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Prochain niveau: 2 EXP

Dargaud

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Août
19 août

... de fruits rouges et de chocolat amer

Une histoire de gens simples et presque ordinaires avec, au fil du temps, une petite note de chocolat amer qui apparaît. A l’image de la vie.Vanyda nous livre le 3ème opus de sa saga sociale-amicale-familiale-sentimentale, avec des variantes dans ses titres. Cette fois, elle ajoute une pointe de chocolat amer... Mais elle s'appuie aussi sur des scénaristes collaborateurs qui lui ont écrit certaines tranches de vies : Loïc Clément, Anne Duteurtre, Christopher Deloor et Abdé. Une quinzaine de personnages aux origines et aux vies bien différentes vont de nouveau se livrer, tour à tour, dans ce recueil, tel un témoignage de gens ordinaires dans un monde qui ne l’est pas. L’autrice de plusieurs ouvrages, qu’elle a écrit et dessinée seule ou en collaboration, s’inspire de ses origines asiatiques dans son graphisme aux allures de manga. Elle mêle à son trait des couleurs douces, aussi sensibles que peuvent l'être les sentiments humains. Elle nous livre une nouvelle tranche de vies, un récit lyrique, dans lequel ses personnages se livrent avec pudeur. La lecture peut entraîner vers un questionnement personnel, car elle aborde des moments du quotidien relativement courants chez tout un chacun. Vanyda met l’accent sur l’importance des sentiments selon chaque individu et chaque vécu, un peu comme une remise en question permanente. En effet, certaines questions paraissent existentielles pour les uns et futiles pour d’autres. Une histoire d’humanités, à la fois communes et essentielles...


Illustration : Vanyda | Couleur : Vanyda | Scénario : Abdé
Chronique sociale
26 août

Après la chute

Dans les années 90, des escrocs russes pillent les apparats de l’empire soviétique en lambeaux. Une chronique cynique et faussement rocambolesque, qui focalise avec verve sur le virage du système soviétique vers le néo-capitalisme lucratif et corrompu.Quel incroyable feeling… Pierre-Henry Gomont explique en préface de ce tome 1 que l’inspiration de Slava lui est venue bien en amont de « l’opération spéciale » de Poutine en Ukraine. « Evidemment », puisqu’il faut environ une année pour réaliser une BD à un auteur sérieux qui s’en donne les moyens. Et néanmoins, à travers ce road-trip rocambolesque d’un duo de « pilleurs » dans la Russie des années 90, l’auteur revient sur les années Eltsine, avec pas mal de cynisme et de gouaille bien tournée dans les dialogues et les narratifs. Une époque de bascule radicale entre le joug soviétique et le néo-capitalisme sauvage et corrompu jusqu’à la moelle. Ici, notre duo de héros – qui se mue rapidement en trio puis quatuor – se sert en effet « sur la bête », pour s’en mettre plein les poches. Etant donné que « avant » tout appartenait à tout le monde, il n’y pas de raison pour que « après », ils n’en profitent pas un max avant les autres. Le personnage de Slava est en retrait : il conserve en effet une certaine éthique, un gros béguin pour Nina et surtout, en tant que narrateur, il se sent moins exposé à porter le focus sur son copain Lavrine, un escroc sans vergogne. Lavrine, le monde lui appartient, au sens premier ! On croit longtemps que ses péripéties mercantiles seront dénuées de morale, à la manière d’un Gus de Blain, dont le dessin jeté et vivace s’inspire, un brin de réalisme dans les décors en sus. Néanmoins, la machine mafieuse est puissante et sans pitié… Il faut donc s’attendre à une rupture d’incarnation pour les deux prochains tomes annoncés. Malgré sa tonalité enjouée faussement légère et son air de cavalcade foutraque improbable, cette aventure sacrément bien écrite en dit tout de même long sur l’âme russe, cette capacité à surmonter les pires rigueurs avec abnégation et détachement, sans oublier de s’enfiler un verre de vodka.


Illustration : Pierre-Henry Gomont | Couleur : Pierre-Henry Gomont
Anticipation
26 août

La tristesse durera toujours

Pour retrouver la flamme de l’inspiration, Jean-Eudes de Cageot-Goujon ne ménage pas sa peine. Nouvelle plongée dans les méandres de l’esprit torturé du génial Manu Larcenet.L’avatar de Manu Larcenet, Jean-Eudes de Cageot-Goujon, qui a connu un succès fracassant il y a quelques années, est aujourd’hui toujours en panne d’inspiration. Ce vide le rend fou, mais on ne peut pas dire qu’il ménage ses efforts pour revenir au zénith : la méditation, un séjour chez les moines tibétains, se lancer dans la BD reportage, etc. Pendant qu’il cherche l’idée du siècle, il ne s’est pas aperçu que ses enfants sont devenus adolescents. L’esprit tourmenté de Jean-Eudes de Cageot-Goujon et sa crainte d’avoir été consumé par le succès donne lieu à un nouvel album jubilatoire. Cette autofiction où il explore à nouveau la quête du génie créatif, est juste exquise. Manu Larcenet se tourne en dérision jusqu’à l’absurde. Contrairement à ce que pense son avatar, Larcenet est encore plein de ressources. Il surprend toujours, fait preuve d’une originalité et d’une créativité très inspirées. Ses dialogues sont ciselés, d’une grande finesse d’esprit et d’une drôlerie implacable. Graphiquement, c’est une démonstration incroyable de son génie : il caricature avec subtilité aussi bien les dessins égyptiens, que les mandalas ou encore les mangas. Il est aussi à l’aise dans le dessin en noir et blanc que des scènes chatoyantes aux couleurs parfaitement dosées.


