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Prochain niveau: 2 EXP

Futuropolis

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Août
17 août

Gauloises

Dans ce polar situé dans l'Italie des années 50, Serio et Igort décrivent deux profils d’exécuteurs de la mafia dans leur chassé-croisé. Un récit lent, voguant paisiblement sur une mer d’huile, entre la Sicile et le continent.Gauloises est un récit singulier autour de la mafia en Italie dans les années 50. Cependant, les auteurs se focalisent sur deux profils particuliers et opposés. Le récit est découpé en différentes parties afin de décrire de façon très complète chacun des personnages. Le scénario n’est pas un pamphlet contre la mafia mais bien une rencontre entre deux figures particulières. C’est effectivement l’homme plus que l’organisation qui est mis en lumière. D’ailleurs, l’aspect psychologique des personnages est très présent et longuement développé au travers des planches. Igort, le scénariste, ayant réalisé entre autres les cahiers ukrainiens, russes et japonais, livre un récit ambivalent contrastant entre la noirceur des crimes commis et la lenteur de la narration. Effectivement, le récit se consume lentement à l’instar d’une cigarette Gauloises distillant une odeur forte et une fumée désagréablement toxique. Au niveau du dessin, Serio, comme à son habitude, use de nombreuses techniques graphiques et en particulier le pastel. Le rendu est très beau, équilibrant le récit, mais accentuant le sentiment de lenteur en illustrant des points de vues fixes, sans action. Les auteurs réussissent parfaitement à harmoniser le récit et l’univers graphique de l’album pour mettre en lumière une histoire de vie(s).


Policier
17 août

Manifestante

Bien qu’elle n’a pas de convictions initiales à défendre, Anna s’intéresse à une nouvelle activité : la manifestation. Une démonstration factuelle de l’engrenage des violences.A travers cet album en one-shot, Hélène Aldeguer focalise sur le principe de la manifestation, s’en emparant comme d’un sujet d’étude sociologique, mais en restant à distance de toute démarche politique. Son héroïne initialement timide, Anna, est sommairement intriguée par le fait de manifester. Elle est attirée par la forme de cette activité curieuse qu’elle aimerait découvrir, comme s’il s’agissait de faire un baptême de parapente… Mais elle n’a fondamentalement pas de cause précise à défendre, pas de message de fond à revendiquer. Au long de son engagement progressif, s’étayant sur des amitiés nouvelles, elle va ainsi prendre du plaisir à l’ambiance et adopter les discours de révolte. Pour autant, aucun parti au pouvoir en particulier n’est visé, aucune époque politique n’est spécifiée. Anne lutte globalement contre un peu tout : pour l’écologie, pour le féminisme, contre le chômage, le capitalisme, la précarité, l’islamophobie… et contre les violences policières qui ne manquent pas d’être le corollaire de la manifestation. Le lecteur se doute aussi que ça se passe à Paris, puisqu’il y a les Galeries Lafayette. Même si l’objectivité est quasi impossible sur un tel sujet, l’autrice s’efforce, du moins dans le ton, à adopter une approche neutre et factuelle, un peu à la manière de l’émission Striptease, laissant le lecteur se faire sa propre opinion. Ce dernier pourra s’agacer du manque de convictions initial d’Anna, où se réjouir de la mise en évidence de l’engrenage des violences, sujet ultime du propos, qui se termine en queue de poisson. Epuré, hyper stylisé, le dessin numérique à base de gros pinceaux et de traits minimalistes se révèle étonnamment adapté au sujet. Il s’appuie sur deux déclinaisons de teintes relativement logiques : grise et rouge.


Illustration : Hélène Aldeguer | Couleur : Hélène Aldeguer
Chronique sociale
Mai
4 mai

Tant que nous sommes vivants

Un univers mystérieux et sombre retrace le parcours d'un couple et de sa famille, percutés par des tragédies et une promesse non tenue. Adaptation du roman éponyme.Cette bande dessinée est une libre adaptation du roman éponyme vendu à plus de 30 000 exemplaires. Le texte a été écrit par Anne-Laure Bondoux, une romancière qui a notamment signé L'aube sera grandiose ou encore Et je danse aussi. Avec Tant que nous sommes vivants, elle a reçu le prix de la Société des gens de lettres. La puissance du texte a séduit le dessinateur Frédéric Bihel. Il souhaitait adapter un livre de Giono, Un roi sans divertissement, mais les droits étaient déjà réservés. Se projetant tellement sur cette adaptation, il a demandé conseil pour découvrir une autre pépite, et il est tombé sous le charme du roman de Anne-Laure Bondoux. Il a alors décidé de l'adapter au format BD. Nous suivons ici le parcours d'un couple qui va fonder sa famille, alors que tout s'effondre autour d'eux. Ils vont placer tous leurs espoirs de bonheur en l'amour, tout miser sur le lien qui les unit. Mais est-il possible de placer autant d'attentes en un même endroit, sans être déçu ? L'histoire est envoûtante, mais elle conserve une grande part de mystère et d'interprétation, qui peut décontenancer. Le dessin est charbonneux, il reflète toute une ambiance. La petite Tsell marchera dans les traces de son histoire familiale et tentera de comprendre pourquoi la promesse que ses parents s'étaient faite n'a pu être tenue.


Illustration : Frédéric Bihel
Contes / Fééries
Avril
13 avril

Partitions irlandaises

Quatorze ans après Les coupures irlandaises, le duo Kris-Bailly revient à Belfast où un amour naissant entre un protestant et une catholique bouleverse une Irlande du Nord tiraillée par les conflits identitaires, sur fond de Brexit.Quatorze ans après leur collaboration sur Coupures irlandaises, le duo Bailly-Kris se retrouve autour du même thème qui aborde la question irlandaise. Les clans s'opposent farouchement entre la volonté d'une indépendance et, de l'autre côté, la volonté de rejoindre l'Union Jack et de battre pavillon anglais. Cette fois, cependant, les auteurs l'abordent sous le prisme d'une relation amoureuse qui s'avère tout aussi improbable qu'impossible. L'amour triomphera-t-il de la guerre ? Le lecteur ne le saura pas à l'issue de ce premier tome d'un diptyque haletant où le scénario de Kris, parfaitement romancé, fera écho aux adultes qui auront vécu le conflit irlandais de loin ou de près jusqu'à la fin des années 1990. Un peu plus de trente ans plus tard, les auteurs tentent d'apporter un regard différent sur un conflit qui aura finalement marqué l'histoire. Le dessin de Bailly est très particulier. Et si sa colorisation à la gouache et l'absence de traits fermes et secs pourront rebuter certains grincheux, il emportera ceux qui se laisseront bercer par un récit beaucoup plus cadencé qu'il n'y paraît au travers d'un tel thème. On a hâte de découvrir l'épilogue de cette histoire romanesque.


