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Prochain niveau: 2 EXP

Casterman

banner Casterman

Juin
22 juin

Deux flics à Boca Nueva

Dans la cité corrompue de Boca Nueva, Riggs et Ese enquêtent sur un trafic mystérieux qui a déjà fait plusieurs morts et semble toucher des dignitaires. Une intégrale qui comprend le 3ème volume inédit de cette trilogie.Il aura fallu attendre 4 années pour connaître le dénouement de cette enquête policière mâtinée de fantasy ! Désolé pour ceux qui se sont procuré les 2 premiers volumes à leur sortie, il leur faudra acheter l’intégrale comprenant le 3ème tome pour tout savoir du final. Les éditions Casterman n’ont en effet pas édité en album simple l’ultime volet de cette trilogie. Soufre, Salpêtre et Charbon, les titres de ces 3 tomes, sont également les ingrédients de la poudre à canon : rien de plus normal pour un récit au mélange explosif. En effet, cette histoire est un concentré de plusieurs genres : une enquête policière dans un univers médiéval avec un peu d’alchimie, des personnages détonants aux traits zoomorphiques (qui ne sont pas sans rappeler les personnages de la série Donjon), le tout se déroulant dans une cité corrompue en permanence au bord du coup d’Etat. La trame de cette histoire non dénuée d’humour est somme toute assez classique, avec quelques idées originales qui aboutissent à un récit divertissant bien plaisant. La dernière partie d’un récit qui comprend quasiment 400 pages souffre de quelques longueurs, mais au final elle tient toutes ses promesses avec un dénouement bien échafaudé et pour le moins spectaculaire.


Illustration : Youness Benchaïeb
Policier
Mai
18 mai

Le Scandale Arès

Lefranc enquête sur les exactions commises durant la seconde guerre à l’encontre des nazis par des avions prototypes français, que cherche à dissimuler l’armée. Une enquête d’espionnage dans le pur classicisme des Lefranc des débuts.Le synopsis de ce 33ème épisode de Lefranc a jadis été conçu par Jacques Martin himself, père du célèbre journaliste de bande dessinée. Et c’est l’équipe Roger Seiter / Regric qui se charge de le concrétiser aujourd’hui, dans le classicisme le plus respectueux de l’œuvre du maître. Même si elle démarre par un flashback au début de la seconde guerre mondiale, l’intrigue prend ensuite pour contexte l’année 1953, soit l’époque des tout premiers Lefranc. Jean-Jean est absent, mais notre héros sera accompagné d’une jeune femme, une allemande, fille de l’ennemi d’antan… avec laquelle naitra une idylle (hors champs). L’intrigue confronte nos héros à la « Grande Muette » autour du sujet d’avions prototypes ayant secrètement agi durant la seconde guerre contre les nazis. L’armée française cherche à dissimuler une honte ; Lefranc et sa charmante compagne cherchent à la révéler, dans un élan mémoriel. La dimension rocambolesque des prototypes est en phase avec les Lefranc piqués d’espionnage des débuts (La grande menace, les portes de l’enfer, Opération Thor), même si la finalité est bien moins despotique que les délires hégémoniques du grand méchant Borg – absent de l’aventure, lui aussi. Fort correctement découpée par Seiter, cette enquête d’espionnage reste tout de même très sage. Regric confirme quant à lui qu’il est bien l’un des plus fidèles continuateurs de la charte graphique jacquesmartinienne, avec un dessin encré réaliste minutieux aussi soigné sur les personnages que les décors.


Policier
11 mai

Le Petit frère

Alors qu'il n'a que 18 ans, Jean-Louis Tripp perd son petit frère dans un accident. Il nous retrace, après 45 ans, ses souvenirs de ce tragique événement. Un récit bouleversant.On connaît Jean-Louis Tripp pour ses albums de bandes dessinées, notamment Extases ou Magasin Général. On découvre dans ce nouvel ouvrage un aspect autobiographique et très personnel de la vie de l'auteur, un moment crucial qui l'a marqué de façon indélébile. Il nous raconte la perte de son frère, qui n'avait que onze ans, lors d'un accident en plein été. Il se sentira responsable de ce décès, il était celui qui lui tenait la main lorsque le drame s'est produit. Et puis, il nous raconte tout ce qui s'en est suivi : le délit de fuite du conducteur responsable, la détresse et la tristesse dans laquelle il sera plongé avec sa famille, les obsèques, le procès, la reconstruction. Mais ce qui est également très intéressant, c'est que l'auteur entrecoupe son récit de souvenirs par des passages au présent, lorsqu'il réalise la rédaction de la bande dessinée. Nous assistons à des échanges avec sa mère, avec ses frères et sœurs, pour enfin libérer la parole autour de ce drame, qui a parfois été censurée. Nous vivons avec lui cette épreuve, ces sentiments douloureux, parfois ambivalents, et nous sentons ce poids de la culpabilité qui le poursuit. Graphiquement, il réussit à traduire des émotions qui ne peuvent se décrire, simplement se ressentir. Les teintes de noir et blanc, agrémentées de touches brunes, constituent le cœur de l'ouvrage : comme si la vie insouciante qui a précédé ce drame a disparu. Et puis, sur la fin de l'album, nous retrouvons des planches en couleurs, comme une touche d'espoir, d'acceptation peut-être, en tout cas, un apaisement. Des documents annexes viennent s'incruster dans la narration : dessin, lettre, rapport de déposition. Ils rendent l'histoire d'autant plus vivante, d'autant plus vraie. Un récit percutant et très intime.


Illustration : Jean-Louis Tripp | Couleur : Jean-Louis Tripp
Chronique sociale
Mars
2 mars

Hôtel Atlantico

A New Cherbourg, des agents secrets tentent de démanteler un trafic de passeports, sur fond de combats de boxe. Une ambiance d’espionnage fifties décalée pour une série qui persiste à être inclassable.Décidément, la série New Cherbourg fait figure d’ovni dans le paysage bédéphile. Totalement imprévisible, s’appuyant sur un contexte sociopolitique incroyablement construit, sur un dessin de Romuald Reutimann majoritairement en ligne claire parfois très abouti dans son décorum, elle fait penser à la plus somptueuse des références du registre : Tintin (option Et le sceptre d’Ottokar). Tout semblerait au beau fixe pour faire de cette série au long cours une pépite… si ce n’était l’aspect patchwork de ses intrigues. A vrai dire, au terme de 3 albums, on ne sait toujours pas très bien ce que veut raconter Pierre Gabus. Le scénariste reproduit ici la même construction chorale que pour Cité 14, au sein d’une société qui ressemble aux années 50… mais dans un univers décalé. Ici, New Cherbourg est une cité-état qui rivalise commercialement, géopolitiquement et sportivement avec Halifax-City et Montevideo Nuevo. Là, des jumeaux agents-secrets ont le superpouvoir de se transformer en rocher… sans que cette capacité ne soit véritablement exploitée dans l’intrigue. Une délicieuse ambiance fifties et d’espionnage sous-tend l’atmosphère de fond, ponctuée de flashbacks sur la jeunesse d’une vieille dame, d’étude photo d’un phénomène aquatique bizarre et de combats de boxe. Bref, c’est assez déstabilisant, car tout se complète, et rien ne sert à grand-chose. Heu… peut-être qu’un tome 4 permettrait d’enfin entrer dans une problématique qui ait du punch, en se servant de tous les jalons précédemment posés ?


