Un être floral est pressé d'éclore. Pour accélérer le processus, elle va se réincarner dans le corps d'une humaine. Pour réussir, elle devra changer les humains. Un récit initiatique sur le sens de la vie.La scénariste Sara Antonellini a notamment fondé Potpourri comics (un collectif de BD autoéditées). Elle a collaboré avec plusieurs maisons d'édition et elle est aussi dessinatrice et coloriste. Elle s'associe sur cet album avec Corinna Braghieri qui signe les illustrations. Dans cette bande dessinée, un être floral magique se réincarne dans le corps d'une humaine pour accélérer sa floraison. Mais pour réussir sa mission, elle devra changer les humains. Elle tentera dans un premier temps d'influencer leurs pensées, de les manipuler selon ses envies pour arriver à ses fins. Mais elle comprendra petit à petit que cela n'apportera que du négatif pour elle. Le maître des être floraux lui fera comprendre que changer les humains ne signifiait pas forcément changer leurs mentalités, les façonner à son image, mais plutôt changer leurs cœurs. Les autrices font une ode aux petites attentions du quotidien, aux petits gestes qui peuvent signifier beaucoup et transformer, sans que l'on s'en aperçoive réellement, le quotidien des gens qui nous entourent. On trouvera tout de même dommage que l'univers féerique dans lequel on est plongé dès le début n'ait pas plus d'importance, ne soit pas plus développé au fil du récit. Car petit à petit, on en oublie d'où vient réellement Breena. Ce joli conte positif montre les hauts et les bas d'une vie, en accentuant sur l'espoir et sur l'amour que l'on peut donner et recevoir.
Dans un futur proche, un appareil oculaire permet de voir ce qu'il va nous arriver dans le futur. Un récit d'anticipation intéressant qui pêche par son dessin.On comprend dans l'introduction que cette histoire tient à cœur aux auteurs, et on le ressent durant la lecture. Leur univers est bien pensé, rien n'a été laissé de côté. Ils nous questionnent sur la façon dont on vivrait s'il l'on savait exactement ce qui allait nous arriver ; et ils anticipent les dérives d'une telle technologie. Notamment, les comportements dangereux liés au fait que l'on sache que l'on ne va pas mourir. Comme les Crashers qui bravent le danger, car ils savent qu’ils en sortiront sains et saufs, quitte à mettre la vie des autres en danger. Mais aussi, les addictions et l'assistanat que peut entraîner un mode de vie dans lequel on nous dicte chacun de nos faits et gestes. Les personnages sont intéressants, on est vite captivé par l’histoire. Et malgré quelques retours en arrière pour tout bien comprendre, le scénario est bien ficelé et la fin satisfaisante. On ne peut pas en dire autant du dessin. Les traits sont très brouillons, on comprend difficilement les expressions sur les visages, il est parfois difficile de distinguer deux personnages différents, voire même de comprendre ce qu'il y a dans la case. Cette expérience de lecture intéressante aurait donc gagné en clarté à utiliser un découpage et un dessin plus lisibles.
Alors que le monde prépare la journée de commémoration des deux soleils noirs ayant fait de nombreux morts, un fils et une fille du soleil noir tentent de s’intégrer dans un monde qui les craint. Une histoire dérangeante soulignée par un dessin réussi.L’un des thèmes principaux de cette BD d'obédience fantastique est la différence : la difficulté à s’accepter soi-même et à se faire accepter par les autres. Mais il ne s’agit aucunement d’une histoire feel-good. Le monde est encore traumatisé par ce qu’il s’est passé et vit dans la peur que cela se reproduise à nouveau. L’approche du jour de commémoration n’arrange rien, la tension est palpable et les nerfs à vif. De plus, dans cette petite ville rurale, les fils du soleil noir sont particulièrement nombreux, ce qui ne plaît pas à une partie de la population. L'histoire est très sombre, malsaine. Autant dans le scénario que dans le dessin, qui réussit très bien à retranscrire cette ambiance pesante. Tout comme les personnages principaux, on se pose des questions durant la lecture et nous en apprenons un peu plus tout au long de l’histoire grâce à des planches représentant des experts s’exprimant face caméra et tentant de donner une explication au phénomène qu’est le soleil noir. Ces interludes nous conduisent, tout comme le chapitrage dégressif (-4, -3, -2, etc.) vers un climax à la fin de l’histoire, ou tous les éléments se rejoignent.