Couleur : Vincent Bailly
Guerre
Mars
2 mars

La Promotion

Etudiant en architecture, Léo travaille en journée sur une aire d’autoroute. La promotion reçue par sa compagne lui promet un tournant dans sa vie… Mais Léo procrastine. Un étonnant premier album, à la fois simple et marquant.La promotion est la première bande dessinée de Victor Pellet et pour cause : il a reçu le prix Raymond Leblanc de la jeune création 2019 (parrainée cette année-là par Catherine Meurisse). L’auteur belge nous immerge dans la vie simple et modeste d’un jeune étudiant en architecture, à un tournant de sa vie. Par l’intermédiaire de flashbacks, on découvre son enfance douloureuse : Léo a perdu sa mère et il a été placé dans un foyer. Il a du se construire sa personnalité sans référent, sans hérédité de personnalité marquée. On comprend dès lors les raisons qui le poussent à la procrastination, lorsque sa compagne Souade « avance » dans la vie. Car la promotion du titre n’est initialement pas pour lui, c’est celle de sa compagne qui le met dès lors devant un ultimatum. Soit il persévère dans son immobilisme et il la perd ; soit il se sort enfin les doigts du… La mise en scène de ce point de rupture fait sens, car tout le monde l’a vécu (ou va le vivre) plus ou moins à un moment de la vie. Pellet met cette tempête psychologique intérieure en exergue avec la rencontre d’une famille de migrants, qui s’est constitué un campement de fortune dans une forêt proche. Pour compenser son incapacité à conduire son propre destin, Léo se sent en totale empathie et investi d’humanitaire. Pour autant, le dessin en noir et blanc, juste dans les proportions et les perspectives, mais stylisé avec pas mal de « rondeurs », reste d’une grande sobriété. Charbonneux, avec de nombreuses trames de gris en aplats, on le dirait rempli avec différentes duretés de crayons à papiers. La plupart du temps, les visages sont inexpressifs. Celui de Léo est même majoritairement absent, comme pour souligner son inaction personnelle. Un étonnant premier album, à la fois simple et marquant.


Scénario : Victor Pellet | Illustration : Victor Pellet
Chronique sociale
Avril
13 avril

Lady Jane

La fille ado d'un patron de pub et une vendeuse de gaufres de quarante ans se découvrent des points communs. Nouvelle chronique humaine et sensible dans le Sud de l'Angleterre par Michel Constant.Avec des aller-retours entre les années quatre-vingt et l'époque actuelle, Michel Constant trace un double portrait de jeunes femmes anglaises qui expérimentent la dureté de la vie avec leurs difficultés personnelles, dans une société qui ne fait pas de concession. Du parrain tatoueur à Donald le patron du bar, tous les proches des héroïnes sont des personnages humains et sympas, préoccupés du bonheur apparemment impossible de leurs enfants. On retrouve d'ailleurs à la fois la petite ville, le bar et certains des personnages de La Dame de Fer, paru en 2017. L'auteur nous amène par flashbacks successifs à découvrir ce qui est arrivé à Jane après la découverte de sa grossesse, et on comprend petit à petit son regard triste et la solitude qui semble l'entourer. Emma et elle sont très proches avec une génération de différence. Autour d'eux l'Angleterre a changé, mais Jane retrouve chez sa jeune amie une innocence et un goût de la vie qu'elle pensait avoir perdus. Le récit est émaillé de moments très personnels qu'il ne faut pas laisser passer par une lecture trop rapide. Parfois le tempo devrait ralentir, le regard se pose sur un moment comme dans un film. Constant utilise peu les artifices de narration qui marquent ces instants suspendus, comme un plan fixe sur l'extérieur d'une maison ou un paysage immobile. Sauf paradoxalement en tout début d'album avec quelques cases très fortes, lorsque Jane gamine quitte le phare après la mort de son père. On découvre la dureté de certaines lois anglaises de l'époque aux dépens de Jane, bien des questions resteront ouvertes sur sa vie avant de devenir marchande de gaufres, mais la rencontre avec Emma est le cœur de cet album, simple et touchant. On sent que Michel Constant est parfois lui-même happé par ce qu'il raconte, au point de faire rouler une voiture du mauvais côté de la route en page 54. Mais on s'en fout, ce qui compte c'est l'autoradio cassette et Highway to Hell !


Couleur : Béa Constant | Illustration : Michel Constant
Chronique sociale
Mars
2 mars

Mister Mammoth T1

Mister Mammoth, privé taciturne, colossal et efficace dans le New York de 1970, enquête sur un mystérieux maître-chanteur. Une association inédite et transatlantique d’auteurs, pour un polar noir classique par son contexte, mais encore énigmatique.Présenté comme un diptyque en devenir, Mister Mammoth détonne par l’association inédite et transatlantique de deux cadors du 9ème art. Côté américain, le scénariste Matt Kindt est multi-primé et réputé pour ses scénarios retors ; côté français, Jean-Denis Pendanx est un peintre virtuose du 9ème art. Ensemble, ils proposent un polar relativement traditionnel par les clés qui le composent : dans les seventies, un privé se cogne une enquête bizarre, qui agit comme un révélateur de ses propres démons de l’enfance. Or il ne fallait pas s’attendre à ce que Kindt se fonde dans le classicisme du polar. D’une part, le héros est hors norme de par son gabarit et sa psychologie : c’est un colosse taciturne, solitaire, monstrueux, anti violence mais prompt à jouer des poings, qui vit avec un terrible souvenir d’enfance. D’autre part, l’enquête pour laquelle on le missionne est bancale : pourquoi faire chanter quelqu’un qui n’a rien à cacher ? Comme souvent, le scénariste abandonne l’effort de la narration à l’imagination du lecteur, sans le tenir par la main. La fin de ce premier opus – qui se lit un peu rapidement – propose d’ailleurs une séquences un brin hermétique, posée là comme un énième morceau de puzzle, qui trouvera à former une trame cohérente par la suite. Du reste, l’ambiance énigmatique du New York des années 70 est admirablement rendue à travers le dessin de Pendanx. Ses cadrages décalés sur la carrure d’ogre de Mammoth, ses décors crasseux et désuets, son jeu de lumières sombres, baignées de dominantes glauques, ocres ou sanguines, saisissent à la perfection l’atmosphère poisseuse et pesante du polar noir. Pour l’heure, ce premier tome installe une ambiance, des personnages, leurs énigmatiques passés et une vraie intrigue. Il est urgent d’attendre le tome 2, déjà annoncé pour le mois de juin 2022, pour comprendre les répercussions et le propos.


Couleur : Jean-Denis Pendanx
Policier
Février
9 février

Ulysse Nobody

Un acteur has been, en manque de repères, cherche à « être quelqu’un » en devenant candidat pour un parti fasciste. Une démarche suicidaire inspirée d’un authentique destin, et qui en dit long sur les dérives actuelles du climat politique.Ulysse Nobody est une histoire exquise de pathos et riche de prise de conscience politique. C’est l’histoire d’un homme dépossédé de sa vie, qui veut redevenir quelqu’un en se réalisant au travers d’un engagement extrême. Initialement, cet acteur has been reproche à son entourage d’être passé à côté de sa carrière. Ainsi embué par le manque de lucidité sur son existence, il accepte de devenir candidat pour un parti d’extrême droite (qui n’existe pas), le PFF (pour Parti Fasciste Français). Pourtant, à la base, il n’est pas fasciste, il est surtout désorienté. Mais son bagou, sa rondeur et la bonhomie que lui accorde le dessin simple de Sébastien Gnaedig sont utiles au populisme… et on lui affirme qu’il suffit d’incarner le fasciste pour l’être. Alors, puisqu’il est acteur, et qu’il a besoin de décrocher un rôle pour « être quelqu’un », comme il l’écrit sur son papier de bonne résolution, il accepte sans ciller de devenir fasciste. Ce destin pathétique est d’autant plus amer qu’il se présente à nous à la veille des élections présidentielles françaises, alors même que nous assistons à un décentrage du climat politique vers un néo-fascisme qui ne dit pas son nom. « Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie, mais son évolution par temps de crise » (Bertold Brecht). Ulysse Nobody incarne ainsi la perte collective de repères qui bénéficie aujourd’hui dans les sondages aux candidats extrémistes. Or cette histoire n’est pas si fictive pour les lecteurs qui ont suivi la vie politique ces dernières années. Ce parcours est en effet extrêmement proche de celui de Franck de Lapersonne (même dans le patronyme improbable !), un comédien qui s’est avili en faisant la campagne présidentielle pour Marine Le Pen, jusqu’à devenir candidat perdant du FN aux législatives de 2017. Une démarche suicidaire qui l’amène aujourd’hui à être durablement isolé par son milieu professionnel et dénué de valeurs politiques crédibles.


