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Prochain niveau: 2 EXP

Rue de Sèvres

banner Rue de Sèvres

Avril
20 avril

Mauve

Le quotidien de Pome et Verte s'est considérablement dégradé à l'école, ces derniers temps. Depuis l'arrivée de la nouvelle, c'est l'enfer. En disant les maux par des mots, peut-être cela peut-il changer.C'est vraiment un plaisir de retrouver nos petites sorcières en herbe. On avait pu les découvrir et les apprécier au cours de deux précédents tomes. Marie Desplechin n'a pas de limite à son imagination et arrive toujours à créer des rebondissements drôles, amusants et réfléchis. Même si le contexte de la magie est léger, des sujets sérieux sont abordés. Un thème attire surtout l'attention, celui du harcèlement scolaire. Les chiffres des enfants harcelés à l'école n'arrêtent pas d'augmenter. Des enfants vont jusqu'à se suicider tellement la pression est forte. Il faut agir et pas seulement à travers de fausses actions sur le papier pour faire de la communication. L'un des premiers problèmes est l'inaction au sein de l'école. Trop souvent, on prétexte que ce sont des jeux d'enfants ou que l'autre enfant l'a bien cherché. Le dossier est clôt ; la souffrance pour la victime perdure. Elle a intégré qu'il ne faut pas en parler car la dénonciation, ce n'est pas « bien ». Et cela va lui créer des problèmes si on la croit. Quand la parole est enfin libérée, les évènements peuvent alors prendre une autre direction. Le biais de la magie sur un sujet aussi sensible permet de le rendre accessible. La résolution ne se fait cependant pas sans heurts : on va aller ici jusqu'à la construction d'un bûché ! La sorcière a toujours été le bouc-émissaire des problèmes. Il est très important de s'entourer des bonnes personnes sur lesquelles on peut compter quand tout va mal. La solitude et l'isolement ne sont pas la solution. Magali Le Huche apporte une fois encore sa griffe pleine d'espièglerie, de bonne humeur et de fantaisie. Le duo forme une équipe complète qui sait faire réfléchir et sourire tout en respectant le lecteur. Cette adaptation donne aussi envie de lire aussi les romans qui ont servi de base de travail.


Chronique sociale
Mai
11 mai

Mortel imprévu

Après une terrible agression, un couple traverse les monts glacés du Klondike avec un blessé, harcelés par les loups. Un superbe et glaçant road-trip, mariage efficace entre Jack London et Stephen King, proposé par un « p’tit nouveau » dans le 9ème art !Le ton du thriller victorien est donné dès les premières cases de ce joli one-shot… avant que le récitatif proposé par le personnage central d’Edith n’installe un parfum de western. Nous voilà dans le Klondike, aux côtés d’aventuriers chercheurs d’or dans les paysages sauvages d’Alaska. La trame narrative avance vite au début : on replonge alors rapidement dans le thriller glaçant à haute tension, dès la page 18, avec trois pages quasi muettes de sauvagerie pure. Puis dans le cadre de l’hiver particulièrement rigoureux dans ce grand Nord impitoyable, on participe à un long et désespéré road-trip, menacé par des loups rusés et affamés… Soit une aventure que n’aurait pas reniée Jack London, mais qui se termine plutôt par une pirouette façon Stephen King. Ainsi se présente le premier album de bande dessinée d’un « p’tit jeune » de 57 ans, Dominique Monféry, qui est surtout connu en tant que réalisateur de cinéma sous influence Disney. Il a en effet travaillé dès les années 90 sur les films d’animation La bande à Picsou – Le trésor de la lampe perdue, Le bossu de Notre Dame, Hercule, Tarzan, Kuzco, Un monstre à Paris, Comme des bêtes… Un sacré pédigrée ! Pour autant, l’artiste fournit ici une œuvre qui s’adresse plus aux adultes que ne le laisse penser sa production ciné. Son dessin en couleurs directes et au lavis, quasi monochrome, est sublime, très expressif, avec un jeu de lumières (souvent rasantes) épatant. Bienvenue dans le 9ème art !


