Y-a-t-il vraiment un avenir dans l'élevage des vaches à lait ? L'actualité a tendance à être morose... Il existe pourtant des alternatives. La réflexion sur une nouvelle agriculture est dans l'air du temps. On commence notamment à remettre en cause le système intensif de la production laitière. D'autant plus sur un marché où le coût de production augmente, contrairement au taux de rentabilité. En plus, les animaux consomment des produits chimiques pour éviter les maladies, favoriser la lactation... Sans oublier que des croisements de races ont eu lieu pour en faire des bêtes qui fructifient l'investissement. L'exemple réel de Xavier et d'Emmanuelle, dont se sont librement inspirées Aurélie Castex et Elise Gruau dans ce docufiction, montre que la transition est possible. En plus, ce changement vient de l'initiative d'un banquier, ce qui montre un véritable engagement économique et une révolution générale des mentalités. L'application concrète dans la ferme se fait aussi grâce à l'accompagnement, à l'échange. L'écologie, le respect animal et les finances restent rarement abordés de façon globale et cohérente. L'approche qui est ici faite ressemble à un réel investissement, en mettant de vraies personnes en scène. Au final, passer au bio n'est pas juste une utopie, c'est une réflexion complète, aussi bien dans la réflexion personnelle que dans la pratique du travail quotidien. Nos deux agriculteurs ont dû apprendre à changer la vision de leur métier que leurs parents leur avait transmis. La dessinatrice, grâce à son trait léger et ses couleurs libres, apporte de la proximité, du réalisme et de l'affection, aussi bien pour les bêtes que pour les hommes. A la fin de la bande dessinée, on a envie de croire que faire mieux pour vivre mieux est réellement possible.
En 1999, la journaliste Anne Nivat vit quelques temps en immersion chez les tchétchènes, alors que débute la seconde guerre d’indépendance contre la Russie. Une BD-reportage authentiquement vécue, qui tente de décrypter différents fronts de guerres.Avec Dans la gueule du loup, Anne Nivat, avec l’aide de Jean-Marc Thévenet, tentent de casser les préjugés que les médias ont tendance à nous ancrer autour des combattants islamistes. En cause, les terribles attentats islamistes des dernières années ont durablement généré la confusion sur l’Islam dans l’opinion publique. Ancienne correspondante à Moscou, polyglotte (6 ou 7 langues), Prix Albert Londres (2000), journaliste indépendante (surtout pour le Point), chroniqueuse géopolitique sur LCI, spécialiste des zones sensibles (et accessoirement épouse de Jean-Jacques Bourdin), cette grand reporter et reporter de guerre a la pleine légitimité et l’expérience d’évoquer ce sujet. Elle était à Falloujah en plein chaos de la guerre d’Irak (2004), mais est aussi allée en Afghanistan et à Grozny en 1999, au début de la seconde guerre de Tchétchénie. C’est là qu’elle a rencontré Mahmoud, combattant indépendantiste. Et c’est surtout sa relation de proximité avec ce dernier qu’elle relate à travers cette BD reportage partiellement romancée, qui s’intéresse aussi, mais secondairement au djihad du jeune Abdel. A Falloujah et dans les alentours de Grozny, Anne Nivat se met en scène et fraye avec la mort. Elle ne doit alors sa survie qu’à sa nationalité et à la diplomatie française. Malgré le désir de ne pas prendre parti – question de déontologie – on sent bien que la journaliste plaide pour l’indépendance tchétchène. Il est d’ailleurs dommage que ce récit dessiné n’aille pas au fond de la vulgarisation géopolitique sur ce terrain, afin de donner plus de clés aux lecteurs pour comprendre ce conflit (et les autres… vaste programme !). En même temps, Anne Nivat ne parle que de ce qu’elle connait pour l’avoir vécu, et c’est tout à son honneur de reporter. Le focus est davantage porté sur son dangereux métier, plutôt que sur les conflits à proprement parler. Le dessin est assuré par l’expérimenté Horne, qui n’a certes pas eu une partition aisée. Sur une griffe réaliste encrée et rehaussée d’un lavis en bichromie (avec des associations de teintes souvent osées !), le dessinateur toulousain se borne à mettre en scène majoritairement des palabres autour des tensions ethniques et des sentiments nationalistes.
