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Les Humanoïdes Associés

banner Les Humanoïdes Associés

Août
24 août

L'homme est bien petit

Deuxième livraison vintage pour le glorieux Métal hurlant revival. Où l'on explique ce qui n'est plus. Fascinant.Sous sa couverture très Rodienne (le penseur de Rodin remplacé par un robot féminin bondage tenant un petit homme), ce nouveau numéro reprend l'illustration de couverture de l'album Ténébreuses affaires de Nicolet, paru en 1979 aux Humanoïdes associés. Compilant la crème de ce qui a été publié à l'époque dans les numéros 3 (1974) à 133 (1987), dont dans certains numéros spéciaux, cet épais volume de 288 pages voit large et ouvre même son sommaire avec un récit créé en 1974 par un tout jeune Moebius, encore auteur chez Pilote, où son célèbre western Blueberry paraît depuis fin octobre 1963. Cette histoire muette, en couleurs (beaucoup de vert), est un récit « fondateur » du style Moebius, qui sera justement republié dans Métal hurlant 10 en 1976. Les autres auteurs et leurs récits complétant ce numéro montrent encore la richesse de cette revue exceptionnelle au ton très fanzine, où il est intéressant de noter, au milieu des noms connus (Moebius, Serge Clerc, Yves Chaland, Carlos Gimenez, Marc Caro, Beb Deum, François Schuiten, Mézières, Bilal, Nicollet, Nicole Claveloux...), d'autres moins connus : Halmos, Michiko Hisauchi,Keleck, et surtout des récits jamais republiés depuis. C’est le cas des magnifiques six pages d’Yves Chaland, abordant avec un brio graphique incroyable, une cérémonie sacrificielle. Là, l’auteur trublion et touche à tout, mort trop tôt, se permet de dessiner dans un style noir et blanc rendant hommage à la crème de ses collègues d’alors. Est-ce du Moebius, du Hé, du Caza ? Bien malin celui ou celle qui aurait trouvé l’identité de l’auteur sans sa signature. Republié en 1997 dans l’album luxueux Les années Métal chez Champaka, on peut donc désormais s’en réjouir à moindre prix. Les deux avantages principaux de ce numéro vintage sont donc : 1/ de (re)mettre à disposition de milliers de lecteurs des récits improbables, créés par des artistes incroyables à une époque lointaine, fertile et dangereuse très spécifique dans une revue jamais égalée depuis (mais beaucoup copiée). 2/ d'y ajouter les textes informatifs de Claude Ecken ou de Christophe Quillien, remettant du contexte pour toutes celles et ceux n'ayant pas connu cette époque, en sus des reproductions d'édito et billets de Jean-Pierre Dionnet, plus les 17 pages l'Essor d'un journal et la muse de Druillet : Catherine L. Moore (8 pages), ainsi que des entretiens avec des protagonistes essentiels, comme ici Philippe Druillet de Jean-Michel Nicolet. Loin d'être une simple compilation, ce Métal Hurlant 2022 volume 4 ravira donc non seulement ceux qui ont déjà la collection complète des numéros d’époque, mais comblera aussi avec surprise et fracas les « novices », risquant de ne pas s'en remettre, et s'interrogeant : « Comment une époque pareille a t-elle pu exister ? ». On se demande bien. En tout cas, elle est bien révolue et c'est la seule note négative du goût de ce Métal hurlant.


Illustration : Collectif | Couleur : Collectif
Science-Fiction
Juin
1 juin

Métal hurlant T3

Un troisième recueil d’historiettes originales sur la thématique « Vacances sur Mars ». Un casting collectif prometteur, pour un résultat inégal et un peu convenu. D'étonnantes trouvailles artistiques.Comme cela était prévu par l’alternance dans le renouveau de la revue Métal hurlant, ce troisième recueil (à parution trimestrielle) condense des historiettes modernes et originales, produites par des auteurs d’aujourd’hui. Et en accord avec la période estivale à laquelle paraît le magazine, le thème est : Vacances sur Mars. Le générique exhibe des noms bien connus des lecteurs franco-belges, ou amateurs de mangas ou de comics, comme autant de promesses d’aventures de SF passionnantes : Virginie Augustin, François Corteggiani, Aimée de Jongh, Jerry Frissen, Fabien Grolleau, Richard Guérineau, Afif Khaled, Frédérik Peeters, Mark Waid… voire le réalisateur Marc Caro (deux fois). Chaque artiste / collaboration semble s’être donné les moyens graphiques d’honorer la thématique. Augustin, Guérineau, Khaled, Peeters ne déméritent pas. On remarque notamment les univers fourmillants de l’illustrateur Jean Dalin, le réalisme gigerien (de Hans Ruedi Giger, créateur d’Alien, pas Fabrice !) du néerlandais Jorg de Vos, la méticulosité toute aussi organique du californien Ryan Barry, le retour à la BD d’Elgo (alias Yacine Elgorhi). Pour autant, le système de la carte blanche et peu d’espace pour s’exprimer ne permettent pas d’aboutir à grand-chose de très palpitant. Les scénarios cabotinent sur le thème de la (trop ?) proche planète Mars, souvent convenus, parfois hermétiques ou absents. Quelques articles de fond interludes restent aussi dans une approche très sage et attendue du sujet. Sans doute Mars et les connaissances de plus en plus abouties (et finalement ternes) qu’on glane sur elle au fil des missions robotiques, appartient-elle déjà trop à notre présent désillusionné, qu’à l’inventivité exubérante et excitante des mondes futuristes…


Illustration : Collectif
Science-Fiction
Mars
16 mars

Les Contrées de l'Elphyne T1

Alors qu'ils sont en vacances, la petite sœur de Ben et Lynn disparaît. Pour la retrouver, ils doivent s'aventurer dans un autre monde... Un récit d'aventure fantastique, qui sensibilise sur des thèmes difficiles.L'auteur de comics canadien Michael Walsh a notamment été lauréat d'un Eisner Award en 2019 pour le titre The Vision. Il a principalement travaillé sur des projets Marvel, DC Comics, sur des titres de super-héros, mais aussi sur l'adaptation du film Star Wars le dernier Jedi. Il nous propose ici un titre radicalement différent, notamment dans le traitement graphique, adapté pour un lectorat à partir de 9-10 ans. Graphiquement, les illustrations sont simplifiées, lisibles, dans un style jeunesse, et la colorisation est très pastel, parfois même un peu terne. Dans cette histoire, une fratrie va se retrouver confrontée à un drame : la disparition de leur petite sœur. Cette disparition les mènera dans une aventure hors du commun, dans un autre monde, où ils tenteront de sauver la petite Beth. Un mot de l'auteur vient clore l'album, et nous en apprend un peu plus sur l'ouvrage. Car à la lecture, on voit un récit sur l'amour et la solidarité fraternelle, mais aussi sur la puissance de l'imaginaire. L'auteur nous confie que cette histoire est grandement inspirée de sa propre vie. Confronté lui-même au kidnapping de sa jeune sœur, il a profondément été marqué par ce traumatisme, qu'il a eu besoin d'extérioriser. Également confronté au deuil lors de l'écriture de sa bande dessinée, il a choisi de mettre des références personnelles dans ses personnages et son univers. Surtout, il s'est rappelé la manière dont ses parents l'ont aidé à surmonter ses angoisses : en inventant chaque soir de nouvelles histoires fantastiques. Au-delà d'un récit agréable et prenant, qui nous emmène littéralement dans un autre monde, cette bande dessinée est également touchante et sensibilise sur des sujets plus durs.


