Data Games nécessite l'utilisation de javascript pour mieux vous présenter ces univers bande dessinée, jeux vidéo, manga, comics, films et jeux de société.

Prochain niveau: 2 EXP

Les arènes

banner Les arènes

Mai
19 mai

De sel et de sang

En 1893, dans les marais salants d’Aigues-Mortes, des ouvriers français ont lynché des italiens. Un récit historique fort et sous haute tension.L’histoire est souvent faite de tragédies, notamment quand les hommes se laissent porter par leur instinct bestial le plus primaire. En 1893, dans le Gard, des ouvriers italiens qui travaillaient pour la Compagnie des Salins du Midi ont été massacrés par leurs collègues français et des villageois d’Aigues-Mortes. Ces lynchages ont fait dix morts et des dizaines de blessés. Alors que la compagnie des Salins met en place une rémunération au rendement, des tensions extrêmes vont naître entre les ouvriers. Les français vont accuser leurs collègues italiens de leur voler le pain de la bouche. Cet événement historique est ici romancé et renforce ainsi le caractère tragique des faits. Dès les premières pages de l’album, la tension est palpable : de provocations en insultes, des échauffourées vont éclater pour se transformer en chasse à l’homme et mettre la ville à feu et à sang. Le lecteur est rapidement immergé dans cette atmosphère suffocante : alors que le patron de la compagnie est confortablement installé dans sa propriété et contemple de son balcon ce triste spectacle, on perçoit la colère, la rage sur le visage des ouvriers. La contagion de cette haine de l’étranger va se propager crescendo à l’ensemble du village et rendre le récit de plus en plus oppressant. Le dessin sert parfaitement l’histoire avec des personnages expressifs, des couleurs chaudes. Un format un peu plus grand aurait permis à certaines planches d’être un peu moins ramassées. Un dossier explicatif de quelques pages en fin d’album vient apporter quelques éclairages supplémentaires sur cet événement ainsi que ses conséquences.


Guerre
Mars
10 mars

Ils sont partout

Le frère de Rose est tombé sous la coupe des idéologues de la fachosphère. La jeune femme tente de le récupérer avant qu’il commette un acte irréparable. Une fiction pédagogique pour appréhender les différents mouvements complotistes.Soyez sereins : dans cette chronique, nous allons vous révéler la pure vérité vraie sur cet album. Aucune fake news, aucune manipulation, tout ce qu’on va vous dire a été vérifié, entrecoupé et validé par les plus hautes instances scientifiques de la bédésphère. Ouf. Il fallait bien ça pour introduire Ils sont partout, petite fiction sociale qui met en scène la galère d’une jeune femme cherchant à exfiltrer son frangin des sales pattes des conspirationnistes. Il faut reconnaître que depuis les hypothèses déviantes et délirantes sur le premier homme sur la lune, sur les attentats du 11 septembre, sur la fourberie des vaccins destinés à nous manipuler via la 5G, ou encore sur la Terre plate, les spécialistes du complot sont très forts. A moins que les quidams qui les gobent soient couillons. La vérité est sans doute entre les deux (et non pas ailleurs), avec une part de calcul commercial non négligeable : plus la thèse est débile et plus elle est excitante, plus elle suscite le buzz, plus elle fait vendre. A travers la mésaventure de cette famille, les scénaristes Valérie Igoumet et Jacky Schwartzmann font un sympathique tourist-tour de la fachosphère, option nouvel ordre mondial et terrorisme intérieur. Leur narration obéit plus à une démarche de pédagogie que de thriller, mais elle est tout de même parfaitement entrainante et limpide. On croise ceux qui dénoncent le complot sioniste mondial ou le grand remplacement, big pharma et la nocivité des vaccins, les Qanon et le trafic d’enfants, les platistes, les collapsologues, les révisionnistes… Ça en fait quand même un sacré paquet. Les noms des authentiques vedettes de ces mouvements sont modifiés, mais à travers le dessin gras et « jeté » de Lara et Morgan Navarro, on reconnait quand même Dieudonné (Bienv’), Jean-Marie Le Pen (Brieux), Thierry Casasnovas, Christian Schaller, Alain Soral… Un double lexique en fin d’album permet de remettre l’église, la mosquée, la synagogue et les illuminatis au milieu du village.