Chronique sociale
Janvier
12 janvier

L' Age d'eau

Hans, son frère bourru et son chien bleu traversent la société post-apo de demain. La crue irréversible s’étend, des bribes d’humanité subsistent, un état autoritaire continue d’organiser le déni. Premier tome d’un diptyque magnifique et désespéré.Hé tiens, le réchauffement climatique, parlons-en autrement ! Puisqu’il est quasiment acquis que nous ne faisons rien pour l’empêcher et que nous serons incapables de faire grand-chose dans les années qui viennent, nous allons évidemment se prendre de plein fouet ses tragiques conséquences dans les gencives. Benjamin Flao nous donne donc à voir la France de demain, après une sévère et brutale montée des eaux. Des villes, des campagnes, des aéroports submergés et laissés en friches : après la pierre taillée, la pierre polie, bienvenu dans L’âge d’eau. Des îlots d’humanité survivent çà et là en autarcie, tandis qu’un état autoritaire tente de juguler les survivants dans un monde d’hier édulcoré qui continue le déni et les conneries. Dans ce contexte, nous suivons une fratrie de survivants marginaux. Il y a Hans le débrouillard, qui trimballe son cynisme et son désespoir. Son frère Gorza est une sorte d’ours, simplet, muet, aquatique, colossal, l’humanité à fleur de peau. Enfin, il y a ce chien bleu, qui nous révèle ses pensées humaines et particulièrement sagaces à travers le narratif de ce premier tome. Il y a ainsi cette part de fantastique dans cette mise en bouche légèrement erratique, mais pas moins intéressante dans le registre de l’anticipation post-apo. Ça ne ressemble à rien de connu et ça nous donne rendez-vous dans un second tome imprévisible. A part un monde en lutte et une contemplation ultime de notre quotidien en crue, il est difficile de deviner jusqu’à quel propos Flao veut nous faire voguer. Son dessin est une merveille. Certaines cases prennent le temps du détail, là où d’autres présentent un trait jeté rapidement… Or toutes sont d’un équilibre rare de composition, avec des proportions, des profondeurs saisissantes et des gueules d’une grande expressivité. Non mais à l’eau, quoi.


Illustration : Benjamin Flao | Couleur : Benjamin Flao
Anticipation
Octobre
6 octobre

Au royaume de Wallmapu

Fin XIXème, un français convainc les indiens Mapuche qu’il est leur futur roi et qu’il va leur procurer des armes contre l’envahisseur chilien. Récit largement inspiré d’un destin pathétique, mais authentique.Baptisé Antoine « de Lunens » dans ce diptyque, le périgourdin Antoine de Tounens a authentiquement existé, avec son ambition mégalomane, extravagante et autocratique de devenir roi d’un vaste territoire d’Amérique du Sud, tandis que la France basculait du Second Empire vers la Troisième République. Le scénariste Christophe Dabitch s’est inspiré de ce destin épique et démentiel pour retranscrire une aventure aigre-douce au service des crayons colorés et expressifs de Nicolas Dumontheuil. « Aigre-douce » car le décorum et le ton sont plutôt joviaux… alors que le fond de cette histoire est pathétique. Pour autant, ce second tome n’apporte pas grand-chose de plus à la mise en place du premier opus. Comme c’était attendu et prévisible, notre roi de pacotille s’enferme de plus en plus dans sa posture impossible, et se retrouve progressivement suspect et disgracié par les autochtones, tandis que l’armée chilienne passe à l’offensive tragique. Jamais un parti ne sera véritablement tranché concernant sa folie ou son ambition. Le récit délaye la narration linéaire, sur un faux rythme indolent et durant 80 planches, jusqu’à abandonner « l’ex-roi d’Araucanie et de Patagonie » (c’est son épitaphe) en plein discrédit, bien loin de la réalité des livres d’Histoire (il a été rapatrié ruiné et stigmatisé en France par le consul, pour y mourir).


Couleur : Nicolas Dumontheuil
Western
Novembre
24 novembre

Le Faux soir

En 1943, une poignée de résistants belges parodient l’un des plus grands quotidiens passé sous la coupe des nazis. Retour sur un fait historique audacieux.Denis Lapière, Daniel Couvreur et Christian Durieux ont décidé de raconter, par l’intermédiaire de 4 journalistes du Soir, l’histoire d’un acte de résistance courageux qui a marqué la Belgique. Peu de temps après l’invasion allemande, le quotidien Le soir a cessé de paraître. Quelques mois plus tard, des journalistes collaborateurs relanceront sa publication, ce qui vaudra au quotidien propagandiste le surnom de « Soir-volé ». En 1943, une poignée de résistants décideront de publier un numéro contestataire qui caricature et ridiculise les allemands et leurs soutiens. Dans cet album, les quatre journalistes retracent l’élaboration de ce plan génial organisé comme une opération commando. Ils décrivent les difficultés rencontrées par ces résistants, les contretemps de dernière minute, les risques pris et le lourd tribut payé par les protagonistes de ce « canular ». Ce récit est plutôt immersif et la tension est palpable. Les auteurs ont également su véhiculer la belgitude avec laquelle a été réalisée ce faux-Soir : un esprit irrévérencieux et iconoclaste. Pour évoquer les événements historiques, le récit est illustré en noir et blanc, tandis que les passages contemporains sont quant à eux de couleur ocre. Ce travail de Mémoire rappelle le rôle que peut avoir la presse dans la lutte pour les libertés.