Illustration : Manu Larcenet | Couleur : Manu Larcenet
Chronique sociale
26 août

Le Concile des Sorcières

L'apprentie sorcière Evelÿne va de nouveau vivre de folles aventures : elle veut participer au concile des sorcières et veut résoudre un mystère car elle entend de mystérieuses voix. Second tome d'une série de sorcellerie pour la jeunesse.Second tome de cette série pour la jeunesse, sur le thème de la magie (comme son nom l'indique) ! Notre petite sorcière intrépide se lance dans une nouvelle aventure, un peu plus positive et dynamique que le premier volet. Evelÿne tente de maîtriser ses pouvoirs, mais elle désespère, elle n'y arrive pas, n'est pas à la hauteur. Lors d'une course qu'elle doit faire pour son professeur, elle va entendre parler du concile des sorcières, et va vouloir y participer. Mais elle devra s'entraîner très dur pour y parvenir ! Et dans le même temps, elle entend dans un manoir des voix qui appellent à l'aide ! Cette double quête va finalement se recouper dans un même voyage initiatique. La petite sorcière en apprendra un peu plus sur elle-même, prendra confiance en elle, et s'affirmera telle qu'elle est vraiment. Le scénario est rythmé, prenant, il n'y a pas de temps morts. Côté illustration, on retrouve la même patte graphique que dans le premier tome. Certaines planches sont très travaillées dans leur composition, elles apportent de l'énergie et de la vivacité. D'autres, notamment celles centrées sur des personnages humains, sont un peu plus mécaniques. Cette aventure reste tout de même très agréable, elle ravira les petits lecteurs passionnés par les aventures fantastiques et magiques, et elle se poursuivra dans un 3ème tome. La petite sorcière est en chemin pour trouver sa voie !


Contes / Fééries
26 août

La Data Croix

Rejeté hors du village, Joshua découvre une secte religieuse qui cherche à l'embarquer dans ses délires. Suite d'une belle série post-apocalyptique spectaculaire, qui maintient un bon suspense.Avec ce troisième tome, la saga concoctée de longue date par Jaouen Salaün monte d'un cran et prend de l'ampleur. Les personnages principaux sont de plus en plus incarnés, les grands enjeux de plus en plus forts. Le mystère reste entier sur les êtres visiblement extraterrestres qui semblent surveiller ce qui se passe parmi les communautés d'humains survivants. Les causes de l'effondrement de la civilisation sont partiellement expliquées par petites touches, notamment ici lorsque Joshua écoute la Grande Ordonnatrice qui cherche à se servir de lui. La série n'est pas encore terminée et on se réjouit du temps donné à l'auteur pour mener à bien son grand projet. Son investissement est visible, avec des décors toujours aussi fouillés et des scènes d'action spectaculaires. Sa patte très réaliste, en particulier les visages des personnages, n'empêche pas la qualité des expressions. Chacun d'entre eux voit ses traits de caractères se renforcer avec l'avancée de la saga. La lecture des trois premiers tomes renforce l'impression de solidité de l'ensemble. Il reste beaucoup d'inconnues à lever, mais le rythme auquel les révélations arrivent maintient une très agréable tension qui rend la lecture addictive. Pour son deuxième travail d'auteur complet – le précédent étant Asphalt Blues – Salaün semble avoir trouvé son rythme. Il a été à bonne école en dessinant de nombreuses histoires de Christophe Bec, qui sait lui aussi tenir un lecteur en haleine.


Illustration : Jaouen Salaun | Couleur : Jaouen Salaun
Science-Fiction
19 août

Journal inquiet d'Istanbul

De son envie de devenir dessinateur de BD à sa concrétisation, parcours de l’auteur Ersin Karabulut dans une Turquie chahutée par des régimes successifs, autoritaires et extrémistes. Un récit de vie captivant.Après le succès manifeste des contes édités chez Fluide Glacial (Contes ordinaires d’une société résignée et Jusqu’ici tout allait bien), l'auteur turc Ersin Karabulut revient avec son Journal inquiet d’Istanbul, une série autobiographique annoncée en 3 volumes, chez Dargaud cette fois-ci. Dans ce premier tome, deux fils conducteurs guident le lecteur. D’une part, il explique comment est née son envie de devenir dessinateur de BD, et la manière dont il a concrétisé son rêve en travaillant pour des journaux satiriques turcs. Il décrit aussi son enfance dans un quartier populaire, fait part de ses doutes, puis affirme ses choix. D’autre part, il présente les différents régimes politiques turcs dans lesquels il a grandi avec toutes les tendances et mouvements qui ont bousculé la Turquie ces dernières décennies, ballottée entre laïcité et extrémisme, depuis la montée au pouvoir d’Erdogan. Karabulut décrit parfaitement les émotions et les sentiments dans un scénario fluide et bien mené où se mêlent simplicité et précision. Il sait capter l’attention de son lecteur, qui suit avec avidité le parcours de cet auteur engagé. Aucune page ne se ressemble et l'ensemble offre alors un découpage dynamique et varié. Il alterne entre son trait réaliste et la marque de son identité graphique, un trait plus caricatural parfois. Enfin, l’équilibre des couleurs est harmonieux, marquant bien les différents moments qu’il tient à souligner. Cette première partie est intéressante et addictive. Gageons que les deux tomes suivants seront aussi passionnants.


Illustration : Ersin Karabulut
Chronique sociale
Juin
10 juin

Folle Graine

Mara, Bragon et leurs compagnons partent à la recherche d’une graine dans la baie du fleuve Dol. La plante issue de celle-ci possède la capacité d’affaiblir l’ordre du signe et le retour du dieu Ramor. Avant-dernier tome de la préquelle d'une saga culte.Ce septième et avant-dernier tome de la grande saga imaginée au début des années 80 par Serge Le Tendre et Régis Loisel, se rapproche du final tant attendu par ses fans. On suit depuis plusieurs tomes Bragon et Mara aux prises avec l’ordre du signe, une secte sanguinaire préparant le retour du Dieu maudit Ramor. Cette fois, leur quête de la destruction de l’ordre va les conduire sur un archipel dans lequel se trouve une graine mystérieuse. Une nouvelle épopée semée d’embûches se met en place et tout le petit groupe de Bragon, Mara et leurs compagnons, va affronter moult dangers et épreuves. Très classique de l'heroïc-fantasy ! C’est avant tout dans ce tome que se tisse le lien particulier entre Mara et Bragon, une histoire d’amour prémisse d’un avenir bien plus tumultueux. Ils vont aussi faire la connaissance d’une voix étrange, celle du gardien du fleuve Dol, un personnage énigmatique que l’on va suivre tout au long de la première quête. David Etien tient le poste du dessin maintenant depuis trois albums et avec succès, dévoilant une griffe efficace, fluide et dynamique, parfaitement dans le ton. Evidemment, ce n’est pas encore dans ce tome que les réponses vont éclairer la lanterne des nombreux lecteurs, mais on sent arriver un dénouement terrible pour le dernier tome. Ce fameux lien manquant qui va rattacher l'ensemble au tout premier tome de la série, La conque de Ramor.