Scénario : Valerie Igounet | Illustration : Lara
Chronique sociale
Janvier
27 janvier

Après la rafle

Le témoignage authentique d’un rescapé de « la rafle du Vél’d’Hiv », alors âgé de 10 ans. Une immersion glaçante et chronologique dans l’un des évènements les plus symboliques de la Shoah et honteux pour l’Etat français.Joseph Weisman, rescapé de la « rafle du Vél’d’Hiv’ », aujourd’hui âgé de 90 ans, transmet un ultime message aux générations futures : n’acceptez pas l’inacceptable ! A travers cette BD d’une grande force mémorielle, scénarisée par Arnaud Delalande et dessinée par Laurent Bidot, il témoigne de la perte des siens à l’époque de la shoah (« catastrophe » en hébreux) telle qu’il l’a vécue, telle que l’ont vécue les rescapés des camps. Il est l’un des derniers survivants de la « solution finale » appliquée par l’Allemagne nazie, qui éradiqua près de 6 millions de juifs en Europe. Si le récit débute en 1965 par un flashforward, il se déroule ensuite majoritairement au présent entre 1940 et 1945, alors que le jeune Jo a entre 10 et 14 ans. Quiconque a suivi ses cours au lycée et/ou s’intéresse à l’Histoire du XXème siècle sait en quoi a consisté la plus grosse Rafle exécutée en France pendant la seconde guerre, celle dite du Vel’d’Hiv ‘ le 16 juillet 1942. Cette semaine-là, plus de 13 000 juifs de la région parisienne furent arrêtés, triés et enfin déportés en camps de concentration. Mais entre connaître la leçon et vivre ce moment, il y a une différence, qui s’exprime ici. Le lecteur se retrouve en immersion aux côtés de ce petit parisien, issu d’une famille aimante et normale, qui a le seul « défaut » d’être juive. Ça commence par une étoile jaune imposée sur les vêtements, puis on suit jour par jour, quasiment heure par heure, au plus proche des faits glaçants et pourtant dans une réalité presque palpable : la rafle, la déportation, la séparation, l’évasion du camp de Beaune-la-Rolande, les errances angoissées au sein de familles d’accueil. Jo Weisman a certes survécu, au prix d’une évasion douloureuse qui tient lieu de climax, mais il a perdu toute sa famille. Son témoignage a déjà donné lieu à un film, la Rafle, de Rose Bosch (2010).


Guerre
Septembre
30 septembre

1922 - 1954

Suzanne Noël, spécialisée dans la chirurgie esthétique dès le début du XXème siècle, fonde aussi un des premiers clubs féministes. Deuxième partie de biographie d’une icône du féminisme. L’écrivaine Leïla Slimani et le dessinateur Clément Oubrerie poursuivent et concluent leur biographie légèrement romancée de Suzanne Noël, pionnière de la chirurgie esthétique et leader du féminisme dans la première moitié du XXème siècle. Le récit reprend à la mort de la fille unique de Suzanne, en 1922, pour s’achever 32 ans plus tard par sa propre mort. Entre temps, elle assiste au suicide de son mari, elle fonde le club soroptimist (pour « sorores ad optimum » soit « sœurs pour le meilleur »), passe une thèse en médecine, promeut le rôle social de la chirurgie esthétique (notamment les prothèses mammaires), puis elle voyage énormément pour développer des clubs féministes dans les autres pays d’Europe… mais aussi pour étendre son savoir en matière de chirurgie jusqu’au Japon, en Chine et aux USA. Des problèmes de vue mettent fin à sa carrière médicale, alors que débute la seconde guerre mondiale. Après guerre, elle effacera encore des tatouages de déportés de retour des camps. Voilà une vie diablement bien remplie, à la double pointe de progrès sociaux et médicaux. Malgré quelques petits arrangements, la biographie de cette personnalité tombée trop vite dans l’oubli est précise, documentée et relativement factuelle. Quant à Clément Oubrerie, il livre en revanche peut-être son œuvre la plus aboutie, du moins sur le plan de la retranscription historique. La patine sépia et sombre, le grain du trait légèrement pâteux (et dedoublonné par moment) s’inscrivent fort bien dans l’époque cernée.


