Ce nouveau roman graphique de Liv Strömquist étudie l'importance de la beauté et de l'apparence féminine, dans une société hyper-connectée, et tente de retourner aux sources de ce mécanisme.Dans son dernier roman graphique, l'autrice suédoise Liv Strömquist livre un nouveau récit engagé, fruit du développement de sa pensée autour du sujet de la beauté féminine, et du culte de l'image dans nos sociétés modernes. Elle s'appuie sur des propos d'historiens, de philosophes ou de sociologues pour dérouler son fil d'Ariane. A l'image de ses précédents albums, comme I'm every woman, La rose la plus rouge s'épanouit ou Les sentiments du Prince Charles, l'autrice véhicule un message engagé et documenté, reconnaissable par la construction des planches et par son dessin. Un dessin très simplifié, grossier, parfois caricatural, qui peut rebuter au premier abord. Pourtant, le discours est tellement instructif et intéressant, qu'il ne faut pas s'arrêter sur ce point-là, et pousser la découverte jusqu'au bout. Liv Strömquist essaie de comprendre comment notre société en est arrivée là : comment le culte du physique parfait, de la comparaison avec d'autres femmes, de l'importance de la beauté en amour notamment, ont pris une place aussi imposante. Elle le fait avec beaucoup d'humour, un poil de dérision. Une lecture engagée, qui ouvre des pistes de réflexion.
Une journaliste d’investigation italienne livre un regard sans fard sur la situation de la Libye sur les dix dernières années, illustrée par la plume acérée d’un compatriote militant des droits de l’homme. Un livre beau et dur, très dur.La Libye a vécu pendant des années une terrible dictature, celle du colonel Khadafi. Une chape de plomb était posée sur son peuple qui souffrait de la violence et de la corruption. Après la mort de Khadafi, les européens ont cru libérer un peuple, ce qui est vrai, mais aussi se libérer de la pression constante que faisait peser Khadafi sur l’immigration illégale. C’est l’inverse qui s’est passé, puisque le brouillard dans lequel se trouve la Libye, un état de guerre civile permanente, n’empêche pas l’organisation très huilée des passeurs de fonctionner. Ce sont les quartes de la drogue qui font fonctionner le système mis en place par Khadafi. Les maillons d’une immense chaîne qui s’apparente à une véritable traite d’esclaves sont isolés et roués à la misère. Décidément les Italiens sont bien plus militants que les Français et les journalistes d’investigation produisent de sacrés reportages. Celui de Francesca Mannocchi est dur et sérieux. Il permet de remettre en question le regard manichéen que nous portons sur l’immigration grâce à l’étude du fonctionnement de celle-ci. La traduction de Sylvestre Zas est fluide et précise. Le dessin de Gianluca Costantini, militant des droits de l’homme, est sec et dur. Son noir est blanc n’évite rien des souffrances et du sang. Le tout donne un album coup de poing, aussi bien graphiquement que dans le propos.
Une jeune étudiante recueille les souvenirs d'un anarchiste basque à la retraite. Une vie révolutionnaire vue de l'intérieur par Mikel Santos Belatz, qui a longuement rencontré Lucio Urtubia. En retraçant l'histoire militante d'un anarchiste à la retraite, l'auteur Mikel Santos Beatz ne prend pas de recul, utilisant comme seul angle narratif la rencontre du vieil homme avec une jeune étudiante qui rédige son mémoire. Le vieux Lucio, lors d'une longue balade qui les mène de Paris au Pays Basque, raconte avec force détails ses faits d'armes, et l'idéologie qui l'a guidé toute sa vie. L'homme se décrit comme une sorte de justicier qui vole aux plus riches pour soutenir des causes justes, et sa propre action militante. Les quelque 140 pages, une fois que l'on a rencontré le personnage principal, manquent pourtant à la fois de surprises, et d'une certaine profondeur politique ou sociale. L'auteur n'a pas réellement choisi son angle, concentré sur les évènements qu'il raconte et les flashbacks qu'il enchaîne dans une logique pas tout à fait chronologique. Ses cases réalisées sur ordinateur sont souvent répétitives, comme des plans de caméra fixe dont le rythme n'est pas tout à fait maîtrisé et qui, du coup, se remarquent. Le livre respire la passion de l'auteur pour son sujet dont il se fait le porte-parole admiratif, et semble lui faire surestimer la puissance intrinsèque du destin qu'il met en scène. Au final, la vie de Lucio semble fascinante, mais l'impact n'y est pas. Les dialogues restent simples et à la surface des choses, ce qui empêchera ceux qui ne connaissent pas déjà Lucio Urtubia Jimenez de plonger complètement.
