L’univers de Mutafukaz n’en finit pas de s’agrandir ! Après Loba Loca, Run revient en force pour une uchronie poussiéreuse des aventures de Vinz et Angelino dans les terres du western.Après la sortie régulière sous forme de 5 petits fascicules façon périodiques comics, voilà qu’Ankama a la bonne idée de les compiler et d’éditer une intégrale digne de ce nom de Mutafukaz 1886, la série reboot de Mutafukaz à la sauce western. Suite aux spin-off Puta Madre et Lobal Loca, le scénariste Run propose cette fois une relecture de la série principale dans un contexte de western. Et même si, a priori, on a du mal à imaginer Vinz et Angelino sous le soleil du far West, force est de constater qu’on se prend vite au jeu dès les premières planches de cette œuvre, tant l’auteur a su insuffler à son récit énormément de peps, avec des ennemis à gogo (pistoleros, chasseurs de primes, les Machos...), de l’action et pas mal d’humour plutôt bien senti. Du côté des dessins, Simon Hutt délivre un très bon travail grâce à des traits ô combien dynamiques et des couleurs chaleureuses. Qui plus est, Hutt a opté pour des mises en scènes nerveuses mais qui ne manquent pas de fluidité. Le dessinateur a su reprendre à son compte le graphisme du Mutafukaz originel pour le décliner dans l’univers du western. Et ça marche ! En fin de compte, cette intégrale de Mutafukaz 1886 dans un bel écrin plein de petits bonus fait honneur à cette série dérivée de qualité qui permet d’avoir un regard neuf sur l’univers de Mutafukaz sous un angle nouveau.
Kumiko compte profiter en toute indépendance du crépuscule de sa vie. Mais de sombres démons planent sur elle… Une histoire émouvante sur la fin de vie d’un personnage attachant. Une œuvre hybride entre manga et comics.Bien que le scénario de la canadienne Hiromi Goto (d’origine japonaise) puisse paraître classique au début de cette œuvre hybride – entre comics et manga – on est agréablement surpris par la tournure qu’il prend. En effet, les visions de Kumiko donnent une touche fantastique à l’histoire et c’est très bien amené ! On est de plus en plus pris par l’intrigue et on s’attache également au personnage principal, notamment lorsqu’on en apprend plus sur son passé touchant… Les dessins de l’américaine Ann Xu sont quant à eux très simples, mais ils collent bien à l’intrigue. Quoi de mieux, finalement, que des illustrations simples pour une histoire simple ! Le plus dommage se situe au niveau des personnages secondaires, qui sont certes aussi attachants, mais pas réellement présents au début de l’histoire. On les aperçoit seulement en vitesse, au sein de quelques cases, puis ils interviennent seulement vers la moitié de l’histoire. Au final, Shadow life reste tout de même un bien beau récit, bien illustré et finement amené par les autrices.
Cinquième et dernier tome de Mutafukaz 1886, le reboot à la sauce western de Mutafukaz. Pour l’occasion, Run et Simon Hutt ont mis les petits plats dans les grands !Et voilà, toutes les bonnes choses ont une fin ! Après un quatrième tome plutôt musclé, ce dernier volume de Mutafukaz 1886 a la lourde charge de clore ce reboot à la sauce western particulièrement intéressant. Pour ce faire, le scénariste Run ne fait pas dans la dentelle et termine une bonne fois pour toutes cette uchronie violente des aventures de Vinz et Angelino. Comme de bien entendu, ce récit basé sur l’action sanglante ne fait aucune concession et répond aux intrigues développées précédemment, avec une petite touche d’humour dramatique bien sentie. C’est ficelé comme un nœud de pendu, bravo ! Du côté des graphismes, Simon Hutt ne change pas son fusil d’épaule et délivre des scènes bien travaillées, avec même un aspect épique en fin d’album en forme de baroud d’honneur, qui ne manque pas de fougue. En définitive, ce cinquième tome de Mutafukaz 1886 clôt avec brio ce reboot plutôt bien pensé de Mutafukaz et démontre par la même occasion que l’univers mis en place par Run est plus vivace qu’il n’y paraît. Après Loba Loca et Mutafukaz 1886, l’univers étendu de Mutafukaz prend de l’ampleur et permet de se (re)découvrir sous un angle nouveau...
