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Prochain niveau: 2 EXP

Çà et là

banner Çà et là

Avril
15 avril

Easy breezy

En voulant piquer une camionnette, trois zozos réalisent involontairement un kidnapping. Un condensé d’action branché sur 100 000 volts, qui s’appuie sur des cadrages d’une profondeur hallucinante. Vous vouliez de l’action ? Vous allez être servis ! L’autrice chinoise Yi Yang, immigrée en Italie en 2013, livre ici une overdose de vitamines, dans une histoire de kidnapping très originale dans sa forme et « what the fuck » tout au long de son approche narrative. Ça commence dans le feu de l’action sans qu’on comprenne trop ce qu’il se passe. Un voyou tabasse un gamin, à l’entrée d’une camionnette appartenant à quelqu’un d’autre. Puis un flashforward permet de remettre la problématique d’un kidnapping fortuit dans son contexte… mais pas d’assagir le découpage ni les cadrages. La composition des cases s’avère en effet systématiquement torturée, alternant macro plan et mises en situations très détaillées, avec un maximum de profondeurs et de perspectives virevoltantes… Le dessin stylisé est torturé à dessein, souvent sous un prisme angulaire. Il déforme les visages, les membres et les attitudes. Il sur-joue les expressions et met les déformations en adéquation avec le niveau d’adrénaline de la séquence. Et le plus étonnant, c’est que tout reste toujours visuellement à peu près compréhensible, en dépit de l’économie de teintes employées – une bichromie grise/orange. L’objet est mutant : petit format, couverture souple, style manga… Il est le fruit d’une autrice chinoise et italienne, publié par un éditeur de comics… Inclassable mais bourré de peps et d’humour. Rafraîchissant !


Scénario : Yi Yang | Illustration : Yi Yang
Policier
Juin
3 juin

L' Epée

Ania, princesse héritière, se questionne sur les origines de la magie dans son peuple et ne croit pas aux légendes qu'on raconte. Elle se met en quête de la vérité. Un récit dynamique et élégant, dans un monde de fantasy.L'autrice espagnole Anabel Colazo est traduite en France depuis 2019 aux éditions Çà & Là. On lui doit Proches rencontres et Ne regarde pas derrière toi. Elle propose cette fois un roman graphique de fantasy qui sort de l'ordinaire, et qui se distingue notamment par ses illustrations. Ania, princesse héritière, ne se formalise pas des codes traditionnels que l'on peut assigner dans les contes de fées. Elle possède des pouvoirs, elle est indépendante, en quête de vérité, et n'attend pas l'arrivée du prince charmant. Au contraire, il semble qu'elle ait plutôt une attirance pour la femme médecin qui l'accompagne. Questionnée sur les origines de son peuple, notamment sur les questions magiques, elle va se demander si les légendes qu'on lui a racontées s'avèrent véridiques. Seules deux personnes possèdent des pouvoirs : elle et la reine, sa mère. Les autres villageois les ont perdus il y a fort longtemps, mais elle désire leur rendre ce qu'il leur revient. On se questionne sur les notions de pouvoir magique : que ferions-nous de la magie ? Tout le monde est-il prêt à la recevoir et à s'en servir positivement ? Mais également sur la notion de pouvoir, au sens de la gouvernance, et de ce qu'il peut entraîner. Cette histoire est principalement menée par des héroïnes, et cela fait du bien d'avoir des exemples de femmes qui gouvernent, qui sont fortes et qui sont prêtes à se battre et se questionner. Et qui sont mises en avant du début à la fin d'une bande dessinée. Graphiquement, le trait est beaucoup plus travaillé que dans les précédents albums de l'autrice, avec une finesse et un choix de couleurs qui donnent un aspect mystique au récit. Un bon album d'aventure au féminin.


