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Komics Initiative

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Août
26 août

Finger Guns

Deux ados se rendent compte qu'en pointant les gens « en faisant un pistolet à doigts », ils en changent le comportement. Un comic book qui, en réalité, évoque les violences intrafamiliales de façon assez inédite.Dans l'interview qu'on trouve à la fin du livre, Justin Ricgards fait comprendre au lecteur à quel point son histoire lui est propre et Finger Guns nous apparaît comme encore plus touchant. En pitchant le scénario sur cette posture bien connue qui consiste à rassembler l'index et le majeur en formant un angle droit avec le pouce, comme un flingue à doigts, l'auteur dote un ado de pouvoirs surprenants. Wes est le portrait robot du WASP de classe moyenne. Orphelin de mère avec un père assez absent parce qu'il bosse comme un malade. Un gosse qui s'ennuie au collège, qui commence à avoir des copains qui fument mais qui ne veut pas trop faire de conneries... Et qui, en shootant les gens avec ses doigts, s'aperçoit qu'il peut faire péter les plombs à ses cibles, ou au contraire les rendre zen... Là dessus il rencontre Saudade, une fille de parents immigrés et qui a le même pouvoir. Et qui a surtout un gros problème dans sa vie : un père violent. Et c'est ainsi que le récit switche assez vite du côté du roman social et psychologique, pour délaisser le fantastique. Et c'est très habile de la part du scénariste, dont c'est le premier comic book. Certes, comme toute première oeuvre, il y a de petites maladresses, ce côté un peu pathos renforcé par la dichotomie des logiques d'action (rhaa, qu'est-ce qu'il est méchant cet homme maltraitant et violent), mais pour être tout à fait honnête, c'est toujours interressant de proposer autre chose qu'une simple histoire de super-capacités. Côté dessins, Val Halvorson choisit un graphisme assez doux et des mises en page très simples. Le résultat est efficace, on se concentre sur les aspects du récit quand sa mise en image est sobre et efficace. Au final, Finger Guns est à ranger au rayon des comics intelligents, ceux qui vous parlent de la réalité... et de l'âme humaine.


Collection: Komics Initiative Présente Scénario : Justin Richards | Illustration : Val Halvorson
strange
Juin
24 juin

Heartbreak Soup

Deuxième volume d'une intégrale de la saga familiale délicieusement attachante créée par Gilbert Hernandez et issue de la série culte bicéphale L&R éditée en 1981 avec son frère Jaime.Au sein du fanzine où ils ont débuté tous deux, tandis que Jaime Hernandez abordait l'aspect rock et amoureux transis de migrants chicanos dans la banlieue de Los Angeles, le tout à l'aide d'un noir et blanc stylé superbement encré, Gilbert lui, usait d'un trait un peu moins élaboré, bien que goûteux, pour décrire le quotidien d'un petit village mexicain. Au premier abord, on a eu tendance à l’époque à préférer l'un et négliger un peu l'autre, d'autant plus que le second a bénéficié bien plus tardivement d'albums regroupant les principaux épisodes de Palomar (8 tomes chez Delcourt entre 2006 et 2012). Il ne fait aucun doute cependant, et bien que sa lecture dégage une tonalité encore davantage adulte, que cette saga familiale, complètement détonante du reste de la production BD au début des années quatre-vingt, possède sa force propre et de nombreux atouts, que sa lecture en continue grâce à cette intégrale va permettre de redécouvrir et savourer pleinement aujourd’hui. Tout d'abord, le prologue donne le ton, plutôt dramatique, de la saga. Des familles relativement pauvres vivant avec leurs fantômes, les accidents ayant défiguré certains de leurs membres, et une femme au milieu de tout cela autour duquel la plupart des épisodes satelliteront : Luba. Les enfants ont aussi leur mot à dire, témoins des affres de leurs aînés, tout comme les handicapés, tels Toco ou Martin « je veux tout réparer » amenant une certaine tendresse dans de nombreuses scènes. Les jalousies s'attisent cependant au sein de cette petite communauté, et le sexe est un élément, sinon essentiel, du moins sous-jacent, dont la tension des passions se fait de plus prégnante au fil des épisodes. Il y a du Bunuel dans Palomar City et aussi, dans cette « soupe des coeurs brisés », un peu de Pedro Almodovar, lui qui a débuté sa carrière seulement un an avant Love and Rockets avec son premier court métrage : Pepi, Luci, Bom et autre filles du quartier. Serait-ce une influence ? Heartbreak Soup se déguste comme une tequila frappée, c'est à dire avec un peu de sel sur la main et un ventilo tournant au plafond, parce que l'on sent la chaleur du soleil mexicain et la moiteur des corps qui se cherchent. Culte et direct au « corazon » !.


Illustration : Gilbert Hernandez | couverture : Greg Capullo | Couleur : David Lloyd
Chronique sociale
24 juin

Maggie la mécano

Planète BD retient son souffle car l'heure est enfin venue de lire ce classique du comics alternatif 80's dans une édition intégrale et définitive. « Worth a penny, and more, much more » !Comment ne pas user de superlatifs en parlant de Love and Rockets ? Il s'agit d'une série débutée en 1981 sous forme de fascicules auto édités, rapidement pris en charge par Fantagraphics aux États-Unis, dans laquelle, principalement, les deux frères Hernandez Jaime et Gilbert (Béto) ont parallèlement publié leurs univers respectifs. La série continue toujours, après quelques années seulement d'interruption (1997-2000), et même si chacun a désormais son propre comics, on ne parle pas de mini série, devenu un peu la mode aujourd'hui dans les comics. C’est bien un univers global, nous faisant voyager dans l'intimité de jeunes femmes, dans des ambiances et atmosphères défiant l'imagination, sur des centaines d'épisodes. Que ce soit dans les influences auprès desquelles a pu puiser Jaime Hernandez, comme celles, seventies, du Moebius Arzach par exemple (l'épisode « Comment tuer un » est flagrant), celles du roman ou du cinéma d'auteur, pouvant produire des chapitres cultissimes comme « Les 100 chambres », où, invitées par le milliardaire en vacance, les copines vont profiter de sa villa privée gigantesque, dans laquelle elles vont se perdre et vivre des aventures fabuleuses, ou bien encore dans celles qu'a pu avoir l'auteur, par exemple sur Mark Schultz, dont les Xenozoïc Tales débutées en 1988 ont joué à fond le côté pépée, rock et dinosaures, avec un dessin tout aussi majestueux. Tout est prétexte à de superbes cases où l'encre noire nous charme, déroulant des aplats, des formes géométriques, des silhouettes, qui resteront gravées longtemps dans l'iris du lecteur. Sans compter la poésie et l'intelligence intrinsèque de ces planches, à l'écriture jamais vue à l'époque et quasiment jamais revue depuis. Jaime Hernandez a créé avec Love and Rockets une esthétique qui n'appartient qu'à lui, et s'il est culte dans le milieu rock, c'est parce qu'en dehors de sa propre appétence pour le punk rock, il a su capter l'essence de toute une génération, et au delà, créer de vrais icônes de papier, majoritairement féminines, reprises à l'envie, adaptées ou telles quelles sur des affiches de concert, underground la plupart du temps. La BD féministe numéro une ! Love and Rockets volume 1 est une bible du comics alternatif portant très haut le niveau du médium, et ne pas l'avoir dans sa bibliothèque, c'est comme ne pas avoir Sticky Fingers dans sa discothèque rock. Un sacrilège, rien de moins, d’autant plus que des bonus sont inclus : une préface de Frederik Peeters, une postface « L'héritage des comix underground » 1ère partie par Marc Duveau, et une interview avec Jaime et Gilbert Hernandez par Gary Groth et Robert Fiore. On lira avec autant d'intérêt et de plaisir le premier volume des récits de son frère Gilbert, rassemblés dans Love and Rockets Heartbreak Soup, paru simultanément, et on guettera la sortie des prochains tomes !