Fantasy
Mai
27 mai

Les Yeux perdus

Pendant la 1ère guerre mondiale, des soldats égarés et affamés recueillis par des jeunes orphelins sont invités à partager leur table sans savoir que ce sont eux qui seront au menu du jour. Un conte horrifique aussi beau que glaçant.Dès les premières cases de cet ouvrage, on est subjugué par la beauté du dessin et sa colorisation par l’argentin Juan Manuel Tumburus, qui n’est pas sans rappeler le style de Juanjo Guarnido ( Blacksad, Les Indes Fourbes). Les paysages désolés d’une Europe en guerre, la boue qui se confond avec le ciel noirci par les fumées de canons et l’apparition angoissante d’enfants porteurs de masque à gaz... Tout ceci place le lecteur dans l’ambiance de ce qui va suivre : un conte horrifique dont on ne mesure pas encore la noirceur. Car la principale qualité des Yeux Perdus réside dans cette ambiance poisseuse et dérangeante que le scénariste Diego Agrimbau parvient à distiller au long du récit, qui nous fait penser à l’ambiance cauchemardesque des films de ses compatriotes hispanophones Guillermo Del Toro (Le labyrinthe de Pan) ou encore Juan Antonio Bayona (L’Orphelinat, Quelques minutes après minuit). L’histoire monte progressivement en tension, accompagnée par Tumburus qui prend un malin plaisir à nous régaler d’une petite boutique des horreurs, avec ces poupées d’une autre époque rendues vivantes, une fois affublées des yeux assassinés. Une très belle œuvre, à ne pas mettre entre des mains sensibles, mais qui se dévore… des yeux.


Illustration : Juan Manuel Tumburus | Couleur : Juan Manuel Tumburus
Contes / Fééries
20 mai

La Terre des Meutes

Elaine poursuit sa route et traverse la mers des Aigles, non sans mal, où elle fait la connaissance de Mara de la Terre des Meutes. Ensemble, elles vont devoir échapper une meute d’hommes-cerfs très agressifs. Second opus d'un récit fantastique post-apo.Jérôme Legris et Didier Poli présentent le second opus d'un récit fantastique post-apocalyptique qui prend racine dans une période sombre de l’humanité. La civilisation n’existe plus et les quelques groupes d’hommes survivant se divisent en clans qui se partagent les territoires. Il persiste pourtant un espoir incarné par Elaine et les précieux rouleaux de son père couverts de symboles de l’ancien monde. La jeune femme se lance alors dans une quête pour trouver quelqu’un capable de les lire et ainsi redonner la connaissance perdue depuis des siècles à l’humanité. Le scénario de Legris emmène donc son héroïne dans une aventure périlleuse au sein d’une contrée sauvage inconnue peuplée de meutes d’hommes, mais aussi d’une race ancienne, les hommes-cerfs. Heureusement, elle va trouver une alliée efficace dans Mara l’arpenteuse. Au dessin, Didier Poli comme pour le premier tome, propose un trait réaliste très dynamique et fort efficace. Il accompagne parfaitement ce récit fantastique grâce à des décors fournis et variés. Ce second tome apporte quelques réponses aux questions développées dans le premier, mais il laisse aussi une part d’inconnu et de suspens quant à l’avenir d’Elaine et de Mara dans cet environnement sauvage et hostile.


Fantasy
Avril
22 avril

L' Or des belges T1

Un marine, un ancien officier français, un ivoirien indépendantiste et un mécano s’allient pour préserver l’or belge des nazis. Une sympathique aventure basée sur un fait historique. Dans les années 40, le roi des belges a confié l’or de son pays à la Banque Nationale française afin qu’elle le mette à l’abri de la convoitise des nazis, qui en avaient besoin pour acheter les matières premières qui leur manquaient pour agrandir leur armement. Partant de ce fait historique, les scénaristes Philippe Guillaume et Pierre Boisserie nous proposent une emballante fiction prévue en deux parties. Dans cette première partie, on découvre les événements historiques de l’époque, les protagonistes majeurs du conflit (De gaulle, Pétain, Churchill…), ainsi que les tenants et aboutissants. Une fois cela bien mis en place, on va alors suivre une équipée totalement fictionelle composée d’un Royal Marines, d’un ex-officier français, d’un indépendantiste sénégalais et d’un mécano porté sur la bouteille. Ensemble, les membres de cette association improbable vont tout mettre en œuvre pour glisser des bâtons dans les roues de l’armée allemande, afin qu’elle ne mette jamais la main sur l’or des belges. Ce premier tome se met ainsi parfaitement en place et alterne dialogues et action de manière très efficiente. Stéphane Brangier met en scène ce passionnant récit de 64 pages. Ayant déjà collaboré avec les deux auteurs sur La banque, le dessinateur montre un style élégant et précis, qui rappelle un peu celui de José-Luis Munuera, en moins caricatural. Bref, un très bon début !


Couleur : Stéphane Brangier
Guerre
Mars
18 mars

Les yeux de Juliette

Deuxième volume d'une série surprenante, qui se présente en tout point comme un ovni.Second tome pour Rupert et Mulot, avec cette série qui ne se clôt pas pour le moment. Nous replongeons directement au cœur de l'intrigue, comme si nous venions tout juste de quitter les différents personnages. Nous redécouvrons ce monde en tout point semblable au nôtre, dans lequel interagissent des Toutes, d'étranges créatures dont on ne sait pas grand-chose. Orsay va être confronté à de nouveaux choix. Un Toute invincible a fait irruption à Etretat, la jeune Juliette a besoin d'aide, et il ne sait pas très bien quelle relation il a avec la fille qu'il considère comme sa petite-amie, mais qui se revendique libre et sans attaches. L'ambiance reste assez pesante, mais la violence de la société est un peu moins présente que dans le premier tome, puisque les personnages resteront assez isolés à la campagne. Toutefois, un nouveau personnage aux mauvaises intentions va faire son apparition, nous ramenant aux problématiques du premier tome. Entre quête de soi et d'un idéal, Orsay va devoir prendre ses propres décisions. Graphiquement, nous retrouvons les mêmes traits que sur le premier volume : des dessins assez sobres, dans des couleurs réalistes, parsemés de Toutes colorés et difformes, et de planches presque hallucinogènes lorsque les personnages entrent en interaction avec un Toute. Un univers qui reste tout aussi mystérieux et violent, sans pour autant être hermétique, et qui nous embarque sans qu'on ait le temps de réfléchir.