Illustration : Annabel Colazo | Couleur : Annabel Colazo
Fantasy
Janvier
22 janvier

Le Dernier sel noir

Des personnages à têtes d'oiseau évoluent à travers un décor apocalyptique où il leur arrive des trucs ou pas. Une œuvre totalement hermétique, inspirée de poèmes suédois.Cela ne nous arrive pas souvent : nous avons copié-collé dans la partie résumé ci-dessus le court texte de présentation de l’éditeur concernant ce bouquin, tout simplement parce que nous, nous n’avons rien compris à ce petit bouquin. Les personnages minimalistes avec une tête énorme et un bec d’oiseau évoluent ici à travers des territoires arides et ravagés où il leur arrive des trucs… ou pas. Une tempête nucléaire. Un train. Un dément proche du cadavre. Un fou qui tire à l’arbalète depuis un bunker. Le vide avec des tâches. Et le tout est chapitré (13 chapitres) sans transition ni logique apparente. Le suédois Henrik Lange s’est inspiré de poèmes de son compatriote Pär Lagerkvist, tirés du recueil Pays du soir et de nouvelles issues de Contes cruels. De fait, les séquences qu’on feuillette plus qu’on ne les lit sont charbonneuses, radicalement neurasthéniques, contemplatives de la fin de la raison, mais surtout d’un hermétisme rare. L’éditeur précise encore que ça se situe quelque part entre La route de Cormac McCarthy (un road trip post-apocalyptique et nihiliste) et la Divine comédie de Dante Alighieri (qui cause surtout de l’apocalypse et de l’enfer). Tout cela ne procure certes pas une joie de vivre extraordinaire. Si vous aviez l’intention de vous pendre aujourd’hui, n’oubliez pas de lire ce bouquin juste avant !


Scénario : Henrik Lange | Illustration : Henrik Lange
Contes / Fééries
Juin
4 juin

Hantée

Shaghayegh fuit son pays d'origine et ses traditions, pour se reconstruire avec plus d'indépendance au Canada. Mais le poids de son passé va la rattraper. Un roman graphique marquant, qui met en lumière la pression qui pèse sur les Iraniennes.Shaghayegh est d'origine iranienne. Elle a grandi au gré des traditions et coutumes, souvent opprimantes pour la femme. Souhaitant échapper à ce mode de vie, elle convient d'un mariage avec l'un de ses amis, avec lequel elle fuit vers le Canada. Arrivée dans ce nouveau pays, elle est prête à prendre un nouveau départ. Mais le poids de son éducation et de ses origines sera plus lourd à porter que ce qu'elle imaginait. Dans ce récit autobiographique, cette artiste nous propose son premier roman graphique, sa première bande dessinée. Peintre, elle s'est tournée vers la narration, et a décidé d'expliquer dans ce premier récit le poids que représente la mentalité conservatrice iranienne sur sa vie. Nous suivons son parcours et son arrivée dans ce pays qu'elle ne connaît pas. Peu à peu, elle va revivre des moments du passé, souvent douloureux pour elle, et qui l'ont marqué en tant que femme. Alors qu'elle s'émancipe de ces restrictions et du poids de la religion, une femme fictive et acariâtre va apparaître dans son quotidien, et lui rappeler en permanence la mauvaise conduite qu'elle a en tant que femme occidentale. A travers cette image, elle nous montre la difficulté à faire fi de son passé malgré sa volonté, et comment ces épisodes de son enfance l'ont marquée à jamais. On ressent toute sa colère, toute sa contrariété. On navigue entre ses démons intérieurs et son envie d'avancer. Elle va se reconstruire progressivement, s'affirmer en tant que femme, exprimer ses envies et ses refus. Mais le chemin sera long. Le trait gras et le dessin en noir et blanc reflètent cet aspect sombre et tourmenté. Et plus la vieille femme va apparaître, plus nous serons amenés à faire l'impasse sur ses remarques, sans lire ses revendications, comme le fera petit à petit Shaghayegh elle-même.


Scénario : Shaghayegh Moazzami | Illustration : Shaghayegh Moazzami
Chronique sociale
Août
20 août

La Capacité de survie

Yeong-jin traverse une crise existentielle. Elle trouve le monde violent dans tous les sens du terme. Elle a un job précaire et passe son temps à jongler entre sa famille, son copain, ses collègues, son chef... Petit à petit, elle se révolte.La dessinatrice coréenne Kim Sung-Hee est autrice de plusieurs ouvrages inédits en France. Elle écrit des textes plutôt engagés tant politiquement que socialement. La capacité de survie est pour l’instant sa seule bande dessinée traduite en français. Il s'agit d'une remise en question des conditions de vie des uns et des autres et sur le niveau de tolérance et d'acceptation supportable par chacun. A travers le découpage par chapitre, chaque titre laisse présager d’un questionnement personnel. Le sommaire est d’un grand secours pour se repérer dans le scénario. Le graphisme est en bichromie, le dessin est peu avenant et « peu travaillé ». Il est même parfois difficile de distinguer le protagoniste parmi les autres personnages, ce qui complexifie quelque peu la lecture... On comprend que la vie de Yeong-jin perd peu à peu de son sens. Elle s’en rend compte et décide de changer les choses et se prendre en main pour ne plus subir ce qui l’a fait souffrir ou ne lui apporte rien. Cette lecture questionne avec un thème de fond intéressant, certes... mais parfois décousu et le lecteur se perd en route.


