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Sarbacane

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Août
24 août

Les Pissenlits

Premier roman graphique d'une jeune autrice, qui nous replonge avec délice dans la nostalgie de nos vacances d'été lorsque nous étions enfants, en s'inspirant de ses propres souvenirs : amours, amitiés, questionnements et envie d'indépendance. Découverte du travail d'un jeune talent de la bande dessinée : l'autrice Nina Six, qui signe ici son premier roman graphique. En s'inspirant de ses souvenirs d'enfance, elle nous plonge en plein cœur de l'été caniculaire de 2006, et nous rappelle avec nostalgie les tendances de cette époque. Coup de boule mythique de Zidane, Nintendo DS dans les mains des enfants, ou encore téléphones à clapet. On suit la timide Nina, qui observe le monde autour d'elle, et qui va grandir en vivant ses propres expériences. L'esprit des vacances plane sur l'ambiance visuelle et scénaristique de l'album : couleurs chaudes ou aquatiques, l'ambiance du camping et des toiles de tente au grand air, les marchés, la plage, et la saison des amours de vacances. Les illustrations aquarellées et tout en rondeur, apportent un trait « jeunesse » qui colle bien aux personnages des enfants que l'on va suivre dans cette colonie. Elles ont un côté apaisant et enchanteur, et donnent un charme authentique à cette bande dessinée. Côté scénario, on replonge avec délice dans la nostalgie de l'enfance et de nos souvenirs d'été, où nous avons sympathisé avec des amis, où nous nous sommes posé des questions sur l'amour et les premiers béguins, où nous nous sommes autorisé à être qui nous étions vraiment. Paradoxalement, dans une ambiance légère de vacances, l'autrice aborde des thématiques plus dures : la mort et le deuil, l'abandon, la drogue, les migrations de populations. Mais, à l'instar d'un enfant, elle les évoque sans jugement, et sans gravité accrue : ça pourra être une nouvelle entendue à la radio, un échange avec une amie, qui n'empêchera pas les enfants de profiter, ni de parler de sujets plus sérieux et plus adultes.


Scénario : NIna Six | Illustration : NIna Six | Couleur : NIna Six
Chronique sociale
24 août

Al Capone

Comment le petit Alfredo, issu de l’immigration italienne, s’est-il mué en Scarface ? Al Capone raconte son mythe à travers son histoire. A sa manière…Même si sa notoriété est planétaire, la vie d’Al Capone recèle encore bien des mystères. A tel point que ceux-ci nourrissent le mythe de Scarface. Et puisque la frontière entre le réel et l’imaginaire, voire l’inimaginable est fort ténue, Al Capone veut faire croire qu’il s’est érigé en véritable robin des bois. Et même s’il s’est forgé sa réputation dans la contrebande d’alcool et dans toutes sortes d’activités mafieuses, Al Capone se dit être au service des autres. Il est donc bien plus simple et plus logique d’entretenir l’imaginaire collectif en le laissant conter sa propre histoire avec sa propre vision des choses, plutôt que de comptabiliser tous les meurtres dans lesquels il a été directement ou indirectement impliqués. C’est en tout cas l’option choisie par Swann Meralli qui s’est tout de même bien documenté pour réaliser son œuvre (récemment mise en vente, la gigantesque villa d’Al Capone est parfaitement reproduite). Le dessin peut apparaître simple, mais chaque case propose une multitude de détails qui plongent le lecteur au cœur du récit. Le découpage est parfait et comme l’unique auteur a tout réalisé, il parvient à imprimer une cadence soutenue à un récit qui s’étale pourtant sur plusieurs années. Le choix éditorial est judicieux et alimente ainsi la thèse selon laquelle le plus gros gangsters de tous les temps aurait péri à cause de ses troubles psychologiques (hallucinations, paranoïa…). Bref, on se prête facilement et avec fascination à la manipulation orchestrée par le narrateur.


Illustration : Radice
Policier
Mai
4 mai

Louise & Gaspard – De 1945 à 1963

Pendant que Gaspard sert l’armée française à Berlin et en Algérie, sa sœur Louise devient reporter en Indochine et à Jérusalem. L’Histoire des conflits français dans la seconde moitié du XXème siècle, par la petite histoire de la famille Quélennec.Avec l’aide des carnets de mémoires retrouvés dans des archives familiales, Yan le Gat conclut la retranscription BD d’une Histoire des conflits qui ont ponctué la France au XXème siècle, à travers trois générations d’une même famille bretonne, les Quélennec. Ce troisième et dernier volume prend la suite directe du précédent, c’est-à-dire au lendemain de la victoire alliée sur l’Allemagne nazie. La « petite » histoire des Quélennec met alors en scène essentiellement les ados Louise et Gaspard, dont les vocations respectives nous permettent ensuite d’aborder les faits majeurs par le biais didactique idoine. Journaliste de formation, humaniste, progressiste et dotée d’un caractère entier, Louise donne ainsi son avis sur le plan Marshall ou sur la réconciliation avec les collabos. Elle part en reportage sur le front de la guerre d’Indochine et au procès des nazis en Israël. Côté Gaspard, son engagement militaire nous emmène à Berlin Ouest à la veille de l’édification du mur et sur le front de la guerre d’indépendance algérienne, sur fond de jazz et de rock’n roll. Régulièrement, des annotations en bas de page parachèvent l’axe pédagogique, pour une période majoritairement centrée sur les conflits de décolonisation. La grande plus-value de cette trilogie est de parvenir à aborder avec précision – et sans excès patriotique ! – des faits historiques souvent sensibles, sans que la narration principale ne tourne jamais au doctoral. La légèreté du dessin très stylisé de Pierre Fouillet permet de s’adresser à un jeune public, malgré les aspects horribles et kafkaïens de la guerre, au sens général.