Guerre
Juin
17 juin

Crépuscule des pères

Un homme qui se bat pour la garde alternée de sa fille, découvre un ancien fait divers issus de sa situation : le forcené de Cestac. Récit d’un même combat, à deux époques, évocateur d’un problème de société récurrent.Aujourd’hui, en bande dessinée, on peut creuser profondément tous les sujets, y compris les plus intimes et complexes. Cet épais roman graphique focalise ainsi sur la question de la garde partagée des enfants, corollaire coutumier d’un divorce conflictuel. Comme le résume une phrase de conclusion, « aujourd’hui en France, la résidence principale fixée chez la mère concerne 73,5% des enfants », ce qui engendre des milliers de conflits psychologiquement douloureux, voire traumatiques – et ce qui nourrit bien des avocats. Le scénario de Renaud Cojo met prioritairement en scène, de nos jours, le cas désespéré d’un homme qui se bat au sein d’un système juridico-psychologico-familial qui lui est défavorable, pour revoir équitablement sa fille. Ce faisant, il s’intéresse à une affaire criminelle vieille de 50 ans, à laquelle il s’identifie : le « forcené de Cestac ». L’affaire a été suffisamment traumatisante dans la France des années 60 pour mériter une page Wikipedia très détaillée. En février 69, André Fourquet se donnait la mort après avoir tué deux de ses enfants, à coups de fusil, après s’être retranché avec eux dans sa ferme pendant 15 jours. Peu à peu, le récit au présent de Thomas Cessac s’entrecoupe en flashbacks du cas Fourquet, jusqu’à ce que celui-ci phagocyte totalement la narration et l’attention du lecteur. La fin tourne même à la chronique médiatico-juridique illustrée, avec l’interview d’un journaliste retranscrite quasiment telle quelle. On entendrait presque la voix de Pierre Bellemarre, Christophe Hondelatte ou Fabrice Drouelle ! Au dessin, Sandrine Revel n’a pas eu la tâche facile. L’entremêlement des époques lui a imposé l’alternance de styles graphiques, bien marqués. A l’époque Fourquet, les cases ont les coins ronds, pas de bordure de case, une colorisation terne, grise et bichromique, le dessin lui-même se la joue floue et charbonneux, notamment pour les décors. A l’époque contemporaine, dessin et découpage sont plus précis et colorés – classiques, en somme. Cela dit, avec un effort de synthèse, Cojo aurait assurément pu s’éviter bien des longueurs, sans pour autant trahir les faits. Par la résurgence évocatrice de ce tragique fait divers, son histoire illustre admirablement le sujet.


Scénario : Renaud Cojo
PolicierChronique sociale
Novembre
4 novembre

1900-1921

Au début du XXème siècle, en sus de ses idées progressistes, Suzanne se passionne par la médecine et plus particulièrement la reconstruction faciale. Biographie d’une féministe et pionnière de la chirurgie esthétique.Ce premier tome (d’un diptyque en cours de finalisation) est une œuvre féministe. Non seulement parce qu’il s’emploie à biographier le parcours professionnel hors normes d’une femme médecin, à une époque où la pratique était très majoritairement réservée aux hommes. Mais aussi parce que Suzanne Noël était une authentique engagée féministe, qui lutta notamment pour le droit de vote des femmes et leur indépendance professionnelle. Voire encore, parce qu’elle révèle les premiers pas d’une discipline médicale qui œuvre en faveur de la beauté des visages, la chirurgie esthétique, pour la première fois en dehors des besoins purement pathologiques. Certes, Suzanne Noël répare ici des « gueules cassées » de la Première Guerre Mondiale, mais elle compense aussi les flétrissures de l’âge chez les femmes qui lui demandent – par exemple, les rides de Sarah Bernhardt. En ce sens, la soif de culture de Suzanne Noël pour la peinture prend tout son sens : elle aussi est artiste, qui sculpte les visages vivants. Cette première partie couvre la période 1900-1921, soit la première partie de Vie de Suzanne Noël (1878-1954). On retrouve les dialogues le verbe élégant, le phrasé libre et percutant de Leïla Slimani (Goncourt 2016, excusez du peu !). Mais on note aussi que la romancière n’a pas encore acquis la pleine mesure des possibilités séquentielles du 9ème art, notamment par l’incursion légèrement insolite de précisions descriptives dans les gouttières horizontales. D’ordinaire, en bande dessinée, le dessin suffit – ou du moins les encadrés narratifs sont codifiés. Cela dit, ce procédé ne gêne nullement à la lecture et le savoir-faire graphique de Clément Oubrerie compense. En dépit de la vocation réaliste du dessin, Oubrerie utilise un trait de dessin volontairement un peu épais et charbonneux, apparaissant souvent comme dédoublé. Le procédé permet d’étouffer les imperfections et d’ajouter du « grain » comme sur les vieilles photos, ainsi que de la vie à des plans souvent figés. Le dessinateur parvient admirablement à insuffler le décorum désuet des années 20, à travers les costumes, les décors, les coiffures, les postures ou les objets usuels.