Cheap et Allister, couple de voleurs junky, partent délivrer leur fille Siri, princesse du royaume No, tombée sous l’influence néfaste de son précepteur Mojimbo. Une aventure fantastique déjantée très influencée par la culture cyber japonaise.L’auteur italien Claudio Avella présente les aventures d’un couple déjanté accro aux drogues, Cheap, la voleuse de codes et Allister, le chirurgien de la mort. Son univers est celui d’un monde fantastique de science fiction complètement déjanté, dans lequel vivent des créatures moitié humaine, moitié cybernétique et aliens en tout genre. Il tire son influence de l’univers manga : les lieux et les cultures développées proviennent clairement du Japon. En effet, une partie de l’aventure se passe dans la ville de New Okinawa, à l’allure hyper moderne, teintée d’architecture typiquement japonaise. Son dessin, fluide et dynamique, use d’un trait graphique semi-réaliste hyper efficace qui colle parfaitement à son univers. Le découpage, en revanche, fait penser à celui d’un comics. On suit ainsi les aventures de ce couple de junky bien équipé au combat, parti en quête de leur fille Siri tombée entre de mauvaises mains. Combats nombreux et déboulonnages en tout genre sont au programme de leur périple semé d’embûches, et dont les rebondissements laissent parfois pantois. L’auteur développe un univers surprenant, déjanté et graphiquement très créatif, qui plaira sûrement aux fans de manga comme de comics un peu trash.
Wéma, Dandelion de l'espoir, reçoit un vœu un peu particulier, d'un petit garçon qui souhaite que sa sœur puisse dire au revoir à sa grand-mère décédée. Un récit touchant, aux graphismes charmants.Voici le deuxième volume d'une série destinée à un jeune public et publiée dans la collection Shockdom Young. Ce second tome n'est pas une suite directe, même si le premier volet permet de mieux comprendre l'univers, le rôle et la place de chacun des personnages. Nous retrouvons toutefois Wéma et son lion guide Jua, dans une nouvelle aventure, et cette fois-ci en plein cœur de l'hiver. La petite Dandelion va recevoir un souhait : celui d'un petit garçon qui aimerait que sa sœur puisse dire au revoir à sa grand-mère qui vient de perdre la vie. Comme les âmes des défunts se réincarnent en des êtres magiques, Wéma pense qu'elle a une possibilité à saisir. Au sein d'un univers graphique pétillant et envoûtant, nous découvrons ce monde parallèle magique, en plein hiver. Malgré le froid saisissant de l'album, la générosité et la bonne humeur de Wéma viennent réchauffer les pages et apporter de l'espoir aux hommes. A travers le récit féerique, les auteurs questionnent les enfants sur notre rapport à la mort, mais aussi et surtout sur le fait que les morts nous survivent grâce aux souvenirs. Malgré un sujet assez sombre, nous ne tombons pas dans le pathos, dans des sentiments de tristesse infinie, bien au contraire ! Cet album jeunesse sympathique, avec une histoire complète, permet d'aborder un sujet parfois complexe pour les enfants, avec une grande part d'espoir et de positivisme.