Scénario : Daniel Couvreur
Guerre
3 novembre

Bella ciao T2

Une nouvelle série de petites histoires qui constituent la mémoire de Baru, descendant d'immigrés italiens. Deuxième tome sur trois prévus d'un récit intime et drôle, plein d'humanité et de fierté retenue. Une recette de tiramisu absolument parfaite, c'est ce qui clôture ce deuxième volume de ces mémoires un peu protéiformes de Baru, alias Hervé Baruela. Une plongée dans des souvenirs mélangés de l'immigration italienne du siècle dernier, qu'il a vécus ou qui lui ont été racontés. Cet album est une forme de tronc commun à des décennies de travail pour cet auteur unique qui consacre sans relâche ses récits aux vies d'enfants d'immigrés dans la France contemporaine. Tous ces albums publiés depuis plus de trente ans contenaient en creux ces souvenirs d'enfance, ces moments vécus dans les rues en pente de la cité minière en Lorraine, là ou deux ou trois générations d'italiens sont venus chercher du travail. Ce que représentent les albums de Baru depuis Quequette blues en 1984 n'est rien de moins qu'une œuvre sociologique profonde et délicate, drôle et pudique. Il existe très peu de témoignages littéraires de ce type qui parlent des enfants d'immigrés de cette époque, qui sont pour la plupart devenus des français complets, plus que parfaits et ne parlant plus l'italien. Il y a la fierté des origines, la noblesse et le courage des ouvriers, les joies simples de la vie quotidienne, et un respect immense pour ceux qui ont tout quitté sans se poser de questions. C'est léger et drôle, gentiment introspectif et nostalgique, avec ce style graphique nerveux et enlevé unique à son auteur, qui ne change pas depuis des années. Un beau travail intime et universel.


Illustration : Baru | Couleur : Fabien Bedouel
Chronique sociale
Août
18 août

L' Heure H

Dans l’Italie des années 70, un jeune couple milite pour défendre les ouvriers, les pêcheurs et faire avancer la place des femmes dans la société. Premier scénario BD d’Erri de Luca, pas totalement abouti.L’écrivain et journaliste napolitain Erri De Luca, engagé politiquement, signe ici son premier scénario de bande dessinée. La lutte ouvrière est un de ses grands thèmes de prédilection. Dans cet album, il campe son histoire durant les luttes ouvrières des années 70 en Italie qui se sont déroulées sans violence armée. Sara et Sebastiano forment un couple de jeunes militants révolutionnaires qui s’intéressent aux conditions des ouvriers, aux difficultés des pêcheurs de Tarente, mais également à la place de la femme dans une société patriarcale. Ce récit est globalement peu étoffé et assez fade : on peut éprouver le sentiment que l’engagement de ces deux jeunes se cantonne à la diffusion du journal du parti et à quelques échanges d’idées et de principes avec des ouvriers ou leurs parents. Si ce militantisme est louable, il n’en demeure pas moins que ce récit manque d’action. On est loin de l’image du révolutionnaire qui va faire tout péter pour changer la société. La narration n’est pas des plus limpides et le propos final est même confus : on cerne difficilement l’objectif attendu au moment de l’heure H. Graphiquement le dessin de Paolo Castaldi est plutôt épuré. Il alterne les scènes au lavis gris et d’autres passages en couleurs pour distinguer les époques du récit. Cet ouvrage se lit rapidement et manque de densité.


Illustration : Erri de Luca
Chronique sociale
18 août

Du bruit dans le ciel

Au cœur du Berry, David raconte 40 ans d’Histoire ponctués de sa vie et celle de cette base militaire. Un récit social qui évoque ce bout de terre longtemps occupée par l’Us Army, puis convoité par les Chinois.David Prudhomme a plusieurs cordes à son arc, à la fois scénariste, dessinateur et coloriste, il est l’auteur de nombreuses bandes dessinées (surtout chez Futuropolis). Cette fois, il prend le prisme de l'autobiographie, à la fois intimiste et instructive, pour aborder son adolescence et l’évolution de sa ville longtemps occupée par les militaires américains et l’OTAN, au sein d'une base immense voisine de chez lui. Pendant des années, il a en effet pu observer les changements, jusqu’à vouloir les raconter et les dessiner. Le lecteur découvre son histoire en même temps que son fils, lorsqu’il revient sur les lieux. Prudhomme constatera les évolutions de Grangeroux, au fil des visites qu'il rend à ses parents qui vivent toujours dans cette ville. Au gré de ses voyages et en combinant les différents articles de journaux de l’époque (des coupures authentiques appuient le récit), il retrace 40 ans d’un territoire de province. Avec un mélange habile de géopolitique et d'humour, il évoque quelques anecdote drôles, comme quand il parle de Gérard Depardieu, originaire du coin, par exemple. Son dessin est épuré, un crayonné monochrome qui rend cette découverte encore plus ludique. A la lecture, on se souvient des ouvrages d’ Etienne Davodeau, son ami (qui l’inspire, précise t-il, cf. Rural). Avec des textes vrais et sincères, Prudhomme fait partie des auteurs qui écrivent et instruisent. Le personnage est attachant et transforme son histoire en un hommage. Cette chronique sociale et familiale captivante est une « petite histoire dans la grande ».


Illustration : David Prudhomme | Couleur : Alessia Martusciello
Chronique sociale
Juin
23 juin

Les Enfants de Jessica T4

Alors que les choses se précipitent pour Logan, l’étau se resserre sur Jessica Rupert et le peuple gronde... Une suite spectaculaire et pas toujours crédible, qui contient tout de même de beaux moments. Le cycle 3 de la série mythique Le pouvoir des innocents se rapproche de son dénouement avec cet avant-dernier tome. Si l’on pouvait tiquer sur le fait que ces albums étaient relativement courts et peu conséquents en terme de contenu, cet épisode s’avère beaucoup plus dense et bourré d’actions et de rebondissements. A tel point, même, que dès le début, un immense événement fait basculer le cycle. Un événement presque trop gros, malheureusement, et qui perd en crédibilité. C’est d’ailleurs un peu le souci général, car Luc Brunschwig fait parfois un peu trop dans le spectaculaire exagéré, spectaculaire qui tranche nettement avec le grand réalisme de l’ensemble. Pourtant, ce passage laisse place à un véritable morceau de bravoure narratif où la narration joue habilement des retours en arrière, comme une série de flashs arrêtés. Des instants de vie d’une sensibilité rare sur le passé de Jessica Rupert. Le drame se tend de plus en plus avec un final qui, bien sûr, ne peut que nous donner envie de lire la fin à venir. Que dire également du dessin de Laurent Hirn,? Son style en couleurs directes gagne toujours plus en beauté et en visibilité, rendant le récit encore plus humain. Cette suite tranche donc nettement avec les tomes précédents, avec des effets parfois un peu gros, mais qui donnent un sacré coup de fouet au cycle en cours.


Couleur : Laurent Hirn
Thriller
Août
18 août

Fatty

Roscoe Arbuckle, alias « Fatty », était une star du cinéma muet, avant Keaton et Chaplin. Il fut banni et conspué par Hollywood. Une belle biographie d’un acteur oublié, doublée d’une réflexion sur la censure.Cent ans plus tard, qui se souvient de Roscoe Arbuckle, alias Fatty, roi d’Hollywood, véritable star du cinéma muet de la première époque, avant Charly Chaplin et Buster Keaton ? Dans cet épais ouvrage édité par Futuropolis, Nadar (au scénar) et Julien Frey (au dessin) proposent tout à la fois une biographie de ce « monstre » oublié du cinéma, mais aussi une histoire de la censure pratiquée par les ligues de vertu. En effet, après avoir été accusé d’un viol et d’un meurtre pour lesquels il a été acquitté, Fatty a été mis au ban pendant plusieurs années par le milieu du cinéma. A l’époque, le républicain William Hays impose même un code (le premier code de censure, le code Hays), qui définit ce que le bon goût et la morale acceptent et rejettent, afin de plaire au public et véhiculer de belles valeurs. On ne peut s’empêcher de rapprocher le destin de Fatty de celui actuel d’Harvey Weinstein… Et pourtant, il semble bien que le premier de ces deux-là était innocent. Le procès qui lui a été fait était préalablement public et médiatique, car l’accusation qui le concernait entrait en parfaite concordance avec sa vie de patachon et la grossièreté de son registre – mais c’était bel et bien le genre d’humour qui fonctionnait à cette époque ! En ce sens, les auteurs cernent des problématiques toujours actuelles : les procès populaires, ainsi que le révisionnisme ou l’interdiction des œuvres, au détriment de leur accompagnement contextuel. Cette biographie fait donc sens, en sus d’être impeccablement narrée et dessinée.