Policier
16 mars

Bug T3

Alors que le monde cherche encore Kameron Obb, des politiques tentent de prendre le pouvoir pour trouver une solution. Un tome déroutant et raté, qui résonne lui aussi comme un big bug. Bug d'Enki Bilal raconte une nouvelle catastrophe planétaire, un peu comme dans la trilogie Coup de Sang, sauf que cette fois, c’est un bug informatique gigantesque qui paralyse la Terre. Une bonne idée en soi et plutôt bien menée jusque là. Malheureusement, dans ce tome, le propos se dilue de plus en plus, pour aboutir à un scénario hermétique et peu emballant. On assiste à un patchwork indigeste de toutes les thématiques de Bilal qui résonnent comme des obsessions : les avions futuristes déglingués, le corps en mutation, maltraité ou martyrisé, l’histoire d’amour impossible, le héros isolé dont le visage ressemble à Nikopol, un Paris post apocalyptique, le thème de l’écologie… Cette suite part dans tous les sens et ne semble plus avoir de ligne directrice, ni d’ordre particulier, comme si la série elle-même était victime de ce fameux bug. Faire dans l’originalité et le décousu, c’est bien, mais cela résonne ici comme un procédé fumeux et un peu creux au final. Beaucoup d’éléments reposent sur quelques trouvailles qui tentent de choquer ou marquer les esprits, comme ce Hopkins qui se fait tatouer tous les dictateurs sur son crâne chauve, ou encore l’allusion à un auteur de BD inventeur du Chess Boxing, à savoir... Enki Bilal ! Plutôt rigolo, mais parfaitement inutile. Il y a un net déséquilibre entre des textes parfois très longs et plutôt bien pensés qui critiquent nos mœurs et nos sociétés, mais également des dialogues triviaux à la limite de l’inutile et du mauvais goût. Même le dessin semble moins puissant que d’habitude. Entendons-nous bien : Bilal reste toujours un maître dans l’art de camper un univers à part et fascinant, mais beaucoup de cases semblent moins efficaces et ressemblent à des sous-modèles de ses anciennes productions, avec des arrière-plans vides de décor et un peu ternes. Un tome décevant où Bilal se perd en perdant son lecteur.


Illustration : Enki Bilal | Couleur : Enki Bilal
Anticipation
2 mars

Erreur système T1

Dans le Paris de demain, une fliquette enquête sur une série d’attentats terroristes contre l’ultra-connectivité que permettent les implants cérébraux. Un thriller d’anticipation sagace sur les limites très bientôt permises par nos nouvelles technologies.Le fichage a beau être juridiquement encadré dans la majorité des pays « développés », chacun de nous autres consommateurs de smartphones, acheteurs en ligne, surfeurs compulsifs de services connectés, offrons volontairement une foule de renseignements à des sociétés privées. La scénariste Valérie Mangin imagine la société de demain, qui aurait poussé le bouchon de l’ultra-connectivité aux implants cérébraux. Dans cette ville de Paris d’anticipation, il n’y a plus de téléphones en main, pas plus que d’ordinateurs : tout se passe dans le champ optique intérieur des utilisateurs, qui gesticulent juste avec leurs doigts, « dans le vide » d'un point de vue extérieur, pour naviguer. A l’aide de sa griffe numérique semi-réaliste et très détaillée, Jenolab, pour qui il s’agit du premier album de BD, ne ménage pas sa peine pour nous immerger dans cette société française de demain. Tout au long des 94 planches de cet haletant thriller cyber, le décorum est très proche de notre présent, en tous cas crédible, et les personnages expressifs. Une série d’attentats va mener l'héroïne flic (qui bondit en couverture) à enquêter de plus en plus profondément pour révéler le périmètre d’un complot de grande ampleur. Anastasia trimballe sa part de mystère et celle-ci fera sens avec ses constatations, qui donneront à réfléchir aux lecteurs. Les questions abordées sont en effet celles qu’il nous faut appréhender et cadrer dès maintenant, lorsqu’on projette les récents leviers de développement de nos sociétés : la finesse d’analyse que permettent les métadonnées, le metaverse en devenir, la capacité de déduction et d’action des intelligences artificielles, l’inter- connectivité des objets… Après avoir lu Erreur système, vous allez flipper. Et dans le vide galactique de votre existence déconnectée, personne ne vous entendra crier.


Illustration : Jenolab | Couleur : Jenolab
Anticipation
Novembre
10 novembre

https://www.casterman.com/Bande-dessinee/Catalogue/albums-le-tueur/le-tueur-affaires-detat-3

Le tueur et ses acolytes ont enfin le feu vert des services secrets pour liquider leur cible, un homme politique pourri et populaire, qui a des accointances avec les narcos et les djihadistes. Fin de cycle pro et radicale. Comme le tueur.Adorable salopard, le tueur travaille désormais pour les services secrets français, donc il peut s’adonner à sa misanthropie désabusée meurtrière en toute légitimité. Sous couverture d’un job à la con, il œuvre en sous-marin, en groupe et toujours avec le professionnalisme que lui confère sa grande expérience de tueur au service de la mafia (relire le premier cycle). Ce positionnement astucieux permet au scénariste Matz de faire perdurer la méthode narrative très efficace de la série, à l’image d’un autre tueur attachant de la chaine HBO, Dexter : les soliloques de sa pensée intérieure, en encadrés narratifs. Le tueur a parfaitement compris que l’homme est mauvais. C’est pourquoi il ne s’attache à personne et n’a aucun scrupule à liquider. Il feint tantôt l’amour, tantôt l’amitié, et lorsqu’il a le feu vert, il fait son job calmement, simplement, infailliblement. Ce tome 3 semble clore le cycle. Pour autant, ne vous attendez pas à de grands bouleversements : le récit boucle classiquement l’intrigue en cours, avec un climax attendu et inéluctable, depuis le 1er tome du renouveau « Affaires d’Etat. Tout aussi professionnel que son personnage, le dessinateur Luc Jacamon décline son style si personnel : des grandes cases, des gouttières étroites, des gros plans, des décors réalistes, des personnages impassibles, une colorisation contrastée. Si la fin du cycle ressemble à une mauvaise nouvelle pour les amateurs de BD, l’excellente nouvelle qui suit, c’est que les droits de la série ont été achetés par Netflix® et qu’un long métrage est en cours de tournage, avec un casting de dingue : David Fincher à la réalisation et Michaël Fassbender dans le rôle du tueur. Waow !