Guerre
Avril
6 avril

Morgane Fox

Morgane est gaga de sa série TV, Tony Fox. Aussi, lorsque le flingue de Tony tombe de son paquet de céréales, elle met le cap sur les studios parisiens pour aller le sauver. Une étrange aventure régressive, en guise de première œuvre. Cette histoire d’assimilation à un héros est le projet de diplôme de Louise Laborie aux Arts Déco. Cette jeune autrice est publiée d’emblée par les éditions Sarbacane dans un très grand format cartonné. On y découvre un style de dessin un peu naïf, stylisé avec des proportions fluctuantes, une colorisation prononcée et des personnages qui ont tous des sales bobines, l’héroïne Morgane y compris. Le rythme de narration est néanmoins maîtrisé, qui nous donne à suivre le délire passionné d’une gamine d’environ 12 ans pour son héros de TV fétiche, Tony Fox. Morgane est tellement imprégnée par ce feuilleton de série Z, qu’elle se coupe de tout pour le regarder fébrilement chaque jour. Aussi, lorsque ce dernier s’arrête et que dans le même temps un élément fou de la série (le flingue de Tony !) débarque authentiquement dans sa « life », Morgane décide de devenir elle aussi une aventurière façon Tony Fox. Cet évènement totalement « crazy » est un grain de sable surréaliste dans l’engrenage d’une aventure presque plausible, mais tout de même WTF. De fait, on se perd un peu dans la définition du registre de cette première œuvre, avec une part d’onirisme symbolique et une dimension purement régressive pour « young adult ». Afin d’accentuer le délire hollywoodien, les personnages, qu’ils soient l’entourage de Morgane, les flics ou les professionnels de la TV, ont tous recours à une anglicisation des dialogues à outrance (« Ça se joue en team ! Est-ce que t’es ready ? Garde le smile… »). Bref, ça n’est pas totally convaincant, mais ça promet, à condition de s’appuyer sur un scénario plus strong.


Scénario : Louise Laborie | Illustration : Louise Laborie | Couleur : Louise Laborie
Policier
Février
2 février

Voleuse

Ella se réveille dans son lit après une soirée arrosée, entourée d'objets qui ne lui appartiennent pas... Et la jolie Madeleine frappe à sa porte. Un roman graphique doux et beau, sur l'adolescence et les sentiments amoureux.L'autrice belge Lucie Bryon a précédemment travaillé sur Mini-maîtresse ou Enquête des enfants capables. Elle nous propose cette fois un roman graphique dans un tout autre style, destiné à un public adolescent/jeune adulte. Nous allons suivre Ella, qui est amoureuse de Madeleine, à qui elle n'a pourtant jamais adressé la parole. Elle est captivée par cette fille, qui se trouve dans la même classe qu'elle. Pourtant, après une soirée arrosée, elle va se réveiller dans son lit, entourée d'objets qu'elle a admirés la veille dans la maison où se déroulait la soirée. Elle est persuadée de les avoir volés... Et voilà que débarque Madeleine à l'improviste chez elle ! Nous sommes plongés dans l'histoire dès la première page, et on ne peut s'empêcher de tourner frénétiquement les pages, de vouloir connaître la suite. Le récit est doux, sentimental, mais en même temps violent, à l'image des sentiments adolescents, toujours exacerbés. Il y est question d'amitié, de relation homosexuelle, de cleptomanie et de harcèlement. Des préoccupations contemporaines, traitées avec un aspect « feel good book ». Les illustrations viennent compléter le charme du scénario, et font de ce roman graphique une pépite. On oscille avec un dessin en noir et blanc, le plus souvent teinté de rose. On y retrouve une certaine ressemblance avec les dessins de Mes ruptures avec Laura Dean, avec toutefois des emprunts au manga. Les personnages sont très expressifs, vivants, et la mise en page permet une lecture rythmée et facilitée. Nous suivrons les héroïnes dans une aventure riche en sentiments, et nous verrons leur amour naître, s'épanouir, mais aussi être mis à l'épreuve. Chacune aura sa part d'ombre et de lumière. Ce titre se savoure et nous offre un moment en suspens, comme hors du temps.