Conclusion d'un diptyque dans lequel nous continuons de suivre Aqua dans sa mutation. Une transformation de plus en plus dangereuse.Chapitre final pour cette série en diptyque, qui nous plonge dans un univers fantastique dérangeant. Nous suivons la jeune Aqua dans la suite de ses aventures, en proie à une mutation physique qui la fait devenir femme poisson. Rejetée par la société, jugée effrayante et dangereuse, elle atterrit dans une clinique spécialisée, chargée de prendre en charge les cas comme le sien. D'abord mise à l'aise, elle va vite déchanter et continuer son évolution. Sa part d'humanité va devenir de plus en plus menacée par une force plus intense qui l'appelle. On retrouve comme dans le premier tome des illustrations à couper le souffle, nous permettant de palper cet univers moite et aqueux, renforcé par une colorisation dominée par les teintes sombres de noir et de bleu. Nous n'avons aucun mal à plonger dans ce monde post apocalyptique, menaçant les Hommes par une pollution toxique de l'air. Le dessin reste l'atout majeur de cet album, oscillant entre néons et transparence. Le scénario est agréable, un peu moins dynamique que le premier volume. On aurait aimé que certains axes soient plus développés. Mise en abîme de notre société, qui condamne la différence, qui pollue la planète et s'auto-détruit, mais aussi de l'adolescence et des transformations qu'elle entraîne, cette série est contemporaine. Cette série agréable sans être révolutionnaire vaut le détour pour sa qualité graphique.
Deuxième volume de cette série, qui nous plonge à l'époque victorienne et qui explore le thème de l'étrange. Un titre déroutant, aux graphismes fascinants.Deuxième et dernier tome de cette courte série à l'ambiance gothique-victorienne, signée Loputyn. L'artiste italienne a précédemment travaillé sur le titre Francis publié également chez Shockdom. On retrouve son trait facilement reconnaissable, mais légèrement différent par rapport au premier volume, avec un peu plus de sensualité. La colorisation donne un aspect passé, vieilli, et apporte du cachet à l'histoire. Les quelques pleines pages proposées ont une belle composition et sont très immersives. Sur le plan graphique, toujours, les traits et l'ambiance s'accordent avec le scénario : un peu glauque, étrange, déroutant, à une époque victorienne où chacun est paré de beaux costumes. Sur le plan scénaristique, on regrettera peut-être que l'histoire aille un peu vite, ne développant pas suffisamment certains axes. On reste dans un univers sombre et particulier. Cette lecture sort du lot par son originalité, mais elle aurait pu aller encore plus loin. On reste toutefois ravi de découvrir le travail de cette artiste prometteuse.
Dans un monde futuriste ravagé par les bouleversements climatiques, Jade tente de trouver les derniers endroits préservés.Dans ce one-shot, nous retrouvons au scénario Paolo Margiotta (qui avait signé ) et au dessin Andreina Casarano. La maison d'édition italienne met une nouvelle fois à l'honneur ses auteurs nationaux. Cette fois, nous sommes plongés dans un monde futuriste et apocalyptique, dans lequel tente de survivre Jade, qui essaie d'atteindre les objectifs qu'elle se fixe. Mais son chemin va être parsemé de rencontres, la plupart du temps pas très sympathiques, et de tempêtes de poussière. Graphiquement, l'œuvre est plutôt inégale. Certaines cases sont réussies, mais d'autres sont trop simplifiées, favorisant les gros plans sur les personnages, sans background. Ce qui est dommage, car l'immersion futuriste est moins réussie. Scénaristiquement, l'idée d'origine est intéressante, mais assez mal développée. La vulgarité dans les propos est de mise, la violence omniprésente, sans que cela n'apporte réellement quelque chose à l'histoire. Le propos des auteurs de sensibiliser aux problèmes environnementaux est tout de même gagné. Ils nous laissent envisager un futur malmené et peu encourageant, provoqué par l'ingérence de l'Homme.