Policier
Mai
5 mai

L' Attente

Durant la guerre de Corée, de nombreuses familles ont été séparées. Des frères, des sœurs, des parents, des conjoints et des enfants sont pris en otage de part et d’autre du 38° parallèle, nouvelle frontière entre les deux Corées. L’attente est un roman graphique basé sur un recoupement d’histoires réelles décrivant la séparation des familles lors de l’exode vers la Corée du Sud. L’autrice Keum Suk Gendry-Kim se charge du scénario et de l’aspect graphique de l’album. Le récit permet de mettre en lumière la guerre de Corée. Petit rappel historique : l'armistice de la Seconde Guerre Mondiale met un terme à 35 années d’occupation japonaise sur le territoire de Corée. Dans la précipitation, américains et russes partitionnent le pays le long du 38° parallèle. Dès le début de l’année 1950, Le gouvernement de Kim Il-Sung au Nord, appuyé par Staline et Mao, déclenche l’invasion du territoire au Sud, afin de réunir le pays sous la bannière communiste. En pleine guerre froide, les forces en présence s’équilibrent avec l’appui des troupes américaines et de l’ONU au Sud. L’armistice de 1953 fixe la frontière entre les deux Corées aux environs du 38ème parallèle... comme en 1950. L’exode vers le Sud a contraint de nombreuses familles à se séparer. Encore aujourd’hui en 2021, les relations tendues entre les deux gouvernements n’arrangent pas les choses. Certaines personnes ne retrouveront jamais leur famille et ceux qui auront la chance de participer à cette rencontre organisée reconnaîtront difficilement leurs proches après plus de soixante ans de séparation. Contrairement à d’autres exodes de population européenne, comme la « Retirada » espagnol en 1940, l’arrivée des outils de communications modernes (Internet) n’a pas permis de recréer un lien avec les descendants, en raison d'un contrôle gouvernemental strict et de la limitation des libertés. En ce qui concerne l’univers graphique, Keum Suk Gendry-Kim livre un album d’un peu plus de 240 planches en noir et blanc. Le style est réaliste et le dessin est réalisé à l’encre, par petites touches. Le travail est énorme dans cet ouvrage car, en plus des nombreux détails des personnages, l’émotion est transmise directement par la case ou la planche avec plusieurs codes empruntés à la psychologie, comme le tourbillon ou le rêve. Sur la base de plusieurs témoignages mis en scène en noir et blanc, l’attente retranscrit l'histoire poignante d’une famille déchirée par la séparation de la Corée.


Illustration : Gendry-Kim Keum Suk
Guerre
5 mai

Schizo robot

Initialement recruté à la sécurité de Monplaisir, cité futuriste des loisirs, Buzz participe finalement à l’hallali de Springy fool, son créateur, sous l’égide d’ALICE. Conclusion superbe d’une aventure d’anticipation luxuriante !La série d’anticipation Urban met en perspectives les dérives potentielles de l’industrie du loisir et du divertissement, dans un avenir infesté de téléréalité. A travers elles, découvrez ce que pourraient être grosso-modo un Las Vegas ultime, des jeux du cirque du futur, s’ils étaient régis par une intelligence artificielle conçue par un programmateur mégalomane et sociopathe. Après une première ébauche en 1983, Urban, a été entièrement « remasterisé » par son créateur, Luc Brunschwig, et décliné en une série de 5 tomes dessinés par le talentueux Roberto Ricci. Avec ce tome 5, se termine donc une aventure quarantenaire particulièrement mijotée aux petits oignons ! C’est bien connu, c’est encore meilleur quand c’est réchauffé avec quelques ingrédients supplémentaires. Evidemment, cet ultime opus dévoile ce que tous les lecteurs attendaient fébrilement : la chute tragique de Springy Fool, animateur et programmateur de Monplaisir, la tentaculaire et futuriste cité du fun, du jeu et des loisirs. Comme précédemment, Brunschwig alterne la continuité linéaire de sa conclusion avec quelques flashbacks. Toujours admirablement construite sur le plan narratif et étayée par des dialogues soignés, sa démonstration se termine certes en happy end, mais avec une idéale note d’aigreur et d’ouverture. Le dessin de Ricci se dévoile quant à lui une nouvelle fois virtuose. Cadrages équilibrés, personnages expressifs, décors inventifs, immense richesse de l’univers créé… Chapeau l’artiste, d’avoir tenu rythme et exigence ! Et sus aux lapins.


Couleur : Roberto Ricci
Anticipation
Avril
7 avril

Lisa et Mohammed

Etudiante parisienne, la jeune Lisa emménage chez Mohammed, un vieil harki renfrogné. Elle découvre son passé et comprend ses fractures. A la fois fresque, témoignage, leçon d’Histoire, un retour mémoriel exemplaire sur la question des harkis.Les méthodes et le déroulé peu glorieux de la guerre d’indépendance d’Algérie constituent logiquement un terreau peu exploité en bande dessinée – comparativement aux deux guerres mondiales, par exemple, dans lesquelles la France fut du côté des vainqueurs. Entre autre conséquence « honteuse », il y a la question des harkis, ces algériens de souche qui ont œuvré – et pas forcément combattu – en faveur de l’occupant français. Lors des accords d’Evian en 1962, ils ont été expulsés vers la France, tout comme les « pieds noirs » (français installés en Algérie). Et 40 ans plus tard, au moment où se déroule ce récit en one-shot, le président Bouteflika refuse encore et toujours de leur accorder le pardon (alors qu’il amnistie les combattants du GIA). Ici, le scénariste Stéphane Frey aborde idéalement la problématique par un biais didactique, franc et néanmoins apaisé. La jeune Lisa apprend le destin des harkis et le cas de conscience qu’il pose, en retrouvant un témoignage chez Mohammed, chez qui elle loge. Les auteurs entremêlent admirablement le présent (le récit se déroule à cheval sur 2000 et 2001) et les flashbacks. On comprend ainsi pourquoi certains algériens ont été harkis, victimes d’un non-choix et de circonstances de terrain. On comprend le sentiment de traîtrise et le pardon impossible des autres. On comprend le poids du déracinement et l’intégration difficile en France. On comprend pourquoi cette guerre fut dégueulasse, de tous bords. Frey avance tout en douceur, mais sans rien laisser de côté. On voit par exemple Mohammed jeune qui participe à la torture via la gégène. A l’opposé, l’état dans lequel les fellagas exposaient leurs exécutions est également abordé. Autant le biais narratif que le dessin réaliste, d’une grande douceur, et la colorisation délavée (lumineuse) de Mayalen Goust, se révèlent efficients pour mettre en scène les questions de Mémoire, pour transmettre les fractures psychologiques. Didactique, humaine, mémorielle, apaisante, voilà sans doute l’une des BD les plus pertinentes sur la guerre d’Algérie.