Scénario : Lucie Bryon | Illustration : Lucie Bryon | Couleur : Lucie Bryon
Policier
Janvier
12 janvier

Le tombeau du géant

Jacques Peuplier, le détective qui parle aux objets, enquête sur le secret des géants qui vivent dans les égouts de VilleVermine, aux côtés d’une dangereuse secte. Une aventure autonome dans un univers dystopique, esthétique et original.Le monde décalé de VilleVermine est décidément très vaste en aventures potentielles. Dans cet univers ultra urbain, métaphore dystopique et légèrement steampunkienne de notre société contemporaine industrielle, le détective héros peut parler aux objets (et lui seul !). Mais il y a aussi des géants, une secte d’indigents « fleuvistes » qui survit reclus dans les égouts, et encore bien des créatures improbables… C’est un peu à tout cela que se confronte Jacques Peuplier dans cette troisième aventure autonome, dont nous éviterons de révéler le propos central, pour ne rien divulgâcher. L’indépendance, la mélancolie, les rouflaquettes et les boucles d’oreilles de Peuplier lui confère un je-ne-sais-quoi de Corto Maltèse… Mais la comparaison s’arrête là. Dans le décorum des égouts de la ville, Peuplier perce le secret des géants et se confronte aux violents fleuvistes. Le tout est tantôt favorisé, tantôt commenté par les dialogues des objets, dont la gouaille souvent cynique est l’un des atouts de la série. L’autre atout, c’est ce dessin au traits tremblotants, aux proportions souples, à la colorisation grise et glauque, et pourtant d’une cohérence, d’un niveau de détails et d’un équilibre à nuls autres pareils. Cette griffe artistique est rafraichissante, vraiment originale et de mieux en mieux maîtrisée par Julien Lambert, auteur complet sur la série.


Illustration : Julien Lambert | Couleur : Julien Lambert
Thriller
Octobre
Novembre
3 novembre

Clapas

Un groupe de naufragés de la route tombe entre les griffes d’une famille de dégénérés, qui les kidnappent et tentent de les éliminer. Un thriller rural plein de suspens. Dans les gorges du Vercors, personne ne vous entendra crier.Le genre du thriller doit beaucoup à la bêtise crasse des culs-terreux, à l’ignominie morbide des bourrins de campagnes et autres tortures sordides des rednecks-à-la-française attardés. Le cinéma américain a admirablement su faire fructifier le filon (Leatherface, Ozark, Délivrance…). A travers cette aventure rurale en plein maquis du Vercors, l’auteur complet Isao Moutte satisfait admirablement aux poncifs utiles à faire monter la tension. Classiquement, un groupe de gens qui ne se connaissent pas se retrouvent « naufragés », sans réseau, dans un coin de campagne paumé. Classiquement, ils sont embarqués malgré eux par une fratrie de dégénérés et deviennent témoins d’une altercation qui tourne au drame. Evidemment, dans ces conditions, il est hors de question de les laisser repartir… Débute alors un kidnapping et des chasses à l’homme sur plusieurs fronts. C’est certes classique, mais terriblement efficace. Le suspens est ici habilement amené et emmené, la tension monte crescendo sans qu’on ne devine jamais si le personnage principal de Louis va s’en sortir. Une fois accroché (très vite), le lecteur ne peut plus refermer ce one-shot avant la 150ème planche. Le dessin semi-réaliste demeure lui aussi cohérent de bout en bout, complété par une colorisation monochrome de teintes ocre et rouille. Une BD à haute tension, chaudement recommandée par l’office de tourisme du Vercors et la fédération des chasseurs de la Drôme...


Illustration : Isao Moutte | Couleur : Isao Moutte
Thriller
Septembre
1 septembre

François & Josette (de 1870 à 1918)

Fin XIXème, le breton François s’engage dans la coloniale. Il traverse l’Afrique, fait des enfants, sert en Chine, puis sur le front de la première guerre mondiale. Une façon légère et très intelligente d’expliciter 40 ans d’Histoire aux enfants.C’est un siècle d’Histoire de France qui va se révéler à nous, à travers cette série jeunesse prévue en trois volumes qui nous emmèneront, au gré d’une aventure pluri-générationnelle, de 1870 à 1963. Le scénariste Yann le Gall n’a pas eu à aller chercher la documentation très loin : il raconte ici l’histoire de ses aïeux, qu’il romance sans doute un tantinet, afin de les faire correspondre aux étapes de l’Histoire en marche. Le ton est franchement fun et pas du tout professoral, comme l’indique la frise chronologique en page de garde, qui met en face des grandes dates des évènements plutôt fantaisistes et non moins intéressants (« 1914 : invention des feux rouges de circulation aux Etats-Unis »). Dans ce premier volume, nous faisons ainsi connaissance avec François et Josette, sur la période 1870-1918. A travers la destinée du couple, que François retranscrit dans ses carnets, son descendant évoque en effet l’école de Jules Ferry, l’invention de la photographie, la colonisation et ses exactions (la mission Congo-Nil, la révolte des « boxeurs » en Chine), la place de la religion, l’affaire Dreyfus, les découvertes de Pasteur et bien sûr la première guerre mondiale. Le dessin stylisé de Pierre Fouillet se conforme au ton bon-enfant et ajoute encore de la légèreté à travers les trombines caricaturales des personnages. L’album se termine par un cahier documentaire de 8 pages revenant de manière didactique sur les grands évènements évoquées. En somme, voilà le début d’une géniale série historique jeunesse !