Couleur : Luc Jacamon
Thriller
17 novembre

Les juges intègres

De Gand jusqu’au château normand de Varlech, Lefranc enquête sur la disparition d’œuvres (vraies ou fausses ?) de Van Eyck. Une enquête tarabiscotée dans le milieu des faussaires d’art.Cette 32ème aventure de Lefranc est scénarisée par le vétéran François Corteggiani et dessinée par Christophe Alvès. Le binôme officie un album sur deux depuis le tome 26 (Mission Antarctique ), en alternance avec le duo Seiter/Regric. Cette fois, point de délire scientifico-hégémonique, de soucoupe nazie en Antarctique ou de conquête spatiale soviétique. Et de fait, point d’Axel Borg non plus, au grand dam des fans de cette âme damnée. Revenu dans ses attributions classiques de journaliste, Lefranc mène une enquête de manière relativement calme et placide, se bornant à de nombreux palabres de salons. Avant de se livrer, à la toute fin, à sa seule scène d’action, un exploit de plongée sous-marine impossible (on n’en dira rien, mais on n’en pense pas moins). Le cœur du propos se déroule au plat pays, à Paris, puis en Normandie au sein d’un joli château (fictif), et il nous fait tourner en bourrique autour des œuvres d’arts vraies et/ou fausses, retrouvées après spoliation nazie. Qu’est-ce qu’un faussaire, exactement ? Qui étaient les oustachis ? Les amateurs de « BD à papa » prendront le temps de décrypter tous les dialogues superfétatoires de cette aventure, inscrits au sein d’un découpage serré ; pour les autres, elle manquera cruellement de dynamisme et de fluidité. Le dessin de Christophe Alvès fera néanmoins passer la pilule, en se plaçant très fidèlement dans les rails soignés et réalistes du maître Jacques Martin.


Policier
Juin
16 juin

Cheese

Zuzu et ses potes zonent. Zuzu se fait régulièrement vomir. Elle a le regard éteint. Elle est amoureuse de Rocco. Ils vont faire une course au fromage. Evocation brute et difforme d’une vie désenchantée.Ce roman graphique venu d’Italie, et défendu par les mots de Gipi en 4ème de couv, nous fait partager la vie d’une jeune femme mal dans sa peau, dans un quartier où les jeunes sont désœuvrés. Le lecteur est ainsi invité à découvrir le monde de Zuzu, l’autrice complexée et boulimique (qui n’a rien à voir avec l’autre Monde de Zhou Zhou également édité par Casterman, mais réalisé par Golo Zhao). Au quotidien, Zuzu traîne avec deux potes, et ils n’ont pas grand-chose à faire ou à penser… Ils clopent, ils boivent des bières, ils font des petites conneries… Le summum de leurs préoccupations est centré sur leur participation à une course au fromage (d’où le titre). L’intimité psychologique de Zuzu est en revanche dévoilée de terrible manière. Elle se fait vomir et elle déteste tellement son corps qu’elle se représente régulièrement en train de déverser ses tripes, littéralement, dans l’espace public… des tripes qui prennent la forme de monstres organiques horribles. Pour encore renforcer le sentiment de malaise, les séquences BD sont aussi régulièrement entrecoupées de pleines pages de phrases et mots en graffitis, barrés, raturés, comme la résultante d’une poésie intérieure imparfaite, tourmentée et vaine. Le dessin en noir et blanc accentue encore le sordide de cette vie, avec des personnages volontairement difformes, parfois à outrance. Par exemple, Riccardo a une tête minuscule, quant à Zuzu, son nez et ses yeux noirs ne la mettent vraiment pas en valeur. L’illustration, par le biais de moyens graphiques aussi limités qu’astucieux, du marasme social et culturel d’une certaine jeunesse.


Scénario : Zuzu | Illustration : Zuzu
Chronique sociale
Septembre
29 septembre

Ciel et sang

Seize ans plus tard, les survivants ont recréé un monde autour de Jarri, mais un affrontement s'annonce. Second volume toujours aussi spectaculaire, un grand moment d'évasion. Après un premier tome qui a beaucoup fait parler, la saga de Vincent Perriot se poursuit de manière toute aussi spectaculaire, à travers un nouveau développement plein de rebondissements. Avec ce format impressionnant de plus de 180 pages, c'est l'équivalent de trois albums classiques que l'auteur (et l'éditeur !) nous proposent, ce qui est unique en son genre pour une série aussi fouillée, graphiquement. Le résultat est une immersion profonde dans un univers foisonnant, avec en toile de fond des enjeux de survie très classiques dans la SF, mais prenants lorsqu'ils sont bien amenés. Le travail graphique de Perriot est d'une rare puissance. Ses pleines pages vous font littéralement décoller de votre fauteuil lorsqu'il met en jeu des perspectives immenses entre ciel et terre, des vues en plongée aux premiers plans fouillés. Il y a chez lui l'héritage et l'élégance des plus grands (Giraud, Hermann, Mézières), doublé d'une vraie patte personnelle qui ne cherche pas nécessairement la perfection graphique sur tous les plans. Florence Breton aux couleurs booste littéralement l'émotion ressentie à travers des nuances bleues orangées à couper le souffle lorsque Jarri survole l'océan. Une page ouverte au hasard et ce sera souvent cette sensation de baffe visuelle assez rare ! Sur le plan purement scénaristique, ce second volume est probablement un peu moins surprenant, puisqu'il ne nous fait pas découvrir un univers totalement neuf. Mais l'inspiration est présente d'un bout à l'autre avec notamment la présence des enfants des héros. Le rythme ne retombe jamais, et au final on reste scotché en tournant les pages de manière un peu frénétique. Sans être le scénario du siècle, quel moment d'évasion !


Illustration : Vincent Perriot | Couleur : Vincent Perriot
Science-Fiction
Avril
28 avril

Le Tombeau des dieux 1/3

Lylia signe un pacte avec la mort : contre sa résurrection, elle doit terrasser le démon Ithiel et son armée de feu. Seamus est fou de joie… mais un sacré job les attend. Début de 3ème cycle pirouétique pour une belle saga de médiévale-fantasy.Le dernier recueil du second cycle de Voro faisait l’effet d’une bombe : on assistait à la mort de l’héroïne Lylia, terrassée par un ennemi surpuissant et démoniaque. Evidemment, puisque l’aventure médiévale-fantastique nous donnait rendez-vous pour un troisième cycle, il fallait s’attendre à une galipette scénaristique de la part de l’auteur complet et finlandais Janne Kukkonen. Bingo : le premier chapitre de ce nouveau cycle nous place Lylia dans une sorte de purgatoire, en pleine négociation pour sa propre résurrection. Et devenez quoi… Elle réussit à convaincre la mort de la ressusciter et à signer un pacte faustien. De retour à la vie pour un sursis inédit, elle doit s’employer à terrasser Ithiel, qui s’avère tout de même un ennemi de la mort elle-même. Ce premier chapitre passé, Lylia revient donc à la réalité, retrouve Seamus et constitue autour d’elle une équipe de survivants (tous bords confondus). Un plan s’échafaude alors pour effectivement surmonter l’insurmontable : détruire Ithiel. C’est ce à quoi s’emploient les 3 autres chapitres de ce nouvel arc narratif, qui compte donc désormais 4 chapitres d’une quarantaine de pages et nous donne rendez-vous pour deux autres volumes à paraître rapidement. Cet opus « de transition » est donc riche en palabres – souvent un peu cérémonieux – bien plus qu’en action. Le manque de batailles et de cascades constitue l’écueil de ce volume, qui s’avère tout de même spectaculaire de par ses ambiances et ses jolis paysages de désolation. Kukkonen a une patte graphique qui lui est propre, à la fois légèrement stylisée et diablement cohérente. En tout cas, idéalement immersive pour cette belle saga de médiévale-fantasy.