Illustration : Mayalen Goust
Guerre
Mars
10 mars

Vers la tempête

De retour d’un projet de vie avorté au Népal, Bérubé se met pleinement à la bande dessinée et… au karaté ! Une pratique violente que réprouve toute sa famille. Récit autobiographique d’un exutoire nécessaire.Les amateurs de BD qui connaissent l’œuvre de Jean-Sébastien Bérubé savent déjà qu’il a voulu être moine bouddhiste (lire Comment je ne suis pas devenu moine) et qu’il a livré une série historique sur la vie de Pierre-Esprit Radisson chez les iroquois (4 tomes, chez Glénat). Avec Vers la tempête, on découvre à travers une narration une nouvelle fois autobiographique, qu’entre les deux, s’est jouée une petite révolution dans le destin de l’auteur québécois. Nous voilà en 2007, après son retour du Népal, tandis qu’il travaille sur Radisson. On découvre alors sa structure familiale ultra patriarcale, son mal-être au sein d’un carcan d'existence étroit, ainsi qu’une passion dévorante pour un sport de combat radical. Le karaté kyokushin consiste en effet à porter les coups à pleine puissance à l’adversaire, jusqu’au KO. La préparation et l’aboutissement d’une ceinture noire va permettre à l’auteur de canaliser ses émotions, sa révolte envers cette famille qui n’existe qu’à travers les engueulades. Cette quête initiatique se fera en parallèle d’une analyse psy – notamment pour surpasser le bégaiement – d'un mal de dos épouvantable et de deux drames. Avec fraîcheur et authenticité, Bérubé se met à nu et assume des choix radicaux et personnels. De par sa capacité cathartique, ce nouvel épisode autobiographique permet d’encore mieux cerner cet auteur attachant. Enfin, le phrasé chantant québécois laissé comme tel offre aussi une pleine immersion dans la société québécoise.


Scénario : Jean-sébastien Bérubé | Illustration : Jean-sébastien Bérubé
Sport
Novembre
6 novembre

Dans le même bateau

Alors que l’Allemagne est sur le point de vivre un moment historique, Wiebke aspire à remporter les championnats du monde junior en aviron. Quand la grande Histoire s’invite dans la vie d’une sportive allemande.Alors qu’on fête les 30 ans de la chute du mur de Berlin, cette BD autobiographique revient sur ce moment historique vu de l’intérieur. Wiebke (alias Zelba), une jeune fille insouciante de 16 ans, ne mesure pas tous les enjeux de cet événement qui sera fondateur d’une nouvelle ère. Elle appartient à une génération qui a toujours vécu avec cette frontière érigée en 1961 et qui a scindé l’Allemagne en deux. Pour cette compétitrice en aviron, la chute du mur aura pour principale conséquence de générer une concurrence plus importante entre les rameurs. Ils souhaitent tous porter les couleurs de la première équipe nationale de l’Allemagne réunifiée, à l’occasion des championnats du monde junior. Si la réunification est en toile de fond dans cette BD, c’est avant tout un récit individuel où l’auteure revient sur ses préoccupations de jeune fille, notamment les relations avec les garçons. Zelba se livre avec authenticité et sans pudeur sur cette période de sa vie de femme. Si l’aviron est au cœur du récit, l’auteure confesse qu’il ne s’agit pas d’une réelle passion en soi et qu’elle s’est orientée vers ce sport par mimétisme. Pour évoquer son histoire personnelle, Zelba a fait le choix d’un dessin semi-réaliste en bichromie plutôt agréable à l’œil. Quelques rares pages couleurs, essentiellement à visée pédagogique, jalonnent cet ouvrage de 160 pages.


Illustration : Zelba | Couleur : Jacques Lamontagne
Sport
Octobre
7 octobre

Rhapsodie en bleu

Le destin tragique d’un jeune italien émigré aux USA sous Mussolini, et revenu combattre le fascisme en 1944. Adaptation d’un roman de Silvia Cuttin, d’une belle puissance graphique.Plus connu sous son titre anglo-saxon, Rhapsody in blue est une œuvre célèbre (surtout l’intro) de Gerschwin, pour piano et orchestre, à mi-chemin entre le classique et le jazz. L’italien Andrea Serio en francise ici le titre, pour l’adaptation du roman de Silvia Cuttin (Ci sarebbe bastato) qui s’est elle-même inspirée de l’histoire douloureuse de sa famille pour narrer la persécution des juifs en Italie pendant la seconde guerre mondiale et l’engagement de l’un d’entre eux au sein de l’US Army. Certes, le lecteur qui connait l’Histoire et qui s’en est abreuvé au cours des nombreuses lectures disponibles sur le sujet, n’apprendra pas grand-chose. Mais l’hommage est évidemment patent et le traitement réussi. Il en ressort surtout la honte nationale d’émigrés pour leur pays qui a versé dans le fascisme. La narration s’établit à plusieurs époques, sans transition : l’adolescence d’Andrea Goldstein en 1938 ; son émigration aux USA ; son engagement militaire, jusqu’au front des environs de Sassomolare (Italie). Sur le plan visuel, comme l’indique le titre, l’auteur utilise un maximum de teintes bleues – couleur de l’espoir mais aussi de la Méditerranée – à l’aide d’un style contemplatif et aérien. L’auteur semble varier les techniques : masses de gouaches, crayons gras, craies, pastels, crayonnés… pour un rendu d’une grande beauté, équilibré, lyrique, puissant et néanmoins sobre, en toutes circonstances.


Scénario : Andreas Serio | Illustration : Andreas Serio | Couleur : Andreas Serio
Guerre
Novembre
25 novembre

Perramus

Forcé de s'embarquer sur un bateau, Perramus découvre l'horreur de la junte militaire au pouvoir. Ils doivent envoyer par-dessus bord les cadavres empaquetés d'opposants au régime. Réédition d'une œuvre imposante et marquante sur le totalitarisme.Totalement disparu des rayons, voire inconnu des bataillons, Perramus, jadis publié chez Glénat (entre 1986 et 1991), est aujourd'hui réédité par les Éditions Futuropolis, grâce notamment à une opération de crowdfunding sur le site Kiss Kiss Bank Bank. Huit ans, c'est le temps qu'il a fallu à Alberto Breccia et Juan Sasturain pour accomplir cette immense fresque de presque 500 planches. L'argentin Juan Sasturain et l'uruguayen Alberto Breccia se sont directement inspirés de l'histoire contemporaine de l'Amérique Latine, dont la plupart des pays furent les théâtres de dictatures militaires sanglantes et expéditives : l'Argentine des juntes militaires (1976-1983), le Chili de Pinochet (1973-1990), l'Uruguay (1973-1980). Allégorie sombre sur la dictature, Perramus critique directement le régime des généraux argentins (Héctor Oesterheld, le scénariste de Breccia, a d'ailleurs été supprimé en 1997 par le régime de l'époque). Sous la plume acérée et juste de Juan Sasturain, Perramus est un candidat à l'oubli, préférant ne pas se rappeler de la situation d'un pays fantasmagorique, plongé dans une absurdité totale et un cauchemar sans fin. Le dessin d'Alberto Breccia est d'une incroyable splendeur à travers une technique graphique particulière : lavis aux grandes textures, encres diluées et collage. Les nuances de gris et de noir font d'ailleurs écho à la période nébuleuse et sombre représentée. Incontournable et essentiel, Perramus mérite qu'on s'y attarde, pour ne pas oublier ce que la dictature peut provoquer. Des plaies et des cicatrices qui mettent des décennies à se refermer...