Illustration : Jaime Hernandez | couverture : Greg Capullo | Couleur : David Lloyd
Chronique sociale
Juillet
8 juillet

Livre un

Quelque part dans l’État de Washington, une corporation mène des expériences de mutation du génome humain, en créant des fourchus. Un comics fantastique mais qui questionne ce qui fait de nous des humains. Énorme ! La curiosité que suscite le mystère, les questionnements qui naissent d'une narration intrigante, la tension liée au sort d'un fuyard et l'intérêt qu'on porte aux « monstres hybrides », qu'ils soient nés de légendes ou d'expériences scientifiques et enfin, les sentiments qui jalonnent la parentalité, c'est une partie de la palette des émotions que vous allez traverser au fur et à mesure que vous engloutirez les chapitres de ce premier opus de The Cloven. Komics Initiative est allé chercher ce roman graphique (une fois de plus), dans le catalogue de Fantagraphics. Les fans de comics savent que la maison d'édition US compte un nombre incalculable de chefs-d’œuvre, parce qu'ils sont aussi traités en dehors des standards de l'industrie des « comics chewing-gum », ceux qui rafraichissent certes, mais dont le goût est toujours le même. Alors si on devait essayer de rapprocher la sensibilité que Garth Stein a insufflé à ce tome introductif, on irait du côté du Jeff Lemire des débuts, pour que vous puissiez vous faire une idée de la puissance et de la subtilité de cette histoire. Vous l'avez compris, le début de cette trilogie va vous captiver autant qu'il va vous toucher. Côté dessins, Matt Southwork tape dans le mille, avec des couleurs dont il se charge et qui viennent traduire toute la palette des impressions (qu'on peine vraiment à pouvoir vous décrire) que transmet ce récit. Cette capacité à poser des ambiances avec son jeu d'ombre et de lumière associé à ses couleurs, on la connaissait déjà avec Stumptown, qui nous avait impressionnés mais c'était un polar et ici, le récit est plus subtil, plus complexe et le dessinateur a mis la barre encore plus haut. Il montre parfois, mais suggère aussi beaucoup, ce qui laisse toute la place à l'interprétation du lecteur, qui devient caisse de résonance de tout ce que contient ce comic-book. Alors ne faites pas votre tête de bouc et plongez dans cette expérience aussi peu commune que marquante. Nous, on n'en est pas encore revenus...


Scénario : Garth Stein | Couleur : Matt Southwork | couverture : Matt Southwork
aventure
Mai
25 mai

The Shadow planet

Alertée par un SOS, une mission spatiale porte secours au dernier membre rescapé d’une famille qui s’est écharpée, à la surface d’une planète inhospitalière. Une aventure de SF angoissante et gore à souhait, de série B, pas loin de la série A.Soyons honnête, cette histoire d’entité extraterrestre qui attire un équipage de spationautes pour mieux en tuer les membres les uns après les autres, est du déjà-vu ; notamment dans Alien au cinoche, mais aussi en bande dessinée dans Sanctuaire, la dimension de possession psychologique en sus. Mais lorsque ce scénario de série B est efficace, parfaitement rythmé, qu’il est bien dessiné, avec de chouettes décors techno et spatiaux, que ça gicle parfois dans la goritude la plus débridée et qu’il y a un peu de nichons en prime, on ne va pas gâcher son plaisir ! The shadow planet contient tout cela et va faire bien des heureux parmi les amateurs d’horreur et de SF bourrine. Au scénario, Giovanni Barbieri a bien ficelé les choses. Sur un canevas a priori convenu, il parvient à générer la tension idoine et à surprendre (la courte séquence centrale de... fantasy va en désarçonner plus d’un !) En prime, le dessin semi réaliste de Gianluca Pagliarini est de toute beauté. Les personnages sont incarnés (et on ne vous dira pas par qui/quoi), justement proportionnés, les ambiances à bord de cette planète maudite sont soignés, que ce soit dans le décorum extérieur inhospitalier ou dans les intérieurs et coursives lugubres… Cerise sur le gâteau : Komics Initiative, qui a importé le recueil des 4 fascicules depuis les States, nous gratifie d’un bel écrin cartonné grand format, façon bande dessinée franco-belge. Chic ! Dans l’espace, personne ne vous entendra vous démembrer…


Scénario : Giovanni Barbieri | Couleur : Stéphanie Hans | couverture : Bill
Horreur
Juin
1 juin

It eats what feeds it

Un jeune homme accepte un poste d’homme-à-tout-faire dans une demeure lugubre du bayou, tenue par une femme (trop) sexy. Et le piège diabolique se referme sur lui. Une histoire horrifique classiquement faustienne, avec un gros boulot sur les ambiances.On tente une traduction-francisation de It eats what feeds it : « Ça bouffe la main nourricière ». Kenny, le jeune héros de cette compilation-intégrale de 3 fascicules comics, n’a jamais vu un film d’horreur, sinon il se serait sauvé à toutes jambes dès la page 1. Cet ingénu-inconscient accepte donc sans trop ciller une embauche qui ressemble à l’évidence à un pacte faustien, à un piège infernal à cons. Une propriété lugubre perdue au fin fond du bayou marécageux, une cuisine pleine de sang et de viscères, une femme trop sexy et allumeuse pour être honnête… Mais non, tout baigne, Kenny accepte le poste. Evidemment, il va regretter, morfler sévère, et on ne vous dira pas pourquoi… sinon que tous les clichés du genre horrifique sont ici réunis, dans un scénario très moyennement original. Assurément fantastique et gore, il a été mis au point en duo par Max Hoven et Aaron Crow. La principale originalité vient dès lors du traitement graphique et du dessin de Gabriel Iumazark, qui maximise le travail sur les ambiances et la lumière. L’obscurité, le fog moite permanent, la monochromie des infographies permettent d’ailleurs de s’affranchir des détails du décor la plupart du temps, perdus dans les contre-jours très prononcés, les volutes de brume ou les cadrages alambiqués. En prime, l’artiste s’amuse comme au cinéma avec la focale et les profondeurs, générant des flous aux premiers ou en arrière-plans. On ne comprend pas toujours ce qu’il se passe – surtout vers la fin – mais ça fait brrrrrr, aaauuurghh, craaaack. A lire dans la brume, un jour de barbecue, pour mieux frissonner avec le diable !


Scénario : Aaron Crow | Illustration : Gabriel Iumazark | Couleur : Stéphanie Hans | couverture : Bill
Horreur
Avril
29 avril

Money shot T2

Quand des scientifiques parcourent l'univers et financent leurs voyages temporels par un abonnement qui met en ligne leurs sexplorations. Et cette fois-ci c'est le Président qui débarque ! Un second tome really funny.Avec un premier tome bien délirant, Money Shot s'annonçait comme une bonne surprise, que ce volume deux vient confirmer. La série peut d'ores et déjà être rangée au rayon SF, avec sa touche parodique et son degré constants. Il faut dire que faire l'amour partout dans l'univers avec toute créature dotée d'un consentement et d'orifices, accomplir cette mission, c'est ce qui est proposé sur la chaine payante Money Shot. Et l'argent du programme, c'est celui qui doit compenser la perte des subventions, car on se situe ici dans le contexte d'une Amérique gouvernée par un sombre crétin blond... qui sape l'argent de la recherche. Bref, c'est du tonique, c'est du politique, c'est de l'intergalactique, c'est du comique et du spectaculaire. Enfin mettre en scène une orgie intergalactique sans que ce soit porno, c'était pas donné à tout le monde et on imagine effectivement Tim Seeley et Sarah Beattie rigoler franchement de leurs propres élucubrations. Ils le disent d'ailleurs dès le début de cet album : on ne s'attendait pas à ça. Money Shot a un autre atout, et de taille, c'est son dessin. Rebekah Isaacs a une mise en page sans esbrouffe, qui laisse toute la place à l'élégance de son dessin dans un style semi-réaliste. C'est clair, net et précis, ses personnages sont beaux, ses décors aussi et Kut Michael Russel cartonne avec des couleurs vives et chatoyantes qui nous font voyager de galaxie en galaxie. Vraiment, Money Shot nous en donne pour son argent !


Collection: Mavericks
Science-Fiction
29 avril

Angle dérivé

Les évènements dramatiques qui se sont abbatus sur Saint Malo conduisent Fox-Boy à voyager dans le temps, avec la complicité du Fakir Dotki, pour changer la réalité. Mais est-ce là une bonne chose ? Un tome 3 énorme, qui lève bien des mystères.Si Fox-Boy bénéficie d'une vraie cote d'amour, cela tient évidemment à la qualité de la série mais sans aucun doute aussi au respect et à la générosité dont témoigne son auteur, Laurent Lefeuvre, auprès de son lectorat. Ceux qui ont pu le rencontrer savent ce dont on parle... Alors voici le volume 3 de la V2 du personnage, qui, mine de rien, a été découvert par le grand public il y a presque 10 ans. Pour débuter cet opus, on retrouve d'emblée une caractéristique qui fait le charme des aventures de Pol Salsedo : le voici en province et en l’occurrence en Auvergne, au Mont-Dore, non loin du pays du Gévaudan, avant qu'il ne rejoigne sa Bretagne natale. L'occasion d'admirer de somptueux décors, qui jouent à part entière le rôle d'un personnage, tant les ambiances (mention d'excellence aux scènes nocturnes) sont immersives. Voici donc pour la forme, c'est à dire les dessins et les couleurs : un pur régal ! Quant à l'histoire, c'est bien simple elle nous a bluffé. En effet, si les volumes précédents abordaient les origines du personnages, celui-ci vient révéler la source de tout, à travers le parcours de Dotki, celui qui donna les pouvoirs à notre garçon renard, mais dont les sombres intentions se dévoilent. Il ne fait aucun doute que Laurent Lefeuvre aime la mise en abîme (au sens propre comme au figuré, mais chut... on n'en dira pas plus) car c'est tout le sens, la cohérence et l'histoire du ROAyaume qui sont au centre de cet opus. D'ailleurs on vous invite à ouvrir la page roa.over-blog.com et vous pencher sérieusement sur le boulot un peu dingue de feu Alain Chevrel (mais là non plus, on en dira pas plus). Voilà, le Piotr Louarn a fait un sacré bout de chemin et c'est pas fini. Un chemin qu'il vous faut emprunter et qui vous conduira à une merveille made in France !