Illustration : Janne Kukkonen
Fantasy
Juin
16 juin

Le Tombeau des Dieux 2/3

Lylia et Seamus se sont mis en quête de la Demoiselle de la nuit, seule divinité capable de terrasser le démon Ithiel qui menace l’humanité. Avant-dernier volume d’une belle saga de fantasy, riche en révélations.Ainsi en va-t-il généralement du principe de l’heroïc-fantasy : à une quête, succède une quête ! Dans cet opus charnière du troisième cycle de la saga mise au point par le finlandais Janne Kukkonen, en auteur complet, notre héroïne Lylia, une petite voleuse intrépide et volontaire, s’en coltine une sacrément difficile : elle est bien décidée à sauver le monde. Il faut dire, c’est elle qui est à l’origine du démon Ithiel qui menace l’humanité d’extinction. Et cet ennemi est tel, qu’il inquiète même la mort en personne, devenue alliée de circonstance de Lylia en la ressuscitant, le temps de cette mission... finale (?). L’épisode progresse bien, sur tous les fronts. Il est désormais découpé en 4 chapitres d’une quarantaine de pages chacun. Il alterne les palabres nécessaires, quelques scènes d’action, les chouettes ambiances ésotériques et les révélations cruciales. Sur ce plan, cet opus est d’ailleurs très riche. On en apprend une bien bonne concernant les origines de Lylia, mais aussi le terrible secret de Seamus, voire encore le passé de non-démon d’Ithiel. Bref, c’est l’épisode clé qu’il ne faut pas manquer, avant l’affrontement final qui interviendra dans le 9ème volet, à paraître dès la fin août 2021 ! Visuellement, Kukkonen a mis en place dès le premier tome un système graphique semi-réaliste parfaitement au point et diablement enchanteur, rehaussé par une colorisation pêchue de Kevin Bazot, qui renforce encore les ambiances. Les amateurs de fantasy vont se régaler.


Illustration : Janne Kukkonen
Fantasy
Octobre
6 octobre

Par la forêt

Deux jeunes flics enquêtent sur l'assassinat d'une joggeuse en forêt. Une forêt étrange, avec des gens qui errent. Une enquête étrange, aves des flics qui se rejettent. Un polar étrange, avec de jolies ambiances fantomatiques.Deux flics enquêtent sur le meurtre d’une joggeuse, qui a eu lieu en forêt. Ça se présente clairement comme un polar, et pourtant… La narration d’Anthony Pastor s’intéresse bien moins aux rouages de l’affaire, qu’à l’ambiance feutrée et mystérieuse de « la forêt », en tant qu’environnement prégnant et dévorant. En ce sens, le sujet central de la forêt, en tant que milieu mystérieux aux frontières du paranormal, est très précisément atteint. Pour autant, dans son scénario, Pastor mélange les temps, use et abuse des non-dits, des regards, des moments oniriques et contemplatifs. On ne connait même pas le prénom ni même le nom du personnage principal de la fliquette. A dessein. Au point qu’au terme de cet album en one-shot, on ne sait toujours pas trop bien ce que Pastor a voulu raconter. Mis à part que la forêt reste un environnement quasi magique, voire fantomatique, même au XXIème siècle. Le lecteur en est rendu à devoir faire beaucoup de conjectures pour imaginer qui est responsable de quoi, parmi les acteurs de cet étonnant polar plus proche du roman graphique, tous suspects. Il y a certes aussi un double sujet, avec la question de l’extraction sociale des flics et la rupture sociale dans les quartiers de banlieue… mais celui-ci reste très évasif et effleuré. Trop pour constituer un propos. Au (joli) dessin, Jean-Christophe Chauzy se régale avec le décorum sylvestre et toutes les atmosphères oniriques qu’il est possible d’en tirer. Et pourtant, il n’y a quasiment pas de vert : son dessin en couleurs directes table essentiellement sur deux déclinaisons de teintes, orange et violet. Quand on vous dit que la forêt est un environnement mystérieux !


Couleur : Jean-Christophe Chauzy
Policier
Juin
2 juin

Alerte 5

Un tragique attentat islamiste déclenche l’Alerte 5 auprès des astronautes de l’ISS et de l’équipe expérimentale martienne. Quand la géopolitique et la suspicion sociale s’immisce dans la conquête spatiale… Un sujet d’actualité, hélas juste effleuré.Les succès des rovers martiens et le commandement de Thomas Pesquet à bord de l’ISS ont récemment remis la conquête spatiale au cœur de notre actualité. Avec cette BD au format poche et en noir et blanc, Max de Radiguès s’empare de ce contexte tout à fait contemporain et réaliste. Le ton n’est en effet ni à la science-fiction, ni à l’anticipation : la base martienne qu’on aperçoit en couverture est en réalité une expérience d’isolement terrestre comme il s’en monte régulièrement, pour tester la concrétisation technique et psychologique de groupe de la conquête fantasmée de la planète rouge. Un autre rattachement à l’actualité immédiate lance alors le vrai propos : un attentat islamiste anéantit une fusée Soyouz. Le niveau d’Alerte 5 est aussitôt décrété sur toutes les bases. La suspicion est notamment portée sur un membre du groupe martien. Ses origines marocaines le rendent forcément suspect. Là se trouve le vrai sujet de cet album, plutôt que la conquête spatiale : le climat délétère qu’ont généré ces ânes bâtés d’islamistes sur la sphère occidentale post 11 septembre 2001. Les premières victimes de ces tensions sont les peuples arabes eux-mêmes, cibles naturelles et ethniques de toutes les suspicions. Or bizarrement, de Radiguès reste en surface de ce sujet. Il s’amuse juste avec ses personnages, comme il le ferait s’il devait scénariser un épisode d’une sitcom, les plaçant dans des postures adulescentes très éloignées du niveau de responsabilité et de maturité qu’on est en droit d’attendre d’équipes sélectionnées pour ce genre de missions. Dans cette tonalité « jeunesse » se trouve la limite de cette histoire, qui se lit néanmoins sans déplaisir, car de Radiguès est un formidable narrateur – à défaut d’être un grand dessinateur. On attendait cependant un peu plus de « fond » d’une telle histoire.