Cet ouvrage regroupe plusieurs albums d'une série et intègre des auteurs variés autour d'un même concept : le Noumène. Une histoire dans laquelle plusieurs réalités se confrontent et s'influencent.Cet ouvrage est une compilation de plusieurs tomes d'une même histoire, rassemblés en une intégrale. Shockdom met à l'honneur des auteurs que nous avons déjà pu découvrir dans de précédentes parutions : Giulio Rincione (Le coeur de la cité, Vies dessinées), Lucio Staiano (dans la collection Timed), Marco Rincione (Poly-A) ou Vincenzo Balzano (Clinton Road). Dans cette démarche de valoriser des talents divers, nous passons donc d'un tome à l'autre, tout en changeant complètement d'identité graphique. Ces variations pourront perturber le lecteur, qui aura du mal à distinguer les personnages qu'il suit avec un autre trait, complexifiant la lecture. D'autant que le concept de base du scénario n'est pas des plus simples. Nous passons ici d'une réalité à l'autre, tout en suivant le cheminement des scénaristes basé sur des concepts philosophiques autour de l'identité et de la perception. Une base intéressante, mais dont le contenu reste peut-être trop pointu, même si plusieurs pages de textes explicatifs en début et en fin d'ouvrage, viennent éclairer le scénario.
Dans le collège de Niklas, un élève s'est suicidé. Peu convaincu par la version avancée, il va mener son enquête en utilisant ses pouvoirs de Timed. Un album réussi, aux très jolies illustrations, sur des sujets difficiles.Dans le collège de Niklas, un camarade de classe, Dieter, s'est suicidé. Mais Niklas refuse de croire au suicide : cela ne ressemblait pas à son tempérament, à la personne qu'il connaissait. Alors il va enquêter et mettre à profit ses pouvoirs en tant que Timed. Pour ce nouveau volume de la collection Timed, nous suivons un nouveau personnage, assez différent de ceux présents dans les précédents titres. Il s'agit ici d'un collégien, obligé de cacher ses capacités surnaturelles, et bien décidé à faire la lumière sur une enquête qui lui paraît louche. Cet ouvrage peut être lu par un public un peu plus jeune que les autres albums de la collection, mais il reste tout de même accessible à partir de 13-14 ans. Les sujets abordés sont durs : harcèlement, mort/suicide d'un camarade de classe, indifférence des adolescents face à une situation grave, lourds secrets et même terrorisme. Les illustrations sont très réussies et nous plongent dans une ambiance un peu plus douce, un peu plus « jeunesse » que le scénario. Texte et image trouvent un juste équilibre. La tragédie nous fait réfléchir sur de nombreux sujets de société et ne met aucun filtre. Il faut donc pouvoir être prêt à lire cette histoire, à affronter des situations difficiles, tant psychologiquement que visuellement. Une première bande dessinée pour la dessinatrice Agnese Innocente, et une seconde collaboration entre les scénaristes Maurizio Furini et Federico Chemello, qui mérite qu'on y prête attention.
Dali est détective privé, et il enquête sur une nouvelle affaire. Mais rapidement, il va voir des événements absurdes se mettre sur sa route. Un album bref, surréaliste, qui nous projette en plein rêve, le temps d'une lecture.Dali porte le même nom qu'un célèbre peintre qu'il ne semble pas connaître. Ce détective privé commence une nouvelle mission et enquête dans une ville qu'il ne connaît pas, avec très peu d'informations. Mais peu à peu, des événements absurdes vont se mettre en travers de son chemin. Deux auteurs se sont associés pour réaliser cette œuvre publiée chez Shockdom. Au premier coup d'œil, la couverture et le titre nous donnent quelques indices sur la nature de cette bande dessinée. Le titre fait explicitement référence à Salvador Dali et l'illustration de couverture utilise les mêmes procédés que le peintre dans ses plus célèbres tableaux. Nous comprenons rapidement que les auteurs se sont inspirés de la période surréaliste pour créer cet ouvrage. Cet album pourrait lui-même relever de ce courant artistique. Nous avons l'impression d'être dans un rêve éveillé. Les actions se succèdent, prenant sens au fur et à mesure, du lien se créant entre les différents événements. Pourtant, tout semble flou, confus, improbable. Les auteurs utilisent la force du rêve pour que nous laissions de côté notre raison, le temps de notre lecture. Et ça fonctionne, nous sommes happés par cet univers étrange, mêlant effets d'optique, images impromptues avec des objets dégoulinants ou flottants. On ressent la forte inspiration à l'univers graphique de Dali, son attachement à la déconstruction de la réalité par l'image, et l'on retrouve des thématiques qui lui étaient chères, comme l'inconscient et la rêverie, la mort, mais aussi le temps qui passe. Mêlant thriller et surréalisme, les auteurs n'ont pas peur d'expérimenter sur le plan scénaristique, mais aussi sur les illustrations, très colorées, regroupant des univers multiples.