Scénario : Juan Sasturain | Illustration : Alberto Breccia
Roman graphique
Janvier
13 janvier

La Balance, le glaive et les fourmis

Pour défaire les stéréotypes idéalisés qui sont véhiculés sur les métiers de la justice, les auteurs ont mené une enquête documentaire au plus proches des travailleurs. Une approche réaliste du monde du travail.Une certaine aura plane au-dessus des métiers de la justice. Nous y associons souvent nos propres représentations et symboles, souvent idéalisées par la fiction. Pourtant, la réalité de terrain est tout autre, bien moins glamour que nous pouvons le penser. Après avoir mené une enquête, il y a quelques années de cela, autour d'un centre commercial dans le Pas-de-Calais, et en avoir relaté les résultats à travers l'album Le grand A, Xavier Bétaucourt et Jean-Luc Loyer réitèrent l'expérience sur un autre sujet. Cette fois, ils s'intéressent aux dessous du palais de justice d'Angoulême (cette ville n'étant pas étrangère à Jean-Luc Loyer, qui s'y est installé). Pendant un an, ils ont arpenté les différentes salles de ce bâtiment imposant, ont échangé avec les employés des différents corps de métier. Ils ont tenté de comprendre le rôle et les missions de chacun, de s'intégrer dans leur quotidien et de le retranscrire au lecteur de la façon la plus fidèle possible. Il n'est pas nécessaire d'avoir de quelconques connaissances sur ce milieu pour lire cette bande dessinée documentaire. Cependant, les termes employés sont toujours très techniques (bien qu'explicités en début d'ouvrage, et au cours de l'enquête), et le récit axé essentiellement autour du monde du travail. L'enquête permet aux plus novices d'entre nous de saisir le déroulé d'une procédure judiciaire, et de voir que, finalement, même dans un lieu cristallisant des symboles forts, la justice reste une administration publique, qui connaît des coupes budgétaires drastiques, des conditions de travail parfois précaires, une quantité de dossiers trop importante pour qu'ils soient traités dans les temps, et quelques aberrations, parfois cocasses, qui font aussi le sel du métier. Nous arpenterons avec eux différents lieux d'Angoulême qui parleront aux locaux et aux bédéphiles qui visitent annuellement la capitale charentaise (galerie du Champ de Mars, maison d'arrêt, hôtel de ville). Toutefois, dans cet album, les auteurs restent en retrait. Leurs personnages sont visibles, mais ils ne s'expriment pas. Un moyen de laisser une plus grande place aux "fourmis" de la justice, mais qui aurait pu donner plus de rythme à l'album, en rappelant leur démarche d'enquête.


Chronique sociale
13 janvier

A Fake Story

Orson Welles met sur les ondes la Guerre des Mondes de H.G. Wells. Pour échapper au massacre des Martiens, un homme tue sa femme et tire sur son fils. Un pamphlet terriblement d'actualité, qui pose la question vrai et du faux.Le 30 octobre 1938, Orson Welles met en ondes, sur CBS, la Guerre des mondes de H. G. Wells, racontant l’attaque de la Terre par des extraterrestres. Les jours suivants, la presse rapporte que des scènes d'hystérie collective eurent lieu dans le New-Jersey et bien au-delà : une famille fuyant l'invasion en voiture, des suicides... pour éviter d'être à la merci des aliens ! Mais ce chaos évoqué est bien loin de ce qu'il aurait pu être en réalité, sachant qu'à l'époque, à peine 2% des foyers étaient équipés de postes radio et ont donc pu écouter l'émission. Plusieurs enquêtes ont démontré que l'impact du coup d'éclat de Welles a été très modéré. Mais la légende a perduré... Laurent Galandon s'empare de cette Fake news en inventant une adaptation d'un faux roman écrit par un auteur qui n'a jamais existé : Douglas Burroughs. Une idée d'actualité à l'heure où les fake news inondent les réseaux sociaux – parfois même véhiculées par un désormais ancien président américain. Mais revenons à notre album. A la manière d'un Truman Capote (avec De sang-froid), Laurent Galandon propose une enquête policière qui se sert de prétexte à montrer que les apparences sont souvent trompeuses, que l'on se hâte à valider une vérité de but en blanc sans fouiller et que l'on préfère, par confort, se cacher derrière la fake news... tout en évoquant le racisme, un thème qui lui est cher. Une brillante performance scénaristique à souligner ! Au dessin, Jean-Denis Pendanx ne fait dans le fake, loin de là ! Il montre ici sa capacité à changer de décor et nous offre des planches magnifiques nous plongeant dans l'atmosphère particulière d'une petite ville américaine des années 30 (il délaisse ses récits humanistes pour ce polar à tiroirs). Avec son trait subtil, il révèle la tension qui sort de sa torpeur cette bourgade et qui monte page après page, jusqu'à un final qui prend tout son sens.


Chronique sociale
6 janvier

La Chute T2

Le grand effondrement est en cours. Liam et ses enfants partent se protéger du marasme en montagne. Mais ils tombent sous le joug d’une communauté tyrannique. Suite hyper flippante et réaliste d’un effondrement plausible !Le tome 1 de La chute avait laissé un goût de réalisme particulièrement amer chez tous les lecteurs qui avaient eu le temps de se le procurer, lorsqu’il était sorti quelques jours avant le premier confinement de mars 2020. En effet, cette Chute dont il est question dans cette série éditée par Futuropolis, est celle de notre civilisation à l’occidentale. L’« effondrement » que nous prédisent les collapsologues et qui doit intervenir vers la moitié du XXIème siècle. Or dans le tome 1, l’effondrement est provoqué par une terrible pandémie de grippe… quelle hallucinante coïncidence ! Revenons à notre réalité. Fort probable pour les uns, inutilement alarmiste pour les autres, l’effondrement est en tout cas ici brillamment imaginé par le suisse alémanique Jared Muralt, à travers un retour vraisemblable à la barbarie. L’auteur prend le même point de vue d’un père de famille que celui du personnage de Tom Cruise dans la Guerre des mondes. Ce dernier entreprend un road-trip, une fuite en avant avec un projet bancal de mise hors de danger… Bancal certes, mais c’est le seul qu’il entrevoit dans le marasme pour préserver ses enfants des abominations désormais en vigueur. Car c’est essentiellement la tyrannique transition sociale que dévoile cette suite : Liam et ses enfants se retrouvent de plus en plus opprimés et mal en point, sous le joug d’un groupuscule de dominants qui font valoir leur force et ont oublié l’intelligence. Sur ce plan, ce tome 2 se révèle très manichéen et les débats n’avancent guère. Cela dit, on retient une nouvelle fois le dessin réaliste précis et la mise en scène très efficace, le tout complété par une mise en couleur idéalement crépusculaire, par une saison ou la lumière est basse. Cette série demeure haletante et prégnante. Vivement le tome 3 !