Illustration : Max de Radiguès
AnticipationScience-Fiction
Mai
5 mai

Femmes en résistance

Claire hérite d'une boîte contenant des informations sur le destin de quatre femmes résistantes pendant la Seconde guerre mondiale. Une réédition sous forme d'intégrale des quatre tomes de cette série historique.Le destin tragique de ces quatre femmes, figures de la résistance pendant la seconde guerre mondiale, nous est raconté à notre époque, par le prisme d'une petite enquête menée par Claire, qui se retrouve héritière d'un carnet et de coupures de presse les concernant. Elle va donc se renseigner sur ces femmes résistantes, et reconstruire progressivement leur histoire. Casterman réédite au sein d'une intégrale, les quatre albums de la série Femmes en résistance, initialement publiés entre 2013 et 2016. L'occasion pour nous de découvrir ou de redécouvrir ces résistantes historiques, chacune dans un domaine particulier, qui ont lutté pendant la seconde guerre mondiale. Il est plaisant de lire ces récits d'une traite, car deux personnages lient toutes ces histoires : Claire, femme contemporaine qui va enquêter sur la vie de ces femmes, et Anna Shaerer, une espionne allemande fictive qui a croisé la route de Amy, Sophie, Berty et Mila. Nous voyons ainsi l'évolution du personnage d'Anna, dont les opinions et les actions vont progressivement évoluer au détour de ces rencontres. Chaque portrait se clôture par quelques pages biographiques, nous éclairant de façon encore plus précise sur les vies de ces femmes. Chaque album a été illustré par des auteurs différents, mais cela n'interpelle pas plus que ça à la lecture de cette intégrale : les dessins, très classiques, s'associent plutôt bien ensemble, et nous ne sommes jamais confrontés à des chocs graphiques. Certaines planches sont peut-être un peu chargées en texte et donc plus fastidieuses à lire... Cette intégrale nous éclaire sur une période sombre de notre Histoire et nous permet de mettre en lumière quatre destins de femmes engagées, qui ont malheureusement toutes été victimes d'une fin tragique.


Guerre
Avril
14 avril

Impact

Jean et Dany ne se connaissent pas, mais portent tous deux le poids du silence et d'un lourd secret. Ils pourraient pourtant être liés... Un polar social assez classique, sous forme de roman graphique.Deux hommes très différents vivent chacun avec le poids d'un lourd secret, qui les affecte dans leur vie quotidienne. Alors ils saisissent l'occasion de se livrer lorsque celle-ci se présente. Le scénariste prolifique Gilles Rochier s'associe à l'illustrateur Deloupy, qui avait notamment réalisé Love story à l'iranienne, Algériennes ou encore Pour la peau, pour nous proposer un nouveau roman graphique. Dans ce polar, nous allons suivre les destins bien distincts de deux personnages qui vont, au fur et à mesure, se recouper et faire sens. Car leurs histoires individuelles pourraient bien s'insérer dans une histoire collective. Progressivement, la toile se tisse, on comprend les liens entre leurs histoires. Cela se fait progressivement et le début reste assez déroutant et un peu confus, car nous n'avons pas encore en main tous les éléments de compréhension. Les auteurs explorent la thématique du secret, qui est un fardeau à porter pour ces personnages, qui ne peuvent en parler, se livrer, être écoutés et compris. Ils ne peuvent s'en libérer. Alors, dès que l'occasion se présente, ils la saisissent pour alléger ce poids qui pèse sur leur conscience. Ce récit montre comment une vie peut basculer en l'espace de quelques instants, et comment la culpabilité et le silence peuvent vous ronger. Les dessins sont simplistes, un brin schématiques, un peu moins travaillés que d'autres œuvres de Deloupy.


Policier
7 avril

Black boys

Virgil, artilleur noir américain, et Jay, GI blanc américain, doivent combattre ensemble lors de la bataille des Ardennes. Une belle histoire de racisme contrarié, sur fond de guerre enneigée et réaliste.Un cinquième diptyque mettant en scène des troupes américaines durant la seconde guerre mondiale débute avec ce tome 9. Philippe Jarbinet poursuit sa grande œuvre au long cours, centrée sur la période qui le passionne. L’auteur complet avoue en postface que ce qui lui a servi de matière première pour ce diptyque lui a été fournie par l’élection de Trump et par les tensions raciales qui n’ont pas manqué d’accompagner son mandat. Voilà donc Virgil Burdette – le GI noir qui joue de la guitare en couverture – qui se retrouve à devoir faire alliance avec un compatriote camarade quelque peu raciste, Jay. Lors de leurs premières rencontres, Virgil et Jay se mettent des bourre-pifs, histoire de bien planter la mentalité. Evidemment, la fraternité entre soldats du même bord, de même nationalité, entre deux mêmes combattants de la liberté, va les forcer à se valoir protection et respect, à mesure qu’ils participent à la libération de la France et de la Belgique. Le récit débute à Nice, sous un soleil estival et festif, pour se poursuivre en Bretagne (la libération de Brest), à Paris (la rencontre avec la famille), puis surtout sur la bataille de Saint Vith. Durant 2 mois de l’hiver 1944-45, aux abords de cette ville stratégique à la frontière entre Allemagne, Luxembourg et Belgique, se crispa la bataille des Ardennes, durant un hiver particulièrement enneigé. La nuit et la neige donnent lieu à de nombreuses pages en quasi noir et blanc, toujours particulièrement exquises à travers le somptueux dessin en couleurs directes de Jarbinet. On ne peut lui reprocher qu’une difficulté à distinguer les visages (les protagonistes ont tendance à tous se ressembler, qu’ils soient blancs entre eux ou noirs entre eux). En revanche, on passe de nouveau des moments poignants en immersion grâce au travail sur les décors, costumes, véhicules… Quel joli boulot ! Suite et fin de ce qu’on espère être une histoire d’amitié au tome 10.