Collection: Mavericks Illustration : Laurent Lefeuvre | Couleur : Laurent Lefeuvre
heroes
Février
25 février

Zojaqan

Shannon est une jeune femme propulsée dans un monde aussi merveilleux que dangereux. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive, d'autant plus qu'elle va être considérée comme une déesse. Un comics à la beauté subjuguante et au mystère captivant.Rares sont les BD qui couplent aussi bien fantasy et onirisme. Zojaquan en fait partie et il se dégage immédiatement de ses premières pages un mystère, qui a l'avantage d'immerger d'emblée le lecteur dans un monde aussi beau qu'inquiétant. L’effet de surprise joue à plein, car on est entraîné en même temps que l’héroïne, Shan' dans une contrée sauvage peuplée de dangers, où l'exotisme exige l'art de survivre. Qui est cette fille a priori ordinaire alors que son destin ne l'est pas ? Où se situe-t-elle désormais, et dans l'espace et dans le temps ? S'agit-il d'une réalité parallèle à notre univers ou d'un rêve, à moins que cela ne soit l'interprétation des images produites par un cerveau au moment où l'on perd la vie ? Toutes ces questions vous traversent en même temps que les chapitres défilent. Il faut dire aussi que les magnifiques dessins de Nathan Gooden subliment le scénario intrigant écrit à quatre mains par Jackson Lanzing et Collin Kelly. L'autre point fort de cet album, c'est qu'il renferme, n'ayons pas peur des mots, une pointe de philosophie. A travers la guerre que l’héroïne livre à des monstres, se posent les questions de la vengeance et de la violence et des moyens qu'on choisit pour devenir meilleur, pour pouvoir surpasser un deuil. Les cycle et de la vie s'imbriquent, mais quel sens ont-ils tous deux ? Les textes narratifs, qui accompagnent bien souvent des scènes muettes, sont imprimés en caractères au style médiéval, ce qui confère aussi à l'histoire un air de légende épique. Si qu'on est en présence d'une sorte de mythe moderne, dont la conclusion rejoint les qualités du récit : féérie et horreur s'entremêlent pour une chute épique. Un comics qui sort largement des sentiers battus.


Collection: Mavericks
aventure
25 février

No One's Rose

Dans un monde où les hommes ne peuvent plus vivre en dehors d'une bulle régie par une intelligence artificielle, la fille d'un scientifique va tout faire pour redonner sa place à une humanité qui respecte la nature. Un récit de SF utopique et écolo.S'il y a bien un thème porteur en matière de science-fiction, c'est bien le devenir de notre planète et par extension le sort que se réserve l'humanité, en épuisant constamment ses ressources ainsi qu'en la polluant de plus en plus. Zac Thompson et Emily Horn se sont donc associés pour écrire une histoire qui met en scène tous les enjeux actuels et qui projette le lecteur dans un monde en perdition. Les deux protagonistes principaux sont un frère et une sœur qui portent des valeurs antagonistes. L'une est scientifique et passe le plus clair de son temps à chercher des modifications génétiques permettant aux rares formes de vie végétales d'améliorer le sort des humains, en produisant de l'oxygène, par exemple. L'autre est un révolté dont la fonction est de traiter les déchets toxiques et qui va peu à peu céder au désir de faire une révolution. On le voit donc, d'un côté, l'espoir et de l'autre, une réponse violente à un système qui exploite tout, écosystème et individus confondus. Le propos est donc intéressant et il permet aussi l'introduction d'une bonne dose d'actions. Alors si l'intrigue est assez détaillée, la lecture peut se révéler un poil exigeante car les ellipses narratives sont parfois assez brutales et les dialogues pour le moins fournis. L'ensemble est heureusement assez bien servi par Alberto Albuquerque qui offre à ce monde au bord de l’apocalypse des décors immersifs. On peut aussi souligner la qualité de la colorisation de Raul Angulo. En conclusion, No One's Rose est une mini-série sympathique qui traite d'un thème qui ne peut que fortement résonner en chacun d'entre-nous.


Collection: Mavericks Scénario : Emily Horn | Couleur : Stéphanie Hans
Anticipationaventure
Janvier
28 janvier

Windows on the World

Le père de Fernando est un émigré mexicain qui travaillait dans le célèbre restaurant d'une des Twin Towers. Quand les deux avions ont percuté les immeubles, Ferando décide de passer la frontière pour retrouver son père. Un récit poignant. C'est avec cet album, accompagné de la sortie le même jour de The Rough Pearl que Komics Initiative inaugure une nouvelle collection, KI Graphik. A en juger par ces deux parutions, nul doute qu'elle proposera des titres résolument indépendants, tournés vers des récits originaux qui renouent avec l'essence même de ce qu'on appelle «le roman graphique». Cet album, dont le titre provient d'un fameux restaurant situé dans une des deux tours abattues le 11/09, a été publié chez Fantagraphics. Il est le fruit de l'idée de Robert Mailer Anderson, romancier et scénariste qui a voulu évoquer le sort des émigrés, souvent clandestins, devenus prisonniers du brasier. Il en parle à Zack Anderson et tous deux décident d'en faire une BD, en se tournant vers Jon Sack, artiste engagé dans la défense des droits de l'homme et qui a une bonne connaissance des mœurs et de l'histoire mexicaines, puisqu'il est l'auteur d'une biographie consacrée à Lucha Castro, avocate mexicaine. Alors cet album, il jette un regard sans complaisance sur l'envers du décor du «rêve américain». Et la véritable enquête, forcément désespérée, que mène ce fils pour retrouver son père, portant sur ses épaules tout le poids de l'enjeu pour la famille, nous plonge au cœur de la vie quotidienne des travailleurs pauvres et de la violence sociale que recèle la Grosse Pomme. Le récit échappe pourtant totalement à la caricature, car la bonté et la solidarité ont leur place, tout comme l'amour, véritable moteur de ce Fernando. C'est donc un récit dense et riche, à vrai dire aussi passionnant que touchant et le noir et blanc sobre de Jon Sack laisse toute la place aux émotions. une fenêtre qu'on referme sans avoir envie de quitter ses protagonistes.


Collection: KI Graphik Scénario : Zack Anderson | Illustration : Jon Sack
Roman graphique
Décembre
22 décembre

The Rough Pearl

Quand un prof d'une école de mode est exaspéré du tour qu'a pris sa vie, qu'il n'en peut plus de son couple et qu'il se demande s'il ne devient pas fou, du fait d’hallucinations... Un roman graphique hors du commun, où la psychologie est reine.Une nouvelle fois, Komics Initiative est allé chercher une œuvre atypique et il faut bien l'avouer, un auteur de talent. Kevin Mutch n'est pas vraiment connu dans nos contrées et pour cause : jusque-là il y était inédit, mais il a déjà récolté avec son premier album, Fantastic Life, un Xeric Award, distinction dont Jeff Lemire et Adrian Tomine ont bénéficié auparavant. Dans The Rough Pearl on retrouve le couple présent dans son premier album, Anna et Adam, sans avoir besoin de raccrocher les wagons. Tout commence avec le quotidien d'Adam, dont il ne se satisfait plus tout. Il traverse une sorte de crise de la quarantaine, se vit comme un tocard incapable de prétendre à autre chose qu'un emploi précaire et il traine une sorte d'état dépressif chronique qui l'amène à picoler un peu trop, ce qui ne fait pas bon ménage avec les médicaments qu'il prend pour calmer ses angoisses. Ses oeuvres d'art ? Rangées dans des cartons qui prennent la poussière. Ce type se vit comme un échec ambulant et il ne s'accorde aucune complaisance. Ajoutez à cela un désir totalement en panne dans son couple et qui commence à s'exprimer pour une jeune étudiante et voici notre Adam qui se vit englué dans une situation dont il ne voit pas le bout. La cerise sur ce gâteau dont il trouve le goût rance, c'est qu'il est traversé d'hallucinations paranoïaques... à moins qu'il n'accède à un pan de la réalité qui échapperait à toute l'humanité. La spirale de l'échec entraînerait-elle celle de la folie ? Très vite, on est pris dans l'engrenage d'une narration lente mais subtile, où la psychologie du personnage fait qu'on s'y attache, en même temps que la curiosité gagne le lecteur, devenu témoin des états d'âme de cet homme au bord du gouffre, perdu dans sa propre vie. L'auteur fait également mouche avec son dessin, sobre et élégant, quand sa mise en page aussi délicate que son noir et blanc ne s'avère jamais artificielle. Si vous aimez les romans graphiques à la fois ancrés dans la réalité et dans un imaginaire aux contours fantastiques, si les récits axés sur la psychologie des personnages et dénués de toute esbrouffe ont votre préférence, procurez-vous donc cette véritable perle.