Scénario : Michael Walsh | Illustration : Michael Walsh | Couleur : Michael Walsh
Fantasy
Avril
6 avril

Les Enfants de Belzagor T1

Eddie est contraint de conduire un nouveau-né monstrueux vers les confins glacés de Belzagor. Il est suivi à distance par Kurtz, qui a pris le corps de feu sa femme. Un réjouissant nouveau cycle d'aventures dans le luxuriant univers de Belzagor.En imaginant la planète Belzagor, ses rites étonnants et sa nature luxuriante, le romancier américain Robert Silverberg a planté un univers de science-fiction sacrément riche (dans Les profondeurs de la Terre, 1971). Le roman a été magnifiquement adapté en BD par Philippe Thirault et Laura Zuccheri en 2017, Retour sur Belzagor. Scénarisé par l’américain Sam Timel et le français Bruno Lecigne (ancien directeur des Humanoïdes associés), ce second cycle et nouveau retour prend pour contexte quelques années après le roman (qui se déroulait déjà sur deux périodes). On retrouve nos principaux protagonistes qui ont un peu vieilli et muri… voire qui ont radicalement changé (Kurtz !) et pas forcément en mieux. Parfaitement cohérent avec l’univers de Belzagor, ce cycle envoie nos personnages accomplir une quête pédestre aux confins glacés de la planète… Cet épisode plante les problématiques et le contexte ; le second tome à paraître fera évidemment exploser toutes les rancœurs et basses vengeances qu’on imagine. Adrien Villesange reprend quant à lui à merveille la ligne graphique réaliste de Zuccheri. Les Nildoror et les Sulidoror sont parfaitement raccords, les paysages majestueux (la montagne de la Renaissance !) et les personnages crédibles. Bref, voilà encore de la bonne science-fiction, comme nous ont habitués les Humanos !


Science-Fiction
Février
16 février

Hiver 2022

Voilà la maquette « paire » de Métal hurlant nouvelle formule, après un numéro 1 inédit bourré de nouveaux artistes. Revivez un condensé du meilleur des premières années de cette revue de bande dessinée de Science-Fiction culte.Fin 2021, la revue Métal hurlant reparaît, pour sa troisième formule depuis son arrêt en 1987 – Jerry Frisen en étant le rédacteur en chef. Elle sera désormais publiée sous deux formats trimestriels épais : un consacré aux nouveaux auteurs faisant la science-fiction d'aujourd'hui, entièrement inédit ; et un autre, republiant le meilleur des années fastes. Pour cela, une sélection est assez judicieusement opérée parmi les récits les plus significatifs et renversant de cette époque. L'occasion de se régaler, sur un beau papier, à la lecture d'histoires que toutes celles et ceux n'ayant pas collectionné les revues d'origine n'ont peut-être jamais vues. Comment réagir face à The Long Tomorrow et sa scène de baise extraterrestre la plus torride jamais vue en bande dessinée (imaginez : 1976 !!) Le premier film Alien n'était pas encore apparu sur les écrans ! D'ailleurs, c'est Dan O'Bannon, de l'équipe réunie par Jodorowsky pour son projet d'adaptation de Dune au cinéma (qui ne se fera jamais), qui scénarise ce délire dessiné par Moebius, prédatant ce qui deviendra la série l'Incal. Une époque bénie, pleine de possibles, où se côtoient (se mesurent pourrait-on dire), dans une saine émulation, la crème des créateurs français de la décennie 80's débutante. L'Europe puis l'international s'inviteront aussi très vite, on le verra ici avec Vaughn Bode, Macedo, Angus McKie et Robert Crumb. Mais n'oublions pas Richard Corben, dont le Den et Bloodstar seront publiés au sein de la revue, même si ces titres, pour des raisons de droits, n'ont pu être inclus dans ce sommaire. Métal hurlant est une sorte de mirage, un miracle ayant secoué l'univers « Pop » des années 70, leur insufflant l'énergie Punk sauvage qui leur manquait. Lisez Rock'n Roll Suicide de Marc Caro, vous comprendrez. Mais l'oiseau poussière (Francois Bazolli et Caza), Bunkers Family (Picaret-Nicollet), 1996 (Chantal Montellier), Heilman d'Alain Voss, la Main verte de Nicole Claveloux, Experiences avec la pompe à air d'Angus McKie, Agorn de Philippe Druillet... quasi tout est propice à explosion de rétine. Tout perfore les neurones, secoue, ouvre des possibles. Combien de lecteurs lambda ont choisi de devenir dessinateurs ou scénaristes en tombant sur ces histoires ? Combien sont rentrés en religion « alternative » ? Chaque mois, la revue explorait, étonnait, choquait, faisait découvrir, avec des graphismes détonnant, des histoires jamais vues, des articles aux sujets underground devenant grand-public. Là, chaque histoire est introduite par un texte la replaçant dans son contexte, par Claude Enck et Christophe Quillien, qui offrent aussi 15 pages sur l'histoire de Métal et deux sur l'affaire Ici Même, intitulé : « Règlement de comptes à Ok Metal ». 28 pages de retour sur les histoires compilées sont aussi racontées par Jean-Pierre Dionnet lui-même. Et une pelletée de reproductions de couvertures d'albums originaux des Humanoïdes Associés première période et des premiers numéros de Métal, en couleur, est proposée. Si vous ne saviez pas encore ce que vous devez à l'équipe formée autour de Jean-Pierre Dionnet, vous le comprendrez en feuilletant ce pavé de 96 pages compilatoire hommage. Hurlant il l'était. Près de quarante ans après, le métal est toujours en fusion, et nous donne une leçon d'enthousiasme et de rébellion. Combien de temps cela va-t-il pouvoir durer ?


Illustration : Collectif | Couleur : Jean-Denis Pendanx
Science-Fiction
Novembre
24 novembre

Arkhé et Laïlah

Putréfaction, fécondation et explosions créatrices dans le grand cloaque galactique, en marge d’attributs sexuels exacerbés. Un recueil d’historiettes onirico-cosmiques des années 70-80, signées Philippe Caza, humanoïde primordial.Philippe Caza a évidemment fait partie de l’équipe de Metal Hurlant, dès les premières heures de cette aventure éditoriale générée par les humanoïdes Dionnet, Druillet et Moebius, à la fin des années 70. Cette carte blanche futuriste laissait libre cours aux imaginaires sans borne d’auteurs de science-fiction. L’onirisme et l’érotisme chers à Caza ont alors pu s’y épanouir, comme le prouvent les planches des diverses historiettes ici réunies et obéissant pour la plupart à l’écriture automatique (pas de construction scénaristique pré-établie avant d’entamer la case suivante). Ses thématiques fortes et récurrentes se déclinent en des visions d’un futur cosmique débridé, se mêlant elles-mêmes avec les mythologies fondatrices religieuses. A l’image de la première historiette ci-dessus résumée, on croise souvent des créatures de rêves dénudées, qui fusionnent de manière plus organique que technologique, avec les cycles végétaux, animaux, minéraux ou métaphysiques… sachant que tout cela est un peu la même chose. Pulsions sexuelles, prolifération incontrôlée, recyclage accéléré, soupe primordiale, grand vide cosmique… Eros et thanatos, création et putréfaction, s’entremêlent en une Création divine-érotico-cosmique qui assimile le Grand Tout à un cloaque. Le puissant onirisme s’exprime à travers un visuel époustouflant, qui marquèrent des générations de lecteurs en les attirant vers la SF – et nombre de motifs imprimés sur les frontons lumineux des flippers. Pour vous donner une idée des paradigmes : dans Laïlah, l’une des plus marquantes histoires, l’héroïne se retrouve avec une (jolie) vulve au milieu du front, après qu’on lui a arraché son unicorne. Un homme (tyran) la féconde de force, donc elle l’assassine, vengeresse (d’un coup d’unicorne, au milieu du front, pour que le symbole soit complet !) et son crâne accouche en explosant. Les textes qui accompagnent parfois les planches sont volubiles, lyriques, boursouflés, concentrés et parfaitement hermétiques.


