zombie plus équilibrée et bienvenue, savamment concoctée et dessinée par John Arcudi et Dough Mahnke. Un volume à haut voltage, mais, allez-y, « c'est ma tournée » !


Scénario : Robert Lauren Fleming
Mondes décalés
Février
19 février

Next Men T2

Les comics indépendants hors Marvel et DC n'en finissent pas d'être redécouverts. Succombez à l'avant dernier tome de la réédition d'un fleuron du genre, daté 1992, par un géant du medium.Que vous soyez familier ou pas du style de John Byrne, il faut reconnaître que ce dessinateur très coté a longtemps bénéficié de publications surtout liées aux licences Marvel ou DC en France, ce qui n'a pas permis de se faire une idée très judicieuse de son propre style en tant que scénariste. Excepté ses runs historiques pour les X-Men et Superman, il aura fallu attendre 2009 pour découvrir ses œuvres issues d'éditeurs indépendants Charlton, Darkhorse ou IDW. On pense à Doomsday 1, 2012, et Next Men donc, puis i<>Trio, Triple Helix... Si tout ne se vaut pas dans cette période plus «récente», il faut reconnaître que Next Men possède une force et une liberté de traitement remarquables. Les thèmes abordés, politique et corruption, essais scientifiques secrets et foireux, course à l'arme ultime et relations difficiles entre humains au passé torturé continuent de puiser dans la psyché d'un auteur que la série X-Men a marqué au fer rouge. Néanmoins, sorti de la licence Marvel, Byrne décline des idées avec une liberté totale, abordant frontalement et sans grand détour la violence, (familiale entre autre) mais aussi une confrontation des corps comme rarement. Le sexe est présenté avec d'autant moins de retenue que ces super hommes malgré eux, sortent d'une «serre» (voir volume 1) et n'ont pas eu de notion de leurs organes génitaux lors de leur « élevage ». Ils réagissent donc comme des enfants. Cela donne lieu à des scènes à la fois tendres et très adultes. Un ton assez rare dans ce genre de publication que l'on réservera donc à un public averti. Côté graphique, John Byrne dénote bien sûr en 2021. Son style, marqué par les années 80/90, possède néanmoins un charme indéniable, pour qui veut bien passer outre les effets de mode. Ce tome 2, se refermant sur un suspense assez intenable, nous embarque dans une histoire très prenante, où la l'industrie des comics est au passage moquée et mise en abîme par le biais de Dollar Comics et son patron ressemblant étrangement à Stan Lee. Succulent. A noter une couverture limitée par Frank Miller (400 ex.)


Illustration : John Byrne | couverture : Matt Webb | Couleur : Stéphanie Hans
Anticipation
Janvier
21 janvier

Les Hérésies Complètes

Dépassant l’horreur d’Aliens/ en comics, avant Hellraiser,...il y avait Némésis le sorcier !. Un tome 2 absolument horrifique, sondant les plus bas instincts de l’âme humaine.Il fallait la folie, le talent et la motivation sans faille d'une équipe comme celle constituée autour de Pat Mills, scénariste clef de l'univers de la revue culte 2000AD, pour créer et développer deux personnages aussi déments et improbables que Némésis et Torquemada. Bienvenus dans les méandres de Termight, cité du futur oubliée des dieux, où règne la terreur, la haine de l'autre, et où le choix des humains survivants dans ce dédale infernal est réduit à être torturé physiquement ou mentalement, ou fricoter avec le diable (ou un alien,« l'étranger » en français). Bienvenus dans notre monde « moderne ». Affirmer que ce comics est sombre, glauque, (malfaisant diraient certains) est peu dire. Le scénario, basé sur la dualité entre le sorcier extra-terrestre Némésis et le gourou dictateur Torquemada, incarnations de tous les êtres les plus malfaisants que l'histoire a portés, opère avec moult détails dans l'ombre des tunnels de Termight, mais aussi ceux du temps. La science-fiction de Pat Mills, grâce à un stratagème très bien vu de trous noir et blanc inversés, nous entraîne au quinzième siècle, au moment des persécutions du premier Torquemada, l'Inquisiteur. Celui du futur utilisera son auto da fé (un véhicule improbable pour se déplacer dans le temps, notez le jeu de mot) afin de contrer son adversaire. A ce moment, les pages de John Hicklenton explosent de toute leur démesure organique, faites de multiples tâches d'encre, et de sévères contrastes noir blanc. La patte de l'artiste rend la lecture de ce récit, déjà éprouvante dans sa présentation de l'horreur, encore plus nauséeuse, plus angoissante. L'auteur va cependant aussi nous entraîner jusqu'aux origines, au temps où le khaos régnait sans partage et où Thoth a ramené son tyrannosaure Satanus. L’occasion d'autres superbes planches. Vous qui pénétrez en ce lieux, laissez tout espoir et sachez que vous allez être chamboulés. Némésis fait partie de ces bouquins qui, à l'époque de leur création en Angleterre n'ont pas pu connaître une publication française. Une histoire tellement sombre et désespérée, avec une présentation si noire et tordue graphiquement : qui aurait pu ? Un paradoxe quand on sait que Pat Mills revendique ouvertement l'inspiration qu'il avait trouvée à l'époque dans Métal Hurlant. Les éditions Delirium, fortes d'une connaissance et d'une passion intacte pour cette culture anglo-saxonne alternative, osent nous proposer, enfin, 36 ans après, une œuvre extraordinaire, dérangeante sur le fond et la forme, mélangeant SF, ésotérisme, horreur, Histoire, et critique acerbe d'une certaine politique fasciste et raciste, marque de fabrique de la revue 2000AD. Rien que pour cela, ce superbe album à la présentation soignée mérite votre totale adhésion. Diaboliquement sublime !