Environ 4 mois après la sortie du 3ème fascicule, Run et Simon Hutt reviennent en force avec quelques éléments de réponses aux intrigues passées.Quelques mois après la sortie du troisième tome de Mutafukaz 1886 qui décline l’univers de Mutafukaz en plein Far-West, voilà qu’un quatrième volume vient à peine de voir le jour. Et cette fois-ci, le scénariste Run nous en apprend un peu plus sur les pouvoirs d’Angelino et sur les sinistres desseins de son étrange ravisseur. Tout comme pour les tomes précédents, l’auteur développe son histoire en forme d’uchronie, en s’appuyant sur des faits réellement passés pour étayer son récit. De plus, Run met en perspectives sa propre vision de l’histoire américaine, en prenant soin de ne pas toujours suivre les croyances populaires. De fait, la vision idyllique de la liberté et de la conquête de l’Ouest prend sérieusement du plomb dans l’aile ! Du côté des dessins, Simon Hutt continue sur sa lancée et délivre des graphismes tapageurs qui titillent la rétine, à défaut d’être finement travaillés. Ce parti pris colle à merveille avec le récit brut de décoffrage de l’ami Run et ne dénote en rien avec l’univers de Mutafukaz. En fin de comptes, ce quatrième tome de Mutafukaz 1886 apporte quelques éléments de réponse aux intrigues du début de l’histoire et promet que du bon pour la suite !
Une petite compil' d'épisodes qui rendent hommage, à l'occasion de sa 30ème bougie, à une icône underground passée désormais du côté du grand public, option funny. A réserver aux fans hardcore.En 30 ans, Tank Girl a bien changé et cette « anthologie », paradoxalement, ne marquera pas les mémoires tant elle est vide d'épisodes anthologies. Oui, Tank Girl a vraiment changé, tout aussi radicalement que le message qu'elle véhiculait à sa création. Rappelons, pour mémoire, qu'il y a 30 ans, Alan Martin kickait sévèrement the ass d'une couronne dont le prolétariat étouffait sous le libéralisme outrancier de sa dame de fer. Margaret avait trouvé un anti-modèle avec ce personnage jeune et jolie et fatalement issue de la vague punk. Que reste-t-il de cette Tank Girl ? Rien, à part son look et son humour outrancier. Si bien que désormais, elle et ses copines Jet-Girl et Sub-Girl se rapprochent dangereusement d'un Scooby-Doo pour adultes. Oui, c'est fun et rigolo, comme cette histoire qui sert de fil rouge à l'album, entrecoupée de courts chapitres bien délirants, où l'on découvrira comment Booga, le kangourou le plus barjot de l'histoire des comics, meurt, mais pour de faux, comme dans les comics de Supers ! Mais pour le fond, c'est peine perdue, Tank Girl est devenue une entertaineuse à 100% qui n'a rien d'autre à revendiquer que bourriner des zombies ou autres enfoirés. Alors les fans de la série auront le plaisir de retrouver tout un tas d'artistes, comme Brett Parson, Jim Mahfood, Jonhson-Caldwell, Jonathan Edwards, Phil Bond, Greg Staples, Chris Wahl, Ashley Wood et Jamie Hewlett, mais ils regretteront également l'absence d'artistes qui ont compté – on pense à Rufus Dayglo, par exemple... Un album pas trop canon, parce qu'il représente très (trop ?) bien ce que Tank Girl est devenue et éclipse très nettement ses origines.