Illustration : Philippe Jarbinet | Couleur : Philippe Jarbinet
Guerre
Février
3 février

Les Cinq de Cambridge

A Cambridge, dans les années 20, de jeunes étudiants se convertissent au communisme, sur les terres de l'économie capitaliste. Une intégrale qui fait remonter un épisode de l'Histoire, peu connu, mais brillamment narré et mis en images.Les Cinq de Cambridge (Cambridge Five ou Magnificent Five en V.O.), c'était un authentique groupe d'espionnage recruté par l'ancêtre du KGB (le NKVD) qui a travaillé pour le compte de l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale et la Guerre froide. Leurs noms : Kim Philby (nom de code : Stanley), Guy Burgess (nom de code : Hicks), Donald Duart Maclean (nom de code : Homer), Anthony Blunt (nom de code : Johnson) et John Cairncross (nom de code : Liszt). Cette intégrale réunit les trois albums (Trinity, 54 Broadway, Les étangs du patriarche) qui se placent dans la continuité des Cosaques d'Hitler, conçu par le même duo d'auteurs : Valérie Lemaire au scénario et Olivier Neuray au dessin. La scénariste reste didactique, faisant de temps en temps un pas de côté en donnant au récit une âme, par l'humour so british et la pertinence des dialogues. Ce qui frappe ici, c'est l'idée que ces hommes étaient animés par une volonté sociale progressiste, mais qu'ensuite, ils furent rattrapés par les illusions perdues. Le trait de Neuray, tout en ligne claire détaillée, restitue une ambiance feutrée et délicate avec les couleurs précises de Dominique Osuch. Une belle intégrale qui réveillent un moment de l'Histoire... à (re)découvrir.


Espionnage
Mars
3 mars

No war T5

Tandis que la guerre civile fait rage au Vukland, Jo et Run usent de leurs nouveaux pouvoirs conférés par les pierres kafikadik pour désamorcer la situation. Conclusion légèrement hermétique d’un thriller géopolitique complexe.Contrairement à ce qu’indique le titre No war (« non à la guerre »), le conflit civil fait rage dans le petit archipel fictif scandinave, à l’entrée de ce… dernier opus. C’est d’ailleurs une curiosité que les tomes 5 et 6 paraissent conjointement en un unique recueil, au lieu des deux tomes successifs. Faut-il traduire de cette étonnante parution un bide (relatif) pour la série ? Fallait-il se dépêcher d’en finir avec ce qui se présentait pourtant comme un thriller géopolitique pointu ? Il faut dire que la construction chorale du scénario, avec ses multiples personnages, ses mouvances politiques antagonistes, ses familles disloquées et atomiques, mais aussi ses pierres fantastiques aux propriétés surnaturelles, sa « religion » propre qui confine à la préservation écologique, n’a jamais réussi à se rendre limpide. C’était un sacré challenge de la part d’Anthony Pastor que d’éviter les archétypes du genre et d’éradiquer dans l’œuf tout manichéisme. Les protagonistes ont des personnalités complexes, ils répondent chacun à leur manière à des enjeux tout aussi alambiqués et ardus à anticiper, face à un destin de civilisation immense, au sein d’un monde qui l’est tout autant. Sans doute aussi, le parti-pris graphique était-il le bon, au sein d’un contexte politique crépusculaire. Le dessin réaliste énergique et charbonneux s’harmonise au « no future » cher aux punks, qu’on aurait envie de placer en titre. Mais ce style parfois jeté et imbibé de gris s’inscrit dans un découpage narratif pas toujours explicite. Il arrive souvent que les cases s’enchainent sans qu’on saisisse précisément ce qui se passe. On referme la saga avec le sentiment de s’être immergé dans une dystopie rendue flippante par son atmosphère d’agressivité généralisée et par l’obscurité de ses latitudes septentrionales, mais de ne pas avoir tout compris.


Illustration : Anthony Pastor
Guerre
Janvier
27 janvier

Luigi

Lucien et Luigi retournent à Valencourt dans l’espoir de retrouver Ludwig et Lucas. Un septième album haletant, toujours servi par un dessin sublime.Dans le précédent album, Luigi venait de retrouver Lucien qui terminait sa convalescence après avoir été amputé de la jambe droite. Les deux acolytes s’en retournent sur les terres meurtries de Picardie pour tenter de retrouver Ludwig et Lucas. Valencourt a été en partie détruit par les bombardements. En attendant de glaner quelques informations sur leurs camarades, Luigi et Lucien vont participer à la reconstruction du village. Lors de ce retour aux sources, les deux Lulus vont notamment faire une découverte extraordinaire et la connaissance d’un soldat allemand dans des conditions bien singulières. Ce nouvel album est particulièrement trépidant, dense en surprises et en rebondissements. Ces orphelins qui ne tiennent pas en place sont prêts à tout pour reconstituer leur tribu. Régis Hautière exploite avec habileté et intelligence le contexte d’après-guerre dans un petit village dévasté où certains s’investissent pleinement à la reconstruction, tandis que d’autres cherchent à tirer profit de la misère d’âmes esseulées. Les plus vils d’après-guerre ne sont pas forcément nos anciens ennemis, bien au contraire. Ce nouveau tome confirme que l’histoire des Lulus est sans conteste l’une des séries tout public dédiée à la guerre et l’après-guerre la plus aboutie. Les Lulus disposent pleinement du potentiel pour que leurs aventures soient exploitées par d’autres médiums. Le dessin semi-réaliste d’Hardoc contribue indéniablement au plaisir de lecture de cette histoire. Malgré un contexte historique difficile, son trait fluide, net, classique, sa colorisation soignée (assisté par David Périmony) donnent une énergie vitale aux personnages et beaucoup d’expressivité, le tout dans des décors bien travaillés. Comme à l’accoutumée, les deux premières planches du prochain tome et quelques bonus viennent clore cet album : le prochain volume sera consacré à Luce, la seule fille des Lulus.


Couleur : Hardoc
Guerre
20 janvier

Ion Mud

Lupo est en pleine errance dans un monde futuriste dangereux, en quête d'une Torana pour répondre à ses questions les plus profondes. Un one-shot de SF graphiquement admirable, au scénario assez obscur...Lupo est un homme perdu, égaré dans un monde vaste, futuriste et dangereux, en quête de réponses à ses interrogations, qu'il pourrait trouver, il en est sûr, en réussissant à franchir une Torana (une porte sacrée). Amaury Bündgen nous livre son premier album, un roman graphique imposant de presque 300 pages, tout en noir et blanc. On y découvre un univers graphique richement détaillé, nous proposant un monde issu de la science-fiction, qui n'est pas sans rappeler les planches architecturales très précises et foisonnantes du manga Blame! de Tsutomu Nihei. Cet environnement reste particulièrement hostile : tantôt désert, parfois peuplé de créatures robotiques ou extraterrestres effrayantes, et plus ponctuellement habité par des êtres humains. L'univers est immersif, aucun doute là-dessus, et le traitement graphique est à couper le souffle. Néanmoins, le scénario n'est pas à la hauteur de la beauté des planches... Sur ce récit très dense, une bonne partie de l'ouvrage reste muet, nous donnant la possibilité d'une pleine contemplation... Mais il ne nous en apprend que très peu sur ce qui s'y passe ! D'autant plus que ces pages sans texte interviennent majoritairement au début de l'album, moment où le lecteur a besoin d'être pris par la main pour comprendre la situation initiale et plonger dans l'histoire. Les réponses à nos interrogations commencent à intervenir qu'au bon tiers de l'album, ce qui nous laisse un peu perdu en amont, et pourrait en décourager certains sur la poursuite de leur lecture. Cet album hybride mélange les codes du manga, des comics et de la BD franco-belge, se révèle absolument hypnotique, mais peut-être un peu trop abstrait et complexe dans le scénario.


