Le Goût de la nectarine

Description de Le Goût de la nectarine

Max passe prendre Nessie, sa jeune nièce de six ans, comme d’habitude chaque semaine. Ensemble, avec Bron la copine transsexuelle de Max, elles passent l’après-midi pendant qu’Amanda, la mère de Nessie, travaille. Ces moments constituent pour elles des instants d’intenses retrouvailles, de liberté où fusionnent avec énergie la joie et l’amour. En se retrouvant, elles s’évadent. L’imagination débordante de Nessie les entraîne dans une félicité où les barrières et les codes du monde disparaissent. Mais leur bulle de bonheur est comme d’habitude brisée lorsqu’Amanda appelle pour demander le retour immédiat de Nessie à la maison. Le trio doit alors revenir à la réalité cessant ses escapades sur le champ. Et c’est souvent brutal, Amanda n’appréciant du tout pas que sa fille fréquente Bron. Elle voudrait mieux que sa fille passe un moment en famille, seule avec Max… à qui elle en fait part. Le fait de devoir revenir à la réalité d’un quotidien monotone sans Nessie et les réflexions d’Amanda toujours caustiques pour le couple creusent les différences entre elles et laissent entrevoir les fissures du couple. Ainsi, la décision de Bron va faire imploser le couple : elle s’en va sans prévenir pour retourner vivre auprès des siens (des catholiques) qui l’ont rejetée et ne communiquent plus avec elle depuis de nombreuses années. Cette séparation sera une épreuve pour leur couple ainsi que pour Nessie. Pourront-elles se réconcilier et retrouver la paix ?

Critique de Le Goût de la nectarine

Une relation amoureuse en mauvaise passe racontée ici pudiquement. Un roman graphique émouvant sur plusieurs sujets de société abordés avec justesse. Max, Bron et Nessie, les trois personnages principaux, vivent une extrême complicité dépeinte par une scène joyeuse sur laquelle s’ouvre la bande dessinée. Pourtant, les relations du couple vont peu à peu se détériorer, et influencer grandement le couple qui ne s’y attendait pas. Lee Lai, l’autrice d’origine australienne, signe son premier roman graphique, paru aux États unis et acclamé par le public. La raison de ce succès est simple. Lee Lai sait parler de sujets d’actualité sensibles, sans fausses notes et avec habileté : les relations amoureuses lesbiennes, la rupture d’un couple, la force des sentiments, la transsexualité, les considérations des proches sur la diversité et leur impact sur la vie privée. L’autrice développe bien les personnes dans leur psychologie complexe, dans leurs ambivalences, doutes et espoirs. La petite Nessie fait office de personnage positif, contrastant avec ces adultes désorientés, et qui ne s’embarrasse de préjugés sur la différence. Une Nessie enthousiaste apporte à ce récit fort une bouffée d’oxygène émotionnelle. On voit comment les tourments d’un couple et surtout les regards pessimistes des proches peuvent causer le délitement d’un amour passionnel. Tout le monde n’appréciera pas certainement le graphisme quelque peu atypique : les premières pages peuvent rebuter car les protagonistes y apparaissent transformés, dans leur monde, habitées par la dynamique de l’imagination. Pour que la lecture devienne fluide et passionnante, il faut pénétrer véritablement cet univers. Comme on peut le voir sur la couverture, les dessins sont en noir et blanc, avec une teinte de bleu foncé. La lecture est rendue simple et épurée par le découpage systématique des pages en quatre cases, qui incite le lecteur à tourner les pages suivantes toujours plus vite pour connaître le futur du couple. Un hommage vibrant à la tolérance par un récit touchant et intimiste.