Illustration : Mulot
Anticipation
Janvier
28 janvier

Yojimbot T2

Hiro est prêt à tout pour connaître la vérité sur sa famille. Sa volonté n'aura d'égal que les ennuis auxquels il va devoir faire face. Les réponses n'apportent pas toujours la satisfaction attendue.Surfer sur les thèmes des IA et de la robotique est un sport en vogue, surtout quand c'est bien fait, notamment à travers l'approche choisie par Sylvain Repos. L'auteur complet (scénario + dessin) s'ancre d'ailleurs sur une part de réalisme, pour aller vers la fiction, chatouiller l'angoisse qui pétrifie les technophobes. En effet, à la base, une IA peut certes faire une tâche donnée bien mieux qu'un humain... mais c'est tout. Un enfant de 3 ans va comprendre plus de chose que l'algorithme. Ce n'est sans doute pas demain qu'ils vont dominer le monde et asservir l'Homme, comme dans Terminator. Mais c'est là une excellente source d'inspiration pour un monde futuriste. Surtout que l'on peut greffer à cette base le mensonge organisé pour manipuler la population, une armée structurée, des êtres mi-homme et mi-machine dans le Japon féodal post-apocalyptique. Dans cet univers graphique, on verra des références aussi bien aux mangas, à la BD franco-belge, qu'aux comics. Ce mix très bien orchestré donne beaucoup de peps et d'énergie à cette aventure pleine de mystères. Le scénario s'assombrit et promet encore de surprenants rebondissements. Noiry apporte une contribution non négligeable avec ses jeux de couleurs qui donnent toute la puissance à la bande dessinée. Ce deuxième tome se termine par un cliffhanger des plus alléchants. Il est déjà difficile d'attendre la suite...


Scénario : Sylvain Repos | Illustration : Sylvain Repos
Science-Fiction
Décembre
3 décembre

Sic Transit Gloria Mundi

Wismerhill et les siens sont confrontés à l’apocalypse infernale. Belzébuth a ouvert le tube, une porte d'accès sur Terra Secunda et ses légions sont sur le point de vaincre. Un volume épique et spectaculaire.Ainsi passe la gloire du monde et vient l'apocalypse selon Froideval et Angleraud. C'est un tome infernal que ce 21ème, puisqu'il délivre une bataille monstrueuse, celle des enfers déchainés sur Terra Secunda. La planète refuge est l'objet d'une attaque sans précédent venant des enfers. Le royaume des damnés a ouvert une porte dimensionnelle, le tube, que Methraton s'efforce de repousser. Mais des légions entières se déversent sur Wis et ses alliés. L'album commence sur un climax, puisque Wis est tombé sous les armes. La bataille réserve néanmoins son lot de surprises. Fabrice Angleraud met en scène des pages épiques, qui dégueulent les armées chaotiques, les démons de toutes sortes et même les dragons, monstrueux de puissance qui ravagent tout sur leur passage. Ses planches regorgent de détails. Les couleurs d'Amélie Vidal donnent vie à ce monde ravagé par les flammes de l'enfer. La série connaît un nouveau moment charnière avec ce combat homérique, ses dizaines de princes démons et un Wismerhill dédoublé. C'est aussi le point fort de cette histoire, celle d'une malédiction. Wis' est un guerrier gothique mais il fait appel au mystique. Dans ce domaine, une fois de plus, le visuel emporte le lecteur dans d'immenses temples qui flottent dans les cieux. Bref, on en prend plein les mirettes et on termine l'album repu, heureux de pouvoir contempler les reflets de cette Lune Noire.


Fantasy
Février
11 février

Black Friday

Kita et Jay continuent leur combat contre l’injustice, désormais suivis par de nombreuses autres mères. Prévue en deux parties, ce nouveau cycle démarre parfaitement.Après un premier cycle de haute volée, on attendait avec impatience la suite de cette série imaginée par Zidrou (scénario) et Joseph Homs (dessin et couleurs). Six ans après leurs premières actions, Jennifer et Kita courent toujours et agissent désormais de manière moins violente. Désormais soutenu par d’autres femmes, le duo pourra-t-il continuer à agir ainsi, alors qu’une nouvelle poigne de fer prend les rênes de la police londonienne ? Le scénariste relance l’intrigue principale de manière particulièrement efficace et intense, tout en développant en parallèle d’autres récits sur la fille de Jennifer ou sur la disparition d’enfants, notamment. Bref, entre mystères, actions et révélations, la série n’a rien perdu de sa superbe ! Et niveau visuel également, le travail du dessinateur est toujours génial. La puissance des personnages, la beauté sombre et brillante de la ville aux deux facettes, le découpage digne du septième art… Il ne manque rien ! Si on devait émettre un bémol, ce serait simplement sur la durée de ce nouveau cycle prévu en deux albums (contre quatre pour le précédent). Un bémol qu’on oubliera vite si sa conclusion est aussi réussie que cette mise en bouche... et si elle mène à un troisième cycle. Cette série nous régale à chaque album !


Thriller
18 février

Le Lion de Judah T3

Après le double meurtre qu'il a commis, Wallace est poursuivi par Naïsha. Mais une nouvelle vie s'offre peut-être à lui. Clôture d'un triptyque un peu mystique, mais superbement illustré par Hugues Labiano.Ce troisième album termine l'aventure de Wallace, le colon anglais qui incarne l'esprit d'un lion dans cette histoire pleine de pouvoirs magiques. La terrible Naïsha est un aigle, et chacun réalise qu'il détient des capacités secrètes liées au caractère d'un animal. Pourquoi cette dimension supplémentaire et magique dans ce triptyque qui hésite entre l'aventure historique et la passion amoureuse ensorcelée, on ne le saura jamais vraiment. Stephen Desberg auréole son récit d'une part de mystère qui n'est que partiellement exploitée, et ne fait que démarrer des pistes dont on constate la disparition pure et simple un peu plus tard. Le fil rouge de la destinée des juifs exilés dans plusieurs pays d'Afrique apporte en revanche une dimension originale aux enjeux que vivent les personnages, l'histoire se déroulant avant la création de l'état d'Israël. Cela dit, et comme dans les deux tomes précédents, c'est la partition graphique d'Hugues Labiano qui tient totalement ce récit, qui se regarde autant qu'il se lit. Il met en place des atmosphères superbes à travers les différents paysages africains. La très belle arrivée à Sanaa est lumineuse et fascinante, tout comme les ombres le soir à la lumière de la lune. Un beau travail esthétique par ce dessinateur confirmé qui a l'habitude de bosser avec des grands scénaristes et doit prendre plaisir à tirer son épingle du jeu. OK Stephen avec ton trip mystico ésotérique, moi je dessine des villes anciennes et une belle femme puissante au milieu des foules bigarrées d'une cité coloniale.