Scénario : Dominique Monféry | Illustration : Dominique Monféry | Couleur : Dominique Monféry
Thriller
Avril
20 avril

Nettoyage à sec

En marge d’une ville grouillante d’activité et d’une météo abominable, un livreur de blanchisserie humble et désabusé trouve un pactole. Une fabuleuse ambiance urbaine et pluvieuse, au service d’un surprenant polar.Etonnant Joris Mertens ! Après avoir livré l’inclassable et muet Béatrice en 2020, cet auteur complet, ancien décorateur de cinéma, propose cette fois un Nettoyage à sec tout aussi original. Dans un centre-ville bruxellois des années 70 particulièrement sombre et pluvieux, on suit le quotidien rodé d’un employé de blanchisserie, François. La cinquantaine bien tassée, calvitie naissante, costume toujours impeccable, sa vie se résume à : bistro, Lotto, boulot, dodo. Avec son air blasé et tanné de Jean-Pierre Bacri, François n’a d’autre ambition que celle de gagner un jour au Lotto, pour lequel il joue chaque semaine les mêmes numéros. On se doute rapidement que l’idée d’une cagnotte sera importante dans le récit, même si l’intrigue met beaucoup de temps (aux deux tiers de cet album de 150 pages) à se déclencher et à virer au polar. En attendant, on profite d’une ambiance urbaine et humide rendue avec un incroyable réalisme. Les plans de villes, de bouchons de circulations, sur doubles pages, dans des cases géantes, souvent ultra verticales, pullulent. C’est l’immense plus-value de Mertens, de réussir une nouvelle fois ce genre d’immersion puissamment prégnante. Le travail sur la lumière est fabuleux, à renfort d’ombres, de contre-jours, de reflets… Les phares jaunes et rouges des voitures et les vitrines des grands magasins inondent le gris et le noir de la ville, en se reflétant dans les flaques, sur les pavés trempés, sur les rails luisantes du tramway. Les panneaux publicitaires grimpent sur les façades en profusion. La ville grouillante à toute heure est le véritable personnage central de l’histoire, que traverse François. A l’aide d’un trait crayonné souple, rough, expressif et néanmoins réaliste, Mertens raconte surtout ces centaines de détails précis qui rendent extraordinairement crédible le contexte.


Illustration : Joris Mertens | Couleur : Joris Mertens
Policier
Mars
23 mars

Moon

Ce roman graphique prenant nous emmène dans une station balnéaire méditerranéenne, en dehors de la saison touristique, où un groupe d'adolescents tente de tromper l'ennui et de vivre leur liberté.Nouvel album pour Cyrille Pomès, que l'on connaît notamment pour ses titres Le fils de l'Ursari et 9603 kilomètres. Il propose cette fois un titre en auteur complet, mis en couleurs par Isabelle Merlet, qui s'attarde sur le quotidien d'adolescents qui vivent dans une station balnéaire. Il se penche sur leur vie en dehors de l'afflux de touristes pendant la saison estivale, il s'intéresse à leurs activités, leurs questionnements, les épreuves qu'ils peuvent traverser. Nous les suivons tour à tour, dans un destin entrecroisé, puisque tous se connaissent, se côtoient, et vont dans le même collège. Tous sont en proie à des émotions exacerbées, qu'ils ne savent pas toujours comment gérer face à des sujets graves. Il est notamment question de deuil, de violences familiales, de harcèlement, de grossophobie, des dangereux aspects des réseaux sociaux. Il y est surtout question d'émancipation et de quête de liberté, de découverte de soi. Chaque personnage est à la fois insupportable et attachant, perdu mais aussi déterminé. C'est cette palette de caractères qui fait la richesse de l'album, en plus d'aborder un grand nombre de thématiques contemporaines, propres au quotidien des jeunes, et en dressant un tableau de ce que peut être une partie de cette jeunesse. La mise en couleur apporte un côté rétro, « hors du temps », à l'instar de ce que pourront ressentir les protagonistes au moment de la coupure de réseau. Ce roman graphique prenant invite aussi à se questionner sur les façons de profiter de la vie en dehors de nos écrans.