Collection: KI Graphik Scénario : Kevin Mutch | Illustration : Kevin Mutch
Roman graphique
Novembre
12 novembre

Johnny Red The Hurricane

Quand un millionnaire américain s'entiche de découvrir l'histoire d'un pilote anglais de Hurricane qui a servi sur le front de l'Est. Un récit ni plus ni moins que fabuleux, qui ne séduira pas que les amateurs de récits de guerre et d'aviation.Johnny Red est un personnage historique des comics britanniques, créé à l'époque où le comics de guerre était un genre à part entière. Sa genèse vient d'ailleurs d'un fait de guerre authentique, celui d'un pilote britannique de Hurricane, catapulté depuis un Camship (un navire civil réquisitionné, équipé d'une rampe de lancement dotée d'une fusée et qui ne pouvait pas faire apponter l'aéronef mais offrait une sorte de compensation à l'insuffisance de nombre de porte-avions) et qui avait fini par se poser en territoire soviétique. La fertile imagination de Tom Tully lui avait permis d'extrapoler et de camper un personnage furieusement original : un pilote anglais peu enclin à revenir sur ses terres natales mais férocement anti-nazi, recueilli par un escadron rouge pour finalement en devenir le leader. Voici donc sa version contemporaine. Et qui de plus qualifié que Garth Ennis, grand connaisseur de l'Histoire des conflits pour en signer une mini-série? Elle est intégralement réunie ici par Komics Initiative dans sa collection Titan, pour un joli pavé de quasi 300 pages. On ajoutera que les connaisseurs de l'auteur irlandais mettront à son actif, dans la catégorie comics de guerre, le terrifiant War is Hell et les non moins poignantes War stories. Autant dire qu'il est comme un poisson dans l'eau et qu'il signe un récit remarquable, qui ne souffre d'aucun chapitre faible. Bien au contraire, il y a des moments (nombreux) d'anthologie ! Ce qui fait l'étoffe des héros, ce qui fait qu'un type est dur mais généreux, impitoyable mais pas insensible, ça, il sait à merveille l'insuffler à ses personnages. Et même si Johnny Red « n'est pas à lui », le scénariste se montre ici à son meilleur niveau. Pour succéder aux dessins de Joe Colqhoun (La Grande Guerre de Charlie), il fallait également un grand artiste et Keith Burns délivre des planches tout simplement incroyables. Drawing fire... les scènes de combat sont à couper le souffle par leur réalisme. C'est à peine si on n'a pas le réflexe de se mettre à l'abri de peur de prendre un éclat d'obus ou une rafale de mitrailleuse ! Burns nous offre tout au long des épisodes, des planches à couper le souffle. On saluera aussi la présence de nombreuses pages rédactionnelles, qui reviennent sur les faits de guerre, les machines et les hommes qui s'y sont livrés et bien sûr, une foule de renseignements sur la série originale (Garth Ennis lui même s'y exprime). Fondez donc sur ce livre comme la Luftwaffe s'abattit sur Stalingrad et ressortez de là avec le sentiment d'avoir lu et vécu des instants forts et uniques, car c'est ce qu'est cette BD.


Collection: Titan Couleur : Mitch Breitweiser
Guerreaventure
12 novembre

Setsujoku

Dans une humanité punie par d'anciennes divinités, les peuples se protègent derrière les murs épais de gigantesques forteresses. Début spectaculaire d'une série qui nous entraîne dans un Japon fantastique et mystique.On le sait, Komics Initiative aime autant « importer » des inédits que d'éditer des « french comics ». Alors Setsujoku, c'est un peu un hybride de ce qui aurait tiré tout le jus des comics et des mangas. Côté scénario et écriture, la recette de Black fonctionne bien : du mystère, beaucoup d'action et des dialogues épiques, qui remettent sans cesse la dramaturgie au centre des échanges qu'ont les personnages. Côté visuel, Vik soigne les décors de villes qui évoquent un Japon médiéval et le parti pris, utiliser uniquement le noir et rouge, est réussi. Il faut dire que les scènes de combat envoient du sabre lourd et comme un avant goût saignant, on peut se fier à la couverture superbe de cet album. Comme chacun sait, il n'y a pas de bon récit sans personnage fort et les femmes jouent les premiers rôles dans Setsujoku. On ne vous en dira pas plus sur cette histoire, sauf à vous dire qu'on y retrouve le thème de la lutte éternelle du bien contre le mal, qu'on peut aussi voir dans le parcours d'Itsuko une quête initiatique. Le seul bémol qu'on soulèvera, c'est la multiplication des fautes, qui entravent un peu le plaisir de lecture. Mis à part ce point, il s'agit d'un album réussi et dont la somme de travail paraît évidente, surtout si l'on prête attention aux textes qui succèdent à la BD ainsi qu'au cahier de fin d'album.


Scénario : Black | Illustration : Vik | Couleur : Francis Manapul
aventurestrange
Septembre
24 septembre

La saga des Bojeffries

Quand Alan Moore choisit d'exprimer l'humour anglais, absurde et loufoque, en parodiant une saga familiale ancrée dans sa ville natale, Northampton, cela donne un récit que les Monty Pythons ne renieraient pas ! Il n'est pas contestable qu'Alan Moore est et restera un des plus grands scénaristes de BD. De son aveu même, les deux créations auxquelles il est le plus attaché sont V pour Vendetta et La saga des Bojeffries. A tel point que cette dernière est la seule série pour laquelle il ait continué, de temps à autre, à écrire un chapitre, dont le dernier remonte à 2013. Penchons-nous au début des années 80, quand le scénariste intègre le magazine Warrior qui publie V et Miracle Man, dont le succès fut quasi-immédiat. Moore veut, de longue date, pouvoir travailler avec Steve Parkhouse, dont le noir et blanc s'avèrera parfait pour camper la vie d'une drôle de famille. En effet les Bojeffries vivent comme tout le monde dans un quartier populaire de Northampton, même s'ils ne sont pas vraiment comme tout le monde, puisque chaque membre est un monstre ! Parmi eux, un Loup-Garou, une fille capable d'atomiser toute l'Angleterre, un vampire, entre autres... Si on devait trouver un point de comparaison, on vous dirait qu'il s'agit là d'une sorte de Famille Addams, avec sa particularité et des mœurs typiquement british. Bien sûr, il faut bien un méchant dans une histoire et en l’occurrence, il s'agit de Trevor Inchmale, un encaisseur de loyers, qu'on peut comparer à un huissier chargé de recouvrer les arriérés dus par les locataires, ce qui permet aussi de multiplier les situations cocasses et absurdes. Inutile d'en dire plus, cette saga est un petit délice d'humour servi par un dessin en totale symbiose avec les textes et qui réussit donc l'exploit de flirter avec la caricature en étant toujours élégant. So British, so Moore !


Collection: Mavericks couverture : Ryan Ottley | Couleur : Francis Manapul
strange
24 septembre

Bolland Strips

On ne peut pas prétendre aimer les comics et pas Brian Bolland. On ne peut pas affirmer aimer les comics et méconnaître son œuvre. En revanche, ce qu'on peut faire, c'est acheter cet opus qui propose deux séries qu'il mena seul. Yes indeed !La culture britannique des comics. Les années 70 et 80. L'alternative anglaise à l'industrie américaine, qui ne se gêna pas pour autant en trustant les meilleurs artistes de la Couronne. Et parmi les dessinateurs phares de ce renouveau venant du Royaume Uni, Dave Gibbons, David Lloyd, Mike McMahon... et Brian Bolland, qui n'hésita pas à reconnaître l'influence de ce dernier. Ce même Bolland dont la cote d'amour devint universelle avec... une production américaine, The Killing Joke pour ne pas la citer. Pour autant, les lecteurs des publications anglaises apprécièrent son travail pour 2000 AD, revue pour laquelle il travailla grâce à un coup de pouce de Dave Gibbons (qui tint véritablement le rôle d'un mentor au début de sa carrière) et qui lui permit d'exprimer son talent dans le mythique Judge Dredd. Alors une fois de plus, les éditions Komics Initiative démontrent qu'elles ne galvaudent pas leur dénomination, en proposant au lectorat français un album constitué de deux séries, aussi différentes que fascinantes, que Brian Bolland mena seul. Si bien que c'est l'essence même de l'artiste qui s'y trouve. Alors si personne ne sera surpris de l'élégance de son trait, on peut vous dire que la richesse de son écriture n'a pas grand chose à envier à la beauté de ses planches. La première partie de l'album regroupe les histoires courtes de L'actrice et l'évêque. Un duo improbable et hilarant, qui laisse place à un humour provocateur, souvent subversif, en réalité. Suivent ensuite les 54 planches qui constituent chacune une « aventure » de M. Mamoulian. Et si ici le trait est volontairement plus rude, ou rudimentaire, le contenu est carrément surréaliste, l'absurde côtoyant en permanence le loufoque. Voilà, on n'ira pas par quatre chemin, avec cet album, on touche du doigt l'excellence de la Bd indépendante, telle que Bolland l'a conçue.