Scénario : Kim Sung-hee | Illustration : Kim Sung-hee | Couleur : Christelle Galland
Chronique sociale
Septembre
10 septembre

Ecoute, jolie Marcia

Cette évocation hyper réaliste de la vie dans les favellas de Rio apporte la touche d’émotion qu’il faut pour raconter la dure vie d’une infirmière et de ses proches. Grandioso !L'œuvre de Marcello Quintanilha est grande et belle. Ce tout juste quinqua né à Niteroï dans l'état de Rio de Janeiro est déjà connu des lecteurs français, notamment grâce aux éditions Çà à Là qui le traduisent depuis 2015 et son premier recueil de nouvelles graphiques Mes chers samedis (sur les classes populaires au Brésil). Après quatre romans graphiques de qualité, abordant d'autres sujets, il évoque de nouveau les quartiers pauvres et dangereux des favelas. Il nous immerge au cœur de la vie de Marcia, opulente maman assurant du mieux qu'elle peut sa vie auprès de ses collègues de l'hôpital, ses amis du quartier et ses deux « enfants » à la maison, puisque le tranquille Aluisio lui donne presque autant de soucis que sa peste de fille. A l'aide d'un dessin réalisé au stylo noir, saturé de couleurs dans les tons de mauve, vert pâle, jaune, il déroule avec une précision incroyable et une émotion de chaque instant, palpable. Cette tranche de vie peut presque être assimilée à un documentaire, tant l'histoire de cette mère, luttant au risque de sa propre vie afin de sortir ses proches du pétrin, résonne telle une leçon. Il est à parier que le style graphique de l'auteur, doucement mais franchement coloré, participe justement à donner à ce drame toute sa poésie. A moins que l'insertion bienheureuse et bienvenue d'un morceau traditionnel de chanson d'opéra brésilienne Escuta Formosa Marcia, revenant telle une ritournelle dans l'album (et lui donnant son titre), ne participe pleinement à ce constat. La bande originale est en tous cas toute trouvée pour l’adaptation cinématographique d'un futur grand et beau film, à n'en pas douter. Bravo.


Illustration : Marcello Quintanilha | Couleur : Caroline Lee
Chronique sociale
17 septembre

Goàn tau chez moi

Dans cette autobiographie, Li-Chin Lin se questionne sur l'endroit dans lequel elle se sent le plus chez elle : son pays d'origine ou le pays dans lequel elle a choisi d'habiter ?Li-Chin Lin est une autrice de bandes dessinées d'origine taïwanaise. Elle a choisi de quitter son pays pour étudier l'illustration et l'animation en France. Autrice de courts-métrages d'animation, puis de fanzines et de livres pour enfants, elle décide de se lancer dans la bande dessinée et publie deux romans graphiques : Formose, qui reçoit le prix littéraire des lycéens de la Région Ile de France, et Fudafudak l'endroit qui scintille. Pour ce nouveau roman graphique, elle décide de se livrer sur son expérience personnelle. Elle s'intéresse aux liens qui l'unissent à la fois à son pays natal, mais aussi à son pays de coeur, et développe son sentiment de ne jamais se sentir complètement à sa place dans le pays qu'elle a choisi. Au quotidien, les réflexions de son entourage la ramènent malgré elle vers Taïwan. Ce récit autobiographique se découpe en plusieurs chapitres, dans lesquels elle développe des thématiques particulières, et notamment les stéréotypes racistes qu'elle entend régulièrement. Tiraillée entre ces deux pays, comme le montre très bien la couverture, elle ne sait où elle se sent vraiment chez elle : à Taïwan, même si elle a des relations tumultueuses avec sa famille et qu'elle a choisi de quitter ce pays ? Ou en France, pays dans lequel elle a voulu évoluer, mais où les clichés ont la dent dure, et où la xénophobie reste très présente ? Un roman graphique aux dessins crayonnés, comme si l'autrice se confiait à nous en direct, qui tente de répondre à une question essentielle : où suis-je chez moi ?