Policier
4 février

Pierre rouge plume noire

Assiégée par l’armée de l’Empereur, la forteresse du Roi Yang est l’ultime refuge de toute la population du royaume vivant entre peur et espoir. Une fable guerrière originale qui prend son temps… Commandé par une province du Sud de la Chine – Guizhou – ce récit signé Thierry Robin relate la chute d’une cité interdite sous la dynastie Ming. Après plusieurs années de recherche, de travail et une parution en Chine, les éditions Dargaud proposent aujourd’hui cette histoire au public francophone. Si l’histoire est classique pour qui connait les récits médiévaux, avec une armée assiégeant son adversaire en attendant que ce dernier meure de famine ou de maladie, et soit assez affaibli pour lui asséner le coup final, l’ensemble reste assez plaisant via une mise en place efficace. Le fait de montrer l’événement sous le prisme de deux « personnages » extérieurs, à savoir un corbeau et une montagne, rajoute une petite dose d’originalité bien agréable. Cette « tranche de vie » majoritairement en récitatif se lit donc avec plaisir. Il lui manque néanmoins ce petit quelque chose qui la rendrait plus intense et immersive. Visuellement, c’est superbe, entre BD, estampes et calligraphie. Une mise en scène aux découpages variés, des décors aussi vivants que les protagonistes, un savant mélange entre beauté et violence… Une aventure classique rehaussée par son graphisme et par l’originalité de son prisme.


Illustration : Thierry Robin | Couleur : Pan Zhiming
Guerre
4 février

Et le serpent-dragon

À la recherche d’un poisson kendak pour contenter son maître, le chat Menji se retrouve embarqué au cœur d’une légende prophétique. Une sympathique première partie très rythmée.Dans un univers mélangeant Japon féodal et animaux anthropomorphes, Fabien Grolleau (Naoto, Traquée…) met en scène un héros un peu niais se lançant dans une quête visant à trouver un poisson pour son maître. Accompagné par des alliés rencontrés sur sa route, Menji va se retrouver au cœur d’une guerre visant à mettre la main sur le légendaire serpent-dragon. Entre son maître, qui cache autant de secrets qu’il s’est fait d'ennemis, et les nombreux autres protagonistes mettant leurs plans (machiavéliques) en place, cette première partie est extrêmement rythmée. Le scénariste n’oublie pas pour autant de marquer quelques pauses, permettant de nous révéler le passé et les vrais enjeux autour de cet animal fabuleux. D'ailleurs, tout ou presque nous est révélé dans ce premier tome. Et si l’ensemble reste assez simple, la richesse des événements compense largement cette faiblesse. C’est Mathieu Demore qui se charge de mettre en images cette sympathique série. Auteur et illustrateur pour la presse jeunesse principalement, le dessinateur nous propose un trait rond, faussement naïf, s’inspirant davantage du manga enfantin que de la BD franco-belge. Ce format convient parfaitement à cette aventure un peu folle et pleine d’énergie. Un album qui plaira aux plus jeunes, mais pas que…


Illustration : Mathieu Demore | Couleur : Mathieu Demore
Contes / Fééries
Janvier
21 janvier

Amalia

Amalia se plie en quatre pour que tout soit parfait... mais son corps va lâcher. Un récit touchant et percutant sur l'épuisement, qui fait réfléchir sur ce monde de la performance et des apparences.Aude Picault, autrice reconnue dans le monde de la bande dessinée, sera mise à l'honneur lors d'une exposition au festival international de la bande dessinée d'Angoulême 2022. En parallèle de cette actualité, elle nous propose son dernier ouvrage Amalia, un roman graphique mettant en scène avec une apparente légèreté des sujets de fond, notamment l'épuisement et la charge mentale. On retrouve son trait fin, presque minimaliste, allant à l'essentiel, et véhiculant pourtant douceur et apaisement, contrebalançant les thématiques plus difficiles. Avec sa sensibilité, elle aborde le vrai, en mettant en scène une jeune femme du nom d'Amalia, qui va être confrontée à un épuisement général, causé par une multitude de facteurs (travail, famille...). Ces objectifs à atteindre au quotidien pour être la « mieux » possible dans tous les domaines, vont un beau jour lui tomber littéralement dessus. Elle va être obligée de se poser, de réfléchir, de se recentrer sur elle pour surmonter son intolérance au rendement. Elle va petit à petit cheminer, évoluant vers un monde meilleur pour elle, pour sa santé, pour son entourage. Car forcément, son épuisement déteint sur son mari, sa fille, ses collègues. Tout cela a un impact ! Les personnages secondaires ne le sont pas vraiment : certes nous nous centrons sur Amalia, mais Amalia c'est aussi sa famille, son entourage proche. Chacun aura sa personnalité, ses défis à relever, ses hauts et ses bas. Mais c'est aussi en retissant des liens ensemble qu'ils pourront avancer. Un récit percutant et sensible, en résonance direct avec notre monde actuel.


Illustration : Aude Picault | Couleur : Aude Picault
Chronique sociale
21 janvier

Neptune T1

Kim et Manon partent explorer un vaisseau-monde d’origine inconnue, mais potentiellement terrien (!), apparu à côté de Neptune. Mise en bouche piquante d’un nouveau cycle d’aventures cosmiques pour Kim Keller, prévu en 2 tomes.Après avoir exploré Bételgeuse, Antares et Aldébaran (deux fois), sur une trentaine d’années de périples et quelques 24 albums (en tout, pour les Mondes d’Aldébaran), un nouveau cycle d’aventures cosmiques s’ouvre pour Kim Keller et ses ami(e)s. Comme l’indique le titre, ce cycle promis par Léo en seulement deux tomes se déroule bien plus près de nous, dans notre bon vieux système solaire, qui révèle donc encore bien des surprises. Ça commence par l’apparition d’une soucoupe volante archaïque, fidèle au mythe créé dans les années 50 dans la mouvance Roswell, à côté d’une station orbitale. Le mystère nous pique logiquement derechef en rebondissant sur un autre engin bien plus menaçant, un vaisseau-monde qui se dirige vers la Terre et qui croise à proximité de Neptune. Cette lointaine planète du système solaire est située à 4,3 milliards de kilomètres de la Terre. La seule sonde terrienne à l’avoir jamais authentiquement atteinte à ce jour a mis 12 ans (Voyager 2). Mais grâce à la technologie des tsalterians (voir cycles précédents), Kim Keller et Manon s’y rendent en deux jours. On évitera de trop vous en révéler sur ce qu’ils découvrent… On vous rassure tout de même : on retrouve tout ce qui fait le sel des albums de Léo. C’est-à-dire une ouverture sur des mondes imaginaires de science-fiction crédibles – du moins auxquels on a envie de croire – et de grosses bouffées d’humanisme. On regrette certes que les mondes luxuriants et « exotiques » soient cette mis entre parenthèses – une séquence interlude sur Bételgeuse avec la Mantrisse mise à part. Mais nul doute que la suite sera plus riche à ce niveau, étant donné les perspectives offertes par Kim et Manon en guise de cliffhanger…