Moment phare de la libération de la femme, ou comment est née l’idée de proposer le manifeste, que la presse nommera « Le manifeste des 343 ». Rappel instructif d’un combat de femmes contre l’antiféminisme dans les années 70.Hiver 1970, la loi Peyret est à l’étude pour autoriser l’avortement, uniquement thérapeutique. Il faut dire qu’en France, les avortements clandestins se multiplient, souvent dans des conditions précaires, douloureuses, pouvant entraîner de graves lésions, une impossibilité de concevoir, voire la mort. Les femmes veulent être libres et disposer de leur corps. Une journaliste a une idée pour les faire entendre : il s’agira de rédiger un article, un aveu de toutes celles qui ont eu recours à cette pratique pour marquer les esprits et provoquer une crise de conscience sur la gravité de la situation. Ce sera « le manifeste ». Parmi les signataires, Gisèle Halimi, avocate de la cause féminine, Marguerite Duras, femme de lettre, Catherine Deneuve et bien d’autres. Simone de Beauvoir en rédigera l’introduction : Un million de femmes se font avorter chaque année en France.... Cet épisode situé de l’hiver 70 au printemps 71, a fait bouger les lignes en matière de disponibilité du corps humain et du droit à la dépénalisation de l’avortement. Adeline Laffitte et Hélène Strag sont au scénario, et se sont librement inspirées de faits réels. La reconstitution des faits est correcte, de la naissance de l’idée par Nicole, documentaliste au Nouvel Observateur, au combat mené pour arriver à la rédaction et la publication du manifeste, en passant par des phases d’incertitude, la pratique clandestine et ses lourdes conséquences, le rôle des médecins, qui pratiquent des avortements maquillés en fausse-couche, au risque d’être incriminés, est plutôt bien menée. Le graphisme réalisé par Hervé Duphot est sobre, épuré, dans les simples nuances de rouge, donnant à la fois un côté rétro, et par extension, le rouge de la lutte et du sang versé dans la clandestinité. Un ouvrage qui montre la force des convictions, le pouvoir de mobilisation des femmes, et la volonté de combattre les tabous, puis les difficultés rencontrées pour mobiliser les foules. Il permet de rétablir aussi la vérité sur ce manifeste longtemps décrié par les bien-pensants, souvent appelés à tort « le manifeste de 343 salopes », en rappel de la Une de Charlie Hebdo. Pour compléter la lecture, non pas sur le manifeste en soi mais sur l’avortement au début des années 70, Le choix d’Alain et Désirée Frappier ou encore L’évènement de la sociologue Annie Ernaux, et les écrits de Gisèle Halimi. Ce manifeste sera le précurseur à la loi sur la dépénalisation et la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse défendue par Simone Veil à l’Assemblée Nationale, le 26 novembre 1974, par ces paroles retentissantes à la tribune : Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame.
Partir en vacances entre amis... en voilà une bonne idée ! Ou pas... Entre ce qu'on imagine et la réalité, il y a parfois un gap. Rien ne se passe comme prévu, les situations cocasses deviennent des anecdotes dont on se souviendra des années plus tard.L'autrice et illustratrice rennaise Astrid Cornet a débuté avec des illustrations jeunesse et créé des personnages. Elle a travaillé également dans le milieu de la communication et de l’édition puis a débuté sur Instagram en 2018, où elle présente des dessins drôles et des saynètes du quotidien. Dans ce recueil de brèves, elle pointe du doigt avec humour et vérité l'enfer potentiel des vacances quand on ne maîtrise pas tout. Comme souvent, ça partait d’une bonne idée, mais voilà... Cette bande dessinée se décline en plusieurs petits thèmes propre aux vacances, tels que : les préparatifs, le voyage… Son trait précis retranscrit bien les émotions sur les visages. Certaines pages mêlent dessins et photos. Les couleurs vives rendent cette lecture agréable et divertissante. A la lecture, on ne peut pas s'empêcher de repenser au sketch de Florence Foresti « Les enfants en vacances ». Bref, on l'aura compris : rien n'est simple, il va falloir serrer les dents si on a l'intention de rester amis ! Surtout, il faut garder à l'esprit qu’il est envisageable qu'au retour, on ne puisse plus se blairer...