Illustration : Caza | Couleur : Caza
Science-Fiction
10 novembre

Abzu est notre seul dieu

Deux ans après l’apocalypse nucléaire, alors qu’elle fait migrer un banc de mégalodons, Lou est gravement blessée. Elle est recueillie par des moines qui survivent sur une plateforme offshore. Un nouveau cycle post-apo, inquiétant à souhait.Un nouveau cycle de Carthago, qui se passe dans le futur de la période d’anticipation précédemment entrevue !? Les détracteurs disent déjà que Christophe Bec tire un peu sur la corde. C’est faire fi des capacités de renouvellement de ce diable de scénariste, toujours à la pointe de l’exploitation des terrains scientifiques. La scène d’ouverture nous donne une ambivalente tonalité énigmatique et explicite : 2027, c’est la date de l’apocalypse atomique mondiale. Puis 2028 : l’hiver nucléaire qui s’ensuit porte bien son nom. L’intrigue principale se passera encore l’année suivante, en 2029, et dans deux cadres principaux : les grandes profondeurs « préservées » de la connerie humaine et une plateforme pétrolière « bricolée » par des survivants. Nous retrouvons Lou Melville, bien intégrée au sein de la peuplade humanoïde sous-marine qui l’a adoptée, mais aussi les mégalodons qui font le sel premier de la série. Le devenir de cette espèce de requins géants préhistoriques est le cœur de la problématique, même si l’aspect le plus séduisant de cette mise en bouche est cette communauté sectaire, obscurantiste et isolée sur une plateforme pétrolière abandonnée ! On trouve des relents d’Alien 3 côté ambiance, et une infinité de possibilités de développements pour la seconde partie qui conclura le cycle. On découvre de nouveaux personnages… et quelques anciens… mais pas (encore) tous. On retrouve surtout le fabuleux dessin réaliste d’Ennio Bufi, toujours impressionnant de justesse sur les proportions, les cadrages, les éléments technologiques et les effets vertigineux, même si légèrement froid question expressivité.


Thriller
17 novembre

Kill Tête de chien

Kill Tête-de-Chien, amant suprême à la descendance nombreuse, affronte son destin de père face à ses enfants, bien décidés à lui faire payer son absence. Un spin-off déjanté sur un personnage du célèbre Incal.Ce spin-off directement inspiré de la série L’Incal de Jodorowsky et Moebius et plus particulièrement par le personnage de Kill Tête-de-Chien, est signé par les américains de Brandon Thomas et Pete Woods. Kill, cet humanoïde à tête de canidé, jouit d’une réputation sulfureuse auprès des femmes. Il les collectionne, mais ne s’occupe guère de la progéniture qu’il engendre. Brandon Thomas imagine ce scénario original et un brin déjanté, dans lequel Kill va devoir rendre des comptes sur son comportement irresponsable avec les femmes. En effet, ses propres enfants (ou plutôt quelques uns) vont s’en prendre à lui. D’abord pour le flinguer, mais surtout pour le neutraliser, afin de lui permettre de faire sa recollection. Ce processus complexe doit lui permettre de capter une partie des souvenirs de ses enfants présents, comme Anna, Frey ou Lucius, et lui faire prendre conscience de ce qu’ils ont vécu pendant ses absences. Le récit fonctionne en chapitres, au nombre de quatre. Ils sont tous enluminés par Pete Woods, de main de maître. Son trait fluide, dynamique et ultra maîtrisé n’a rien à envier à celui de Moebius et accompagne parfaitement ce récit fantastique très librement inspiré de l’Incal.


Scénario : Brandon Thomas | Illustration : Pete Woods | Couleur : Pete Woods
Science-Fiction
Octobre
6 octobre

Le Sang des immortels

Une mission d’exploration part sur une planète habitable mais hostile, dans le but de prélever le sang d’un prédateur qui rendrait immortel. Une aventure de SF passionnante qui chatouille un vieux rêve humain : la quête de l’immortalité.A la Renaissance, la quête de l’immortalité humaine excitait déjà les alchimistes… La voilà encore l’espoir central de cette aventure de science-fiction adaptée par Françoise Ruscak d’une œuvre de Laurent Genefort. Et comme c’est souvent le cas, le propos sous-jacent et auto-conclusif est qu’il s’agit d’une chimère déraisonnable. L’immortalité s’accompagnerait en effet d’évolutions néfastes pour le règne humain, qu’on vous laisse découvrir à la lecture de ce one-shot. Outre ces questions de fond pertinentes, qui interrogent l'éthique et la spiritualité, qualifions le périmètre narratif. On retrouve ici à peu près la même ambiance que dans les sagas de Léo (Aldebaran, Bételgeuse...) : une mission d’exploration va de découverte en découverte, à la surface d’une planète inconnue peuplée d’espèces animales et végétales dangereuses, et d’une race humanoïde éclairée. Nombreux sont les explorateurs au départ, ils ne sont qu’une poignée à l’arrivée. Les aventures qu’ils traversent et les révélations régulières qu’ils proposent au lecteur sont parfaitement de nature à l’émerveiller. L’écosystème sur Verfébro mis en place par Genefort est véritablement poussé et il se dévoile en profondeur dans le cahier spécial final. Après avoir réinventé magistralement Cendrillon et Blanche Neige à la sauce érotique, le dessinateur italien Francesco Trifogli (alias Trif) prouve quant à lui qu’il est tout aussi à l’aise avec les mondes futuristes. Les décors à la surface de Verfébro sont merveilleux, ses humanoïdes convaincants, le bestiaire impressionnant, les trouvailles biologiques innovantes... Bref, cette aventure de SF de plus d'une centaine de planches est totalement de nature à satisfaire les fans du genre. Ils n'y gagneront certes pas l'immortalité... mais presque.


Science-Fiction
Septembre
1 septembre

Le Dernier secret d'Hitler

A la fin de la seconde guerre mondiale, deux sous-marins, un allié et un allemand contenant un précieux chargement, se livrent à une course-poursuite entre deux eaux de la mer du Nord. Récit d’une authentique opération de guerre.De par son titre, ce Dernier secret d’Hitler évoque une histoire d’espionnage durant la seconde guerre mondiale. Pourtant, la couverture ne fait pas mystère du cœur de l’intrigue contenu par les quelques 108 pages de cette aventure authentique, qui s’est déroulée en décembre 1944. Ici, nous ne croiserons pas Adolf, nous allons être immergés (c’est le mot !) la majorité du temps au cœur d’une course-poursuite entre deux sous-marins, un anglais et un allemand. Et au terme d’un jeu de cache-cache interminable, l’album retrace l’unique fois dans l’Histoire de la Marine où un sous-marin immergé en a torpillé un autre. Ou vous laissera découvrir lequel. Cet épisode a même un nom : « l’opération Caesar » ; un reportage éponyme a même été réalisé sur le sujet en 2007. En sus des nombreuses scènes d’écoutes à l’hydrophone, les personnages eux aussi réels s’adonnent à des petites querelles de domination et des manipulations psychologiques, sans doute romancées via le scénario de Matthieu Mariolle. C’est un peu long, itératif et caricatural, mais ça a le mérite d’être documenté et plausible. Ce qui est tout aussi crispant, ce sont les faciès grimaciers ou monocordes des personnages, souvent figés dans des postures artificielles. Le dessin de Fabio Piacentini, complété d’une colorisation toute aussi italienne de Massimo Travaglini se révèle pourtant détaillé et terriblement besogneux. Les arrière-plans intérieurs des sous-marins, sont nombreux, plein de tuyauteries, volants et autres jauges… Et on ne risque pas de confondre quand on passe de l’un à l’autre, grâce à une colorisation appuyée rouge (chez les allemands) ou bleue (chez les anglais). On regrette aussi des incursions infographiques ratées (les explosions dupliquées p.9 ou les croix gammées à l’envers p.10, sans doute victimes d’un retournement symétrique de l’image dans une recherche de dynamisme visuel). La sensation de claustrophobie fonctionne néanmoins, ce qui est le moindre des effets recherchés dans une histoire de sous-marins.