Illustration : Brian Bolland | couverture : Ryan Ottley | Couleur : Francis Manapul
strange
Octobre
29 octobre

La nuit trafiquée

Laurent Lefeuvre délivre un nouveau volet de la vie du Garçon Renard. Six actes qui installent une tension crescendo pour le protecteur de Rennes, amené à revenir sur ses premiers pas. Une aventure, un voyage, une saga qui continuent !Laurent Lefeuvre poursuit son renard de chemin avec La nuit trafiquée, qui évoque immédiatement l'onirisme. Ce sera effectivement une clé de lecture, pour ce voyage qui s'inscrit au milieu d'un « Cycle des Origines » en trois volets. Pol, le renard-garou breton, c'est un peu le bébé de Laurent Lefeuvre alors quand l'histoire s'arrête avec Delcourt en 2018 pour repartir en 2020 avec Komics Initiative, la nouvelle fait la joie des fans, car Fox-Boy est un héros attachant, ancré dans le paysage rennais et dont les albums sont gardés amoureusement dans la bibliothèque, comme du temps de Paotr Louarn. Mais la question d'un retour sur les origines était légitime, pour ce goupil baroudeur qui va fêter bientôt ses dix années de parutions. Alors en revisitant complètement le contenu de La nuit du renard, édité en 2014, pour y adjoindre une nouvelle intrigue, à base de voyage à travers les réalités et le temps, l'auteur procède à une mise en abîme délicieuse de son personnage. L'équilibre entre action et émotion est parfait, l'humour côtoyant, comme toujours dans les bons comics, le drame... La narration graphique varie en même temps que les plans spatio-temporels, une nouvelle fois, on se régale purement et simplement. Le tome 3, Angle dérivé est annoncé pour 2022 et il sera dans notre angle de vision. Un angle tout sauf mort !


Collection: Mavericks Illustration : Dave McKean | Couleur : Dave McKean
heroesaventure
Août
27 août

Missions secrètes

La course aux étoiles n'est pas finie ! Après la publication des strips quotidiens, KI propose cette fois les pages dominicales du héros de Kirby, Wood et Ayers, ainsi que des inédits et des analyses d'éminents spécialistes. So good ! Les fans de comics qui s'intéressent à l'histoire du média savent que lorsqu'une série publiée en strips dans les quotidiens rencontrait du succès, elle avait droit à sa planche, en couleurs qui plus est, dans l'exemplaire du dimanche. Ce sont donc ces petits trésors qui sont ici réunis, pour que les lecteurs français de Kirby disposent de l'intégralité des aventures du Major Sky Masters. Alors c'est un nouveau pavé de plus de 300 pages (d'aventures et de bonheur) que K.I nous propose. Au passage, ceux qui suivent les publications de l'éditeur aux heureuses initiatives savent la place particulière qu’occupe Jack Kirby. Une place que Mickaël Géreaume rappelle dans son enthousiasmante préface. Alors c'est un vrai plaisir que de retrouver le personnage et, pour ce qu'on imagine, une grande partie des lecteurs (dont votre serviteur), une vraie joie de découvrir cette nouvelle facette de la course à l'espace vue par les américains de cette époque. Et oui, alors même que les USA accusent le coup en 1957 quand les Soviétiques mettent le premier Spoutnik en orbite, dans ces pages qui vont de 1958 à 1961, les USA sont un peu en avance par rapport à l'ennemi du bloc Est ! Et si Explorer l'américain est mis en orbite en 1958, le Major Sky Masters lui, évolue déjà dans une station orbitale. Alors on ne peut que se délecter de la narration un peu désuète, comme on prend un pied géant à lire la dernière bande systématique qui fait office de rubrique et reprend les inventions à venir (Les merveilles spatiales) : des télescopes géants aux ordinateurs, nommés alors « machine à apprendre », en passant par les découvertes espérées que la science mettra au point et autres suppositions dans cet espace où tout restait à découvrir. Bien sûr, les dessins sont sublimes et il est assez vain d'essayer d'en dire plus, sauf à souligner le travail immense qu'à dû être la restauration de chacune de ces planches. En outre, l'aspect rédactionnel du livre est tout simplement fabuleux. Il ouvre les portes des coulisses de la création et contient des documents incroyables, comme cette frise qui reprend les dates de publications et celles qu'on estime être relatives à la création des pages. On en apprend énormément grâce à une ribambelle de spécialistes (John B. Cooke, Jean-Paul Jennequin, Dick Ayers himself, Ferran Delgado, Alvaro Pons, Patrick Ford, Neal Adams, Marc Duveau, Jean Depelley). A titre d'exemple, pensez un peu : en trois ans et demie, Kirby aura dessiné 774 strips et 54 pages du dimanche ! Un travail de titan... Mais la fête ne s’arrête pas au frontière de la stratosphère dans cet album, puisque d'autres inédits sont aussi proposés, comme Surf Hunter qui vous entraînera sous les fonds marins, On the Green with Peter Parr (chaussez-vous correctement et préparez votre swing) et The Lone Voyager, qui vous fera prendre le large, entre Mobby Dick et Robinson Crusoé. Alors on vous le répète une dernière fois : c'est un régal et de surcroît, un régal incontournable !


Collection: Héritages Couleur : Stéphanie Hans
Anticipationaventure
Juillet
9 juillet

Starseeds T1

Les Starseeds sont des guerriers interdimensionnels chargés d'empêcher les forces des ténèbres d'engloutir les mondes. Début d'une série qui fait appel au symbolisme et à la cosmologie, au propos exigeant et au visuel naïf.Charles Glaubitz est un artiste mexicain qui a conçu cette BD comme un lien prolongeant le travail qu'il a entamé en 2006 et 2007 à base de peintures, dessins et installations pour une série d'expositions d'art. Il le dit lui-même dans l'interview qu'on trouve en conclusion de ce volume un : Starseeds traite du conflit entre la Lumière (la matière) et l'Obscurité (l'antimatière). Et avec ce thème, l’auteur embrasse ce qu'il a de philosophique, voire de métaphysique (le Bien et le Mal, qui animent la conscience de l'Humanité depuis qu'elle existe), de scientifique (les Starseeds, ces graines d'étoiles, proviennent ici des quarks) et par la même occasion, il aborde également la question des symboles, utiles à représenter ce qui dépasse l'entendement ainsi qu'à la mythologie, qui n'est jamais qu'une tentative d'explication de notre présence dans l'Univers. Autant vous le dire tout de suite : ce livre est aussi original que clivant. Certains lecteurs y verront un puits sans fond de références au média, mais aussi à la littérature, quand d'autres s'avèreront hermétiques à un propos qu'ils jugeront assez impénétrable, voire confus. C'est toute l'équation qu'on a ici, car il est une certitude, Glaubitz s'affranchit de bon nombre de règles, qu'elles soient esthétiques, avec des dessins naïfs et psychédéliques, des codes couleurs avec un jaune criard en leitmotiv ou narratives, de par l'introduction de textes, façon slogan, qui précèdent des chapitres. Glaubitz vient, avec Starseeds toucher aux frontières de la BD expérimentale et résolument indépendante. On vous avouera que votre serviteur, à défaut d'avoir été franchement séduit, ne peut que concéder le courage artistique nécessaire à créer une telle œuvre. Et par la même occasion, il vous incite à embarquer dans cet OVNI des comic books, ne serait-ce que parce que ce premier pavé vous emmènera dans des contrées où peu osent s'aventurer...