Illustration : Cyrille Pomès
Chronique sociale
16 mars

Ce que nous sommes

Zep nous emmène dans un nouvel univers dystopique et se projette sur ce que pourrait devenir notre société humaine, toujours plus connectée, se détachant de plus en plus des rapports humains et de la nature.Dans ce récit d'anticipation, le personnage principal vit comme l'ombre de lui-même dans une société dans laquelle il n'a pas besoin de fournir le moindre effort pour acquérir des expériences et de la connaissance. Tout son entourage fonctionne comme lui, mais à la suite d'un bug, il va se retrouver en dehors de son monde et de sa zone de confort. Il va découvrir la vie, la vraie. Celle qui implique une distanciation avec les nouvelles technologies, qui implique de vivre ses propres expériences, de ressentir des sensations, de travailler pour acquérir de nouvelles connaissances. Amnésique, ayant perdu toute son identité, il va être accompagné par Hazel, qui va lui faire prendre goût à la vraie vie, qui va l'aider à se reconstruire. Cette dystopie se déroule dans un futur proche, et nous n'avons aucun mal à nous projeter sur une telle issue. Par ce biais, Zep nous questionne : quels sont les dangers auxquels nous sommes exposés ? Que voulons-nous vraiment pour l'humanité ? Apprenons-nous véritablement sans être au contact des autres ? Nous suivons quelques personnages centraux, qui accompagnent Constant dans sa quête d'identité. L'auteur s'attarde sur la psychologie de ses personnages, sur leurs émotions. Avec un trait qui nous est maintenant familier, Zep nous plonge dans un monde froid et détaché, dans lequel les hommes et les technologies n'ont pas réussi à trouver le juste équilibre.


Illustration : Zep | Couleur : Zep
Anticipation
16 mars

L' Espace d'un instant

Manuel assiste à un drame et se retrouve dès lors en état de stress post-traumatique. Pour tenter de le contrer, il va se trouver des points d'ancrage, expérimenter la photographie et se rapprocher de ses amis. Un roman graphique beau et délicat.Ce roman graphique en one-shot de Niki Smith porte un regard tendre et bienveillant sur un adolescent qui va devoir surmonter une période de stress post-traumatique. Cette autrice a précédemment travaillé sur Quelques pincées de désir, dans lequel elle a proposé une nouvelle érotique ; mais aussi sur une série jeunesse Le garçon sorcière. Avec cet album, elle renoue avec le public adolescent, s'intéresse à leurs sentiments, à leur perception du monde. Nous allons suivre Manuel, qui a assisté à un drame visant son enseignante et qui, depuis, se mure dans le silence et la culpabilité, malgré un accompagnement psychologique. La photographie est son refuge, et petit à petit, grâce à un travail de groupe, il va s'ouvrir, se libérer et réapprendre à faire confiance à ses amis, qui seront là pour le soutenir. Le graphisme est doux et nous plonge dans un monde rural apaisant, où il fait bon vivre. Si cet isolement aurait pu être difficile à vivre pour le groupe d'adolescents, ils vont y trouver une grande liberté, et de nouveaux centres d'intérêts. Les illustrations sont entrecoupées de passages en noir et blancs, brutaux, lorsque Manuel est sujet à ses crises d'angoisse et qu'il se déconnecte de la réalité. Son ressenti est parfaitement retranscrit et permet au lecteur de véritablement vivre ce stress post-traumatique. Ce très beau roman graphique s'adresse autant aux jeunes adolescents qu'aux adultes.


Scénario : Niki Smith | Illustration : Niki Smith
Policier
Février
16 février

Cadres noirs T1

Après quelques années de galère au chômage, un ancien cadre est prêt à tout pour retrouver du travail, même à jouer un rôle qui pourrait mal tourner. Nouvelle adaptation BD très réussie d’un roman de Pierre Lemaître.Après Au revoir là-haut, Couleurs de l’incendie et Brigade Verhoeven, c’est un nouveau roman de Pierre Lemaître qui est aujourd'hui adapté en BD chez Rue de Sèvres. Ce roman a déjà connu une adaptation TV sous le titre Dérapages, avec Eric Cantona dans le rôle principal. Le premier de ces 3 volumes nous met très rapidement dans l’ambiance : dès les premières cases, le héros ensanglanté est embarqué de manière musclée par les hommes du RAID. Cet homme est Alain Delambre : c’est lui qui raconte son histoire. Après avoir réussi professionnellement, il se retrouve au chômage à plus de 50 ans et se voit contraint de faire des petits boulots dans une boîte où il est humilié. Quand une grande entreprise retient sa candidature, il est alors prêt à toutes les compromissions : trahir son épouse, estoquer de l’argent à sa fille, et surtout jouer un jeu de rôle cynique et malsain. Ce thriller dénonce le manque de moralité de certaines grandes entreprises, avec un management toxique, et il est des plus captivants. Les personnages ont de l’épaisseur, ils sont intelligents et sombres. Si on peut avoir de l’empathie pour Delambre qui devient le jouet d’une multinationale après avoir connu des années de descente aux enfers, il est loin d’être un individu totalement vertueux, c’est d’ailleurs ce qui le rend attachant. Les rebondissements sont nombreux et dans cette première partie certains éléments habilement disséminés laissent à penser que le lecteur n’est pas à l’abri de retournements de situation surprenants. Graphiquement, la copie de Giuseppe Liotti est remarquable : un découpage dynamique, un trait semi-réaliste extrêmement plaisant avec des personnages bien campés.