Clap de fin pour la série. Run le promet, ce recueil de trois histoires est bel et bien le dernier. On vous parlera de Licornes, de fourrure et de désert. Fermez le sac ! Voilà, c'est fini. Dix ans pile-poil de bons et loyaux services, pour des comics bien de chez nous. Et cette Saison 2 sera définitivement la dernière, comme nous l'explique Run dans sa préface. Alors certes, Doggybags avait déjà connu une première fin et son créateur avait remis le couvert, mais cette fois-ci, il nous fait la promesse que c'est définitif. Alors on retrouvera au fameux « courrier des lecteurs », Yuck, Doro, Guillaume Singelin, Florent Maudoux, Mathieu Bablet, Tanguy Mandias, Mud et Jérémie Gasparutto. C'est avec De Monocerote, qu'on ouvre la bal. Nickho revient aux sources du mythe des licornes, petit animal so cute, mais qui ne l'était pas du tout il y a quelques siècles. On en prend plein les yeux, c'est fun et super bien rythmé, Mathieu Bablet ayant travaillé avec la graphiste sur le script et les textes. Puis Tanguy Mandias signe une nouvelle en deux pages, Retour à la maison, manifeste de survivaliste en temps de confinement lors de l'apocalypse virale. Flippant ! Puis c'est dans les coulisses de la politique américaine que nous embarque Birds of a Leather et son récit qui fait appel à l'épouvante de la thiéranthropie. Bienvenus chez les dingues ! Et puis c'est le terrible Ténéré, parabole autour du massacre de Bir El-Garama qui clôture cette dernière rafale. Un bataillon de 90 hommes commandés par un Colonel fut pourchassé par des Touaregs. 12 à peine survivront, en ayant recours au cannibalisme. Un bon et dernier volume !
Vinz et Lino se retrouvent bien malgré eux dans le village des Wampanoags avec la bande de McAbbey à leurs trousses. Autant dire que ça va saigner...Cette fois, ce n’est plus l’heure des palabres ! En effet, pour ce troisième tome de Mutafukaz 1886, qui reprend peu ou prou la trame de la série originelle Mutafukaz, on retrouve Vinz et Lino au sein du village indien des Wampanoags face aux hommes de McAbbey. Et comme on pouvait s’y attendre, ce bon vieux Run s’en donne à cœur-joie dans une surenchère de violence où personne ne sera épargné. Le scénariste est bien à son aise dans son univers et dénonce – encore une fois – la condition des indiens d’Amérique face aux colons du XIXème siècle derrière les oripeaux de l’action pure et dure. En ce qui concerne la partie graphique, Simon Hutt n’a pas changé son fusil d’épaule et illustre à merveille le scénario de l’ami Run. Comme à son habitude, le trait est nerveux et la mise en scène particulièrement bien agencée afin de donner énormément d’énergie à l’ensemble. Ça marche bien ! En définitive, ce troisième tome de Mutafukaz 1886 réussit le tour de force de bien faire avancer son intrigue et de mettre en avant des évènements tragiques, en seulement 32 pages ! Inutile de dire qu’on attend avec impatience la suite des aventures de Vinz et Angelino dans ce western de 1886...
Alors que les USA connaissent une nouvelle guerre civile, des survivalistes sont enfermés dans un char, sur lequel un immeuble vient de s'effondrer. Un huis-clos violent et incroyablement noir.Aucun fan de comics digne de ce nom n'a pu passer à côté d'un DoggyBags. Le concept initial – des recueils d'histoires courtes – a trouvé une extension vers un format long, dont le titre de cette collection dit tout. Mud, qui dit lui-même que Run, le fondateur de la série, est son mentor, se charge d'un scénario qu'on peut qualifier de désespéré. En effet, tout commence avec une fiction politique, celle d'une seconde guerre de cession. Les personnages en présence sont tous des preppers, à savoir des survivalistes. La première scène est toute en action et très vite, le récit vire au huis-clos puisque le commando en question se retrouve enfermé dans leur tank, ensevelis sous quelques tonnes de gravats. Commence alors une longue attente, émaillée par de nombreux incidents entre les membres d'une même équipe qui compte aussi ses blessés. Alors certes, les stéréotypes vont bon train, certes, il y a aussi une belle dose de pathos en guise de drame, mais le crescendo dramatique fonctionne, si bien que la bascule s'opère du bon côté, après qu'on se soit demandé où tout cela pourra nous conduire. On vous dira cependant, et c'est aussi la force de ce volume, que dans une Amérique rongée par la violence et la haine, il ne faudra pas s'attendre à un happy end. C'est Prozeet qui se charge des dessins, bougrement dynamiques et efficaces. Les traits des personnages sont parfois proches de la caricature, mais cela a l'avantage d'accentuer leurs expressions, quand ils sont constamment animés de sentiments extrêmes comme l'angoisse de la mort et les souvenirs qui les hantent. Alors ce DOG n'est peut-être pas un molosse, mais il s'avère tout de même costaud !