Scénario : Charles Glaubitz | Illustration : Charles Glaubitz | Couleur : Jae Lee
Roman graphiquestrange
Juin
23 juin

Ode Matena

Comme tous les soirs, les enfants écoutent attentivement la Baba Mola leur raconter l'histoire du monde d'avant le Givre. Cette fois, la vieille taupe leur narre l'histoire de quelques dieux et déesses. Un superbe second volet.Créer un univers de toutes pièces est un pari audacieux. Mais faire en sorte qu'il repose sur une mythologie a quelque chose d'un peu dingue. Josselin Billard a pourtant relevé le défi et si on en juge par ce tome 2, haut la main ! Les contes du Givre recèlent en effet quelques petits trésors. Ceux-là même que l'auteur a eu à cœur d'écrire, lui qui débuta comme dessinateur et se découvrit l'envie d'écrire ses propres histoires. Dans sa postface, il nous livre aussi un peu des difficultés qu'il a eues, enfermé (comme tout le monde) par le confinement... Alors ce qui constituait une difficulté supplémentaire a agi comme un multiplicateur d'envie, puisque sa série se base en grande partie sur la nature (rappelons pour ceux qui ne l'ont pas lue que les personnages sont des animaux). Et son amour déclamé pour la nature est parfaitement traduit par le contenu de ses Contes. A l'instar de ceux provenant de la Crypte, le lecteur se découvre, fable après fable, aussi excité et curieux que les marmots-animaux à qui s'adresse la Baba, cette veille taupe bienveillante mais un brin farceuse qui épouse la voix du narrateur. Impossible d'autre part de passer sous silence le second pilier de la série : la mythologie. Josselin Billard a inventé un monde, son histoire et ses dieux, dont on trouvera des renseignements supplémentaires et un «ordre» aux notes de fin d'album. L'écriture est épique et jamais ampoulée, parfois même poétique. Elle nous emporte et ce second volet réserve aussi des surprises visuelles, puisque l'auteur s'essaie à nouveau à des styles graphiques et des techniques très différentes, ce qui donne un panel réussi de dessins, sans que l'ensemble ne soit non plus disparate. Mention spéciale aux couleurs, qu'il signe également, avec la participation de Czek et Rackham , l'ensemble des tons s'avérant en parfaite harmonie. Les Contes du Givre ont pour eux l'originalité et la beauté, sans parler de la belle édition concoctée par Komics Initiative (une marque de fabrique, assurément). L'ère du Givre continue, qu'on se le dise haut et fort !


Illustration : Josselin Billard | Couleur : Francis Manapul | couverture : Josselin Billard
strange
Juillet
16 juillet

Money shot

Une équipe de cinq scientifiques deviennent des « sexplorateurs » lorsqu’ils se filment en train d’éprouver de nouvelles pratiques sexuelles en compagnie d’aliens. Une aventure de SF fun et légèrement érotique.Rendre leur humanité aux gens, à travers la pratique totalement décomplexée du sexe et les expériences les plus excitantes possibles en compagnie d’extraterrestres, telle est l’intention originale et un peu dingue du groupe d’explorateurs qui servent de héros à ce comics. L’astuce première de leur projet est sa vocation scientifique. Sous prétexte de leurs recherches, il libèrent les possibilités et évacuent d’emblée tous les tabous. Néanmoins, le ton et la partition graphiques ne sont ni vraiment érotiques, ni pornographiques : ce recueil des cinq fascicules publiés aux USA cherche surtout à être fun et, effectivement, à décomplexer les lecteurs vis à vis du sexe. On imagine les brainstormings fendards entre les scénaristes Tim Seeley et Sarah Beatrice… du genre qui amènent un humanoïde aquatique à avoir des couilles tellement grosses et pendantes, qu’il peut se les trimballer sur l’épaule comme un baluchon ! Sur le plan narratif, les auteurs alternent les séquences à deux époques : la réalisation de leur « émission » friponne de sexe libre, qui vire au cauchemar lorsque leurs explorations les amènent à chatouiller la puissance sexuelle d’une créature limite démoniaque ; et la genèse « marketing » de leur projet, en laboratoire. Le dessin semi réaliste et encré de Rebekah Isaacs se montre de fort bonne facture. Le bestiaire fantaisiste, tout comme l’expressivité des personnages en action, confèrent un pur moment de distraction aux lecteurs et lectrices, sans oublier de leur insuffler – peut-être – l’idée de s’essayer à de nouvelles pratiques aventureuses. Surtout que c’est bien connu : dans l’espace, personne ne vous entendra crier…


Scénario : Sarah Beattie | Couleur : Adam Hugues | couverture : Adam Hugues
Science-Fiction
Juin
29 juin

Parias T1

Paris, 1900. Le pays a connu une insurrection violente et un mal jusque-là inconnu, la lèpre bleue, s'abat sur la population. Début accrocheur d'une série uchronique où SF, fantastique et aventure se carambolent habilement.Fans de Steampunk, d'uchronie et d'inventions «juleverniennes», à vos librairies ! Voici donc un french comics et on a même envie de vous dire qu'il est 100% frenchy : Tony Emeriau au scénario, Boris Beuzelin aux dessins et à la couleur, un éditeur français (qui, au passage, imprime tous ses livres en France), bref, on ne va pas vous faire un cocorico mais si on s'enthousiasme, c'est avant tout parce que l'univers de Parias est prometteur. Certes, par définition ce premier volume (sur quatre prévus) installe le récit, ce qui signifie qu'on ne possède pas encore toutes ses clés, donc qu'on se pose la question du « où va-t'on » mais il contient déjà la promesse d'une chouette série, puisqu'on est immédiatement immergé dans un Paris de 1900 menacé par une lèpre bleue et les troubles anarcho-terroristes qu'elle entraîne. Ça, c'est pour résumer à l'extrême le décor. Côté personnages, deux d'entre eux prennent la lumière : le vilain de l'histoire, une sorte d'archétype de savant fou, auréolé du mystère lié à un équipement indispensable à sa survie et un personnage féminin, Christina, dont on ne vous dira pas la sanglante spécificité. Ce savant fou a littéralement asservi un petit groupe qui est voué à lui obéir sous peine d'horribles souffrances. Alors en même temps que le contexte est posé, c'est l'action qui prime, chaque scène réservant son lot de spectacle. Boris Beuzelin propose un visuel plaisant, avec des décors bien travaillés tant son trait conserve le jus de ses roughs. On notera également un chapitre « postambule » impressionnant signé par Lionel Marty, ainsi qu'un cahier de fin de livre qui nous livre une partie des coulisses de cette création assez emballante.


Collection: Mavericks Illustration : Boris Beuzelin | Couleur : Boris Beuzelin
aventure
Avril
16 avril

Kodi

Une fillette devient amie avec un ours gigantesque, mais ils doivent se séparer. L’ours part alors à la recherche de son amie… en ville ! Une belle histoire d’amitié, un admirable comics jeunesse !La belle histoire d’amitié entre ce gros ours aussi imposant que gentil et une fillette un peu seule, ressemble aux grandes aventures de l’âge d’or Disney. Cette histoire réalisée par Jared Cullum et importée des États Unis par Komics Initiative – qui prend décidément de bien chouettes initiatives – s’adresse évidemment au jeune public. Or contrairement à la production jeunesse de ce côté-ci de l’Atlantique, la pagination est très imposante : 171 planches ! Rassurez-vous, ça se dévore, comme un long métrage merveilleux. Cullum jalonne son récit de l’environnement psychologique idéal : une fillette qui n’a pas d’amie, qui s’ennuie, qui vit en forêt, qui lit des comics, qui est complexée par ses oreilles ; et un nounours vraiment trop-trognon, comme tous les enfants veulent gagner à la fête foraine. Sa taille donnerait même des envies aux adultes de se lover au creux de son épaule (en suçant leur pouce). Leur amitié sera contrariée par une séparation, et ils passeront l’album à essayer de se retrouver, ce qui donnera lieu à bien des aventures… en ville, cette fois. La grosse bébête incongrue en milieu urbain est un autre archétype, ici encore idéalement décliné. Au-delà du scénario, on retient surtout le dessin à l’aquarelle de Cullum, qui parvient à jouer avec une large gamme d’expressivité (notamment ursidée) chez les personnages, sans se départir d’un certain réalisme dans les décors et d’un formidable dynamisme. C’est beau, c’est poétique, c’est emballant… Vraiment, une œuvre jeunesse pas comme les autres, qui a bien fait de traverser l’Atlantique.


Collection: Mavericks Scénario : Jared Cullum | Illustration : Jared Cullum | Couleur : Prozeet | couverture : Alex Sinclair
Chronique sociale
Mars
26 mars

Les Chroniques de Wormwood

Une nouvelle fois, Komics Initiative propose un inédit de Garth Ennis. Dans une nouvelle collection, Titan, l'histoire de l’ante-christ en 400 pages, telle qu'écrite par le génial Irlandais. Une série mythique ! Garth Ennis est un phénomène. Ce qu'on veut dire par là, c'est que c'est un scénariste phénoménal. S'il est l'homme de tous les outrages avec Crossed, il a maintes fois prouvé que ses provocations pouvaient être assorties de propos intelligents, comme dans le terrible War is Hell qu'on rapprochera des non moins terribles Histoires de guerre ou encore lorsqu'il déchaîne la violence du Punisher. Les éditions Komics Initiatives lui consacrent un nouvel inédit et inaugurent par la même occasion le premier volume d'une nouvelle collection, nommée Titan. Tirage limité à 1000 exemplaires, l'ouvrage est imposant, avec plus de 400 pages. Et si l'objet est beau, son contenu est jouissif. Les Chroniques de Wormwood datent de 2006 et 2007, après que l'Irlandais et Jacen Burrows aient signé le cinglant 303. Cette fois-ci, le récit s’inscrit bien au cœur de notre époque, Daniel Wormwood étant un producteur de télé, mais surtout l'ante-christ qui a décidé qu'on lui foute la paix avec l'Armageddon. Alors c'est bien simple : avec cette série, vous ne verrez plus rien comme avant des symboles de la religion. Ni le Pape (et certainement pas si un jour il est australien), ni Jésus et ses dreads, ni le Paradis, ni même les petits lapins ou encore les barmen grincheux... Avec des personnages plus tordants les uns que les autres, la romance s'incruste au milieu de ce grand délire car figurez-vous que cet ante-christ veut juste être un brave type ! En six chapitres, la série s’avère être de ces comics plus que costauds, parce qu'ils constituent en eux-seuls un vrai univers. A noter que le dessinateur américain est ensuite relayé par Rob Stein puis Oscar Jimenez, dont le boulot rappelle un peu parfois l'énorme Juan Jo Ryp. Voilà, on vous le prêche, Les Chroniques de Wormwood, c'est une vraie petite Bible !