Illustration : Jared Muralt | Couleur : Jared Muralt
Anticipation
Octobre
7 octobre

Moments extraordinaires sous faux applaudissements

Un comique de one-man show accompagne sa mère vers la mort. Il s’interroge sur le sens de la vie et des souvenirs, de manière à la fois personnelle et universelle. Un récit patchwork très intime de Gipi, tantôt hermétique, tantôt bouleversant.Le passé, le présent, le futur, pour saisir l’essence de la vie. Que doit-on ressentir quand on accompagne vers la mort celle qui nous a donné la vie ? Quel sens cela a-t-il de donner la vie ; et a contrario d’être incapable de la donner ? La sélection naturelle, l’équilibre entre le bien et le mal, ne sont-ils pas remis en cause lorsqu’on sait qu’un monstre comme Goebbels a pu se reproduire en ayant 6 enfants ? Et sinon, faire rire est-il l’ultime politesse que l’on peut offrir à nos contemporains ? Peut-on, doit-on encore faire rire dans les pires moments ? Qu’est-ce qui constitue le moment présent ? Comment le distinguer de nos souvenirs ? Que ressent-on lorsque son plus proche compagnon est soudain décapité ? Que de questions que nous pose là Gipi, en un récit patchwork qui entremêle le moment tragique d’un homme et le sens de la destinée de l’Homme. Il y a ce fantôme de lui-même enfant, qui lui renvoie une image altérée de son passé. Encore plus lointain, il y a cet homme des cavernes qui se bat pour survivre et transmet cette lutte aux générations futures. Un moment crucial pour une telle question de génération et de transmission, à un moment où le personnage central, sans aucun doute alter-ego de l’auteur, apprend sa propre stérilité et accompagne sa mère vers la mort. De quelle manière se définit-on par ses souvenirs ? Car il y a aussi ces astronautes en perdition à la surface d’une planète inconnue, qui disparaissent parfois dans des tourbillons noirs reformatant sans cesse leur mémoire récente… Et si c’était cela, notre condition humaine : être condamné à revivre sans cesse la même angoisse de perdition, ignorant les itérations infinies de nos renaissances en cascade ? Et puis la question de fond n’est-elle pas aussi la légèreté essentielle du rire, face à la gravité inéluctable de la mort ? Outch… c’est dense, c’est légèrement fouillis, mais c’est quand même une baffe. Assurément, ces séquences s’entremêlent de manière parfois hermétique, mais elles transpirent des intimes questions existentielles de l’auteur. Gipi se livre avec un regard extérieur d’une honnêteté froide et corrosive sur lui-même et sur la condition humaine. Si Freud était vivant et vulgaire, il trouverait que l’auteur italien met littéralement ses couilles sur la table. Visuellement, Gipi alterne parfaitement les techniques et les styles, afin de toujours bien définir les séquences. Cela va du lavis imbibé d’eau, assez réaliste, au dessin un peu rough en strict noir et blanc. On peine parfois à tout comprendre, mais assurément on ressort bouleversé de ce roman graphique d’une perspicacité et d’une sincérité folles.


Illustration : Gipi
Chronique sociale
10 octobre

Des bombes et des hommes

Isabelle est une nouvelle recrue humanitaire à Sarajevo, au plus fort de la guerre qui ravage l’ex-yougoslavie (1995). A travers cette alter-ego férue de culture, la scénariste relate son expérience authentique, en un récit bouleversant.Le conflit qui a ravagé les six pays de l’ex-république de Yougoslavie dans les années 90 est le dernier d’Europe à avoir connu cette forme ultra-militaire et à avoir causé autant de dommages économiques et civils. A travers le personnage d’Isabelle, jeune et ingénue recrue au sein d’une ONG, la scénariste Estelle Dumas raconte en réalité sa propre histoire. En 1995, elle a authentiquement travaillé dans l’humanitaire à Sarajevo et Gorazde, une zone ravagée par la guerre des Balkans. Une expérience tragique, bouleversante, mais une expérience utile, qui fait sens. Cette bande dessinée est la forme finale de ses « mémoires », en quelques sortes, bien que quelque peu romancées – la scénariste revient en postface sur chaque petit arrangement fait avec la réalité. A l’origine, elle avait signé pour en faire un film… qui n’a jamais trouvé de producteur. Elle a finalement trouvé en Loïc Godard un storyboarder de choix, pour les crayons et les lavis de Julie Ricossé. A travers ces jolies planches monochromes, on découvre le quotidien en tant de guerre pour les civils, les humanitaires et les soldats de la Forpronu. On comprend « l’enfer » de Gorazde, les pluies d’obus et les rafales à l’aveugle, qui peuvent ôter la vie à chaque instant. Le récit met en scène les tensions nationalistes ultimes, les problématiques religieuses (une livraison de viande de porc pour des musulmans, c’est ballot…). Mais aussi la nécessité impérieuse de continuer à avoir une vie culturelle, par l’entremise du projet fou de relancer une séance publique au cinéma. La préface d’Enki Bilal (ex yougoslave) ne rend pas totalement justice à la puissance évocatrice de ce récit de guerre.


Scénario : Estelle Dumas | Couleur : Julie Ricossé
Guerre
Septembre
16 septembre

Bella ciao

Petite histoire de l’émigration italienne en France au début du XXème siècle ; et de la chanson « des partisans » Bella ciao. Un 3ème volet sur les origines de Baru.Après Quequette blues (meilleur premier album à Angoulême en 1985) et Les années Spoutnik, Bella Ciao est le troisième album dans lequel Baru, de son vrai nom Hervé Baruela, relate ses origines ou sa jeunesse. Le troisième, mais chronologiquement il se place en amont des deux autres, étant donné qu’il revient sur les origines italiennes de sa famille, sur l’intégration de cette dernière en France. Le document de naturalisation de son père date de 1936 – les documents administratifs de l’époque sont même insérés tels quels dans l’album ! – soit 11 ans avant la naissance de l’auteur. Et puisqu’il s’agit de l’histoire de l’émigration italienne, Baru ouvre même son récit par le massacre d’Aigues-Mortes, un épisode peu glorieux et raciste datant de 1893. Et comme l’indique le titre, il retrace aussi l’origine de la fameuse chanson partisane et communisme Bella ciao ; tout en démystifiant sa portée authentiquement partisane. Aux origines de la résistance italienne, cette chanson en a en réalité remplacé une autre, Fischio il vento trop connotée de l’enfermement soviétique dans les années 50 pour être porteuse d’espoir. Enjouée et aujourd’hui mondialement étiquetée chanson des partisans Bella Ciao s’entonne effectivement plus facilement. « Tous mes livres posent la question du déterminisme social et mettent en scène des tentatives, souvent individuelles, d’y échapper ». L’intention est louable, le trait de Baru n’a rien perdu de sa fougue (y compris dans les couleurs souvent vives), ni de son expressivité, mais il faut reconnaître que le narratif est un peu décousu. L’Histoire est vaste et Baru tombe dans le piège de vouloir aborder trop de sujet, à trop vouloir rattacher l’intimité familiale à l’universel.


Illustration : Baru | Couleur : Luc Jacamon
Chronique sociale
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