Thriller
Octobre
13 octobre
Mars
24 mars

La pierre de mémoire

Hanté par son passé qu’il ignore, Lancelot part en quête de ses origines. Cela passe par moult épreuves et la recherche de la pierre de Mémoire. Une aventure jeunesse classique d’heroïc-fantasy.Ces aventures de Lancelot prennent la suite directe de celles que les jeunes lecteurs ont pu suivre à travers la série Aliénor (5 tomes parus, chez le même éditeur). Présenté comme un one-shot – mais peut-être donnera-t-il lieu à une seconde série ? – cet album met en scène le célèbre futur chevalier de la table ronde, enfant, à la recherche de ses origines. Car son passé le hante tout autant que sa nature future – des cornes de korrigan sont en train de lui pousser sur la tête ! Aliénor fait évidemment toujours partie du casting, mais le personnage principal est bel et bien Lancelot, cette fois. Et très classiquement dans le registre de l’heroïc-fantasy, sa quête des origines passe par toute une succession d’étapes intermédiaires : un druide, une bibliothèque, un château incendié à retrouver, puis une pierre de mémoire… Bref, il y a là toute la dose d’aventure qui siéra aux jeunes lecteurs. Au dessin, Thomas Labourot déroule cette griffe dynamique qui lui est propre et proche du manga. Ses paysages et décors sont enchanteurs, mais on note une tendance à la confusion dès lors que son trait stylisé se la joue en macro-plans sur des détails des personnages (ex : 4ème case de la p.11, ou avant-dernière de la p.16… kéceussé ?). Cela est heureusement sans conséquence sur la compréhension de l’histoire.


Couleur : Thomas Labourot
Contes / Fééries
24 mars

Les Chimères de Vénus T1

La comédienne Hélène Martin accompagne le duc de Chouvigny à bord de l’Excelsior en partance pour Vénus. Elle espère retrouver là-bas Aurélien, son fiancé condamné au bagne. Un premier tome exaltant, prémices d’une grande aventure Vernienne.Galvanisé par le succès de la série fantastique d’Alex Alice, Le Château des étoiles, il n’en fallait pas moins aux auteurs Alain Ayroles et Etienne Jung pour imaginer une série parallèle directement inspirée de cet univers surprenant, un XIXème siècle à l’ambiance fortement vernienne. Ainsi, Les Chimères de Vénus annoncent une aventure sur la planète... Vénus, une planète hostile que se partagent les britanniques et les français, peuplée de dinosaures antédiluviens. Ayroles construit son récit sur une grande aventure d’exploration d’une planète finalement bien mystérieuse, mais aussi sur une histoire de cœur. La belle Hélène use de ses charmes sur le duc de Chouvigny, afin qu’il l’emmène sur Vénus dans le seul but de retrouver son fiancé perdu. Hélas, tout n’est pas rose sur cette planète hostile. Sa jungle dangereuse et son océan furieux cachent certainement un autre mystère, bien plus surprenant, qui vont mettre à mal tous ceux qui s’y aventurent. Etienne Jung propose quant à lui un dessin simplement impeccable, parfaitement dans l’ambiance de ce récit fantastique. L’impression de voyager dans un dessin animé se fait presque sentir. Les influences graphiques sont certes nombreuses, chacun pourra y trouver une inspiration d’un roman, d’un film ou d’un dessin animé, mais le résultat est là. On se laisse embarquer dans ce périple spatial sans pouvoir en sortir. Une épopée réussie au suspens bien pesé, qui ne réclame qu'une suite, vite !