Illustration : Tony Luke
aventureScience-Fiction
Novembre
6 novembre

Murcky World

Le Monde trouble de Richard Corben, œuvre débutée en 2011, parait enfin complet, dans une édition définitive et luxueuse. Passé trouble, mais présent brillant. Une nouvelle œuvre marquante, signée d'un maître. Paru dans une première version « courte » en 2012 sous la forme d'un comic noir et blanc, mais uniquement en VO chez Dark Horse, (après avoir été prépublié dans la revue Dark Horse Presents en 2011), Murky World est revenu dans une nouvelle forme, retravaillée, repensée et en couleurs, de novembre 2017 à fin octobre 2020 dans la revue Heavy Metal. Ce superbe album cartonné, réalisé via la plateforme de cofinancement Kiss Kiss Bankbank par les éditions Delirium, participe pleinement de son existence en tant qu'œuvre aboutie, avec une édition limitée, au dos toilée, parue en exclusivité mondiale début octobre pour les contributeurs. La version librairie, plus classique, parue début novembre, contient moins de bonus et possède une couverture différente. Si l’auteur, dans ce dernier récit, a choisi de mettre dans un premier temps en avant l'art du combat en arène de ses personnages, il leur fait quitter assez rapidement cette ambiance et la cité de Falmot, pour les ramener dans le désert au brouillard épais du Murky World. Là, c'est le ton des récits de Sword and Fantasy, dans la grande tradition du créateur de Conan, Robert Howard, qui reprend ses droits. Une quête sans réel but anime alors Tugat, forcé par une sorte de malédiction à aller de l'avant, à braver le danger et les interdits. Tugat n'est cependant pas Den, et il devra faire preuve de davantage de volonté et de courage pour sortir indemne de ce monde trouble et dangereux. Aidé, il le sera, un peu, à peine, et à quel prix ? Les lecteurs avaient déjà pu se réjouir de beaux travaux récents de l'auteur à l'occasion de ses albums Ragemoor, Rat God et Denaus - Les Contes du cimetière. Que ce soit dans des tons grisés ou en couleur, rien n'aurait pu nous préparer, vu l’âge de l’auteur, à un niveau de classe telle que sur ce nouveau titre, même si Denaus avait surpris son monde et laissé entendre que oui, le maître était de retour et était donc sans doute capable de nous surprendre, avec de nouvelles idées. Dans Murky World, l'auteur-dessinateur, libéré de son dédale scénaristique, se lâche sur l'aspect graphique de ses planches, qui ont rarement été aussi flamboyantes. La mise en page est plus aérée que jamais, et Corben produit des enchaînements de cases à l'esthétisme raffiné. Les couleurs aux tons orangés et les structures en pierre, dans ce milieu désertique, figurent parmi les plus belles de sa bibliographie. Murky World a certes eu du mal à se forger, cependant, sa construction hasardeuse a fini par aboutir, tel un puzzle réussi dont Richard Corben lui-même aurait perdu un temps le schéma. Un tour de force scénaristique brillamment proposé, dans une belle édition cartonnée par les éditions Delirium. A ne pas manquer.