Un auteur en manque d'inspiration accepte l'invitation d'une ombre à visiter la Ville-Effroi pour y glaner des histoires extraordinaires. Une visite dont on ne peut ressortir indemne. Un one shot passionnant, de l'espagnol David Rubin.David Rubin est un prolifique auteur espagnol multi-primé. Il oscille entre le comics et le franco-belge (enfin, à l'espagnole, avec un trait épais, noir et désenchanté, des histoires pleines d'humour noir) avec autant de réussite. Il a adapté avec beaucoup de talent le mythe d'Hercule au début des années 2010 et il livre ici un album bourré de références et de clins d’œil. Il fait déambuler son héros dans une ville qui ressemble aux enfers. Les personnages sont hauts en couleurs, les situations et les histoires sont tragiques et poétiques. C'est graphiquement très recherché, avec beaucoup de mouvement et de dynamisme, des couleurs qui créent une atmosphère vraiment inquiétante. Les textes sont travaillés et bien traduits par Alejandra Carrasco-Rahal, mais les planches qui sont construites sur le modèle de l'album (nombreuses, mais il y a aussi de la bande dessinée au gré des aventures) souffrent d'un choix de typo pas très agréable. Ou alors est-ce tout simplement le rapport texte-dessin ? Alors que le trait de Rubin est rond et enveloppant, les textes sont quelquefois comme déconnectés du dessin, alors même qu'il n'y a pas d'encadré. C'est ennuyeux mais pas rédhibitoire, car l'univers de David Rubin est foisonnant, inquiétant et attirant. Le lecteur ne lâchera pas l'album avant la dernière page. Et même au-delà, puisqu'en bonus, David Rubin nous propose des planches antérieures à la rédaction de l'album, qui lui ont permis de créer son univers et de rendre cohérente une narration longue. C'est au final un bel objet, singulier et riche d'interrogations pour le lecteur.
Dans un futur dystopique, un vieillard acariâtre rejoint une maison de repos particulière, dirigée par une jeune femme énigmatique. La politique est instable, les vieux mis à l’écart, au mieux… Un one shot étouffant.
« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ». Véritable écho aux vers de Victor Hugo, la vie du révolutionnaire Miguel Mármol n’a pas été de tout repos... la preuve en bande-dessinée !
Julius Knipl, photographe immobilier, déambule avec nostalgie dans ces villes qui se modernisent et perdent leur âme populaire. Un recueil de strips à la construction souvent complexe et absurde.
Une jeune Polonaise, globe-trotteur et sans attaches, débarque à Malmö en Suède pour suivre des cours de dessin. Elle doit travailler pour payer ses études, mais n’a pas le droit à un permis de travail. Un one shot sombre et léger à la fois.
Si l’origine du monde est le sexe de la femme, voilà une genèse bien mal traitée depuis la nuit des temps… Histoire de ses représentations, ses continuités et ses ruptures, ce livre éclaire brillamment ce que tait la société.
Une jeune femme traverse une ville en ruine à la recherche d’une vieille salle de cinéma. En chemin, elle fait des rencontres de plus en plus inquiétantes dans cette cité en proie à des manipulateurs de tous poils. BD sur grand écran.
Birdboy et Dinki sont deux amis dépressifs avec chacun leurs rêves. Dinki souhaite quitter le bled tandis que Birdboy tente d’apprendre à voler. Un récit déroutant, un brin dramatique, bien loin d’envoyer des ondes positives.
Depuis qu’il a abandonné les études, Malmö vit chez ses parents. Il veut devenir écrivain, mais l’inspiration manque. Quand son oncle vient à mourir, il entrevoit une manière de se faire un paquet de fric, d’une manière singulière… et glauque.
Thriller déjanté, La Crampe est le récit sordide d’une famille monoparentale de vampires à moitié clodos, qui survivent en vendant des cartons alors qu’ils essaient de « décrocher » du sang humain en mangeant du boudin. Coup de poing à l’estomac.
Portrait du Caire, de 2009 à 2012. La révolution, les évènements de la place Tahrir, l’espoir né des élections libres et les perspectives politiques : Pino Creanza livre le portrait d’une ville, si ancienne et prête à renaître, et de ses habitants.
L’humanité est médiocre : chacun roule pour soi et méprise l’autre. Et que des aliens débarquent n’y change rien. Un one-shot « indé » offrant une conception pessimiste – mais intéressante – de la condition humaine…
Un road movie d’un alambic itinérant dans les campagnes françaises. Entre l’histoire de la distillation et de petites anecdotes alcoolisées et rurales, Troub’s nous livre les chroniques d’un mode de vie rustique en train de disparaître.
En 1947, cinq dessinateurs vedettes quittent Bruguera, la plus grande maison d’édition espagnole, pour lancer une nouvelle revue. Deux ans plus tard, ils reviennent au bercail… Une chronique intéressante sur le milieu éditoriale des années 40.
Ometepe est l'île lacustre la plus grande au monde. Frontière apaisante qui confond réel et imaginaire, fleuve nourricier, elle enchante ou tue ceux qui ont osé s'y aventurer. Un voyage au pays des contes et légendes, d'une sensuelle et mystérieuse poésie
Un ado désabusé se fait une copine aussi perturbée que lui, psychologiquement. Ensembles, ils sont confrontés au suicide d’un de leurs camarades. Une chronique originale et dérangeante sur les pulsions autodestructrices des ados.