Couleur : Sandra Desmazières
Guerre
12 novembre

De l'Afrique à l'Asie

Quelles sont les origines et les pratiques sexuelles en Inde, au Moyen-Orient, en Afrique sub-saharienne, en Chine et au Japon ? Suite d’une passionnante « encyclopédie » historique enluminée par des illustrations savoureusement persiffleuses.Malgré sa densité, le premier tome de L’incroyable histoire du sexe a connu un grand succès public, qui lui a déjà valu plusieurs rééditions et complétions. Le sujet est intrinsèquement porteur… mais surtout, le parti-pris des auteurs a une formidable propension à éduquer, tout en amusant la galerie. Parler sexe avec humour est en effet un biais très pratique pour briser les tabous, outrepasser la gêne de l’intime ou les préceptes du puritanisme. Après un premier tome analysant la sexualité en occident, ce second volet se consacre à cinq autres cultures : en Inde, au Moyen-Orient, en Afrique sub-saharienne, en Chine et au Japon. On en apprend de nouveau de belles sur les origines des traditions et des pratiques en dehors du monde occidental – qui est tout de même durablement formaté par la chrétienté. Quid exactement du kamasutra ? Quid des contes les moins populaires des Mille et une nuits ? Quid des scarifications et mutilations en Afrique ? Quid de l’équilibre du yin (féminin) et du yang (masculin) dans les fondements du taoïsme chinois ? Quid de la signification des incroyables estampes japonaises ? Et pour chacune, quid des légendes originaires, de la structuration de la société, de l’homosexualité, de l’inceste, de la pédophilie ? Un précepte commun réunit généralement toutes les bases : la confiscation du plaisir féminin et l’asservissement de la femme en général, au profit du plaisir de l’homme – à l’exception de la société non coercitive chinoise. A la trame didactique de Philippe Brenot, dans un souci de vulgarisation constant, répond le dessin et les dialogues caustiques, ou sardoniques, souvent hilarants de Laetitia Coryn. Cette méthode fait une nouvelle fois mouche et rend ce second volet parfaitement plaisant et éminemment intéressant. Comprendre le sexe, c’est souvent comprendre bien des choses sur les bases des sociétés.