Scénario : Yann le Gat | Couleur : Pierre Fouillet
Guerre
Octobre
6 octobre

Le Compagnon de route

Une clocharde est obnubilée par l’idée de conduire un cosmonaute, qu’elle prend pour Youri Gagarine, jusqu’au pied de sa fusée. Un road trip original et imprédictible, emmené par des personnalités abîmées par la vie.Avec ce Compagnon de route, Lucie Quéméner (au scénario) et Tristan Fillaire (aux dessins) nous invitent à participer à un road trip original, légèrement azimuté et totalement imprévisible, qui réunit une pute, une clocharde et un authentique cosmonaute, à destination d’un cosmodrome. Pour des raisons différentes, tous trois sont un peu paumés dans leurs vies et se laissent porter par les circonstances, dès lors qu’elles représentent une lueur d’espoir. Cette histoire ne ressemble à aucune autre, notamment parce que les profils psychologiques des personnages sont suffisamment abîmés par leurs destins tourmentés, qu’ils en deviennent crédibles et attachants. Certes, nous n’irons jamais dans l’espace ; mais oui, il y a des séquences musclées et de l’hémoglobine. La mise en images de Fillaire ne cherche pas les scènes artificiellement spectaculaires. Avec ses petits traits fins, faussement hésitants, comme taillés à la serpe dans l’épaisseur du papier, le dessinateur est finalement assez précis et juste. Il propose surtout un découpage original, avec une multitude de cases de dimensions très variées, qui ose régulièrement des petites vignettes carrées, posées sur la page de manière désordonnée. Jamais trop dense, cette narration souvent muette permet d’insuffler beaucoup de rythme au récit, sur 120 pages qui se dévorent littéralement.


Couleur : Tristan Fillaire
Thriller
Septembre
1 septembre

René·e aux bois dormants

René ne se sent pas à sa place dans la société. Alors, au détour d'un énième rêve, il va partir dans une quête initiatique, et découvrira ses origines. Un roman graphique conséquent et bouleversant.Elene Usdin nous propose un ouvrage conséquent aux éditions Sarbacane, l'un de ceux qui reste en mémoire, qui nous marque par son originalité et son impact. Autrice française, elle s'intéresse à la rafle des années 1960, dont ont été victimes les Native Americans du Canada. Au cours de celle-ci, le gouvernement a commandité l'enlèvement de milliers d'enfants autochtones pour les faire adopter par des familles blanches. Cet événement a eu des conséquences dramatiques : des familles brisées, des répercussions psychologiques chez ces enfants, l'absence d'une culture originelle. Entre rêve et histoire personnelle, Elene Usdin nous révèle le destin de René-e, enfant autochtone adopté par une famille blanche. En perte totale de repères, il va partir grâce au rêve, dans un voyage initiatique, en quête de ses origines, car... il se sait différent. Graphiquement, on est plongé dans un univers coloré, déroutant, dans lequel les codes du réel sont rompus. On a l'impression d'halluciner, on est envahi par une avalanche de couleurs et d'images déroutantes et l'on retrouve un aspect Lewis Carroll dans le traitement. Le grand format permet d'apprécier chacune des pages, qui se découpent comme un tableau, et les paysages naturels sont particulièrement bien réalisés. Un hymne à la différence, à l'importance de ses racines, qui revient sur une partie très violente de l'histoire canadienne.


Scénario : Elene Usdin | Illustration : Elene Usdin | Couleur : Lise Garçon
Contes / Fééries
Août
25 août

Kill Annie Wong

Un tueur à gage est engagé pour buter une cantatrice coréenne… Mais celle-ci chante la même chanson que sa maman. Un petit bijou de thriller urbain, emmené par une narration exemplaire.Le scénariste Swann Merralli nous propose là un petit bijou de thriller, avec tout ce qu’il faut de violence, de corruption, de politiques véreux, mais aussi d’amour. Ça se passe en Corée du Sud, dans une mégapole saturée et… fictive (mais plausible). A travers le dessin stylisé de Gaël Henry, on sentirait presque la moiteur de cet environnement ultra urbain déshumanisé. Pas un horizon dégagé, que des rues sordides et surpeuplées, des ambiances crasseuses et infâmes… à l’image de Madame le Maire, une pure pourriture calculatrice et mégalo. D’un autre côté, son plus sérieux concurrent, Mon-Sik, est encore pire ! Il incarne le vrai méchant de l’histoire. Le plus humain de tous est le personnage central et lunaire d’Enzo, dont le métier est pourtant de tuer froidement sur contrat. Certes, mais il a des circonstances atténuantes : il trimballe de lourds fantômes du passé qu’on vous laissera découvrir. Ce tueur est aussi attachant que peut l’être un enfant. Arrivera-t-il à tuer Annie Wong, celle qui porte la voix qu’il aime tant, celle qui chante la chanson que lui chantait sa maman ? La narration nous embarque très vite, pour ne plus nous lâcher, tout au long des 192 pages ponctuées de crimes, de bastons, de courses-poursuites, de face-à-face tendus. Le dessin encré, légèrement charbonneux, s’accompagne d’une gamme restreinte de teintes en aplats, une combinaison idéale pour magnifier les ambiances nauséabondes. Les amateurs de polars peuvent se lécher les babines.