Illustration : Etienne Jung | Couleur : Etienne Jung
Science-Fiction
Août
25 août

Le comité

Manfred Fürbringer est l'objet de toutes les convoitises, aussi bien du côté américain que du côté des russes. Les espions et agents secrets sont sur le pied de guerre pour le capturer. Suite et fin d'un diptyque passionnant de bout en bout.Avec La guerre invisible, Frank Giroud montre une nouvelle fois son art scénaristique, dévoilant les arcanes de la guerre froide à travers les destins croisés de ces agents de l'ombre. Cet ultime récit de l'auteur décédé en 2018 montre son goût pour le récit d'espionnage : la guerre invisible est la même histoire racontée de deux points de vue différents. Ce qui permet, à la lecture de ce second opus, de mieux comprendre les ficelles du premier. Les deux récits se recoupent pour nous offrir un final exaltant où la fin justifie les moyens et où les ennemis ne sont pas toujours ceux que l'on croit. Homeland n'est pas très loin, rien de bien étonnant chez cet homme féru de séries à suspense et de thrillers. Olivier Martin propose un dessin à la fois semi-réaliste et élégant, dans des situations d'intrigue tendues et des scènes d'action où la cruauté est au rendez-vous. L'atmosphère du récit est parfaitement maîtrisée, passant par un découpage rythmé et des couleurs bien rendues. Un dernier mot pour rendre hommage à Frank Giroud, l'un des plus grands scénaristes de la planète BD... qui a inspiré de nombreux auteurs et que l'on n'est pas prêt d'oublier, pour sa bienveillance naturelle. Replongez-vous dans ses plus beaux faits d'armes : Les oubliés d'annam, Le décalogue, la fille aux yeux d'ibis, Azrayen', Quintett...


Espionnage
Juin
9 juin

Arsène Lupin, les origines

De la maison de redressement à la haute société, le parcours du jeune Arsène Lupin, qui ne portait pas encore son patronyme. Réédition en intégrale d'une bio imaginaire plutôt réussie.Imaginer une jeunesse au personnage d'Arsène Lupin est un exercice original, qui confirme la passion de nombreux auteurs pour le personnage de Maurice Leblanc. La publication en intégrale des trois tomes de cette biographie imaginaire nous emmène à la fin du XIXème siècle et joue avec des mythes classiques de l'époque, des bagnes aux sociétés secrètes. Il ne faut pas penser plonger réellement dans des aventures de gentleman cambrioleur, les auteurs réussissent à évoquer de premiers exploits mais ils le font très tard dans le récit, et se focalisent vraiment sur la manière dont le jeune homme deviendra adulte. Les épreuves qu'il traverse sont initiatiques, il passera par des amitiés trahies, des rivalités amoureuses et la confrontation avec la violence et l'injustice de la société de son temps. Le récit se décompose en trois époques que l'on traverse avec curiosité. Et un petit peu de concentration, car il se passe beaucoup de choses dans cet album épais. Le dessin de Christophe Gaultier et les couleurs de Marie Galopin se complètent bien : de beaux aplats uniformes sur un trait fouillé. Au final, la lecture est plaisante et offre quelques moments visuellement très réussis. Les passionnés du personnage ne regretteront pas d'ajouter ce petit pavé dans leur bibliothèque lupinesque.


Policier
Mars
24 mars

Idiss

Destin de vie de la grand-mère de Robert Badinter, une moldave qui a fui les pogroms pour venir s’installer à Paris. Biographie d’une femme juive à travers les horreurs du début du XXème siècle.Personne ne connait Idiss, mais beaucoup connaissent son petit-fils : Robert Badinter. Le garde des sceaux de François Mitterrand, qui permit l’abolition de la peine de mort en 1981 grâce à un vibrant et célèbre plaidoyer, a tout d’abord raconté l’histoire de sa grand-mère d’origine juive ashkénaze dans un roman, un bel hommage mémoriel à son aïeule. Aujourd’hui, c’est son jeune collègue Richard Malka (l’avocat de Charlie) qui adapte la chose en bande dessinée, puisqu’il est également scénariste en 9ème art. Fred Bernard complète le casting au dessin, à l’aide de son trait stylisé en pattes de mouche, plutôt d’obédience enfantine. Ainsi l’histoire d’Idiss a tous les atours d’une histoire jeunesse – du style graphique au ton narratif – bien que l’histoire de cette mère-courage soit ponctuée de drames, à la mesure de ce que fit subit le début du XXème siècle aux juifs. Désœuvrés, Idiss et sa famille fuient les pogroms de Moldavie au début du XXème siècle, pour venir s’installer à Paris. Son mari devient tailleur dans le Marais, mais il meurt relativement jeune et la famille subit dès lors la montée du nazisme. Elle meurt durant la seconde guerre, alors que la majorité de sa descendance a dû fuir en zone libre pour échapper aux rafles. Cette histoire personnelle, belle et émouvante, remet en lumière les atrocités du début du XXème siècle envers les juifs. Un minimum de connaissances historiques et de notions sur l’antisémitisme réservent la lecture plutôt aux plus vieux des plus jeunes.