Roman graphique
4 novembre

Au coeur de la vague

Le dessinateur de presse Chapatte livre une BD-reportage à la première personne sur la (première) vague épidémique de la covid-19, par le prisme du monde médical. Le reflet anxiogène d’une angoisse.On croise plus volontiers la griffe du dessinateur suisse Chapatte dans les quotidiens Le Temps (suisse), le New York Times (américain), Der Spiegel (allemand) ou le Canard enchainé (français). Son talent pour mettre un doigt universel là où ça fait mal, avec talent et humour, lui vaut une notoriété durable et mérité. Pour autant, Au cœur de la vague est l’une des première fois où il se livre à une forme de reportage BD complet et sérieux, en allant au fond d’un sujet sans chercher à le singer. La crise du coronavirus semble l’avoir profondément secoué, notamment grâce à sa proximité / son amitié avec le professeur suisse Didier Pitet (inventeur et donateur d’une solution simple de gel hydro-alcoolique). Dès les premiers jours d’inquiétude, Chapatte s’est en effet mis à tenir un journal de l’épidémie, en prenant notamment le prisme du monde médical. Cette BD-reportage est l’extension de ce journal sous forme dessinée, sur près de 120 pages. Heureusement, pour soulager un sujet de fond particulièrement pesant, Chapatte ajoute régulièrement des respirations cyniques et humoristiques de ses dessins de presse parus dans divers médias, faisant échos aux différentes étapes du fléau. Il y a une double limite à cet exercice. Primo, le propos est amené telle une somme terminée. A la fin du bouquin, la pandémie est ainsi présentée comme de l’histoire ancienne, alors qu’au moment de sa sortie, une seconde vague épidémique oblige de fermer précisément les librairies ! Sans oublier que d’autres vagues de propagations sont encore possibles, tant qu’une immunité vaccinale ou naturelle, massive et durable, ne sera pas atteinte. Deuxio, quiconque a subi un confinement (c’est-à-dire à peu près tout le monde sauf les martiens et les américains) a largement eu l’opportunité de s’informer et de saturer sur le sujet. Hormis les témoignages bien légitimes du monde médical en alerte maximale, on n’apprend donc pas grand-chose. Sans doute, avec le recul, ce reportage BD sera-t-il le reflet instructif d’une époque, sans doute plus parce qu’il transmet l’angoisse d’un moment, qu’il ne vulgarise les mécanismes viraux et les débats scientifiques.


Scénario : Patrick Chappatte | Illustration : Patrick Chappatte
Chronique sociale
18 novembre

Whisky

Après avoir salopé son whisky et par là-même une soirée branchée, Fix va chasser les plus grandes bouteilles du monde. Un album en forme de belle surprise qui ravira les fans de la boisson, mais aussi ceux des bulles. Des phylactères, s'entend. Il y a des albums dont on n'attend pas grand-chose quand on regarde leur couverture. Whisky... et un sous-titre qui évoque Le Tour du monde en 80 jours. Bon, pourquoi pas ? On se dit même, qu'après tout, on pourrait imaginer qu'un jour, un éditeur se penchera sur l'histoire passionnante des légumineuses, en particulier des arachides, et cibler ainsi la merveilleuse histoire des cacahouètes, qui conduisit un vendeur à devenir Président des States, hein... Hé bien détrompez-vous. D'abord parce qu'il serait vulgaire de ramener ces petites graines huileuses à l'art de la distillation. Ensuite parce que Fix, le personnage principal, déconne complètement en mettant glaçon et soda dans un nectar divin. Alors on ne va pas comparer ce breuvage ancestral à une vulgaire cahouète grillée non plus ! Plus sérieusement, cette BD cumule deux qualités et pas des moindres. D'une part, c'est une « vraie » BD, avec des personnages attachants et hauts en couleurs, un scénario simple mais bien ficelé et qui laisse la part belle à l'humour. D'autre part, la chasse aux plus grands whiskies du monde qui nous est ici contée est l'occasion d'aborder de façon très documentée la richesse de cette eau de vie à la palette aromatique des plus larges. On apprend donc toutes les bases de son histoire, jusqu'aux différentes étapes de sa fabrication et ce qui les distingue aussi, côté palais. Pour un peu, on sentirait les arômes, l'attaque en bouche qui révèle les saveurs fondamentales, puis le milieu de bouche et enfin la finale de chaque bouteille mise en scène (et elles sont nombreuses ! ). Alors à défaut d'être complexe, cette BD contient une belle richesse, en vérité double : elle plaira aux lecteurs épris de l'art séquentiel et pourra être consommée sans modération par ceux que son sujet intéresse !