Policier
Mai
5 mai

Esma

Au sein d’une luxueuse villa moderne, une domestique est témoin partielle, mais néanmoins gênante, de l’assassinat de sa jeune patronne. Un thriller totalement captivant et immersif, signé Lépingle.La vraie valeur d’une bande dessinée se trouve certes au travers d’un bon scénario et d’un dessin réussi, mais avant tout, d’une narration emballante et immersive. Et pour ça, Iwan Lepingle est sacrément doué. Dans le registre du thriller, sa précédente Île sur la Volga s’était déjà révélée incroyablement prenante. De même, avec Esma, vous allez être accro dès la première page. Esclave moderne et domestique d’une vedette de téléréalité, cette jeune femme effacée d’origine turque se retrouve témoin du meurtre de sa patronne… et évidemment une témoin gênante, quand bien même elle n’a pas vu le visage du meurtrier. Une amie voisine tente de l’aider, à travers différentes rencontres et indices, des investigations qui ne portent pas leur nom. Ce biais est le moteur de ce thriller de 150 planches qui se dévore comme un bon polar au cinéma, dans une ambiance bichromique bleutée parfaitement adaptée aux nombreuses séquences nocturnes. Le dessin semi-réaliste légèrement stylisé s’inscrit dans un découpage cinématographique idéalement rythmé et cadré… Bref, encore un excellent polar signé Lépingle, comme on n’a plus l’habitude d’en lire tant que ça aujourd’hui dans le paysage bédéphile franco-belge.


Illustration : Iwan Lepingle
Policier
Avril
7 avril

Ceux qui brûlent

Dans une ville américaine poisseuse, un duo de flics disparates – inspectrice teigneuse et échalas bavard – enquêtent sur une affaire de corps brûlés à l’acide. Un polar avec un zest de bouffonnerie, magnifié par de supers ambiances hard boiled.N’ayez pas peur de l’épaisseur de ce polar « américain » réalisé par le français Nicolas Dehgani, en auteur complet. Son découpage aéré le rend d’autant plus abordable et immersif, que son dessin apporte un petit quelque chose de frais et de nouveau au 9ème art. C’est d’autant plus enthousiasmant que Ceux qui brûlent est la toute première bande dessinée de cet auteur breton, qui a auparavant pas mal œuvré dans le milieu de l’animation et de l’illustration. En somme, voilà un auteur neuf qui apporte du neuf. Dès les premières pages, on est immergé dans un registre presque hard boiled, en raison du caractère sordide de l’affaire (un cadavre bouffé par l’acide) et des situations sombres, étouffées par une ambiance urbaine encaissée, moite et interlope. « Presque » car le personnage looser de Pouilloux (quel patronyme !), échalas maladroit et bavard, brouille la sacralité du genre, en apportant un sympathique zest de bouffonnerie. Pouilloux est un vrai reloud avec ses blagues nulles et son manque définitif de confiance en lui (et sa capacité de l’évoquer !). On se demande bien comment il a décroché son diplôme de flic. Le scénario ne révolutionne cependant pas le genre : l’affaire se dévoile progressivement et classiquement, en s’orientant vers un groupe d’illuminés (on évitera d’en dire plus). La grande plus-value vient bien du découpage et du dessin semi-réaliste, fortement encré, qui montre une admirable gestion des clairs-obscurs et des contre-jours. Pas loin de la ligne claire, le trait se complète d’une colorisation aérographe sur un panel restreint de teintes grises et éteintes – à part la parka rouge de Pouilloux. Les ambiances et la tension idoine en ressortent poisseuses à souhait.


Scénario : Nicolas Dehghani | Illustration : Nicolas Dehghani | Couleur : Nicolas Dehghani
Policier
Février
3 février

Le Goût de la nectarine

Le récit pudique d'une relation amoureuse qui va commencer à battre de l'aile. Un roman graphique touchant, qui aborde avec justesse de nombreux sujets de société.La bande dessinée s'ouvre sur une scène joyeuse et d'extrême complicité entre les trois personnages principaux : Bron, Max et Nessie. Mais peu à peu, les relations dans ce couple vont se détériorer, et avoir une influence bien plus importante qu'elles ne l'imaginaient. Le premier roman graphique de l'autrice d'origine australienne Lee Lai a connu un grand succès lors de sa parution aux Etats-Unis. Et nous comprenons rapidement pourquoi. En effet, Lee Lai manie avec habileté et sans fausses notes des sujets sensibles et d'actualité : l'amour lesbien, la transexualité, le regard des proches sur la différence et leur influence sur notre vie privée, la rupture amoureuse et la force des sentiments. Elle réussit à développer la psychologie complexe des personnages, leurs ambivalences, leurs doutes et leurs espoirs. Face à ces adultes un peu perdus, l'enfant Nessie apparaît comme un personnage positif, qui ne se formalise pas de la différence et des préjugés. C'est une bouffée d'oxygène de voir Nessie enthousiaste, dans ce récit fort, émotionnellement. On découvre comment une relation amoureuse passionnelle peut se déliter, à cause des tourments du couple lui-même, mais accéléré par les regards pessimistes de l'entourage. Le graphisme, atypique, ne plaira certainement pas à tout le monde : les premières pages où les protagonistes sont dans leur monde, et sont transformées, habitées par la force de leur imagination, peuvent rebuter. Il faut véritablement rentrer dans cet univers : une fois que le premier pas est franchi, la lecture devient fluide, passionnante. Les illustrations sont en noir et blanc, teintées de bleu foncé comme nous pouvons le voir sur la couverture. Le découpage systématique de quatre cases par page, permet d'épurer et de simplifier notre lecture, et nous pousse à tourner toujours plus vite les pages qui suivent pour découvrir l'avenir de cette relation. Un récit intimiste et touchant : une véritable ode à la tolérance.