Scénario : Li-Chin Lin | Illustration : Li-Chin Lin | Couleur : Caroline Lee
Chronique sociale
Janvier
21 janvier

Bergen

Alors qu'elle a tout pour vivre épanouie, Maria sombre dans la dépression. Elle va plonger dans les méandres de cette maladie et voir la noirceur s'emparer de son esprit. Un récit percutant, qui met en parallèle la dépression avec la force de l'amitié.Alors qu'elle devrait vivre les meilleures années de sa vie, Maria vit un enfer. Souffrant de dépression, elle n'arrive pas à s'en sortir et s'enfonce de plus en plus dans les méandres de cette maladie. Anja Dahle Øverbye est une autrice norvégienne. Elle s'était fait connaître dans son pays et à l'étranger grâce à son précédent album Sous le signe du grand chien, qui avait reçu le prix de la meilleure bande dessinée Norvégienne au festival de la BD d'Oslo en 2016. Son second roman graphique, Bergen, a été publié dans son pays d'origine en 2018, et il vient tout juste d'être traduit par les éditions Cà et là en France. Comme dans son premier ouvrage, Anja s'inspire de thèmes qui lui sont chers. Elle puise certains passages de son histoire personnelle, s'inspire du cadre de la Norvège pour situer ses histoires, présente des personnages jeunes en pleine transition, et se focalise sur les relations qui les lient entre eux. Dans Bergen, le sujet de la dépression apparaît dès les premières pages. Il est traité avec pudeur, mais aussi avec justesse, et dépeint bien la détresse dans laquelle se trouve Maria. L'illustration, un crayonné sombre dans les teintes de gris et blancs, renforce la noirceur qui la gagne, qui obscurcit son monde. Cette dépression la coupe de ceux qui l'entourent, qui veulent l'aider, qui voient le bien en elle. Elle tentera d'y échapper par l'alcool, la sexualité. Mais ce ne sera que passager, et cela ne l'aidera pas à vaincre la maladie. Sa seule lueur d'espoir va être sa relation avec son amie de toujours, Johanna, qui ne va pas l'abandonner, qui va l'accompagner, et lui dire les choses comme elle les pense. Tel est le portrait poignant d'une jeunesse en désillusion, qui a encore plus de résonnances aujourd'hui, avec la crise de la Covid-19, qui isole les jeunes adultes, et voit le taux de dépression augmenter significativement.


Scénario : Anja Dahle Øverbye | Illustration : Anja Dahle Øverbye
Chronique sociale
Octobre
8 octobre

Trois heures

Mana Neyestani reste bloqué pendant 3h dans l’aéroport d’Orly, en raison d’un « problème avec son passeport ». Pendant l’attente, il se souvient, extrapole et fait une introspection angoissée de son statut de réfugié politique.Il semble que le dessinateur d’origine iranienne Mana Neyestani se soit enfermé dans sa condition de réfugié politique, et que ce statut obnubile désormais toute sa créativité. On peut en effet comprendre que le déracinement culturel définitif et les confitions dans lesquels il s'est fait, nourrisse un réel traumatisme et un sentiment d’apatridie. Voici donc l’auteur au sein d’une salle d’attente d’aéroport, où il poireaute Trois heures, en proie à des pérégrinations mentales, en train de ressasser ses souvenirs angoissants vis-à-vis de son emprisonnement en Iran et de l’administration française. Et l’on sait tous ô combien nos institutions savent faire de la haute-volée en matière de circonvolutions kafkaïennes et absurdes. Les fantômes de sa malédiction sociale se renforcent par un « problème avec son passeport ». A son observation angoissée du manège des agents, sensés régler son problème, il entremêle ce nouveau roman graphique de souvenirs en flashbacks et d’extrapolations imaginaires. Il phantasme la vie des autres quidams, de ses bourreaux du passé, et recompose ses réminiscences. Il transforme son attente en aventure épique ou débridée (la comédie musicale sur une chanson d’Elvis Presley, les Marx Brothers à la place des valises). Le passage le plus intéressant est l’introspection sur son métier de « dessinateur politique », sur l’ambivalence de son l'engagement de celui qui veut faire bouger les lignes en restant tout de même sage et discipliné, par éducation.


Illustration : Mana Neyestani | Couleur : Pierre-Mony Chan
Chronique sociale
Janvier
Mars
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Septembre
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