Illustration : Fabio Piacentini
Espionnage
Février
10 février

Albinos

De nos jours, une traque au mégalodon s’organise au Nord de l’Australie. Donovan, lui, recherche Kane, l’homme-poisson, qui s’est échappé et a rencontré une gracieuse jeune femme. Conclusion spectaculaire à souhait du « cycle de Kane ».Ce 12ème opus de Carthago conclut le cycle court et anté-chronologique consacré au personnage de Kane, l’homme poisson. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’agit peut-être de l’épisode le plus complet, à tous points de vue, de la série. Non seulement le scénariste Christophe Bec comble bien des zones d’ombres de sa saga – nous découvrons la mère de Lou et son idylle avec Kane – mais il le fait dans une même unité de temps, sans recourir (comme le fait souvent Bec) à un morcellement patchwork des séquences indépendantes, qui déconcentrent souvent le lecteur du sujet central. Cette fois, nous suivons réellement une double traque : celle de Kane par Donovan et Feirsinger, le premier voulant protéger l’homme-poisson, le second cherchant à le capturer pour sa collection personnelle. Mais aussi une traque générale par de nombreux pêcheurs du mégalodon, ce requin-monstre « plus grand prédateur de tous les temps » qui nous tient en haleine depuis le premier tome. Or concernant celui-ci, vous allez être servis : il attaque souvent, il fait des ravages, il est aussi monstrueux que majestueux et il n’a pas une once de sentiment. Et comme l’indique le titre, son habituel environnement des grandes profondeurs l’a rendu Albinos. Derrière Kane et le requin, Donovan, la Carthago et Feirsinger incarnent donc des seconds couteaux au casting. En revanche, le dessinateur Ennio Bufi tient, lui, toujours les premiers rôles. La précision dans le réalisme rend sa partition spectaculaire, en plus de s’appuyer sur un découpage et des cadrages parfaits pour orchestrer le suspens. Spielberg peut aller se rhabiller avec ses Dents de la mer.


Thriller
17 février

Escale sur Pharagonescia et Le Bandard fou

De la SF psychédélique et même surréaliste, comme seul Mœbius savait la faire. En Noir et Blanc et en couleurs, embarquez pour un voyage où l'on apprendra qu'il ne faut jamais boire de koks sans striker, puis où il faudra fuir la police du foutre !Est-il besoin de le redire, il y un temps où Jean Giraud abritait deux artistes. Il y avait Gir, l'héritier du Franco-Belge venu de l'école de Jijé, celui qui signait dans Pilote les épisodes du mythique Blueberry, écrits par le non moins mythique Jean-Michel Charlier. Et puis il y avait Mœbius, l'artiste épris d'émancipation, l'homme qui connaissait la révolution des mœurs des années 70 et leur fameuse « évolution culturelle », celle que d'autres appellent encore l'« évolution cultuelle ». C'est dans ce contexte qu'est publié Le bandard fou, en 1974, aux Éditions du Fromage. Mœb fait dans le burlesque, pour ne pas dire l'absurde avec cette histoire hilarante d'un priapisme qui conduit à des délices. On est en plein délire, quand l'album présente cette particularité : la page de gauche est un découpage image par image d'un homme qui se liquéfie, alors que la page de droite est consacrée aux mésaventures de notre bandard. L'album débute cependant par 9 histoires courtes qui datent de 1989, nous offrant ainsi un voyage dans la chronologie des créations de l'auteur. Ce qui vient faire le lien entre les deux parutions, c'est le côté surréaliste de la SF de Mœbius. Que ce soit Foster, ce pilote qui apprendra à ses dépens qu'on ne peut jamais boire de koks sans stiker ou le Major Grubert, à chaque fois les délires de l'auteur nous renvoient à l'infinie absurdité de la vie. Terrestre ou extraterrestre.


Illustration : Moebius | Couleur : Zoran Janjetov
Science-Fiction
Avril
14 avril

Peaux-Epaisses

Des humains génétiquement modifiés pour vivre dans le vide spatial sont traqués. Deuxième titre de la collection Critic des Humanos, consacrée aux adaptations de romans SF français… une réussite.La magnifique couverture réalisée par Gérald Parel nous cueille instantanément, ouvrant les possibles avec son délicieux mélange d'effet peinture et numérique. Cependant, le style réaliste bien encré de Pasquale Frisenda nous rappelle les meilleures planches d'un Zoran Janjetov, avec cependant ce petit plus que seuls les dessinateurs italiens savent proposer. Les couleurs de Stefani Rennee sont tout aussi réussies, toutes en nuances. Quant à l'histoire elle-même, si elle ne révolutionne pas le récit de science-fiction, elle a le mérite de nous tenir en haleine, au moins jusqu'à la présentation de ces humains « OGM », dont l'apparence est assez impressionnante. Là, au cœur de cet astéroïde qui pourrait être un nid de xénomorphes, tant il est piégeux pour les forces d'élite venues s'y perdre, cette race va faire preuve d'une belle démonstration de sacrifice et de courage… et l'ambiance ténue ne va pas redescendre. L'album, séparé en deux parties bien distinctes – entre une introduction permettant de bien comprendre le contexte, puis l'invasion de ce « nid » – donne à vivre des scènes à la mise en page fluide et soignée, comportant leur lot d'horreurs (de guerre). Un cliffhanger intéressant met enfin en scène deux des protagonistes principaux. Ce dernier est proposé avant 8 pages de cahier graphique, permettant de saliver jusqu'à la conclusion, on l'imagine, toute aussi intéressante, du prochain et dernier tome de cette adaptation plutôt réussie du roman de Laurent Genefort. Des éditions Critic en phase optimale !