Scénario : Amaury Bündgen | Illustration : Amaury Bündgen
Science-Fiction
Octobre
14 octobre

l’Armée de la Pierre de feu - 3ème partie

Tandis que rien ne semble pouvoir arrêter le puissant mage Thiriel dans sa quête de puissance, la voleuse Lylia est accusée d’avoir assassiné le prince Alvar ! Une conclusion de cycle un peu confuse.Découpé en 3 chapitres (plus un 4ème transitoire), ce 6ème opus de Voro conclut le second cycle… et nous donne un curieux rendez-vous pour un troisième cycle. Curieux, car l’un des personnages centraux de la saga semble définitivement perdu (nous n’en dirons pas trop sur le sujet afin de ne pas spoiler). Or avec Voro, qui s’aventure sans scrupule dans la sphère fantastique, on n’est pas à une résurrection près. Mais préalablement, revenons-en à notre quête principale, à savoir la récupération des fragments de la pierre du feu, par notre duo de héros voleurs, Lylia et Seamus. Comme arrivé au bout d’une mécanique narrative répétitive, l’auteur finlandais Janne Kukkonen tente de monter d’un cran dans la dimension épique de l’univers mis en place. De fait, sa fin de cycle se décline un peu trop sous le prisme des palabres. Le corolaire est une perte des séquences astucieuses, où l’on voyait l’espiègle et téméraire Lylia se sortir de missions impossibles, en glissant sur une corde tendue par une flèche ou en se servant d’un drapeau comme parachute. Dans ce tome, l’on évoque sans cesse des forces plus puissantes ou démoniaques que les précédentes, dans des ambiances rituelles crépusculaires et enflammées, et le lecteur se perd clairement dans la représentation des factions en présence, des prophéties auto-réalisatrices et des repères manichéens. Et même au plus fort des tensions, les ennemis ne peuvent s’empêcher de s’expliquer en se perdant en conjectures et en intentions conspirationnistes, plusieurs pages durant. Le troisième et dernier cycle redonnera peut-être un second souffle à cette sympathique fresque de fantasy médiévale…


Illustration : Janne Kukkonen
Fantasy
Septembre
16 septembre

Cocteau, l’enfant terrible

Jean Cocteau a marqué le siècle dernier de son empreinte. Mais que se cache t-il derrière cet homme hors du commun ? Une biographie poétique, très surprenante, dans un noir et blanc subtil, révélant les parts d'ombre et de lumière de l'artiste.Quand on pense à Cocteau (1889-1963), on pense toute de suite à son formidable La belle et la Bête (1946) avec Jean Marais ou à son roman Les enfants terribles réalisé par Jean-Pierre Melville (1950). Pourtant, à la fois écrivain, dramaturge, cinéaste, poète ou encore dessinateur et plasticien, l'artiste est bien plus difficile à définir et à cerner. Le scénariste François Rivière se cantonne d'ordinaire aux récits classiques (adaptation d'Agatha Christie, Maître Berger, Victor Sackville, Blitz...). Il s'attaque ici à ce mythe créatif. Un choix qui, de prime abord, peut paraître étonnant. Mais, loin de son classicisme narratif usuel, le scénariste chevronné délivre un récit d'une poésie folle, à la fois noire et solaire. Dans une ambiance que n'aurait pas renié Kafka, l'un des maîtres de l'absurde, il embarque littéralement dans une atmosphère de jugement dernier où Cocteau fait face à ses vieux démons. Cocteau se retrouve comme dans le Chant de Noël de Dickens, confronté à son amour pour l'art et ses coups d'éclat, ses liaisons sentimentales et artistiques (Raymond Radiguet, Jean Marais), ses amitiés douloureuses (Dargelos) et majestueuses (Picasso), son opiomanie prononcée, ses deuils (le suicide de son père, la mort de Radiguet), sa gloire et la reconnaissance des autres. Laureline Matuissi épouse les textes délicats de Rivière avec un trait virevoltant dans un noir et blanc aérien. Cet album donnera à coup sûr l'envie de se replonger dans l'œuvre foisonnante de cet enfant terrible qui, 60 ans après sa mort, continue assurément d'inspirer les artistes de notre siècle.


Roman graphique
23 septembre

Retour à Tikiland

Pourchassés par un inquisiteur et des soldats simiesques, Zibeline et ses amis zoomorphes trouvent refuge dans un parc d’attraction en ruines. Suite très dynamique d’une chouette aventure jeunesse.Cette série jeunesse rassemble bien des canons de la grande aventure, tant sur le plan de la narration que sur le plan visuel… et pourtant elle ne ressemble à aucune autre. D’une part, le contexte est indéfinissable : à la façon d’Alice au pays des merveilles, notre petite héroïne africaine a basculé dans un univers dont on ne sait pas précisément situer l’origine : parallèle ? Futuriste ? Onirique ? Toujours est-il que les animaux parlent comme chez Walt Disney et qu’à la façon de La planète des singes, toute cette société zoomorphe semble s’être rebâtie sur les ruines de notre civilisation. Pour preuve, Zibeline et ses amis entament une course-poursuite haletante au sein d’un parc d’attraction – un cadre rêvé pour emballer les jeunes lecteurs. Nous en saurons à peine plus dans cet épisode, qui fait avant tout fructifier l’action – très dynamique et immersive – et l’humour – avec quelques caméos rigolos pour les adultes : on évoque L’armée des 12 singes (film culte de SF), l’inquisiteur s’appelle Baskerville (soit l’inverse du Nom de la Rose)... Vers la fin de l’opus, les deux Régis (Hautière et Goddyn) avancent tout de même quelques explications et révèlent qu’ils en ont encore pas mal sous le pied un éventuel second cycle d’aventures… Bien que la 4ème de couv semble indiquer la série bouclée (alors que Zibeline est toujours coincée dans un monde qui n’est pas le sien ! Scandale !). L’ensemble acquiert énormément de peps à travers le dessin de Mohammed Aouamri, parfaitement à l’aise dans ce registre zoomorphe, qui laisse une grande part à l’imaginaire. Les ressorts et les pièges du parc d’attraction sont entre autre parfaitement exploités.