Scénario : Robert Badinter | Couleur : Fred Bernard
Guerre
Avril
14 avril

Mission Los Angeles

Katryn et Valdo refont un binôme d'Optic Squad, pour protéger un candidat à l'élection présidentiel et son programme « Immunocard » (trop ?) ambitieux. Second volet d'un thriller d'anticipation dédié aux biotechs et à l'action... explosive.Pour rappel, les Optic Squad sont une unité d’intervention d’élite du futur, qui utilisent des technologies aujourd’hui prometteuses (nano-drones, implants de bio-caméras, systèmes d’auto-analyse en temps réel, apports pharmaceutiques bio-intégrés…) mais tout à fait efficientes en l’an 2098. Derrière ces excitantes intentions d’anticipation, Sylvain Runberg avait scénarisé un premier tome « de présentation » explosif et riche en action. Le duo mixte de héros démantelait alors un réseau de snuff-movies (beuargl). L’auteur monte encore d’un cran dans le bourrin et la grandiloquence dans ce tome 2. Cette fois, il s’agit de protéger un candidat à l’élection présidentielle d’un complot majeur, un candidat qui promeut une SéCu 2.0 : l’immunocard ! Ce système ambitionne le diagnostic et le traitement en temps réel des patients (ou plutôt des électeurs ?). Ou comment les progrès des bio-tech peuvent facilement et gravement dériver sur le plan de l’éthique. Pour autant, l’infiltration des optic squad dans ce milieu tourne vraiment au carnage, tant au niveau des exactions guerrières (ça culmine à partir de la p.54, lorsque bazzokas, drones et avions de combat aboutissent à l’effondrement d’un building et un incendie massif), que de la psychologie des personnages à la fois sommaire et… ardue à pénétrer. Le dessin de Stéphane Bervas a beau être réaliste, dynamique et détaillé, il s’accompagne d’une froide distance entre les dialogues (abondants) et les personnages (difficiles à bien distinguer entre eux). Bref, c’est totalement grandiloquent et rocambolesque… sans compter qu’un complot peut en cacher un autre, qui nous donne rendez-vous dans un futur tome 3.


Anticipation
Janvier
27 janvier

L'agence

Un ancien ingénieur nazi spécialisé dans les systèmes de guidage des fusées V2 est recherché pour être exfiltré par la CIA. Une guerre invisible qui trouve un écho singulier dans le dernier combat mené par Frank Giroud contre un adversaire invisible.La guerre invisible est l'ultime scénario écrit par Frank Giroud, qui nous a quittés en 2018. Cet auteur figure parmi les plus importants du 9ème art, avec des séries emblématiques comme Louis La Guigne, Quintett ou Le Décalogue, et des one-shot marquants comme Les oubliés d'Annam ou La fille aux ibis. Lire son dernier récit édité à titre posthume (supervisé par sa veuve, la scénariste Virginie Greiner) suscite donc une certaine émotion. Il s'agit d'ailleurs bien d'une intrigue d'espionnage (dans la lignée de The Americans ou de Homeland) typiquement Giroudienne, avec en point de départ, un fait historique méconnu. En effet, beaucoup de nazis se sont exilés au Brésil ou en Argentine, mais aussi, on le sait moins, en Égypte. Autour de ce sujet, il brode une histoire palpitante avec la qualité narrative qu'on lui connait, multipliant les temps d'action et les temps d'échange entre protagonistes. Au dessin, Olivier Martin, accompagné par les couleurs de Gaétan Georges, nous immerge dans un style graphique réaliste et dynamique, au cœur d'une époque peu représentée en BD : l'Égypte des années 50. Frank Giroud avait développé les synopsis et les découpages des deux titres suivants. Ceux-ci seront finalisés par Laurent Galandon, avec lequel il avait co-écrit L'Avocat, Le Comité (consacré au KGB) et L'institut (relatif au MOSSAD). À noter, le travail formidable réalisé sur les pages de garde entièrement écrites par l'auteur disparu...