Illustration : Pasquale Frisenda
Science-Fiction
Juin
16 juin

Sapiens Imperium

Asservis dans les grottes d’une lune inhospitalière, Xinthia et sa dynastie Khelek se rebellent en s’alliant avec l’héritier de leur oppresseur. Mise en place très aboutie d’une saga shakespearienne de SF.Pour les Humanoïdes Associés, l’américain Sam Timel a déjà scénarisé Milan K et Redhand. Après un gap de 10 ans, le revoilà avec cette fresque de science-fiction ambitieuse et originale. L’intrigue géopolitique et martiale de Sapiens imperium se déroule en effet dans un avenir suffisamment lointain pour que nos repères spatiaux-temporels et technologiques soient bouleversés. Dans une conjoncture shakespearienne, une dynastie humaine en a asservi une autre, qui se met logiquement à se révolter. Sur le plan de la mécanique narrative, c’est certes relativement académique, mais l’univers est suffisamment cohérent et étendu pour que ça fonctionne – un cahier spécial en fin d’album revient d’ailleurs sur la chronologie de plus de 3700 ans de guerres galactiques, qui ont abouti au contexte de départ. Il y a tout ce que le registre de la SF réclame : des paysages et panoramas monumentaux, des pouvoirs psy (chez les Lektars), des outils technologiques excitants, au premier rang desquels des robots combattent en avatars des humains. Xinthia, une belle jeune femme, héritière de l’humanité (au sens vertueux du terme), fait office d’héroïne et s’allie avec un beau jeune homme, héritier de la famille rivale, pour une happy end pleine de rebondissements, de combats et de coups du sort en 112 planches (l’équivalent de deux albums). Chic : cette histoire fait office de « premier cycle », nous indique une petite ligne en bas de dernière planche. Le dessinateur « couteau-suisse » Jorge Miguel déroule quant à lui la griffe à la fois réaliste, rapide et maîtrisée, qui donne l’envergure utile et agréable à cette saga.


Couleur : Jorge Miguel
Science-Fiction
Août
25 août

Moebius Métamorphe

Avec ce nouveau recueil d'extraits des récits de Moebius, tous agrémentés d'analyses et de documents à l'appui, c'est un nouveau regard sur son œuvre qui nous est proposé. Un regard à la beauté et la profondeur étourdissantes.Dans la préface, l'éditeur annonce clairement la couleur (même si on trouvera du sublime Noir et Blanc) : ce livre a été conçu un peu comme le serait un catalogue d'une exposition imaginaire, qui serait consacrée à Moebius dans la période qui va de ses débuts jusqu'à Après l'Incal, reprise éphémère du personnage que Les Humanos publièrent en 2001. Autant vous dire qu'il est dense et riche car, pour mémoire, la maison d'édition fut créée par trois « monstres » : Gir bien sûr, Jean-Pierre Dionnet et Philippe Druillet. Alors cette sélection de morceaux choisis s'accompagne à chaque fois d'analyses quasi universitaires, tant elles sont travaillées. On se pâmera donc devant les dessins fabuleux du maître, quand on se délectera d'apprendre et de réfléchir aux propos de l'auteur à travers ceux de Daniel Pizzoli, Claude Ecken, Richard Stanley, Pascal Ory, Florent Chastel, Aurélien Lemant et Nicolas Tellop. Oui, Moebius est métamorphe, car son art comme sa narration sont protéiformes. Et ce bouquin est une tentative (grandement réussie à notre sens) d'en faire la démonstration. Si Jean Giraud a révolutionné la BD, ce n'est pas qu'avec un dessin qui a digéré autant d'influences qu'il a généré de carrières de dessinateurs, c'est surtout parce qu'il s'est peut-être d'abord amusé, puis certainement évertué, à casser tous les codes du média, à faire perdre en permanence ses repères aux lecteurs. Moebius a déconstruit la forme pour créer des univers qui se suffisent à eux-mêmes et finalement proposer un matériel que le profane pourrait croire chaotique. Or, l'artiste avait une rigueur scientifique car du chaos, ce n'est pas l'aléa qui résulte, mais bel et bien de nouvelles formes de vie. Oui, Moebius était bel et bien métamorphe et si un enseignement doit être tiré de cet ouvrage, c'est que c'est toute la BD, telle qu'on la connaît aujourd'hui, qui en a bénéficié. Alors si vous avez échappé, par on ne sait quel subterfuge, aux mondes de Moebius, ce bouquin viendra vous enseigner à quel point c'était effectivement un monstre de l'art. Au-delà même de l'art séquentiel... Il est donc logique de qualifier également cette publication de monstrueuse !


Illustration : Moebius | Scénario : Daniel Pizzoli
Science-Fiction
Septembre
29 septembre

Le futur c'est déjà demain

Le re-renouveau du magazine culte se présente avec une thématique pertinente : l’anticipation. Si vous voulez savoir de quoi sera fait demain, parcourez 50 pages d’articles de fond et 22 courtes BD d’une richesse folle. Vivement demain.Crénom d’un pisto-laser à plasma, ça fait du bien ! Comme quoi notre époque (de merde ?) est encore capable de bien belles choses, voilà que Metal Hurlant est de retour ! Pour rappel, ce magazine de science-fiction et de contre-culture a été créé en 1975 par quatre « humanoïdes associés » : Jean-Pierre Dionnet, Moebius, Philippe Druillet et Bernard Farkas. Il a connu un premier renouveau entre 2002 et 2006… Et depuis lors, les amateurs de science-fiction n’ont plus que leurs yeux bioniques pour pleurer (des cristaux liquides). L’épaisse revue qui se présente de nouveau à nous en cet automne 2021 est donc le troisième « relaunch ». Ce re-re-premier numéro est certes moins axé sur la culture underground, mais emprunte tout de même pour thématique centrale un registre particulièrement porteur : l’anticipation. En effet, à l’heure de l’après-covid et de l’avant-effondrement, voire du cataclysme inéluctable promis par le réchauffement climatique, les créateurs et les politiques de tous poils se perdent en conjectures au sujet de demain. Ou de ce soir. La revue débute par plusieurs articles qui re-définissent les lois du genre et soulignent son importance. Au générique de ces quelques 50 pages de « magazine » : Vincent Bernière, Antoine St Epondyle, Jack Lénine, Dominique de la Tour, des interviews d’Enki Bilal, Alain Damasio, Eric de Broche des Combes, Emanuele Coccia, William Gibson, Patrice van Ersel, Nicolas Minvielle et Olivier Wathelet. Les paradigmes abordés pour définir ce demain sont tout bonnement passionnants ! S’ensuivent pas moins de 22 courtes bandes dessinées, signées par des auteurs internationaux reconnus ou non. Parmi les plus prestigieux, on note : Mathieu Bablet (pour une métaphore BD muette exceptionnelle !), Diego Agrimbau, Alfred, Brian Michael Bendis, Franck Biancarelli, Ugo Bienvenu (qui fait la couv), Jaouen, Jerry Frissen, Afif Khaled, Carole Maurel, Merwan, Sergio Salma, Sylvain Runberg, Fabien Wehlmann, Mark Waid… Au secours, il y en a trop ! Dans des styles très variés, chacune se la joue Black Mirror, tantôt utopique, plus souvent dystopique… Cette diversité s’avère d’une folle richesse. Et fait sérieusement réfléchir à demain. D’ici là, et pour moult raisons, ce nouveau Metal Hurlant s’impose d’une délicieuse pertinence.