Scénario : Stéphane Carrié
Chronique sociale
Mars
18 mars

Philby

Une biographie partielle de Kim Philby, authentique agent double (voire triple) anglais à la solde de Moscou. Un parti-pris centré sur la jeunesse de l’espion, sur les origines de son étonnante idéologie communiste.Kim Philby, de son vrai nom Harold Adrian Russell Philby, fut un authentique espion anglais du MI6, qui œuvra en réalité toute sa carrière en faveur du régime soviétique de Moscou. Jamais arrêté, toujours ambivalent, il causa pourtant des dégâts considérables durant la guerre froide (la Guerre de Corée, entre autre) en révélant aux soviétiques les faiblesses occidentales. Sur un dessin inégal de Christophe Gaultier, au trait souvent épais et fluctuant, le scénariste Pierre Boisserie en tisse ici une biographie partielle, plutôt centrée sur les origines de la « traîtrise » de Philby, situées dans sa jeunesse. L’entrée dans l’album démarre cependant de manière pour le moins hermétique… par une évocation en cinq planches du roman d’espionnage Kim de Rudyard Kipling – afin d’imaginer un fondement à son surnom de « Kim » Philby. Passez outre cette entrée en matière ratée – tout comme la couverture, vraiment peu engageante – la suite s’avère plus explicite et passionnante. Au présent, Boisserie met en scène Philby au seuil de sa vie, en train de revenir placidement sur sa vue tumultueuse, face à un mystérieux confrère rival, sur un banc public de la place rouge, en 1988. Les flashbacks nourrissent alors la biographie, par séquences empilées, dont le climax se situe lors de sa blessure durant la guerre d’Espagne. Il est curieux, ce parti-pris de ne s’intéresser qu’à la première partie de vie de l’espion… car son œuvre ambivalente et dévastatrice a surtout culminé ensuite. Sans doute la matière première pour cette seconde période était-elle trop floue – et trop récente pour être déclassifiée ? – pour éviter les supputations ou l’Histoire-fiction. Boisserie ne s’interdit cependant pas de conclure l’album par une mort pour le moins romancée.


Couleur : Christophe Gaultier
Espionnage
13 mars

Les racines de la colère

Il y a une France qui n'est pas en marche, qui est laissée pour compte, qui galère et qui un jour se réveillera avec pertes et fracas. Un reportage-docu BD en mode roman-photo, qui porte un regard sans concessions sur la France d'en-bas.« Prends garde, sous mon sein la grenade, sous mon sein là regarde...» chante Clara Luciani. C'est un peu ce que l'on ressent en se plongeant dans la lecture des Racines de la colère, qui détourne le titre du roman de John Steinbeck, Les raisins de la colère. Prix Pulitzer en 1940, le livre racontait l'histoire d'une famille qui quittait la misère de l'Oklahoma pour la Terre Promise californienne, en pleine période de récession économique, post-1929. A l'heure de la mondialisation, même si depuis 2015, la démondialisation s'opère, cette histoire prend tout son sens et montre que l'économie doit être sociale et s'inscrire dans le réel. Mais aujourd'hui, c'est une population totalement déshumanisée sans avenir, ni espoir. Vincent Jarousseau livre un portrait sans concession d'une France à la dérive. Après quelques planches de bande dessinée, place à un roman-photo comme pour mieux coller à la réalité d'un terrain, avec des mots dans les bulles qui sont ceux de ces français laissés à l'abandon. A Denain, des trois cinémas, deux librairies et du centre-ville animé, il ne reste plus rien... sauf un stand de tir ambulant. Cette France devient alors la proie à l'extrémisme avec le Front National, devenu Rassemblement qui fait un carton plein aux élections. Ce documentaire n'y va pas de main-morte pour décrire un quotidien de familles qui souffrent. Passé inaperçu du traditionnel public BD lors de sa sortie, Les Racines de la Colère a obtenu le 26ème Prix France Info de la bande dessinée d'actualité et de reportage.


Scénario : Vincent Jarousseau | Illustration : Vincent Jarousseau
Roman graphique
Août
Avril
Mai
Juin
Mai
Avril
Février
Juin
Septembre
Janvier
Octobre
Septembre
Janvier
Novembre
Octobre
Mars
devenir rédacteur

Complétez cette fiche !

Vous avez des informations sur cet éditeur ? Partagez-les avec nous... On vous donnera des xps en plus de notre gratitude éternelle.
Complétez la fiche de cette société

Vous appartenez à cette société?

Connectez vous avec votre mail pro et accédez à toutes vos statistiques gratuitement!
Devenez partenaire Data Games !