Illustration : Richard Corben | Couleur : Stéphanie Hans | couverture : Richard Corben
aventure
Septembre
10 septembre

The Maximortal

Seconde parution française d'un auteur que les éditions Delirium nous ont permis de découvrir avec Brat Pack en 2019, Maximortal confirme la folie et le talent de Rick Veitch. Bienvenue dans des années 90 méchamment mortelles.Essayer de résumer The Maximortal est une gageure, tant le propos de son auteur, Rick Veitch, puise dans la culture alternative. Ce livre pourra se révéler déstabilisant pour beaucoup, aussi faut-il immédiatement le restituer dans un contexte de contre-culture née à la fin des années 50. Une vision d'une autre Amérique a commencé à émerger vraiment à cette époque, avec un discours politique engagé qui n'a fait que s'exacerber au long des années soixante et soixante-dix ; les années quatre-vingt en devenant le pinacle au niveau des comics grâce aux éditeurs alternatifs tels Rip of Press, Fantagor, Kitchen Sink Press, Pacific comics...etc. Après avoir collaboré pour Epic et Alan Moore chez DC (sur un cours passage de Swamp Thing), Rick Veitch créé le label King Hell et publie entre autre Brat Pack et The Maximortal. Ce dernier lui donne l'occasion de revisiter à la sauce punk le mythe du super héros, et plus précisément celui de Superman. Dans Maximortal, ce «TrueMan» (son nom de scène, créé par deux juifs new Yorkais qui vont, comme c'est bizarre, se faire méchamment spoiler par leur employeur), doté de sentiments sauvages et destructeurs, devra être retenu contre son gré au cours d’une vingtaine d'années dans sa cosse d'origine, avant d'être utilisé dans le cadre du projet atomique Manhattan. Un parcours détonant et ubuesque, au cour duquel on croisera aussi bien Sherlock Holmes, que Albert Einstein, William Gaines, Fredric Wertham, et le Major Malcolm Wheeler-Nicholson (alias Sid Wallace), voire Jack Kirby, en Guest Star, page 140 à 144. Tous quasiment sont affublés ici de noms loufoques par souci de légalité, ceux-ci dissimulant cependant à peine leur réelle identité. Si l'histoire avance avec un relent mystique, nécessaire à toute mythologie, et qu'il amène une part de mystère et de fantastique bienvenue dans le récit, il s'avère cependant un peu déstabilisant à la longue des sept chapitres, se rendant responsable, dans le dernier, d'une complexité qui pourra laisser le lecteur perplexe. Néanmoins, Rick Veitch, dont le dessin très stylé indé Eighties, c’est à dire un peu frustre, veille à diffuser de nombreux éléments historiques intéressants dans le récit. Et s'il use pour cela d'une parodie frisant le mauvais goût («Sid Sans burnes» Wallace, patron radin acariâtre et sanguinaire des Éditions de comic books Cosmo : alias des éditions DC), c’est la raison pour laquelle on lui pardonne ce final légèrement déroutant, offrant cela dit sont statut de récit SF adulte déglingué absolu à The Maximortal. Superman n'a jamais existé. Dans le monde de Rick Veitch, il s'appelle Maximortal, et il nous grille tous. A moins que de sadiques et fols businessmen ne l'aient utilisé à leurs despotiques desseins. Mortellement super !


Illustration : Rick Veitch | couverture : Rick Veitch | Couleur : Stéphanie Hans
aventureScience-Fiction
Août
20 août