Illustration : Collectif
Science-Fiction
Décembre
9 décembre

Epopées fantastiques

En des temps antique et « fantasystes », un leader charismatique rassemble une pharamineuse armée et marche vers le belliqueux royaume voisin, dans le but de l’exterminer. Les lettres de noblesse de l’heroïc-fantasy, par un maître absolu du réalisme N&B.Avec cette édition intégrale de la collaboration entre Jean-Pierre Dionnet et Jean-Claude Gal, les lecteurs de BD sont invités à faire un bon dans le passé d’une quarantaine d’années. Cet épais volume réunit en effet les trois albums parus entre 1981 et 1987, Les Armées du conquérant et le diptyque d’Arn : La vengeance d’Arn, Le retour d’Arn. La première partie est elle-même composée de plusieurs historiettes destinées à planter le décor. Ce contexte est celui d’une antique-fantasy très proche de Conan le Barbare, établie sur une emphase martiale démentielle et une radicalité sociale sans faille. On y voit des armées dans leur objectif impérieux de conquête, des hommes avides de gloire absolue, qui n’hésitent jamais à torturer, écraser, éradiquer… sans la moindre once de sentimentalisme. Les deux autres volumes (avec la collaboration de Picaret au scénario pour le dernier opus) forment une histoire complète et Epique avec un grand E. Elle s’articulent autour du héros thorgalien d’Arn, initialement déchu de son trône, mais qui réussit une contre-offensive massive – et évidemment tragique. Au prime abord, les scénarii de Dionnet peuvent paraître « faciles » – ou du moins d’un autre âge narratif. Pour autant, le scénariste fondateur des Humanoïdes Associés (avec Moebius et Philippe Druillet) façonne très précisément ses histoires en les mettant au service de la grandiloquence visuelle de Jean-Claude Gal. Existe-t-il – et a-t-il jamais existé – un maître du noir & blanc aussi pointu dans son rendu réaliste ? Si ces mondes existaient, on crierait au plagiat photographique… En l’occurrence, qu’il s’agisse de vues en plongées (voire en douche !) sur des cités antiques improbables, de charges héroïques composées de centaines de soldats, de personnages qui posent dans leurs majestueux costumes de conquérants, de cohortes quasi bibliques, d’antres méphistophéliques, de champs de batailles, de tempêtes de sable, de temples troglodytes, de geôles putrides, de paysages rocailleux ou désertiques… Tout est majestueux dans l’ensemble et ultra précis dans le détail. En uniquement 3 albums de bande dessinée, Jean-Claude Gal (décédé en 1994) a placé la définition du souffle épique à son paroxysme. Et il semble que ce niveau demeure à ce jour indépassable.


Scénario : Picaret
Fantasy
Mars
24 mars

La Vague invisible

Une femme Viking est sommée d’enquêter sur les meurtres de son père et de son prince, assurément perpétrés par les perfides sirènes. Un polar historique exemplaire, le meilleur opus de la collection Sirènes et vikings.Cette quatrième aventure en terres vikings – et en mers sirènes – est sans aucun doute la meilleure parmi tous les one-shot indépendants qui constituent la collection humano-piscicole dirigée par Gihef. Au scénario, Nicolas Mitric nous ravit en effet d’un pur polar historique, avec relevé d’indices, faux-semblants, recherche de mobiles, interrogatoires, pistes à remonter… C’est amené dans les règles de l’art et c’est emmené par une femme intelligente, élégante et courageuse, pour ne rien gâcher. La rudesse des mœurs vikings est également respectée, et le ton est donné d’emblée par une tête coupée en guise de convocation. Lydveig n’a pas vraiment le choix que d’enquêter, et vite, avec son mari entre la vie et la mort, et sa fille entre les mains d’un geôlier pédophile (ambiance !). On a beau dire, même si cette civilisation avait des bases très structurées, on a fait quelques progrès sociaux, depuis lors. L’enquête de Lydveig se révèle donc passionnante et immersive. En outre, le rythme narratif et le découpage sont exemplaires, tout comme le dessin des italiens Francesco Trifogli et Maria Francesca Perifano (qui fait quoi ?), d’une précision diabolique, à tous points de vue. Les personnages sont expressifs, impeccablement proportionnés, les décors riches et harmonieux, avec les profondeurs congrues au souffle épique. Juste une remarque pourrait concerner la colorisation qui aurait mérité moins de nuances pour plus d’ambiance… Mais ce serait pinailler que de ne pas reconnaître une aventure modèle.


Illustration : Maria Francesca Perifano
FantasyContes / Fééries
Septembre
1 septembre

Asphalt blues

Dans une société futuriste qui préfigure ce que la nôtre pourrait devenir, les relations amoureuses semblent n'avoir jamais été aussi compliquées. Quand la SF accouche d'un très beau roman graphique centré sur la psychologie des personnages.Si le travail graphique de Jaoen Salaün vous a échappé jusque-là, il est certain que cet album vous permettra de le classer désormais parmi les auteurs que vous vous promettrez de suivre. Car non seulement ses peintures à l'aspect digital marqueront votre rétine, mais en plus, l’histoire d'Asphalt Bues s'inscrira parmi celles, douces-amères, qu'on n'oublie pas. L’artiste, qui a pris depuis un petit moment les commandes des récits qu'il met en images, s'est souvent consacré à la SF. Lancé en quelque sorte dans le bain de l'anticipation par des histoires écrites par Christophe Bec (Eternum, entre autres), il construit désormais ses mondes comme il en compose leur visuel époustouflant. Elecboy fait émerger un monde post apocalyptique angoissant, qui interroge la condition humaine, quand Asphalt Blues arrive là où on ne l'attend pas, en soulevant la question des mœurs, au centre de laquelle se situe l'amour. La première séquence de l'album a tout d'un piège à lecteur : un couple en difficulté, une femme excessivement lucide et un type qui semble blasé et complètement focus sur sa carrière et son statut social. Et qui donne la fâcheuse impression de tout gâcher, y compris sa vie. Puis c'est une nouvelle surprise pour le lecteur, puisque la temporalité fait un bon en avant. Et finalement, c'est une sorte de récit chorale qui se met en place, dans lequel les enjeux politiques, économiques et écologiques nous rappellent combien ils déterminent aussi nos vies intimes. Asphalt Blues peut parfois être aussi exigeant que son visuel captivant, mais il vous offrira une parabole singulière... et profonde.


Illustration : Jaouen Salaun | Couleur : Jaouen Salaun
Anticipation
Janvier
6 janvier

La Sorcière des mers du Sud

Une princesse sirène éduque en cachette de son roi le père, un triton – enfant d’un viking et d’une sirène. Une relecture du conte d’Andersen, jolie à défaut d’être originale.La première scène mise à part (racontée dans le résumé), ce troisième volume de Sirènes & Viking aurait pu être rebaptisé « Sirènes & Sirènes ». Et pour cause, il s’agit d’une relecture largement remaniée du conte d’Andersen, La petite Sirène, adapté depuis en dessin animé par les studios Walt Disney. Evidemment, l’angle est ici moins enfantin, il n’y a ni Polochon, ni Sébastien… Au scénario, Gihef, sur une idée originale de Marie Bardiaux-Vaïente (mais surtout d’Andersen, donc), emprunte plus à la tragédie grecque, avec son lot d’amours impossibles, ses rites familiaux irréfragables et sa finalité dramatique. A la manière des contes, le récit est assez linéaire, les profils psychologiques sont très basiques et la narration ne s’encombre guère de la temporalité. Après tout, la gestation chez les sirènes est sans doute accélérée et ces curieuses créatures peuvent vivre des années dans une cage isolées sous l’eau, sans mourir de soif (et pourvu qu’elles aspirent du plancton...). Alors, à votre avis, l’amour, même contre-nature, sera-t-il plus fort que les lois impérieuses des anthro-pisces ? L’ensemble est avantageusement dessiné et encré par l’italienne Livia Pastore, dont le dynamisme du trait réaliste excelle sur les courbes féminines. Or évidemment, les ondes sous-marines et les formes longitudinales des sirènes ne manquent pas de jolies courbes. Mention spéciale au roi-poulpe quand il s’énerve.