Après un premier tome en forme d’uchronie, Run et Simon Hutt remettent le couvert avec un second volume nerveux à souhait ! Yiiiiiiihhaaaa !Il faut battre le fer tant qu’il est chaud ! Dès les premières pages de ce second tome de Mutafukaz 1886, Run et Simon Hutt ont décidé de ne pas faire baisser la pression et de mettre l’action en avant. On suit donc les aventures de Lino et Vinz en proies à de redoutables assassins lancés à leur poursuite. La confrontation sera pour le moins sanglante et rudement bien agencée au fil des planches. En effet, on sent que le scénariste Run maîtrise à merveille son sujet (Mutafukaz, c’est son bébé, après tout) et le bougre ne recule devant rien pour happer le lecteur dans son récit. Du coup, l’auteur alterne entre action pure et dure et quelques notes d’humour, tout en développant en sous texte un véritable plaidoyer pour la nation indienne. De son côté, Simon Hutt reste fidèle à son style avec des crayonnés nerveux et une mise en scène redoutable d’efficacité, notamment dans la tuerie du saloon. Au final, Mutafukaz 1886 T2 est sur la droite lignée de l’univers de Mutafukaz à la sauce western et se permet même quelques incartades plutôt bien amenées sur le sort des indiens et des nations vaincus par les oppresseurs, ceux-là même qui (ré)écrivent l’Histoire...
Un orage électrique qui a produit un rayon lumineux est à l'origine des super pouvoirs que détient désormais Tank Girl. Mais chaque héros a son ennemi et voilà que surgit Bad Seed, alias Barney, sa meilleure copine ! Un nouveau big délire.Tank Girl, c'est l'exemple même de la série underground devenue culte en même temps que populaire. Née il y a un peu plus de 30 ans de l'imagination d'Alan Martin et dessinée alors par Jamie Hewlett, issue d'un fanzine, elle incarne à l'époque le mouvement punk et sert la cause féministe. Tank Girl, c'est un sacré bout de nénette qui vient faire la nique (shocking !) à la Dame de Fer qui gouverne alors l'Angleterre. Car si l'action se passe en Australie, ce qui lui donne aussi un petit côté «exotique», c'est bien la Grande Bretagne conservatrice à qui elle botte le... oui, bon, on ne vous fait pas de dessin... Rebecca Buck devient ainsi, au fil des ans, le symbole anarchiste d'une violence tournée au second degré mais qui contient une réelle part de subversion. Mais que voulez-vous, il y a des lois universelles, comme celle de l'embourgeoisement et le chemin de ce petit bout de nerf a aussi obéi à la règle, succès commercial aidant. Si bien qu'aujourd'hui, Tank Girl continue à botter des fesses, mais sur le registre de la farce et non plus de la rage politisée. Cela ne veut pas dire que son créateur l'a dévoyée : on peut facilement comprendre que trois décennies après, Alan Martin ait aussi un autre regard d’artiste et sans doute l'apaisement qui résulte de la reconnaissance, tout simplement de la réussite de sa création. Alors on se réjouira avec ce nouvel opus qui singe les super-héros de façon assez hilarante. Imaginez de grands costumes répondant à de grandes responsabilités, un jeu comme comme les échecs à chatte, du Shakespeare dans le texte, des burgers végétariens et une météorite qui va s'abattre sur Melbourne et vous avez les éléments de ce grand délire, qui n'a pas d'autre prétention que de divertir. Brett Parson, quant à lui, fait un boulot impeccable. Le bouquin étant imprimé sur un papier jauni qui simule celui des vieux comics, il arrive à intégrer une touche retro à ses graphismes et pousse le vice jusqu'à reproduire des couleurs délavées qui débordent de quelques millimètres des cases, comme un clin d’œil aux veilles techniques d'impression. Ne croyez pas qu'il s'agisse d'un gadget, l'effet est terriblement plaisant. Alors si vous voulez du fun et rien que du fun, un peu d'amour aussi, vous apprécierez cette Tank Girl que nous, on aime Forever !