Illustration : Léo | Couleur : Léo
Anticipation
14 janvier

Cauchemars Ex Machina

Corneille Richelin, auteur de romans à mystères, est retrouvé mort assassiné dans son bureau. Ce crime parfait prend sa source bien des années plus tôt, lors de la seconde guerre mondiale. Récit implacable d’une machination glauque.Le scénariste Thierry Smolderen a imaginé ici un polar diablement original, un récit découpé en plusieurs chapitres. Tour à tour, chacun raconte l’assassinat mystérieux, dans les années 1990, d’un vieil homme, Corneille Richelin, auteur de romans à mystère dans sa jeunesse. L'intrigue est posée dès le départ, sans donner de réponse précise à cette mort mystérieuse. Puis le contexte bascule à la fin des années 1930, période à laquelle tout a commencé et où cette machination machiavélique nait. L'intrigue a alors recours à des personnages de fiction comme l’écrivaine Margery Allingham, l’écrivain Ernest Bornemann et l’auteur de romans Corneille Richelin. Ils mêlent leurs personnages dans une affaire d’espionnage, une machination construite de toutes pièces par les services britanniques dans le but d’atteindre et d’éliminer un personnage important du Reich allemand. Ce scénario alambiqué nécessite les lumières d’écrivains capables d’imaginer la façon d’approcher et de manipuler les personnes visées. Ils deviennent alors acteurs de cette machination utilisant le point faible de l’écrivain Richelin. Le dessin de Jorge Gonzalez colle parfaitement à cette atmosphère glauque. Il utilise un trait semi-réaliste très stylisé, donnant à l’ensemble de ses personnages des allures livides, presque cadavériques. Cette atmosphère grisâtre enveloppe l’ensemble de ce polar de plus de 110 pages rythmé en 10 chapitres et un épilogue important, révélant l’énigme de la mort mystérieuse de Corneille Richelin. Cette machination bien pensée l'emporte largement à la lecture, malgré un dessin à la froideur glaçante.


Couleur : Jorge Gonzalez
Guerre
Novembre
19 novembre

La balade de Yaya T1

Yaya, une jeune fille issue d'une famille chinoise aisée, va voir son quotidien chamboulé par la guerre. Se retrouvant livrée à elle-même, elle va tenter de retrouver ses parents.La balade de Yaya a été publié par les éditions Fei entre 2011 et 2015, en neuf petits formats à l'italienne, et a connu un véritable succès éditorial. En s'associant avec Dargaud, ces deux maisons d'édition nous proposent trois intégrales, au format franco-belge. Dans ce premier volume, nous retrouvons les trois premiers chapitres, scénarisés par Patrick Marty, Jean-Marie Omont et Charlotte Girard (auteurs de Lulu et Nelson), et illustré par Golo Zhao (Le monde de Zhou Zhou, Rêverie ou plus récemment La plus belle couleur du monde). Nous suivons dans ces trois premiers volumes la jeune Yaya qui va être confrontée à la sombre réalité d'un pays en guerre, ce qui va bousculer son innocence. Dans sa fuite, elle se retrouve sans parents, et trouvera comme compagnon de route un gamin des rues bien plus débrouillard qu'elle. N'ayant pas les mêmes origines, les mêmes préoccupations, elle va devoir apprendre à être indépendante, tout en poursuivant un nouvel objectif : retrouver ses parents à tout prix. Commence alors sa balade, qui ne sera pas de tout repos, car sa franchise et sa naïveté la mettront dans des situations délicates. Les illustrations, très douces dans le trait et la colorisation, contrastent avec un sujet dur, et nous font voyager à l'autre bout du monde.


Couleur : Golo Zhao
Chronique sociale
19 novembre

La balade de Yaya T2

Dans cette deuxième intégrale, nous retrouvons les deux enfants dans une situation encore plus complexe, devant survivre et échapper à des adultes mal intentionnés.Cette seconde intégrale de La balade de Yaya comporte les chapitres quatre à six, édités à l'origine en petits formats à l'italienne. On continue de suivre ce duo d'enfants, Tuduo et Yaya, qui s'opposent sur bien des sujets, mais qui réussissent à créer une relation de confiance et d'amitié. La débrouillardise de Tuduo va progressivement déteindre sur Yaya qui, de par son milieu aisé, n'a jamais été habituée à faire les choses d'elle-même. Cette fois-ci, ils sont tout de même dans une situation difficile : ils doivent survivre (s'alimenter, construire des cabanes pour passer la nuit) tout en étant poursuivis par l'homme qui exploitait Tuduo, et bientôt par de nouveaux adultes bien décidés à se servir de ces petites mains d'orphelins pour leur business. L'humour, qui pouvait être présent en petite touche sur la précédente intégrale, n'est plus de mise ici. Les deux enfants vont devoir surmonter des situations et affronter des personnes prêtes à tout pour leur faire du mal, tout en atteignant leurs propres objectifs égoïstes. Ils ne pourront plus se fier à personne, et ne pourront compter que sur eux-mêmes. Les illustrations sont toujours apaisantes et agréables. Elles nous plongent dans une autre culture et dans un univers à part. On voyage, on s'inquiète, on frissonne ! Cette bande dessinée, initialement destinée à un public jeunesse, n'épargne pas des thématiques difficiles, et ravira tout autant un public adulte.