Espionnage
Octobre
28 octobre

Entrailles

Pour punir un des hommes responsables de la mort de sa mère, Emilie fait fuir les hommes du Klan qui s’en prenne à un couple afro-américain. En plus de la Pinkerton, les hommes du KKK sont aux trousses de la La Venin.Dans ce nouvel opus, Emilie se dirige vers sa nouvelle victime. Le troisième tome de La Venin commence avec une rencontre fortuite avec la société secrète du Klan. Après le dernier Lucky Luke (Dans le coton), c’est à Emilie de se frotter au Ku Klux Klan. De nouveau, la jeune femme ajoute à sa liste de poursuivants une ennemie redoutable. Après la fille du gouverneur qui a mis sa tête à prix, l’agence Pinkerton, le Klan se lance aux trousses de la jeune femme, sans parler des coyotes aux foies jaunes appâtés par la mise à prix. Comme dans le Lucky Luke, le scénario reste très factuel concernant le KKK. D’ailleurs, ils n’ont pas une grande place dans l’intrigue principale. Heureusement, la jeune femme peut compter sur le fameux mystérieux indien qui se dévoile un peu plus dans cet album. Laurent Astier fait un grand pas dans l’intrigue principale. Ce nouveau tome n’est pas avare en révélations et de nombreux lecteurs seront surpris de ce qu'ils apprendront dans cet opus. Le scénario est mené avec beaucoup d’entrain et le suspens monte d’un cran. Car avec ses différentes exécutions, La Venin n’arrive pas incognito dans le fief de Oil Town. Au niveau du dessin, Laurent Astier nous offre une virée de la boue des derricks de l’Ouest jusqu’aux riches villes de l’Est. Dans un style semi-réaliste, Laurent Astier éblouira le lecteur de sa parfaite maîtrise du détail. Les planches sont réellement superbes et l’immersion est garantie. Ce nouvel opus est dans la même veine que les précédents, pour le plus grand plaisir des amateurs de la série.


Illustration : Laurent Astier | Couleur : Stéphane Astier
Western
Juin
10 juin

Vent mauvais

Béranger quitte Paris et s’installe à la campagne, à côté d’éoliennes. Sa rencontre avec la singulière Marjolaine l’apaisera un temps, puis une succession de contrariétés auront raison de lui. Un tome saisissant sur bien des contrastes.Cati Baur nous livre un œuvre singulière, qui se déroule au fil des saisons. Crise de la quarantaine sur fond d’éolienne, le scénario n’est pas banal. L’évolution des personnages est intéressante. D’abord, la reconstruction d’un homme, Béranger, à un moment charnière de sa vie sur un plan professionnel et personnel, puis, sa descente aux enfers, pour, au final, commettre un acte répréhensible. Il lui faudra vraiment toucher le fond pour en extraire son meilleur scénario : Vent Mauvais. Cela permettra aussi à Marjolaine, qui évolue à ses côtés en le soutenant, de se réaliser. Des thèmes tout en contraste et paradoxe jalonnent ce one-shot, imbriqués dans un scénario harmonieux. Les éoliennes positionnées juste en face des habitations, souvent source de conflit, de bruit, allant jusqu’à engendrer la maladie, la mort et la violence. Le couple et l’engagement. La différence au sens large : de mode vie, d’habillement, de style, de loisirs, de corpulence, de morphologie... et la difficile acceptation de cette différence par nos contemporains. Les problématiques liées à l’adolescence et aux parents vieillissants … une vie dont on rêve et qui ne se réalise pas. Enfin, et non des moindres, toucher le fond pour en extraire le meilleur, et changer ce qui peut l’être par la force des choses.Un tome qui se laisse lire avec plaisir, qui, malgré une dimension bouleversante, nous prouve que le bonheur ne se trouve pas toujours dans la Capitale, mais parfois, simplement dans le pré, autour d’une partie de Scrabble® (à condition d’avoir les vitres fermées pour ne pas entendre le bruit lancinant des éoliennes !). Graphiquement, nous louerons les efforts réalisés sur les pleines pages saisonnales par une belle recherche de couleur et une application certaine sur le trait.