L’univers de Mutafukaz n’en finit pas de s’agrandir ! Après la sortie de Loba Loca, Run revient en force pour une uchronie poussiéreuse des aventures de Vinz et Angelino, dans les chaudes terres du western.Décidemment, Run est productif en ce moment ! En effet, après les six tomes de la série Loba Loca, en forme de spin-off de l’univers de Mutafukaz, voilà que le scénariste nous propose une sorte de reboot de la série principale à la sauce western. Et même si, a priori, on a du mal à imaginer Vinz et Angelino sous le soleil de Californie de 1886, force est de constater qu’on se prend vite au jeu dès les premières planches de ce comic book (qui rappelle parfois le très bon Horseback 1881 d’Hasteda et Nikho au sein du Label 619). Cette fois, on suit les aventures des deux héros en pleine recherche d’or face à pas mal d’ennemis (pistoleros, chasseurs de primes...) dont les terribles Machos, des entités cosmiques issues de la matière noire de l’univers, et qui sont en train de faire main-basse sur les compagnies minières de Californie. Autant le dire tout de suite, on va avoir droit à de l’action pure et dure saupoudrée d’un humour ravageur, le tout dans un univers où tout le monde à la gâchette facile ! En ce qui concerne les dessins, l’artiste Simon Hutt T s’en tire plutôt bien grâce à des traits ô combien dynamiques et des couleurs chaleureuses. Qui plus est, Hutt a opté pour des mises en scène nerveuses mais qui ne manquent pas de fluidité. L’homme arrive sans peine à reprendre à son compte l’essence du graphisme du Mutafukaz originel pour le décliner dans le monde du western. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça marche plutôt bien ! Au final, ce tout premier tome de Mutafukaz 1886 est très agréable à lire et pose d’ores et déjà les bases de ce que sera la suite de la série : fun et complètement déjantée. Contre toute attente, les personnages de Vinz et d’Angelino fonctionnent à merveille dans cet univers western qui fleure bon la poussière et les balles mortelles. On attend les quatre prochains tomes avec impatience.
Au seuil du monde adulte, Guada part en quête de son père, un catcheur de Lucha appelé El Diablo, avec l'aide du catcheur Tigre. Une quête initiatique pleine d’action, intégrale d’une série de six fascicules.Loba Loca a fait l’objet d’une parution en six fascicules périodiques, façon comics aux US, entre octobre 2019 et juin 2020. Après les périodiques, voilà l’édition intégrale et cartonnée qui sort tout chaud pour Noël, reprenant placidement la couverture du premier épisode, mais avec d’autres couleurs. C’est l’histoire relativement traditionnelle d’une jeune fille en proie à une difficile transition vers le monde adulte… et l’on découvre en même temps qu’elle, au fil de la narration et dès le premier chapitre, qu’elle est la fille du catcheur de Lucha Ultima El Diablo, personnage central de l’univers Mutafukaz de Run. Le scénariste et directeur du Label 619 nous donne ainsi à suivre une quête initiatique en forme de road-trip, entre perte de repères familiaux et choix de destinée – et viva la lucha libre ! Et forcément, entre les introspections qui nous attachent aux psychologies des personnages, il y a surtout pas mal d’action. Si le propos est classique, Run a aussi la bonne idée de relier cette histoire avec les préoccupations des djeunz de notre époque, collés à leurs smartphones pour doublonner leurs vies sur les réseaux sociaux. Run s’est adjoint les services de son compère Guillaume Singelin, pilier de Doggybags. L’artiste montre un style semi-réaliste parfaitement abouti et cohérent tout du long des 6 épisodes, rythmés par un découpage serré et cinématographique, et agrémenté d’un soin pour les détails et une science du mouvement. Le road-trip rock et libre est désormais terminé… mais la porte reste ouverte à bien d’autres développements.