Couleur : Golo Zhao
Chronique sociale
19 novembre

La balade de Yaya T3

Dernière intégrale de la série, qui clôture en beauté cette balade de Yaya et Tuduo, pleine de péripéties, qui tentent d'échapper à la guerre et de retrouver le quotidien auquel ils aspirent.Cette troisième et dernière intégrale de La balade de Yaya, condense les trois derniers chapitres de la série. On retrouve une nouvelle fois des auteurs talentueux, qui concluent une histoire riche, dense, évoquant des thématiques poignantes comme la guerre, la misère ou encore l'exode. Ils ne mettent pas de filtres, ne donnent pas à voir au lecteur une vie en rose, bien au contraire. Ils évoquent des moments difficiles, mettent en scène des personnages aux pensées terrifiantes, mais parlent avec justesse de la sombre réalité qu'est la vie en temps de guerre. Destinée à l'origine à un public jeunesse, cette histoire ne prend pas de pincettes et ne sous-estime pas les capacités de compréhension de son lectorat. Les personnages, notamment ceux qui jouent un rôle de méchant, sont très bien travaillés. Le final de la série est à l'image des autres chapitres : l'espoir prédomine, dans un monde rongé par le mal. Les illustrations de Golo Zhao ont une grande importance dans la réussite de cette œuvre, et accompagnent à merveille le scénario. Il réussit notamment des ellipses sans violence, qui traduisent pourtant des sentiments très forts, sous-entendant même la mort. Une série bouleversante, qui nous transporte dans une autre époque à l'autre bout du monde, en mettant en scène des enfants qui vont voir leur innocence chamboulée par la guerre. Celle-ci les fera gagner en maturité et en indépendance, à toute allure, car ils n'auront pas le choix s'ils veulent survivre.


Scénario : Patrick Marty | Couleur : Golo Zhao
Chronique sociale
Septembre
17 septembre

Dans l'ombre du Mont Blanc

On rencontre parfois la montagne et on a un coup de cœur. Alice Chemama eu ce déclic, qui s'est même concrétisé par un projet artistique. Une fois qu'on y a pris goût, il y a un toujours une saveur de reviens-y.Alice Chemama possède un style graphique bien à elle, avec un jeu de couleurs, de formes et de textures qui parvient à tutoyer le réalisme. Elle maîtrise le sujet puisqu'il s'agit d'une histoire personnelle, une réflexion sur son travail et sa relation à la montagne. Tout l'y ramène, donc il faut forcément écrire dessus. Derrière les sommets, se trouvent des êtres humains, avec leur passé riche et un avenir différent. La dessinatrice partage son vécu avec beaucoup d'humour et de réalisme. Elle nous dévoile ses recherches sur Google, sur Wikipédia, les articles en ligne qu'elle lit, les vidéos qu'elle regarde. Chaque étape de travail nous est dévoilée simplement, honnêtement et avec autodérision. Le lecteur est une sorte de confident à qui elle dit tout, ses découvertes comme ses déceptions. Elle arrive à communiquer sa passion, son enthousiasme et son énergie. Son projet n'aboutira pas vraiment car elle aussi devient une victime du coronavirus. Coincée à Paris chez elle, son imagination lui permet de raconter d'autres actualités du passé, pas aussi positives, ainsi que des contes et légendes. Une façon élégante de passer du genre documentaire au témoignage. Qui a dit que l'on ne pouvait pas sérieusement parler d'une zone géographique avec facétie, sagesse et raison ? Dans le cadre de la montagne, on a réfléchi à comment mieux prévenir et secourir. L'artiste pose une question très pertinente qui résonne encore aujourd'hui : « Et nous, qu'est-ce qu'on va retenir du Covid ? » Pour l'instant, on ne peut rien encore dire puisque que nous ne sommes toujours pas en sortie de crise. Au moins, on peut lire une bande dessinée qui change les idées. Quand on pourra de nouveau respirer avec quiétude, l'air de la montagne nous apportera assurément réconfort et rêverie.


Scénario : Chemama | Illustration : Chemama
Chronique sociale
24 septembre

Agughia

Sur l'île de Corse envahie par le tourisme, une jeune voleuse est aux prises avec un conglomérat immobilier surpuissant. Un récit de SF original par Hugues Micol qui s'affirme dans le genre.Ce one-shot futuriste autour des enjeux du tourisme dans un monde d'après le dérèglement climatique foisonne d'idées visuelles bigarrées. Dès les premiers pas en sortant de l'aéroport de Figari, on découvre les rues bondées, les engins semi-volants, les constructions incroyables dans la ville, des décors ou des machines qu'on ne verra qu'une fois. L'auteur Hughes Micol s'offre un plaisir graphique en inventant à tour de bras, sur des couleurs vives volontairement rétro, une approche qui peut rappeler Philémon, Le Vagabond des Limbes ou Valérian, selon les moments. Mais aussi le style plus moderne de Frederik Peeters. Ses cases comportent souvent des premiers plans avec des figurants très typés, comme dans les plans fixes des grands classiques. Sur le plan technique, Micol n'est pas un surhomme et on sent que l'album a été produit avec une certaine rapidité et vivacité. Mais il sait composer des moments de vraie beauté graphique, comme lorsque Agughia se dirige vers le petit cimetière en page 33. Certaines idées visuelles pour représenter le tourisme de masse sont très bien trouvées... on laissera au lecteur la surprise de la découverte. Les dialogues sont parfois percutants et les enchainements réussis. Le sujet un brin moralisateur reste relativement en retrait pour privilégier le suspense autour du fameux sac volé. Un album très dépaysant qui confirme après Le Printemps Humain que Micol peut creuser un vrai sillon d'auteur SF contemporain.


Illustration : Hugues Micol | Couleur : Hugues Micol
Anticipation
3 septembre
Novembre
24 novembre

Noir burlesque

Lorsque Slick retrouve son grand amour dans les bras d’un mafieux irlandais, il n’hésite pas à jouer avec le feu pour ne pas la perdre à nouveau. Première partie d’un polar dans l’univers sombre des années 50.Après son diptyque sur le chevalier noir Batman, Enrico Marini nous propose une nouvelle histoire prévue en deux tomes. Ici, l’auteur nous offre un véritable hommage aux films américains des années 1950. Il met en scène un mafieux, héros à la langue bien pendue et des femmes fatales dans un univers où se côtoient sexe, violence, corruption et crime. Si cette première partie reste finalement assez classique dans le registre, elle se montre parfaitement agréable et réussie. L’univers, les enjeux, les personnages sont mis en place de manière crédible et efficiente. Et ce qui fait aussi le sel et l’immersion au cœur de ce sombre polar, c’est la mise en images exceptionnelle de Marini. Les cadrages très cinématographiques sont dynamiques que ce soit dans les plans panoramiques ou les plans rapprochés. Les personnages sont particulièrement charismatiques et les décors sensationnels. L’ensemble est mis en couleurs entièrement en noir et blanc, à l’exception du rouge qui s’invite dans certains éléments comme la chevelure de Caprice ou son cabriolet. Bref, si vous aimez l’œuvre du talentueux Marini et/ou les films noirs américains des années 50, lancez-vous sans hésitations dans la lecture de cet excellent album !