Scénario : Lee Lai | Illustration : Lee Lai
Roman graphique
Mars
3 mars

Mégafauna

Un jeune sapiens effectue un voyage diplomatique chez l’ennemi néandertalien, réputé primitif. Il découvre une merveilleuse civilisation et l’amour. Une étonnante et uchronique quête initiatique, de médiévale-préhistoire !Avec Megafauna, Nicolas Puzenat nous convie à une originale aventure de fantasy uchronique, médiévale et préhistorique. A mi-chemin entre les voyages initiatiques de Charles Darwin (à bord du Beagle) et ceux du Candide (de Voltaire), mais en des temps totalement mélangés, son héros se lance en effet à la rencontre d’une civilisation méconnue et caractérisée comme ennemie, de… néandertaliens ! En des contrées situées au-delà d’une haute muraille digne de Games of Thrones, Timoléon découvre des modes de vies, des sciences, des croyances, des conceptions sociales nouvelles, mais aussi… l’amour. A la fois anthropologue et diplomate, Timoléon rejoue ainsi la partition d’Adam Reith dans le Cycle de Tschaï (le roman de Jack Vance), de Kim Keller dans les mondes de Léo, ou de Marco Polo dans notre authentique Histoire médiévale. Si tout cela est parfaitement inventif et mené, mais aussi dessiné à l’aide d’un trait simple qui va à l’essentiel, voire encore pleinement passionnant, on regrette peut-être que la dimension préhistorique ne soit pas plus exploitée. Finalement, la présence de néandertaliens et d’antédiluviennes espèces animales n’enrichit aucun large propos humaniste. A part peut-être que, potentiellement, les néandertaliens furent jadis une civilisation développée avant de s’éteindre.


Illustration : Nicolas Puzenat | Couleur : Jacques Lamontagne
Mondes décalés
Janvier
6 janvier

Des éclairs dans la vallée

Deux enfants indiens se mettent en quête d’ingrédients spéciaux qui soigneront leur maitresse, sur les conseils de leur papy shaman. Un western contemporain, entre livre illustré et BD jeunesse.Ces Enfants du tonnerre s’inscrivent à mi-chemin du livre illustré et de la bande dessinée, comme le fond souvent les éditions Sarbacane – notamment avec les aventures mythologiques des membres de la Famille Vieillepierre. Ici, le ton est plutôt celui du western, mais alors du western contemporain. Dans une tribu moderne, deux petits indiens s’engagent dans un classique voyage initiatique. Dans le but de soigner la dépression de leur maîtresse, ils doivent en effet rapporter de bizarres ingrédients, à la demande leur shaman de grand-père. Et pour cela, ils surmontent bien des périls – face à un méchant coyote ou sur le flan d’un pic escarpé. Cela fait, ils satisfont enfin une dernière commande du shaman, pour… soigner l’addiction des membres de leur village à leurs smartphones. Cette leçon de morale mise à part – qui enfonce quand même un peu des portes ouvertes sans rien apporter au fond du problème – il faut reconnaître deux gros atouts à cet album : primo, il déborde d’énergie et de bonne humeur ; deuxio, les textes de Guillaume Guéraud sont plutôt bien écrits et parfaitement adaptés à la tranche d’âge (disons) des 8-12 ans. Tout cela sera sans doute un peu trop premier degré pour les parents, qui apprécient d’ordinaire de trouver une seconde lecture, avec un chouya de profondeur, mais cela n’empêchera pas les djeunz d’y prendre un max de plaisir, sans pour autant les convaincre pleinement de déconnecter. Hugh, bande de geeks ! A l’issue de la lecture de cette chronique, écoutez votre shaman : la voie du bonheur se situe ailleurs que dans vos ordinateurs de poche.


Scénario : Guillaume Guéraud | Illustration : Guillaume Guéraud
Western
6 janvier

1984

Surveillé, épié et assouvi dans un monde désincarné, Winston travaille à la réécriture perpétuelle de l'Histoire. Sa rencontre avec Julia bouleverse son existence. Une adaptation parfaitement réussie d'une dystopie célèbre et terriblement d'actualité.Depuis le 1er janvier 2021, les œuvres de George Orwell (Éric Blair dans la vraie vie), mort il y a pile 70 ans, sont entrées dans le domaine public. L'occasion était belle pour les auteurs de bandes dessinées (Jean-Christophe Derrien et Remi Torregrossa pour Soleil, Fido Nesti pour Grasset BD, Sybille Titeux de la Croix et Amazing Améziane pour les Éditions du Rocher) d'adapter son plus célèbre roman, 1984, monument de la littérature d'anticipation, au même titre que Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley (Orwell et Huxley se sont d'ailleurs rencontrés à Eton !). Fan inconditionnel du livre, Xavier Coste s'empare de ce chef d'œuvre avec force, nous plongeant d'emblée dans un univers sombre avec son dessin nébuleux. Le monde qui gravite autour de Winston Smith est composé de silhouettes floutées qui ont perdu leur identité, dans une froideur installé. Au milieu de ce délicieux brouhaha graphique parfaitement adapté, il y a ceux qui marquent leur différence, représentés avec un visage aux contours moins impersonnels : Winston, Julia, Goldstein. Avec subtilité, Coste respecte l'œuvre tout en s'en affranchissant (les habitants de cette dystopie ont dans l'œuvre d'Orwell des costumes bleus, alors que dans la représentation de Coste, tout le monde est en costume cravate) dans un noir et blanc pesant sublimé par une ou deux couleurs à chaque planche : jaune, rouge, bleu... L'ensemble est d'une beauté incroyable. De toutes les adaptations BD, celle de Xavier Coste est sûrement la plus aboutie et celle qui colle le plus à l'âme de ce livre visionnaire. Pour couronner le tout, la fin de l'album, dans sa version collector (limitée donc introuvable), un magnifique Pop-up comme point d'orgue à l'univers créé par George Orwell. « Big Brother is watching you »... En 2021, la réalité a-t-elle dépassé la fiction ? Chacun est libre de se faire une idée...