Stress Killers on the Loose. Voilà, tout est dit sur cette nouvelle fournée post-confinement des Boggybags, qui n'a pas muté d'un poil : ça déchire encore. Portraits de tueurs appartenant à des sociétés privées miliaires ou de Monsieur-tout-le-monde-a-un-Run nous le dit d'emblée, ça n'échappe à personne qu'on vit de drôles de temps. Le confinement (pas trop différent de la vie de l'auteur, d'après lui), mais surtout l'histoire de ce virus mondial, le Président qui s'adresse à nous pour dire que la guerre contre un ennemi invisible a commencé. « Nous sommes en guerre »... et le logiciel du scénariste de catastrophe fictive se met en reset... Et puis ce monde... « Quand tout redeviendra à la normale, on ne fera plus jamais comme avant. Il y aura un monde avant confinement, et celui d'après ». En tout cas, une chose est toujours là : c'est Doggybags ! Trois récits, une nouvelle, les petits dossiers qui vont bien et le courrier des lecteurs. La formule est la même et une nouvelle fois, elle tabasse sans pitié le lecteur ! El Puerto et Tomeus ouvrent le bal avec Rotten Heart. En 1994, entre la Sierra Leone et le Liberia, une milice privée occidentale va s'en prendre au trésor de guerre d'une faction locale, emmenée par un leader qui porte la mort en peinture sur son visage. Le temps de se faire bien secouer par l'entrée en matière consacrée au phénomène des Sociétés Militaires Privées et on passe à Tool, récit écrit par Mud et mis en image par Tristan Evin. L'histoire de deux frangins qui, quinze jours après le 11 septembre, ont flingué un flic. Ils étaient armés jusqu'aux dents et on cavalé 24 heures, en blessant 17 autres policiers... Cette histoire des frères Stovall vous glacera le sang, car elle a été écrite du point de vue des armes. Un AK 47 narrateur, c'est effrayant, croyez-nous ! Puis vient la nouvelle, La Coloc de Tanguy Mandias, illustrée par Viizage Montaraza, qui a aussi du mordant ! Avec Real Sociopath ! , on revient en 1995 et à la réalité, avec l'histoire de Mark Winger, ce technicien de la centrale de Springfield qui appelle les secours parce qu'il vient de flinguer en entrant chez lui un type qui a défoncé le crâne de sa femme à coups de marteau. Ces trois histoires, dont deux tirées de faits réels, vous mettent une nouvelle fois une bonne claque et proposent un focus sur le phénomène des armes aux USA. Suspense, frissons & horreur, c'est marqué dessus, et c'est pas du fake. Mais le plus remarquable dans Doggybags, c'est que la violence des histoires est toujours mise en ligne avec celle des sociétés qui ont à la déplorer... ou tout du moins qui l'admettent. Encore une affaire rondement menée dans le sac à Run et ses comparses.