Illustration : Enrico Marini
Thriller
Septembre
24 septembre

L' art de Mézières

Il était temps de revenir sur la vie et l'œuvre du dessinateur Jean-Claude Mézières, à travers ce superbe art book. Une beauté et une aubaine pour les collectionneurs !S’il y a un artiste qui méritait un bel art book, c’est bien Jean-Claude Mézières. Et de ce point de vue là, nous sommes servis avec un magnifique livre au format à l’italienne, volumineux et abondamment illustré. Christophe Quillien revient sur la vie et l’œuvre du célèbre dessinateur de Valerian. Les anecdotes se mêlent à une biographie très précise et bien écrite. On apprend ainsi qu’il démarre la carrière de dessinateur très jeune et qu'il obtient même une lettre de félicitations du maître Hergé, alors qu’il n’a que quinze ans ! Passionné de western, il a travaillé dans un ranch pendant plusieurs mois, donnant une photo célèbre que Jean Giraud a repris sur la double page intérieure de Blueberry. Saviez-vous également qu’il avait dessiné à l’âge de 13 ans une histoire de Tintin en onze pages ? Saviez-vous qu’il avait illustré un épisode de Philémon ? Saviez-vous que Valerian est inspiré d’un célèbre chanteur français ? Bien entendu, derrière ce long cheminement artistique, se trouvent deux de ses relations phare : celle de Jean Giraud qui l’a profondément marqué tant il se sentait inférieur à lui et celle de Pierre Christin qui l’a particulièrement inspiré. On voit surtout à travers cet art book à quel point Jean-Claude Mézières est humble, voire même peu confiant en lui, puisque ses commentaires sur ses créations sont souvent dépréciatifs. On regrettera malgré tout la partie consacrée à Valerian. La série culte méritait un éclairage particulier ; or ici, c’est plus un relevé mécanique de quelques anecdotes piochées par-ci par-là, suivant certains tomes... et le tout manque vraiment d’intérêt. Malgré tout, l'art book est vraiment sublime et met en avant le talent du dessinateur. On aura même le droit à certaines perles rares comme cette adaptation en quelques planches d’une poésie de Victor Hugo ou ces peintures qui n’ont rien à envier aux couvertures de Blueberry, une caricature politique de Augusto Pinochet ou encore un dessin de Laureline quasi nue pour Play Boy… Non monsieur Mézières, vous n’avez pas à rougir de votre travail, ni de votre formidable carrière !


couverture : Jean-Claude Mézières
Science-Fiction
17 septembre

Sur le chemin

Pico et ses amis sont toujours en quête de bons mots et de nourriture ! Un tome moins fort que le précédent, moins créatif et drôle qu’auparavant, même si la poésie des dessins est toujours de mise.Treizième tome pour le célèbre Pico Bogue, un chiffre qui dépasse certainement l’âge de l’enfant-phare de chez Dargaud. Serait-ce le chiffre qui ne lui porte pas chance ou le trop grand nombre d’épisodes ? Ou peut-être une lassitude qui s’installe chez le lecteur ? Toujours est-il que cet opus se montre moins convaincant, avec notamment des chutes qui font à peine sourire. Alors oui, le monde de l’enfance est toujours aussi tendre et attachant, les thèmes légers font toujours du bien et les réflexions parfois philosophiques de Pico & co sont savoureuses. Mais ils sont également de plus en plus répétitifs et déjà vus. Malgré tout, les liens entre les séries sur l’espiègle garçon et sa sœur Ana-Ana ou encore les tomes sur l’étymologie sont tellement évidents, que le tout finit par ne former plus qu’un. Seul le fil rouge sur le thème fort de la violence apporte une réelle touche d’originalité et de sang neuf, avec quelques passages intéressants. Or là encore, ils sont moins profonds qu’on pourrait l’imaginer. Le plaisir de retrouver ces sympathiques enfants reste toutefois intact grâce au dessin d'Alexis Dormal. Les couleurs pastel, la profusion des décors et l’impression de chaleur réconfortante qui émane de ces pages restent toujours un bonheur à voir. Espérons toutefois que Pico retrouve rapidement le très beau chemin qu’il a emprunté dans les tomes précédents…


Couleur : Alexis Dormal
Chronique sociale
Octobre
29 octobre

La Bible pour les chats

Le chat a trouvé le numéro de téléphone de Dieu. Cependant, il pense au prophète Elie et ne croit toujours pas aux miracles. Il s’interroge donc. Une nouvelle réflexion et aventure spirituelle du Chat qui donne le sourire et redynamise la série.Nouvelle aventure spirituelle pour le chat le plus irrévérencieux et attachant du 9ème Art. Cette fois-ci, le Chat a trouvé le numéro de téléphone de Dieu dans les affaires de son maître. Il veut en faire profiter Zlabya, et finit par lui téléphoner... mais c’est le prophète Elie qui lui répond. Il a tellement entendu qu’il veut lui parler, qu’il lui donne rendez-vous… Question existentielle sur les miracles et leur probabilité, Joann Sfar porte une fois encore sa réflexion sur Dieu, Elie, le sens des croyances et des religions, au point que le Chat frôlera un coup de babouche de la part de son rabbin préféré. Sfar se concentre davantage sur son chat, contrairement au tome précédent, et il n’est plus question, pour le moment, de se pencher sur la descendance de Zlabya. Il surprend son lecteur, et cela plaît. L’on retrouve l’essence des personnages, un rabbin à l’écoute des facéties de son chat, qui s’évertue à lui expliquer la Torah, une Zlabya encore jeune fille, et complice de sa bestiole. Le Chat redevient omniprésent, expressif, valorisé dans ses traits et les cases qu’il occupe. Son bagou, toujours aussi percutant. Sfar apporte un soin particulier à son graphisme, nettement amélioré, et les couleurs marquantes de Brigitte Findakly renforcent l’esprit de la série. Cette lecture énergique donne le sourire. Cependant, gardons à l’esprit que la religion est une ligne de conduite. « On peut faire tous les miracles que l’on veut ; si les gens décident de ne pas y croire, cela ne sert à rien ». Et comme la bougie, elle n’éclaire que celui qui la tient.


Illustration : Joann Sfar
Chronique sociale
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