Collection: Titan Illustration : Rob Stein | couverture : Leinil Francis Yu | Couleur : Francesco Francavilla
aventurestrange
26 mars

Sang d'encre

Premier opus pour cette nouvelle collection. Comics Novel porte bien son nom puisqu'il s'agit d'une nouvelle, un polar, ancré (et encré) dans le monde des comics. Un franc succès qui plaira à tous les lecteurs de comics mais aussi de thrillers.Komics Initiative est une maison d'édition animée par la passion de Mickaël Géreaume et ses publications n'ont pas échappé au public français des lecteurs de comics. Si bien que, livre après livre, avec des choix éditoriaux souvent audacieux, l'affaire suit son joli petit bonhomme de chemin. Un chemin désormais pavé de bijoux et d'inédits, patrimoniaux et aussi contemporains et qui débouche sur une nouvelle voie, en s'enrichissant d'une nouvelle collection : Comics Novel. Son concept est novateur, atypique et ambitieux, puisqu'il s'agit , comme son nom l'indique, de proposer une littérature au format relativement court, accompagnée d'illustrations idoines. C'est Phil Cordier qui se charge de l'écriture de ce premier one shot et il sera aussi de la partie pour celui, d'ores et déjà annoncé, qui lui succèdera. On reconnaît un bon récit à un point très simple : celui qui consiste à s'attacher aux personnages, celui qui fait qu'on n'est pas prêts de les oublier, parce qu'on a vécu avec eux, le temps de la lecture et qu'ils vous donnent l'impression d'être des amis qu'on peut retrouver, après qu'on a fermé le bouquin et qu'on lui a choisi une place dans la bibliothèque. Une place qu'on n'oublie pas plus que les protagonistes et leur histoire. C'est donc le cas avec ce duo d'inspecteurs de la crim' de N-Y, lancés sur la piste du tueur d'un gars qui bosse pour une boîte qui va faire économiser plein de pognon à toute l'industrie des comics. Phil Cordier rend ainsi un hommage truffé de références à l'histoire de l'industrie du média et nombre d'entre-elles sont franchement hilarantes. C'est un régal de reconnaître l'ensemble des portraits joyeusement caricaturés et empruntés aux figures emblématiques des grands éditeurs US des comics de super-héros. Mais au-delà des archétypes et de l'humour, il creuse aussi un thème comme celui de la parentalité et du handicap, ce qui confère de la profondeur et de l'émotion à son propos. On vous parle de ce supplément d'âme plutôt rare, avouons le, dans l'univers des comics de supers auquel tout le livre renvoie. Côté illustrations, le noir et blanc de Thierry Martin est impeccable, alliant avec élégance une ligne rétro typique des polars US d'antan et une touche d'école européenne, comme l'indique aussi si bien la couverture. A noter que John Romita Jr se fend d'un dessin que Thierry Martin encre et que Klaus Janson est aussi de la partie, excusez du peu ! Voici donc un nouveau format proposé par l'éditeur et on vous le dit tout de go, cette collection est rudement bien lancée. Une fois que vous y aurez gouté, elle s'ancrera parmi les publications que vous attendrez !


Collection: Comics Novel Illustration : Thierry Martin | couverture : Thierry Martin
ThrillerPolicier
Janvier
29 janvier

Visions

Pour la première fois, trois créations du maître de Northampton sont réunies dans un seul livre. Deux BD dont les illustrations sont à la hauteur de l'écriture virtuose d'Alan Moore et un essai sur le média, qui vous donnera des clés de son œuvre. Huge !Apprêtez-vous à vous faire bouger comme il faut avec ce livre ! Déjà en soi, pouvoir lire du Alan Moore jusque-là resté inédit en VF est une sacré bonne nouvelle mais le choix de Komics Initiative de sélectionner Another Suburban Romance, Writing for Comics et Light of thy Countenace permettra au lecteur, si cela doit encore être démontré, quel écrivain est Alan Moore. Oui, vous avez bien lu, on ne parle pas d'auteur, mais d'écrivain. Avec de nombreux articles rédactionnels, vous découvrirez les coulisses, l'histoire et les intentions d'Alan Moore quant il créa ces trois morceaux d'anthologie, qui ont un point commun, mieux, un fil conducteur : l'écriture et sa pensée. Tout commence ici avec Another Suburban Romance, qui n'était pas initialement destiné à être un comic book. C'était une pièce de théâtre écrite en 1972, (Old Gangsters Never Die), sous forme de monologue. Elle ne fut jamais représentée. Puis quatre ans plus tard, Alan Moore en reprit le thème, pour en faire une des trois chansons qui composeront Another Suburban Romance, une comédie musicale co-écrite avec Jamie Delano. Là encore, cette création ne trouve pas d'issue alors Alan Moore la met en scène et la joue lui-même, entouré d'amis. Ils enregistreront même un disque. Dans les années 90, Caliber Comics demande à divers artistes d'illustrer le texte et après publication dans la revue Negative Burn, les édite dans l'album Songbook. Puis, en 2001, paraît en Espagne Magical Mistery Moore dont le concept est similaire. La publication retient l'attention d'Avatar Press qui rachète les droits d'adaptation et décide, sous la houlette d'Anthony Johnston, de transposer en comics les trois chansons de la comédie musicale. Et c'est Juan José Ryp qui est chargé de confectionner les planches. Voilà l'histoire tortueuse d'Another Suburban Romance et son résultat est tout simplement monstrueux ! La prose de Moore est sublime, touchant à la poésie à la fois surréaliste et crue, souvent teintée d'une grande noirceur désabusée. Quant à Ryp, il délivre des planches incroyables, le nombre de détails est phénoménal et le lecteur se prend l'ensemble en pleine poire, comme un trip vertigineux. Après cette première claque monumentale, Alan Moore livre son point de vue sur l'écriture des comics et vous comprendrez bien qu'on se bornera à vous renvoyer à la lecture. Comment voudriez-vous qu'on retranscrive quoi que ce soit de digne de lui en quelques lignes ?... Enfin, arrive Light of thy Countenance, qui est aussi une adaptation graphique de 2009 d'une nouvelle publiée en 1995. Un essai superbement mis en images par Felipe Massafera, qui ne vous fera jamais plus regarder la télé (au sens propre comme au figuré) comme avant. Ce qui se rapporte (à tort ou à raison) à la personnalité d'Alan Moore, ses clashs et ses déclarations sur l'industrie des comics et même quelques unes de ses œuvres ont certainement créé un clivage parmi les lecteurs mais il est certain que c'est un génie du média, un auteur - et écrivain- visionnaire et Visions en est une démonstration implacable !


Collection: Mavericks
strangeChronique sociale
15 janvier

Wuvable Oaf

Oaf, avec sa stature imposante, son crâne rasé, sa grosse bebar et sa pilosité hyper abondante, fait aussi triper plus d'un bonhomme et ça tombe bien, puisqu'il les aime. Mais plus que tout, il cherche l'amour. Une série unique sur ce mec attachant.Wuvable Oaf est une série indépendante qu'Ed Luce a auto-éditée avant que Fantagraphics Books lui propose un deal. Elle met en scène le quotidien d'Oaf Jadwiga, un type au physique imposant qui tombe amoureux du chanteur d'un groupe de Grindcore. Bien que les qualificatifs comme «gay, bear» ou encore «queer» n'apparaissent jamais dans le livre, c'est bel et bien à ces cultures et communautés que se réfèrent ces épisodes, souvent courts mais qui constituent un ensemble parfaitement cohérent. L'auteur alterne très habilement l'humour, souvent cru, parfois même absurde, avec une forme de romance désabusée, car si le sexe a la part belle dans le mode de vie des personnages décrits, Oaf, lui, veut vivre une relation amoureuse comme elle se doit : authentique et harmonieuse. Aux US, la série est devenue culte, car elle a rencontré un large public, qui va très au delà de celui concerné par l'orientation sexuelle. Et cela n'est pas dû strictement au fait que les chats ont aussi une part importante (leurs démêlés avec leur maître et entre-eux sont un thème récurrent, qui amène des breaks hilarants) ou encore qu'on trouvera des dizaines et des dizaines de références aux groupes alternatifs Punks ou Metal. Non, ce qui fait qu'on peut tous se projeter dans le personnage d'Olaf, c'est tout simplement son humanisme, sa bienveillance, voire même sa naïveté, bref, sa quête de l'Amour. Pour ce qui est des graphismes, Ed Luce a choisi le noir et blanc, ce qui amène un côté classique indé à son comic book, quand son dessin est sobre, bien que très travaillé. Son trait est en effet stylisé et équilibré, puisqu'il maîtrise les courbes assez arrondies de ses personnages avec un design géométrique, si bien que très vite, on s'aperçoit qu'il a un style propre à lui, sans pour autant se laisser aller à la démonstration. Sa mise en page est d'ailleurs du même acabit, à priori ça ne paye pas de mine mais en réalité, tout est sacrément bien agencé. Voici donc une série fort sympathique et particulièrement originale que nous proposent, une fois de plus, les éditions Komics Initiative.