Illustration : Xavier Coste
Anticipation
Octobre
7 octobre

Odyssée

Lorsqu'un petit bateau de papier prend le large pour parcourir les océans, il entame un voyage aussi merveilleux que dangereux. Un album sans texte aux illustrations fabuleuses.Dans cet album en noir et blanc, sans texte, nous suivons l'incroyable odyssée d'un radeau de papier, qui va entamer un long voyage autour du monde et à travers les océans. Il aura fallu cinq longues années à Peter Van den Ende pour produire cet ouvrage à couper le souffle. Guide naturaliste sur les îles Caïmans, l'auteur s'est profondément inspiré de la richesse de la faune et de la flore, pour en montrer toute la splendeur, à travers un album silencieux. Car même sans un mot, il réussit le pari fou de nous raconter une histoire belle et onirique, qui nous fait voyager et nous plonge dans une profonde contemplation. Les illustrations, précises, foisonnantes de détails, nous immergent dans un univers fascinant, parfois un peu effrayant, où se côtoient des créatures réelles et des monstres marins imaginaires. Il faut parcourir cet album dans le calme, et l'appréhender comme un moment d'évasion et de méditation, que l'on soit jeune ou moins jeune. En utilisant la thématique intergénérationnelle du voyage et de l'aventure, et grâce à de superbes graphismes sans le moindre texte, n'importe qui peut se plonger dans cette lecture, et proposera sa propre interprétation de l'histoire, imaginera ses propres épopées. Et ce livre, tellement minutieux et détaillé, redemandera sûrement plusieurs lectures, qui seront à chaque fois, différentes les unes des autres. Un bien bel ouvrage, composé de plus d'une cinquantaine d'illustrations, qui nous laissera rêveurs, encore plus prompts à savourer les beautés que nous offre la nature.


Scénario : Peter Van den Ende | Illustration : Peter Van den Ende
Contes / Fééries
Août
Septembre
2 septembre

L' Alcazar

A Bangalore, on suit le quotidien d’ouvriers tout au long d’un chantier de construction. Une bande dessinée chaleureuse et sociale qui permet de mieux comprendre la société indienne et ses innombrables particularités.Trois ans après Bangalore, Simon Lamouret nous ramène une nouvelle fois dans la mégalopole indienne avec L’Alcazar. Avec cette fois le parti-pris audacieux de mettre en scène un chantier de construction pour parler de ce qu’est l’Inde aujourd’hui. L’auteur se base sur sa propre expérience, lui qui a vécu dans le pays plusieurs années et qui a suivi pendant plusieurs mois la vie sur un chantier similaire. On prend énormément de plaisir à suivre Mehboob, Rafik, Salma, Ganesh et tous les autres dans leur vie quotidienne sur ce chantier où ils travaillent, mais aussi habitent, pour certains. Pourtant, le vrai personnage central de cette BD est bien l’immeuble en construction, qui permet à une petite échelle de représenter cet immense pays. Du terrain vague des débuts à la résidence aisée bâtie, le temps de la construction sert surtout à aborder un grand nombre de problématiques de la société indienne d’aujourd’hui. Précarité des classes populaires, mariages arrangés, place des femmes, corruption, ou encore cohabitation des différentes cultures, ethnies et religions au sein de la société, sont autant de thèmes qui sont abordés, avec toujours beaucoup de subtilité. En résulte un récit choral chaleureux et humaniste, accompagné par un beau dessin, tout en nuances de bleu et d’orange, qui fourmille de détails. Et que dire de ces superbes doubles pages du chantier en cours qui rythment l’album, et qui donnent une cohérence à l’ensemble. Une belle réussite !


Illustration : Simon Lamouret | Couleur : Simon Lamouret
Chronique sociale
2 septembre

Chinese queer

Tian est jeune, chinois et gay. Malgré ses certitudes, il cherche à se définir et à donner un sens à sa vie. Un récit trash, très poussé graphiquement, qui nous dépeint une jeunesse chinoise en quête d'identité.Ce roman graphique de plus de 200 pages aborde sans filtre la décadence d'une jeunesse chinoise qui cherche à donner du sens à sa vie. Il se peut que les illustrations vous évoquent quelque chose. L'auteur Seven a signé sa première BD, Red Angels en 2016. Dans Chinese Queer, nous retrouvons le même traitement des couleurs vives, presque psychédéliques, travaillées avec de nombreux jeux de lumières qui nous donnent l'impression que les personnages sont toujours dans des endroits sombres éclairés aux néons. Seven a toutefois poussé son travail de l'image encore plus loin, puisqu'ici les personnages ont des visages caricaturaux très expressifs, parfois effrayants. Les cases sont découpées de façon cinématographique et l'architecture y est pointilleusement détaillée. Ces dessins numériques aux couleurs explosives sont également entrecoupés de cases évoquant des images de vidéosurveillance. Le récit, quant à lui, est à l'image du personnage. Queer : mot signifiant étrange, peu commun, bizarre ou tordu. Ce mot résume à lui seul l'ambiance et la psychologie de Tian que nous suivons. Un homme auquel on s'attache difficilement, qui se cherche, qui n'arrive pas à se définir, et qui va plonger dans une vie de débauche et d'excentricité. Une intrigue au langage et aux illustrations crues, violentes, à ne pas glisser entre toutes les mains...