On arrive à la fin du voyage pour Guada et Le Tigre, avec ce sixième tome de Loba Loca qui a la lourde charge de clore le road trip de la fille d’El Diablo au sein de Dark Meat City. This is the end, my only friend, the end.Après un cinquième tome haut en couleurs, qui prenait un virage certain en laissant un peu de côté la quête de Guada en recherche de son père, on se trouve d’entrée de jeu au sein de La Maison des Secrets en proie aux flammes où la belle luchadora va devoir se sortir de ce brasier, rappelant par la même les évènements tragiques de Dark Meat City. Tout comme le volume précédent, Loba Loca T6 tient bien la route au niveau de l’action et de l’histoire en elle-même, mais on regrette un peu que le scénario ait passé à la trappe la recherche du personnage d’El Diablo, qui était pourtant le fil conducteur des quatre premiers tomes. Certes, le passage dans La Maison des Secrets permet à Guada de se découvrir telle qu’elle est et de s’accepter sans être dans l’ombre de feu son père, mais on aurait aimé en apprendre un peu plus sur El Diablo pendant les terribles évènements de Dark Meat City. Du coup, même si ce dernier tome est sacrément sympa, il y a comme un petit coup d’inachevé assez prégnant pour tous les lecteurs qui ont suivi de manière assidu les aventures de Guada. Rien de rédhibitoire, certes, mais on se prend à espérer que ce spin-off de Mutafukaz soit de nouveau exploité par le scénariste Run, tant ce dernier a su titiller notre intérêt ! Comme à son habitude, l’illustrateur Guillaume Singelin réussit le tour de force de mettre en place un découpage nerveux et lisible, ainsi que des dessins d’une remarquable intensité, notamment grâce à un encrage et un jeu de couleurs bien maîtrisés. L’artiste a su parfaitement s’approprier l’univers de Mutafukaz tout en y ajoutant sa propre patte. Joli coup ! Au final, le dernier tome de cette série racée reste un très bon petit comic book des familles, avec tout ce qui faut d’action et de lucha ultima pour ravir les fans de Mutafukaz et même les autres ! Gageons qu’on retrouve la belle Guada d’ici peu et qu’on en apprenne encore plus sur ce personnage décidemment fort intéressant.
On ne change pas une équipe qui gagne ! Le tandem RUN et Guillaume Singelin est de retour avec le cinquième tome de Loba Loca, au cœur du road trip du Tigre et de Guada, sur les traces du passé de la jeune fille...À la fin du tome 4 de Loba Loca, on avait laissé Le Tigre et Guada dans un petit motel perdu vers lequel se dirigeait la bande de Lady Guerrera. Autant dire qu’on attendait avec impatience la confrontation entre les fuyards et les hommes de main de la terrible luchadora et il faut bien avouer que les premières pages de ce volume 5 ne déçoivent pas : elles sont bourrées d’action ! Qui plus est, RUN a eu la bonne idée de développer son récit en intégrant Lady Guerrera dans le road trip de Guada et du Tigre. Du coup, c’est sous forme de trio que la petite équipe décide de se diriger vers Dark Meat City. Pourtant, malgré tous ces éléments intéressants qui s’incorporent au récit, force est de constater que le scénario de ce tome 5 est un peu décousu. Ainsi, on passe un peu trop vite du coq à l’âne entre le récit du passé de Guada, la vie chaotique au sein de La Maison des Secrets et l’entrée fracassante du trio dans ladite maison. En effet, il n’est plus trop question ici d’El Diablo, alors même que le personnage était le fil rouge des précédents volumes et que l’histoire de Guada se construisait autour de l’image qu’elle avait de celui qu’elle pense être son père. Gageons que la suite du road trip recadre les enjeux du récit dans le prochain et dernier tome de la série... Concernant les dessins, on sent que Guillaume Singelin est tout à fait à son aise dans l’univers Mutafukaz et que l’homme prend un malin plaisir à mettre en avant des scènes d’action très lisibles et des planches bien amenées regorgeant de petites subtilités. Qui plus est, les couleurs chaleureuses se prêtent à merveille aux ambiances de ce road trip crasseux. En fin de comptes, ce tome 5 de Loba Loca est plutôt intéressant avec pas mal d’action et son lot d’humour, et même si l’histoire semble un peu se disperser, le duo créatif réussit à nous servir un bon comic book des familles dans l’univers singulier de la lucha ultima !