Judge Dredd - Affaires Classées T5

Revoilà le juge le plus sec de l'univers BD, seulement sept mois après le précédent tome de cette belle intégrale. Sûrement l'une série d'épisodes des plus dingues à ce jour.En lisant le run de l'Enfant-Juge, et plus particulièrement la bataille monstrueuse sur Agros, faisant l'objet d'un match sanguinaire retransmis en direct, (cf les pages 90-91 avec l'apparition de la roue de guerre), revient ce sentiment éprouvé lors de la découverte de certaines des premières planches de Dredd, ou bien celles, plus récemment, de Némésis le sorcier. L'influence du Magistrat impitoyable a aussi été telle qu'on la retrouve jusque dans le récent VS d'Esad Ribic (chez Panini). Cette profusion de détails, cette exubérance dans le traitement graphique, illustrant finalement avec génie le délire scénaristique du tandem John Wagner et Alan Grant, ne pouvaient que susciter une forme de rejet à l’époque. Aujourd'hui, avec le recul, et en plongeant volontairement dans ces histoires superbement réunies chronologiquement, cette stupeur est à peine atténuée, s’accompagnant néanmoins d’une reconnaissance et d’un respect profonds pour le travail de ces auteurs. Quelle maestria en effet, quelle pugnacité à retranscrire ces idées folles sorties de cerveaux en ébullition, devant trouver une suite chaque semaine pour la revue 2000AD. D'ailleurs, comment ne pas applaudir des deux mains cette idée géniale d'une longue quête de 180 pages, ponctuée de chapitres indépendants, tous plus fous les uns que autres ? A noter une option Space Opera assez peu commune jusqu'à présent dans la série, où le juge, accompagné de la belle Hershey et du moustachu Lopez, voyagent de planètes en planètes à la recherche de l'enfant prodigue. L'occasion de petits résumés à chacun des chapitres, par le biais du journal de bord très personnel de Dredd. Un régal, suivi par 17 autres récits tout aussi funs, où l’humour se mêle à l’horreur. Le tout magnifié par les dessins de Ron Smith en majorité, mais aussi Ian Gibson, Steve Dillon, Mike Mc Mahon, ou Brian Bolland. Ces récits datent des années 1980 et1981, et même si ce genre de BD pourra encore largement rebuter les âmes bien pensantes, restées accrochées à une certaine idée ultra classique du médium, il ne fait aucun doute que d'autres amateurs se réjouiront de cette parution. BD de science-fiction à forte tendance hilarante, débordante de liberté et de surprise, et si moderne dans ses propos dénonciateurs, le Judge Dredd de ces années-là vaut la dépense. D'autant plus que 30 pages couleur reproduisant les couvertures originales sont jointes. Un tome excellent et réjouissant de bout en bout. Drokk !


Illustration : Ron Smith | Couleur : Stéphanie Hans
aventureScience-Fiction
Mai
17 mai

Vietnam Journal T1

Dans la droite lignée du Ernie Pike d’Hugo Pratt, voilà enfin en français les épisodes de Don Lomax sur son expérience au Vietnam. Du vécu, et une découverte graphique importante.Don Lomax a débuté en 1979 dans la revue Heavy Metal. Il dessine pour divers autres titres, tels Cavalier et Hustler Humor, l’anthologie Anything Goes ! des éditions Fantagraphics, fournit du matériel pour la revue Twisted Tales de Pacific Comics et des compléments chez First Comics, tels American Flagg!, Starslayer, ou The Black Flame. Il est mobilisé en 1965 et intègre à l’automne 1966 la 98eme compagnie de maintenance légère au Vietnam, où il va continuer à dessiner ce qu’il vit. En 1987, après avoir signé des travaux pour Warp Comics (Captain Obese), ceux-ci sont récupérés par Apple comics, qui lui donne l’opportunité de travailler sur Vietnam Journal. Ce sera l’occasion d’écrire de nombreuses autres séries consacrées à son expérience militaire. Si Ernie Pike d’Hugo Pratt ne faisait que raconter des histoires, lui les a vécues et en est revenu. En effet, l’auteur, bien qu’ayant recours à quelques artifices, se place quand-même au cœur du quotidien des bidasses. Vietnam journal, en sus des récits très bien écrits et dessinés, dans un style graphique noir et blanc à la fois réaliste et caricatural, pourra à la fois évoquer Rand Holmes et Howard Cruze et permet de découvrir un auteur essentiel. Les histoires sont accompagnées d’une introduction de Garry Reed, l’éditeur des collections chez Caliber comics, ayant repris les comics originaux d’Apple comics, mais aussi d’une biographie, avec un épisode final de 4 pages racontant le premier engagement au Vietnam, ainsi que quatre inter-chapitres sous forme de documentaire au sujet de soldats disparus. La présentation de l’album, format comics, dos carré collé en cartonnage souple, avec rabats, est un choix inédit et bienvenu dans le catalogue Délirium. Une découverte du tonnerre, qui devrait être rapidement suivie d’autres épisodes inédits.


Illustration : Don Lomax | couverture : Don Lomax | Couleur : Mitch Breitweiser
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