Petit manuel BD à l’usage des célibataires qui pensent trouver l’âme sœur en passant par un site de rencontre. Une analyse fun et révélatrice d’un système trop souvent dévoyé. Ça sent le vécu !L’avènement des nouvelles technologies a ouvert depuis une vingtaine d’années de nouvelles perspectives conjugales. Désormais, il est possible de choisir sur catalogue son âme sœur, de spécifier sans scrupule ses critères, de filtrer le choix d’un partenaire sexuel (ou de vie) en fonction de la fourchette qu’on se donne, entre caractères rédhibitoires et assouvissement de ses désirs les plus intimes. Au départ, l’anonymat et la distance assurent un risque minimum de râteau. Sylvie Albou-Tabart s’est ainsi penchée sur les belles intentions théoriques des sites de rencontres, en s’adonnant volontairement à leur usage… Dans ce petit bouquin, elle retire de ses expériences (et/ou témoignages ?) toute une série d’analyses plutôt fun, mais pas dénuées d’une réelle portée sociologique. Bien en phase, en tout cas, avec l’humour et les mentalités de notre époque. A l’opposée du romantisme à la Flaubert, notre XXIème tend en effet à faire glisser l’art de la séduction, l’ivresse du flirt et autres marivaudages au rang de la consommation rapide et sans conséquence. Et sur tous ces plans, du rêve fleur-bleu à la tragique réalité, il y a largement matière à dériver ! Sur un dessin caricatural tout aussi fun de Camille Burger, l’autrice cible essentiellement les profils mensongers, les pseudos présomptueux ou débiles, les écueils à éviter, le tout nourri de statistiques relativement crédibles. Evidemment, le titre n’en fait pas mystère : sa personnalité féminine écorne sans pitié la gente masculine ; mais n’y voyez aucune vocation castratrice, l’autrice avoue que la réciproque fonctionne tout aussi bien.
Dans l'idée, mettre au monde un enfant est la plus belle chose que peut vivre une femme. Derrière cette « vérité » assénée se cacherait-il une autre réalité, avec moins de paillettes et de licornes ? Enfantement, face B.
Guylaine est moche… enfin elle s’en est persuadée dès qu’elle a pu porter un regard sur elle. Son corps la rebute, elle le trouve disgracieux. Elle nous livre un regard touchant sur cette mauvaise estime de soi, quand la non-beauté devient une obsession.
Comment se réjouir de l’arrivée d’un bébé quand on a perdu l’être qui comptait le plus ? Julie essaie de vivre et se reconstruit en se raccrochant aux souvenirs liés à une maison de vacances. Un récit bouleversant, emprunt de spleen.
En 2000, Julia, une américaine, vit à Paris avec son mari Bertrand et sa fille Zoë. Sarah est déportée en 1942 lors de la rafle du Vel d'Hiv'. Deux vies éloignées qui finissent par se retrouver. Une adaptation BD réussie du roman éponyme.
Alice achète un appartement sur Paris. Or par la force des choses, elle va devoir vivre avec ses parents et surtout une mère insupportable. Un roman graphique noir qui ferait passer votre belle-mère pour une enfant de chœur !
Hortense, une jeune professeur des écoles, commence sa toute première rentrée en ZEP. Mais rien ne se passe comme elle le souhaite. Un album pétillant et drôle, qui finit par s’essouffler...
Yentl Perlmann, une vieille américaine rescapée du Ghetto de Varsovie revient pour la première fois dans sa ville natale pour rencontrer des lycéens et leur raconter l’incroyable histoire des archives Ringelblum.
Banni de France pour faits de délinquance, un algérien tout juste majeur apprend à découvrir un pays et une famille qui lui sont étrangers. Chronique d’un déracinement culturel, sous forme de roman graphique.
La France, terre d'asile. El Dorado rêvé des travailleurs maghrébins des années 60. Chadia est une fille de Tunisiens immigrés. Ils sont 13 à la maison. Un témoignage touchant et drôle, l'histoire de la famille Loueslati.
Une jeune femme, maman et jeune mariée avec une femme, parle de sa vie de tous les jours. Son objectif : faire changer le regard des gens sur l’homosexualité. Un ouvrage d'actualité qui parle d'homosexualité, mais pas que...
Une jeune provinciale fraîchement débarquée dans une grande ville raconte de façon humoristique son parcours amoureux chaotique. Un point de vue féminin sur les difficultés pour se mettre en couple.
Après le blog, la BD pour suivre le quotidien d’une trentenaire un peu boulotte, sympathique et amoureuse. Un album futile sur une emmerdeuse.
Une célèbre chanson nous l'a fait bien dit : « le rouge à lèvres c'est fini, maintenant c'est le gloss » ! Pour les has been, on ne dit plus « Fashion victim », mais Glitter addict. Démonstration en deux temps et trois paillettes, par Diglee
Son homme, sa petite sœur, sa jolie maman, sa meilleure copine… Diglee croque son univers avec humour et vivacité. Du blog à la BD : plutôt bien fait, mais peu innovant.
Du Blog à la BD, pour faire profiter au plus grand nombre son quotidien de femme contorsionniste, obligée de faire vivre toutes celles qu'elle est. Drôle, cash, parfois limite, mais pétillant de vie et au graphisme séduisant.