Encore une brassée de trois histoires courtes et effrayantes, livrées avec une nouvelle. Run et ses comparses s'attaquent au racisme et au complotisme qui gangrènent les USA. Du Bayou au mass shooting en passant par le KKK, make America evil again !15 albums désormais dans le sac mortuaire de la série et le moins que l'on puisse dire, c'est que Run a bien fait de sortir une saison deux. Doggybags était en effet interrompu, la décision d'une fin ayant été prise par son créateur. Et tel un phénix qui renaît de ses cendres, voilà de nouveau ses lecteurs régalés. Qu'on ne s'y trompe pas non plus, le concept ne se limite pas au genre horreur /épouvante saupoudré d'une bonne dose d'hyper-violence. Ce ne serait pas rendre justice au travail de Guillaume Renard et de ses complices que de réduire la série à cela. Ce goupil là, sous les airs de Loup-Garou qu'il aime à prendre, propose en effet un angle d'attaque rusé et habilement mené. Dans cet opus 15, le racisme, la problématique des armes à feu et le conspirationnisme, qui sont la verrue sur le nez des States, deviennent sa cible. Il suffit de lire les notes qui précèdent chaque histoire, la préface et la postface, pour comprendre que Run travaille beaucoup ses sujets et s'inscrit dans une réflexion que les récits servent, sous couvert d'offrir du divertissement. Un brin d'Histoire, un brin de sociologie, de l'action et pas mal d'humour noir sont les ingrédients de ce cocktail molotov en format papier. Un véritable brûlot, qui commence ici avec Manhunt, qui place le lecteur confortablement installé aux pieds d'un black en train d'être pendu, dans cette charmante et exotique contrée du Bayou. Peter Klobcar signe le scénar et les dessins d'un récit en Noir et Blanc en soulevant la question de la monstruosité. Qui du Vaudou ou des néo-nazis doit-on le plus craindre ? S'ensuit L'œil de l'Amérique, une nouvelle apocalyptique de Tanguy Mandias, illustrée par Viizage Monraza, qui passe à la moulinette zombie les symboles pourrissants des USA. Conspi Racism fait du lecteur le témoin d'un carnage causé par un type qui marche dans les pas d'un complotiste vedette de sa propre chaîne de télé. C'est effrayant, parce que ça ressemble à s'y méprendre à ce qui existe vraiment et Ludovic Chesnot excelle à mettre en image le visage hideux des tarés paranos et fanas du fusil mitrailleur. Un récit terrible, tout comme le suivant, qui illustre la maxime « œil pour œil et le monde finira aveugle ». Là aussi, les planches de Jérémie Gasparutto font mouche. Bref, encore un volume qui cartonne et qui envoie du bon, du lourd, du costaud.
Tank Girl est devenue une série continue et s'il y a un peu moins de sauvagerie qu'avant, c'est au bénéfice d'un délire aux vrais-faux airs de grand public. De l'action et beaucoup d'humour déjanté, pour une aventure complètement délirante !
Run et ses comparses remettent ça ! Doggybags c'est reparti pour une saison 2, qui commence par trois récits qui tabassent aussi fort que la grande faucheuse fait sa moisson. Suspens, frissons et Horreur back from the dead !
Sub Girl semble avoir perdu les pédales : elle ne veut plus quitter la bataille en Europe entre Alliés et Nazis ! Tank Girl et ses amis vont devoir la rejoindre en voyageant dans le temps, et les boches vont prendre cher. Un tome absolument jouissif.
Vous aimiez les histoires courtes de Doggy Bags ? Vous aimerez aussi ce one shot, dans lequel deux agents du FBI se retrouvent en pleine cambrousse US. Mapple Square, ces usines abandonnées de confiserie et sa centaine de cadavres...
Trois histoires courtes – et bien des focus didactiques – mettent brillamment en exergue l’ultra violence crasse des rednecks (péquenauds blancs) américains. Bienvenue chez les électeurs de Trump !
Encore un jeune garçon, Odrissa plonge dans l'enfer en devant un enfant-soldat massacrant à tour de bras sous le surnom de Teddy Bear. Seulement, plus il fait couler le sang, plus il a d'étranges visions. Un récit initiatique violent et prenant !
Dix histoires terrifiantes sélectionnées par les lecteurs de DoggyBags s'offrent à vous dans cette anthologie. Terreur, violence et hémoglobine au menu d'une série ravivant l'esprit des EC Comics : culte !