Scénario : Marie Bardiaux-Vaïente | Illustration : Livia Pastore
Fantasy
Novembre
25 novembre

Histoire de la Science Fiction

Ce pavé bien documenté de 216 pages propose une véritable réflexion autour du genre SF. Un opus plus proche de l'adaptation de romans en BD qu’une vraie BD. L’histoire de la SF depuis ses débuts : ambitieux, voire un peu ennuyeux…Xavier Dollo, auteur et romancier, a écrit Alone, Les Créateurs. Il a commis aussi d’autres séries comme Les Tiges, Le Carnoplaste. Le dessinateur Djibril Morissette-Phan s’est quant à lui illustré sur des séries américaines (X-Men, Glittebomb série d’horreur et de crypto-monnaie). Leurs œuvres individuelles raviront les amateurs de BD qui veulent se faire une idée du genre. L’essentiel est là. On fait ici le tour de la littérature anglo-saxonne et francophone. Il s’agit en réalité plus de l’Histoire de la littérature de SF que de l'Histoire de la SF. Une partie de l’ouvrage est d'ailleurs consacrée aux éditeurs et directeurs de collection. On part à la découverte des coulisses et des anecdotes. Mais, en chemin, le lecteur a tendance à s’égarer et certains passages sont un peu trop longs. Ce livre incontournable pour les amateurs de SF dresse le premier véritable panorama de la SF, de ses origines à nos jours, en bande dessinée, avec une préface très élogieuse de Pierre Bordage. Selon ce dernier, l’équipe des Humanoïdes Associés, en partenariat avec Critic, aborde un sujet difficile pour comprendre les mécanismes de l’évolution de la SF avec des conseils de lecture diversifiés. Le propos était ambitieux. On sent que la littérature est en souffrance. Cette analyse littéraire fouillée est accessible à tous et pleine d’imagination.


Scénario : Xavier Dollo | Couleur : Djibril Morissette
Science-Fiction
Octobre
14 octobre

Polar

Pour son 25ème anniversaire, le festival du polar de Cognac a demandé à différents auteurs de réaliser une quinzaine d’histoires courtes. Des histoires concentrées aux scénarii rodés et à l’esthétique soignée.Le festival du Polar de Cognac est une institution incontournable pour les amateurs de suspense en tous genres (BD, cinéma, littérature, TV, théâtre). Créée en 1995, cette manifestation a entre autres récompensé les séries BD comme Nobody (De Metter), Jérôme K. Jérôme Bloche (Dodier), Canardo (Sokal), Choc (Malataite), Le maître de Bentson Gate (Nury), etc. Voilà ici un album collectif de 15 histoires courtes réalisées par une trentaine d’auteurs dont certains de renom (Daeninckx, JD Morvan, Miniac, Liberge...) et d’autres prometteurs qui ont tous été sélectionnés par le directeur du festival de Cognac (Bernard Bec). Réaliser un polar de 4 à 6 pages relève de la gageure : à peine l’histoire mise en place que son dénouement est déjà sur le point d’être révélé. Meurtres sordides, jalousie, vengeance, salauds de tous poils, autant d’ingrédients qui vont être au cœur de ces histoires courtes. La plupart des scénarii sont classiques mais efficaces. Quand l’exercice est bien maîtrisé, on se laisse cueillir par la chute. Graphiquement, cet album est très diversifié avec des styles bien différents mais globalement de très bonne tenue, ce qui est assez rare pour un album collectif, et ce qui mérite d’être souligné. Que ce soit en couleur ou en noir et blanc, la mécanique opère. Preuve de l’attachement des auteurs à ce festival du polar de Cognac, la majorité d’entre eux a fait don de ses droits d’auteur. Les Humanoïdes associées, quant à eux, reverseront les bénéfices de la vente de ce livre au festival, dont les dotations publiques sont revues à la baisse.


Illustration : Collectif
Policier
Novembre
4 novembre

Ecume de nacre

Une guerrière viking mène son village en guerre contre les sirènes, jugées responsables de tous leurs maux. Mais pourquoi tant de haine ? Une aventure médiéval-fantastique superbement illustréeVisiblement, il n’y a pas que dans la mythologie grecque que les sirènes ont cassé les pieds aux héros baroudeurs, guerriers, testostéronés et barbus. Les revoilà dans la mythologie scandinave qui font la misère aux vikings, pour une série de quatre aventures totalement indépendantes. Ces épisodes sont à chaque fois réalisés par un duo d’auteurs/autrices différents, et édités en grands formats par les Humanoïdes associés. Dans ce second opus magnifiquement dessiné par Marco Dominici, le directeur de collection Gihef dirige lui-même le drakkar du scénario. Il met le cap sur une jeune valkyrie plus farouche que les guerriers ; où il est question d’une vengeance remontant à l’enfance ; et cette équation se traduit par des phénomènes fantastiques, des combats homériques, des issues évidemment tragiques. Un viking, même au féminin, passe rarement son temps à effeuiller des pâquerettes… mais nous éviterons de trop en révéler. Si la nature globale de cette histoire est relativement classique, Gihef la rythme fort bien, avec ce qu’il faut de flashbacks quand il faut et de séquences spectaculaires. Le dessin réaliste de Dominici décidera plus d’un lecteur fan des sirènes, des vikings ou de médiéval-fantastique façon Game of thrones de s’intéresser au destin complexe et passionnant de la jeune et belle rousse Freydis.


Couleur : Marco Dominici
Fantasy
Août
Septembre
2 septembre

Le Fléau des abysses

Le contrôle d’un puissant dragon marin est l’arme absolue d’une guerre qui oppose les sirènes et les vikings. L’amour naissant entre un prince et une princesse de chaque côté apaisera-t-il les tensions ? Un conte shakespearien, d’obédience mythologique.M’enfin, c’est bien connu : après les chiens et les chats, après les nains et les elfes, après les fans de l’OM et ceux du PSG, le 4ème antagonisme le plus célèbre est celui des sirènes et des vikings. En effet, depuis que, en des temps mythologiques immémoriaux, un jeune pêcheur viking a transpercé de son harpon une princesse sirène, une haine séculaire réciproque s’est emparée de ces deux peuples. Et ce n’est pas ce premier « conte » soufflé par Isabelle Bauthian, développé en scénario par Françoise Ruscak, et dirigé au sein d’une nouvelle collection par Gihef, qui nous contredira. L’histoire est somme toute très sage et conventionnelle, dans le registre des tragédies shakespeariens, option conte fantastique. Un grand amour contre-nature peut-il surpasser l’instinct belliqueux héréditaire ? Philosophiquement, ça se discute… Dans la fiction beaucoup moins. La principale plus-value de cet album pilote, vient sans doute du dessin de Phil Briones, vétéran dans le registre de la fantasy et de la SF. Ses créatures à écailles sont idéalement lustrées et gabarisées, le dynamisme de sa mise en scène apporte beaucoup au plaisir de lecture, pour qui apprécie de nager dans les eaux glacées de la fantasy nordique. A déguster entre une entrée de sardines à l’huile et un pavé de saumon aux fines herbes (avec un verre de Riesling).