Collection: Mavericks Scénario : Ed Luce | Illustration : Ed Luce | couverture : Elizabeth Breitweiser
Chronique sociale
Octobre
23 octobre

Sky Masters of the Space Force

La course à l'espace était, avec celle de l'armement, ce qui opposait les USA et le bloc Ouest à l'URSS et son bloc Est. Elle fut aussi une formidable matrice à des récits d'anthologie, dont celui-ci, jusque-là inédit !Dans sa remarquable préface, J. David Spurlock nous rappelle que c'est en 1958 que Jack Schiff est sollicité par un confrère du syndicat d'un journal, pour constituer une équipe qui se chargerait des strips d'une histoire sur la conquête spatiale. Spoutnik est passé par là et il y a là une formidable fibre à exploiter pour en faire des récits dessinés. Schiff dirige alors les travaux du scénariste Dave Wood et de Jack Kirby, dont il est en quelque sorte l'agent. Il est donc question de les enrôler pour que leur travail soit publié au sein de ce journal, le George Matthew Adams Service. Il coulait de source que Marvin Stein, l'encreur traditionnel de Kirby, serait de la partie. Oui mais voilà, ce dernier sature du monde des comics, frappé de plein fouet par le Comics Code Authority découlant du McCarthisme et il s'est fait la malle, pour aller bosser plus tranquillement (et plus sûrement pour son salaire) dans l'industrie de la publicité, comme tant d'autres artistes dessinateurs de comics... Jack Kirby fait alors savoir qu'il veut Wallace Wood comme encreur... et le reste est désormais dans ce bouquin. Un livre précieux, car Mickaël Géreaume est allé dégoter cette fabuleuse œuvre, jusque là inédite, pour livrer un bouquin au format à l'italienne, rempli de rédactionnel et fort de ses 430 pages. Disons le clairement : c'est un bout du patrimoine des comics qui est désormais disponible au lectorat français. Alors il n'est pas très utile de gloser sur son superbe contenu, mais vous trouverez absolument tout ce que Kirby lui-même aimait : l'aventure et l'action bien sûr, le suspens, le drame et même la romance. N’oublions pas, of course, le patriotisme, c'est même l'essence des aventures de Sky, Major et héros de la nation, même si les auteurs se sont plantés dans leur prédiction... Car trois ans après la conception de la série, c'est un damné soviet qui fut le premier homme à être envoyé dans l'espace. Mais cela n'enlève absolument rien à ce régal absolu qu'est cette intégrale. Nuff' said !


Collection: Héritages Illustration : Wallace Wood | couverture : Wallace Wood | Scénario : Dick Wood | Couleur : Stéphanie Hans
Anticipation
23 octobre

Les Super-Héros confinés !

Avec Super Peinard Laurent Lefeuvre fait plus que pasticher les héros icôniques et y compris son Garçon Renard, pour délivrer sa vision de citoyen, par des dessins accompagnés de ses propos et réalisés en plein confinement, celui de mars...Le hasard n'a aucune place si Laurent Lefeuvre bénéficie d'une véritable cote d'amour auprès du lectorat français. Fox-Boy et le monde que l'auteur développe en hommage aux éditions ROA le justifient amplement. Et puis on ne connaît personne qui n'a pas bénéficié de sa disponibilité et de sa générosité lors des innombrables séances de dédicaces auxquelles il se livre. Ensuite, il faut bien le dire aussi, c'est une brute (on espère qu'il nous pardonnera ce terme aux antipodes de sa personnalité)... de travail ! Alors comme chaque Français, du 17 mars au 11 mai 2020, il s'est retrouvé confiné. Et cette période d'enfermement, il l'a mise au service de ce qui fait sa vie : créer. L'idée de Super-Peinard a germé dès le premier jour du premier confinement, parce que les Super-Héros ont l'habitude de se mêler de tout et n'importe quoi, amis dehors ! Pour autant, celui qu'il a créé, Fox-Boy, n'avait pas plus le droit que les autres de sortir. Pas de petite case super-héroïque prévue à l'attestation dérogatoire... Alors il l'a dessiné en lisant (ou relisant) des classiques, au premier rang desquels Les Frustrés ! Et puis au fil des jours, son expérience, son propre vécu du confinement, ont nourri ses réflexions qu'il a illustrées en ayant souvent recours à la symbolique... C'est ainsi qu'on croise, entre autres, Batman et Robin, «à la façon» de Frank Quitely, le tristement idiot Trump et le désormais très connu Pr Raoult, Spidey et même Astérix, dans un hommage tout simplement sublime ! De plus, il serait aussi bien ingrat de passer sous silence le fait qu'il a élaboré des print d'illustrations inédites mises gratuitement à disposition des comic shops et dont les bénéfices leur sont exclusivement revenus. Enfin, comme l'homme est un labo d'idées à lui tout seul, ce hors-série se termine par un «remix» des premières pages du Fox-Boy publié chez Komics Initiative, où tous les textes ont été réécrits et repassés au filtre de ce confinement. Un super ouvrage et peinard, il peut l'être, Laurent Lefeuvre, parce que c'est pas comme ça que les lecteurs risquent de s'éloigner de lui et de son imaginaire !


Illustration : Laurent Lefeuvre | Couleur : Stéphanie Hans | couverture : Laurent Lefeuvre
aventureChronique sociale
Septembre
11 septembre

Dark Blue + Atmospherics

Deux histoires désespérément noires sont réunies ici. Quant Warren Ellis se penche sur la folie criminelle, cela donne un résultat qui marque l'esprit du lecteur. Encore une pépite dénichée et raffinée par KI ! Les fans de Warren Ellis se frottent les mains depuis que Komics Initiative enquille les parutions d'inédits en France. Six récits du maître britannique en 12 mois, qui dit mieux ? Cette fois-ci, la campagne Ulule a accouché de ce volume et de Scars. Si le point commun des deux albums se situe dans le registre du polar, Dark Blue + Atmospherics contient un fil conducteur très clair qui en assure la cohérence éditoriale : celui de la folie. En l’occurrence une folie meurtrière. Grâce au contenu rédactionnel, on apprend qu'Atmospherics, le récit qui ouvre l'opus, a été un travail évolutif, dans ce sens où il a d'abord été publié en noir et blanc, sous la forme d'épisodes au sein de la revue Calibrations des éditions Caliber Comics, en 1996. Puis en 2002, Avatar Press propose une version remasterisée et cette fois mise en couleurs par Ken Meyer lui-même. Ça tombe bien, il est peintre et cette «version finale», ici présentée, en est une démonstration éclatante, car si le mystère tient à la narration, l'aspect très inquiétant de ce qui tient d'une nouvelle graphique provient directement des portraits répétitifs de cette femme qui nie ce dont on l'accuse. On finit le récit destabilisé, tant il est original. Une fois l'interview de l'artiste dévorée, on ne sait pas encore à quel point on va se faire secouer par l'histoire suivante, Dark Blue, qui marque la première collaboration entre le scénariste et Jacen Burrows. Changement radical de style graphique, avec un noir et blanc ciselé et propos différent au sujet de la violence et de la pathologie mentale. Mais quelle claque !!! On ne vous dira pas grand chose sur le duo de flics qui anime cette histoire violente, mais qui délivre une morale terrible, égratignant au passage la médecine. Car la violence sert ici un questionnement particulièrement grave : jusqu'où les autorités iront-elles pour potentialiser les capacités des agents opérationnels ? Alors il restera, ça tombe bien pour se refaire un peu la cerise, the cherry on the cake : la postface de Warren Ellis qui nous explique comment l'idée de ce récit a tout de même cheminé 10 ans pour qu'il en trouve sa forme aboutie. Un bouquin totalement tripant !


Collection: Komics Initiative Présente Illustration : Ken Meyer Jr | Couleur : Clayton Crain | couverture : Clayton Crain
Policier
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