Illustration : Cati Baur | Couleur : Alice Charbin
Chronique sociale
Février
19 février

Calpurnia T2

Au grand dam de ses parents, Calpurnia passe le plus clair de son temps avec grand-Pa, avec l'idée de devenir naturaliste. Une fable féministe dessinée par la merveilleuse Daphné Collignon et destinée à tous ceux qui veulent accomplir leurs rêves.Calpurnia est une jeune fille qui rêve d'autre chose. Elle veut aller à l'Université plutôt que d'avoir un mari, des enfants et faire de la cuisine ou de la broderie toute sa vie. À l'aube du XXème siècle qui s'ouvre à elle, Calpurnia souhaite changer le cours de sa vie. L'adolescence qui pointe le bout de son nez est le moment rêvé pour s'envoler de ses propres ailes. Mais les conventions sont tenaces, surtout en cette fin de XIXème siècle. Bien adapté par l'autrice de Tamara de Lempicka, ce deuxième tome de Calpurnia à la tonalité contemplative montre tout le chemin parcouru par les femmes et aussi par la même occasion, celui qui reste à parcourir. Les femmes scientifiques ne sont pas monnaie courante et Calpurnia, sous la houlette de son grand-père se passionne par la nature, les insectes et les plantes. Le dessin doux et voluptueux de Daphné Collignon illustre parfaitement cette fin d'époque et le début d'une nouvelle ère. Le trait est délicat avec des visages de femmes envoûtantes et expressifs (inspiré sûrement de l'expressionnisme allemand) et les couleurs s'avèrent douces, reflétant les désirs enthousiastes d'une jeune fille durant un été lourd et pesant. Au final, c'est un vent de liberté qui souffle, ouvrant le champ des possibles.


Illustration : Daphné Collignon
Chronique sociale
19 février

L’enfance de l’art

Le quotidien solitaire d’une riche fillette anglaise sous l’ère victorienne, qui joue les naturalistes au contact des petits animaux de son entourage. Adaptation d’un roman jeunesse lui-même extrapolé de la jeunesse fantasmée de Beatrix Potter.A l’origine, Miss Charity est un personnage de roman jeunesse, animé par Marie-Aude Murail. La fillette est l’enfant unique d’une noble famille britannique établie dans une demeure cossue de la campagne anglaise victorienne (1875). Or vue l’époque et le lignage, elle se doit évidemment de respecter un carcan éducatif particulièrement étriqué et drastique. C’est le contraste entre cette éducation rigoriste et son caractère curieux et frondeur qui fait tout le sel de ses aventures domestiques. Car ses aventures en question ne l’emmènent jamais aussi loin que celles de son contemporain Robert-Louis Stevenson ! Tout au pire voyage-t-elle jusque chez ses cousins, dans un manoir proche… Pour tromper sa solitude et ses insupportables obligations, Miss Charity trouve plutôt l’aventure dans une approche darwinienne de la vie alentours, et en cela elle se rapproche des expérimentations d’un autre de ses contemporains. Charity élève en effet – plus ou moins bien – tout un tas de petits animaux des champs – hérisson, souris, poussins… Et elle se découvre une réelle passion pour les dessiner. A l’origine de ce personnage attachant, Marie-Aude Murail a en effet imaginé ce qu’aurait pu être l’enfance de Beatrix Potter, la célèbre autrice et illustratrice de Pierre Lapin. L’adaptation de l’adaptation est ici réalisée par un duo rompu aux œuvres jeunesse : Loïc Clément au scénario et Anne Montel au dessin (Le temps des mitaines, Chaussette, Les jours sucrés…). A partir de cette matière première de première bourre, le duo n’a pas à forcer beaucoup son talent. Réparti en « sketchs », le quotidien de Charity prend place, via un dessin stylisé et complété de pastels, dans un découpage sans bordures de case. Le verbe soigné, littéraire, ainsi que la truculence des inventions de la gamine, se révèlent la principale plus-value de ce premier tome de 120 planches.


Couleur : Anne Montel
Contes / Fééries
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