Scénario : François Ruscak | Couleur : Philippe Briones
Fantasy
Août
26 août

Les Vacances du major et L’Homme du Ciguri

Pour la première fois, les deux arcs narratifs du Major Fatal, que Moebius avait séparés de 20 ans, sont réunis dans le même album. Mais pas que ! On trouvera ici une ribambelle de récits courts et tous plus allumés les uns que les autres.Parmi les personnages emblématiques de l’œuvre de Moebius, le Major Fatal est un incontournable. Dans la préface d'une douzaine de pages signée Claude Ecken, surgit la thèse selon laquelle Gir n'a pas fait que l'inventer, mais que celui-ci s'est imposé à lui. Le personnage devenu culte est apparu la première fois dans Pilote, avec les initiales de ses prénoms, W.W. Explorateur s'inscrivant à l'origine dans une parodie de récit SF, l'homme au casque colonial va progressivement trouver son identité, ingénieur et savant, dans un registre burlesque et délirant, à partir du moment où il va véritablement envahir Le Garage hermétique, dont il était absent à l'origine. Alors il serait vain, car évidemment très prétentieux, de tenter de résumer en quelques lignes toute la richesse ne serait-ce que d'une partie de l’œuvre de Moebius. Mais on peut tout de même en souligner quelques points remarquables. Même si Les vacances du major et L'Homme du Ciguri comptent une vingtaine d'années d'écart, le dessin ne s'en ressent pas vraiment, comme si la perfection graphique était chez l'artiste un signal linéaire... Les thèmes que Moebuis aborde renvoient à l'infini des mondes que le Major Grubert traverse, avant qu'il ne finisse par les créer, puis se faire absorber par eux. Il existe ainsi un pont symbolique entre les deux œuvres, des allers-retours permanents par lesquels Moebius se met en scène à travers son personnage, ouvre des mises en abîme abyssales, comme le livre qu'achète le Major, et distille une forme d'absurdité à trouver une logique. Il en résulte ce sentiment de grotesque diffus et permanent, comme la forme aussi phallique que ridicule du Ciguri. Notons de surcroît, que l'album contient de nombreux autres récits courts, en Noir et Blanc et en couleurs directes, qui partent eux aussi dans tous les sens. Inutile d'en dire plus, c'est du Moebius et ça se suffit en lui-même.


Illustration : Moebius
Science-Fiction
Septembre
9 septembre

Naissance du tigre

Fin XIXème, un policier défiguré et hanté par d’ambiguës démons, traque un spectre, un esprit malin encore capable de commettre les pires crimes. Un polar fantastique victorien, quoique parisien, à l’ambiance prégnante.Ça commence comme un polar victorien, pour l’ambiance et l’époque… mis à part que l’intrigue ne se déroule pas à Whitechapel, mais dans le Paris cher à Adèle Blanc-Sec ou Arsène Lupin. Le romancier Feldrik Rivat, qui narre ici son premier album de bande dessinée, inscrit son intrigue à travers une forte dimension ésotérique, accompagnée d’un corolaire de steampunk. Pour communiquer avec les morts, en effet, il faut d’incroyables machines électriques, dignes du professeur Septimus de La Marque Jaune. Il est avant tout question d’une traque à l’encontre d’un spectre, un esprit malin qui n’en finit pas d’étendre ses méfaits diaboliques. Comment tuer une seconde fois un assassin qui a déjà été guillotiné ? Le scénario de Rivat joue avec les faux semblants, avec les ambiances, avec le mythe de Mister Hyde, avec tous les codes du registre, pour animer un one-shot de 112 planches… à l’intrigue quelque peu tortueuse – en tout cas pas évidente à piger à la première lecture. Les codes narratifs du 9ème art ne sont pas forcément innés chez les romanciers… Dans une veine réaliste et encrée, proche de certains comics classiques, mais ici complétée d’une séduisante colorisation dans les tons ocre-taupe-fade, le dessin de Jean-Baptiste Hostache ne fait pas dans les fioritures. Il se passe volontiers de décors, sauf quand les transitions de lieu l’exigent – les grandes cases de mise en situation sont alors magnifiques. Sa mise en scène est néanmoins impeccablement cadrée, rythmée et proportionnée, ce qui offre une immersion forte aux lecteurs qui apprécient le registre.


Scénario : Feldrik Rivat | Couleur : Jean-baptiste Hostache
Policier
Juin
17 juin

Kane

Quid des origines de Kane, le père de la gamine amphibie Lou ? Sujet d’étude de Feiersinger pour ses pieds palmés, il eut tôt fait de fuguer et de subir de sacrées mésaventures. Début d’un nouveau cycle en flashback, de 2 tomes prévus.Le dernier cycle de Carthago semblait bel et bien terminé avec les dernières pages du tome 10. Aussi, quelle surprise de voir arriver ce tome 11 à peine un semestre plus tard ! En fait, ce nouveau cycle est anté-chronologique à tous les autres sur le plan narratif. Il revient en flashback sur les origines du père de Lou, la fillette amphibie dont nous avons suivi les aventures océaniques depuis le début de la série. Et l’on découvre Kane enfant, échappé d’un laboratoire appartenant au sulfureux milliardaire-collectionneur roumain Feiersinger. Le gamin s’illustre pour la première fois en 1986 avec ses extraordinaires capacités sous-marines, sans plus d’explication que cela quant à l’origine de ses mains palmées. Comme souvent, le scénario de Christophe Bec empile les séquences de manière un peu gratuite, mais non moins spectaculaires et accrocheuses. Kane joue au héros lors d’un déluge ; Kane s’évade par les égouts d’une centrale chinoise ; Kane fait un plongeon surréaliste depuis le sommet d’un gratte-ciel ; Kane rejoint des pêcheurs braconniers ; Kane se fait choper en tant que « freak » par la mafia malaise… Et pour assurer des respirations, on suit en parallèle, par séquences alternées, les mésaventures de la compagnie Carthago face à de (trop) gros requins, et celles du cryptozoologue London Donovan à la recherche du « hobbit de Sumatra », un gibbon un peu trop hominidé pour être uniquement simiesque. Le dessin réaliste de l’italien Ennio Bufi demeure quant à lui d’une parfaite rigueur, maîtrise et régularité. Expressif pour les personnages, grandiose pour les paysages, il s’inscrit dans une mise en scène exemplaire des scènes spectaculaires. Ce cycle se terminera déjà avec le prochain tome 12, sans doute par la rencontre passionnée de Kane avec Kim Melville, les futurs parents de Lou.


Thriller
Mars
11 mars

L' Ange aux ailes de lumière T2

Deux agents humains de la confrérie des étoiles découvrent une civilisation cachée d’anges à la surface de la planète Væroya. Suite et fin d’une aventure SF un peu bancale.Dans ce second opus, le scénariste Harry Bozino conclut l’adaptation du roman éponyme de Julia Verlanger. Ou comment deux agents de la confrérie des étoiles découvrent une civilisation cachée d’« anges », au sens premier du terme, sur la planète dont ils ont la charge de l’équilibre social et économique. Cette histoire d’anges paraitra un peu bancale aux lecteurs rompus à la science-fiction (sans déconner… des anges !!?). Et paradoxalement, elle se découvre dans son pitch et sa narration très classique, pour ne pas dire un peu creuse. Bozino parvient tout de même à dérouler une intrigue correcte jusqu’à son terme… Il s’appuie cependant sur un dessin franchement plus irrégulier et peu engageant de Carlos Magno. Dommage, car les couvertures signées Philippe Briones inclinaient plus volontiers à la découverte. Ici, malgré une volonté de griffe réaliste congrue avec le registre de la SF, les personnages ne se ressemblent pas d’une case à l’autre, selon qu’ils sont de profil, de face, de près ou de loin ; ils sont des proportions fluctuantes, des arrière-plans souvent délaissés… Et des séquences entières sont bâclées, pour ne pas dire oubliées ! (ex : la dernière case de la page 45). Bref, L’ange aux ailes de lumières n’est pas la meilleure adaptation de Julia Verlanger.


Couleur : Stefani Rennee de Oliveira Silva
Science-Fiction
Janvier
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