Mondes décalés
Novembre
4 novembre

Les Contes de Grimm

Les classique Blanche Neige, La fille du roi et la grenouille, Le loup et les sept chevreaux… Mais aussi les moins connus Grigrigredinmenufretin, L’oie au plumage d’or, Dame Holle… Dix contes de Grimm traditionnels et néanmoins modernisés, adaptés en BD.Passionnée de mythologie, l’auteur jeunesse Béatrice Bottet se mue ici en scénariste de BD pour les crayons du danois Terkel Risbjerg. L’exercice peut paraître convenu et mainte fois appliqué : adapter dix contes traditionnels en courtes histoires. Effectivement, dès la première consacrée à Blanche Neige, que seuls les aliens ayant toujours vécu sur Pluton ne connaissent pas, on est forcé de constater qu’il n’y a pas grand-chose de nouveau sous le soleil. La beauté de Blanche Neige, sa belle-mère jalouse, le chasseur repenti, la maison des nains, le déguisement en sorcière, la pomme empoisonnée, le cercueil de verre et le prince salvateur… Ok, ça c’est fait. Et pourtant, on aurait tort de s’arrêter là. D’autres contes bien plus méconnus s’ensuivent (Grigrigredinmenufretin, L’oie au plumage d’or, Dame Holle). Et même si l’enchainement des péripéties parait parfois gratuit, ou la morale un peu bancale au regard des canons narratifs de notre XXIème siècle, il faut reconnaître à la fois le respect des textes originaux et le souhait de leur apporter un nouveau regard. Cela se sent à travers des dialogues clairement modernisés ou des expressions volontairement anachroniques (« J’ai mal garé mon cheval ! »). Enfin, le plus intéressant dans ce recueil, est la double page finale consacrée au décryptage des contes des frères Grimm. Cette annexe confirme que ces deux frères allemands nés à la fin du XVIIIème siècle n’ont pas inventé ces histoires, mais qu’ils les ont retranscrites et compilées depuis la tradition orale véhiculée par des colporteurs depuis des siècles. On y apprend encore la structure classique du conte typique (héros, défi, quête, incursion fantastique, recueil du fruit des efforts). On y découvre encore les différences entre les contes des frères Grimm et ceux plus moralisateurs de Perrault, rédigés environ un siècle et demi plus tôt.


Scénario : Béatrice Bottet | Couleur : Terkel Risbjerg
Contes / Fééries
Septembre
9 septembre

Les Rats de Montsouris

Engagé pour deux affaires dans le XIVème, Nestor Burma va rapidement découvrir que ces dernières sont liées à un gang de cambrioleurs de caves. Une enquête policière efficace aux nombreux entremêlements...Toujours dans l’univers graphique imaginé par Jacques Tardi, le célèbre détective privé créé par Léo Malet est de retour pour une nouvelle enquête. Il s’agit cette fois-ci du roman Les rats de Montsouris paru en 1955 et faisant partie du cycle « Les nouveaux mystères de Paris ». Si Emmanuel Moynot reste à la barre scénaristique, il confie cette fois la mise en images à François Ravard (Mort aux vaches, Chère élites, Les mystères de la 5ème république…). Pour cette treizième enquête version BD, Moynot nous offre une bien belle enquête avec des nombreux entremêlements et un grand nombre de protagonistes et de coupables potentiels. Aussi perdu que le détective concernant les tenants et aboutissants de chaque suspect, il faudra patienter jusque dans les ultimes pages pour découvrir le fin mot de l’histoire. Bref, si vous aimez les récits policiers, vous serez emballé par ce nouvel album. D’autant qu’on retrouve bien l’ambiance de la série et la personnalité du héros imaginé par Malet. Se fondant parfaitement dans le style mis en place par Tardi, le dessinateur offre un style réaliste précis et efficace, d’où transpire parfaitement l’ambiance polar de l’intrigue. Pour conclure, il s’agit d’un très bon album pour une enquête qui se savoure avec plaisir.


Policier
Novembre
4 novembre

Les Marguerites de l'hiver

Maintenant que certains animaux se sont joint à la cause de Miss B et César, il est temps d’intensifier la lutte en rendant l’injustice visible. Une fable puissante à la fois intemporelle et très actuelle…Inspiré par l’incontournable Ferme des animaux de Georges Orwell et influencé par les dictatures passées comme présentes, Xavier Dorison nous propose une excellente fable qui nous a embarqué dès les premières pages du premier tome via sa cruauté mais aussi par son espoir et son humour. En effet, au sein d'un château abandonné par les humains, des animaux ont créé ce qu’ils nomment « la république des animaux ». Mais rapidement, cette vie communautaire s’est transformée en véritable dictature où la force et la violence de Silvio le taureau et sa milice de chiens règnent en maîtres. Miss B, César et le rat voyageur Azélar ont donc décidé de mettre en place un combat sans haine, sans armes ni violence, pour mettre fin à la dictature. Dans cette seconde partie, les manœuvres pour tourner le pouvoir en ridicule sont désormais soutenues par d’autres animaux. Le trio va pouvoir passer à la vitesse supérieure et tenter d’obtenir le bois pour se chauffer gratuitement. Mais le combat s’annonce dur, long et difficile… Bref sans en dévoiler davantage, cette seconde partie est particulièrement prenante et efficace. Si elle possède moins de rebondissements et d’action que le tome précédent, cela s’applique dans une logique de récit parfaitement bien mise en place. Pour ce qui est des dessins, Félix Délep se montre particulièrement doué pour mettre en scène cette aventure animalière. Il alterne efficacement la mise en avant des protagonistes et le décor hivernal impérieux, via un découpage cinématographique plein de rythme. Il s’agit d’une excellente série dont on attend déjà avec impatience la suite…


Couleur : Félix Délep
Contes / Fééries
Octobre
14 octobre

Le Chat est parmi nous

Les pensées à haute voix du chat, c’est toujours pareil, et pourtant c’est jamais pareil. Le recueil annuel, millésime 2020, une nouvelle fois plein d’aphorismes souvent bien sentis.Incroyable : en 23 recueils de strips, de dessins et de détournements du Chat, son auteur belge Philippe Geluck ne nous avait jamais fait le coup du jeu de mots typiquement vermochien qui sert de titre : Le chat est parmi nous (par minou…). Une stupéfaction blasée s’empare dès lors du public et de la critique. Car c’est exactement ça, le Chat, on sait très précisément ce qu’on va y trouver : des aphorismes plein de sens, de sens inverses, d’absurde ou de géniale couillonnerie, le tout accompagné par un dessin simple mettant en scène ce gros chat gris en costard, dans une posture figée et professorale. Et pourtant, tel un chat-llenge, Philippe Geluck trouve toujours à se renouveler, sans que le chat-rogne, ni que le chat-cale. « Mais il ne l’a donc pas déjà dit, ça, dans un précédent recueil ? » Bin non, sinon ça serait pas le NOUVEAU tome 22. C’est un peu comme le Beaujolais. Tous les ans, il a le goût de banane et il est moins bon qu’un Cabernet-Sauvignon 1995, mais pourtant on ne peut s’empêcher de le goûter et d’y prendre un maximum de plaisir. Pour accompagner, en guise de chips et de rondelles de saucisson, Geluck détourne aussi, de son sens aiguisé de la dérision et du dialogue décalé, quelques gravures d’époque (on s’en fout de l’époque, c’est une expression, faites pas ceux qui ne comprennent pas).


Illustration : Philippe Geluck | Couleur : Luc Jacamon
Chronique sociale
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