Scénario : Seven | Illustration : Mathou | Couleur : Mathou
Chronique sociale
Octobre
Août
18 août

Après le monde

Les gens disparaissent étrangement. Héli et Selen sont les seuls survivants d'une Terre dévastée après l'apparition de tours lumineuses. Ils s'allieront pour trouver une explication à cette énigme. Une véritable rencontre graphique avec Timothée Leman.La force et la particularité de cette bande dessinée résident dans la personnalité graphique de Thimothée Leman. Son trait singulier se rapproche davantage d'un tableau de maître que d'un dessin de BD académique. Le scénario est singulier : deux enfants en quête d’aventure, sur fond post-apocalyptique, à la recherche de la clé de l'énigme et du dépassement de soi. Il fait ressortir un thème prégnant de l’enfance : faire face à ses peurs, les surmonter et les appréhender de différentes façons. L'imagination de Leman dans ce road-trip onirique enlace la peur, le pouvoir des animaux, la nature qui reprend le dessus sur les humains et les rend esclave... Toutes les libertés scénaristiques sont permises dès lors que le thème du rêve est abordé. Cette haletante histoire d’aventure et de quête de soi nourrit toutefois quelques regrets, notamment sur les flashbacks qui, au final, complexifient le déroulé. Quant à la chute, à la fois classique et surprenante, elle n’est pas sans rappeler, l’espace d’une fraction de seconde Avatar, le film de James Cameron, dans lequel le rêve peut emporter une part de réalité. Soulignons encore l'immense talent de ce jeune auteur, tant dans la construction du scénario que dans la réalisation graphique.


Scénario : Timothée Leman | Illustration : Timothée Leman | Couleur : Marcial Toledano
Anticipation
Mai
Mars
4 mars

Bluesman

Un conducteur de bus voit resurgir son passé de guitariste de blues, et de meurtrier. Un polar musical autour d'un personnage attachant, dans de beaux décors américains stylisés.Avec un dessin presque abstrait, des personnages sans réelle expression, mais des dialogues parfaitement ciselés, Raúl Ariño réussit très vite à nous plonger dans l'ambiance de son histoire de crime caché qui resurgit dans la vie tranquille d'un père de famille comblé. Il ne faut que quelques pages et des décors typiques que Barry traverse au volant de son bus pour donner le ton d'une histoire urbaine quelque part aux Etats-Unis, il y a des décennies. Le dessinateur aime positionner ses silhouettes dans des paysages aux ambiances soignées, avec seulement quelques tons de couleur très bien choisis. L'histoire n'est jamais sombre, quand bien même la toile de fond est celle d'un polar. Le choix narratif s'appuie sur le quotidien du musicien, et comment, petit à petit, il retrouve les sentiments nécessaires pour composer du blues. On retient de belles images et un vrai talent pour créer en quelques coups de pinceau l'atmosphère d'un lieu. Raúl Ariño est un excellent coloriste, dont d'ailleurs on imagine qu'il ne voit l'illustration qu'à travers cette possibilité de fondre les contours et les lumières. Un album original, très vite lu, qu'on a immédiatement envie de feuilleter à nouveau.


Scénario : Raúl Ariño | Illustration : Raúl Ariño | Couleur : Raúl Ariño
Chronique sociale
4 mars

Crépuscule velvet

Trois jeunes gens sont invités par hasard dans une soirée improbable. Rien ne va se passer comme prévu. Ils vont vivre, séparément, des aventures extraordinaires. Un récit complètement déjanté.Trois adolescents normaux débarquent dans une sauterie qui n’est pas faite pour eux, avec des gens riches et déconnectés du monde réel. Ce décalage est bien entendu source de comique, un comique âpre et désenchanté, avec des antihéros projetés dans des situations grotesques, humiliantes. On pense à Sattouf bien entendu, ou à Paracuellos de Gimenez qui est ressorti il y a peu. L’italienne Vitt Moretta met ses personnages dans des situations rocambolesques et ils sont rarement à l’honneur. La situation dégénère rapidement, et elle ne cesse de plonger, le lecteur se demandant quand cela va se terminer. Jamais. C’est loufdingue jusqu’à la fin, avec un final en apothéose. C’est souvent dérangeant, tant certains personnages frisent la misère émotionnelle, mais c’est ce qui rend le propos quelquefois jouissif. Le dessin, simple avec un trait fin, est caricatural, souvent étiré comme dans un souffle. Celui des longues enjambés ou des bras qui n’en finissent pas d’écarter un obstacle, mais aussi celui que le lecteur ne peut jamais reprendre. Les couleurs vives rappellent la farce qui se joue, une farce dure et sans pitié. Un premier one shot ambitieux et sans retenue.


Scénario : Vitt Moretta | Illustration : Vitt Moretta
Chronique sociale
Février
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