Le jeune esprit Dandelion doit accomplir sa première mission : réaliser le souhait d'un humain. Mais son voyage s'annonce plus périlleux que prévu. Un album jeunesse poétique, aux illustrations immersives.La magie imprègne nos mondes, qu'ils soient matériels ou immatériels. Ces esprits veillent sur la Terre et essaient de maintenir un équilibre fragile. Wéma, toute jeune Dandelion, va essayer de s'emparer de sa mission, qui consiste à réaliser les vœux. Elle va, au cours de son aventure, croiser le chemin d'un certain nombre de personnages. Pour inaugurer la collection française Young Shockdom destinée, comme son nom l'indique, à un public jeunesse, Salvatore Callerami et Antonio Fassio nous embarquent dans un voyage merveilleux, dans un monde entre ciel et terre, où les humains côtoient sans vraiment le savoir, des esprits. L'univers graphique est la première chose qui nous interpelle. La couverture, tout comme les illustrations à l'intérieur de l'ouvrage, sont belles, tendres. Les personnages sont expressifs et la colorisation rend le tout harmonieux, pour nous plonger dans une ambiance onirique. Tous les protagonistes, même ceux qui sont un peu maléfiques, sont attachants et adorables. Quant au scénario, nous ressentons des influences multiples, venues du conte traditionnel et de la mythologie. L'occasion d'aborder des sujets sensibles comme la mort, l'importance des souvenirs, une réflexion sur ce que l'on souhaite véritablement, à travers une histoire entraînante, aux graphismes légers. L'histoire principale est suivie de deux chapitres un peu particuliers, intitulés « Les contes du monde des esprits », qui s'intéressent au parcours de deux esprits choisis. Notons que nous découvrons le dernier chapitre bonus, signé par les illustrations de Loputyn, que nous prenons toujours grand plaisir à lire. Cet album jeunesse poétique nous fait voyager dans des univers parallèles avec virtuosité. On a hâte de découvrir les prochains titres de cette collection.
Helen Bristol, redoutable voleuse emprisonnée, va être libérée : elle est le seul espoir de survie de la galaxie. Une bande dessinée révélant le travail d'auteurs italiens méconnus en France.La jeune Helen Bristol va passer du statut de prisonnière dangereuse, à celui d'unique espoir pour sauver l'humanité. Elle va accepter la mission et la prendre très au sérieux, pour contrer les Erer, et venir en aide aux Kairos. Marco Scali et Elisa Romboli nous proposent ici une courte bande dessinée d'aventures spatiales. Jusqu'à présent, Marco Scali a principalement travaillé dans l'univers du cinéma en tant que scénariste. Il continue actuellement dans cette voie, tout en réalisant des scénarios pour des maisons d'édition italiennes. Elisa Romboli est plus novice dans le métier. Elle a pu collaborer sur des projets à travers le web en tant qu'illustratrice et coloriste. La jeune femme a d'ailleurs réalisé les dessins d'Helen Bristol pour l'Académie des Beaux-arts de Bologne, comme mémoire de fin d'études. Nous retrouvons la ligne éditoriale de l'éditeur Shockdom à travers cet album : la valorisation du travail de jeunes artistes prometteurs, mais pour le moment méconnus. Nous y retrouvons des personnages à la personnalité affirmée, avec une narration rythmée, et une histoire qui débute et se termine en quelques pages. La fin de l'aventure reste assez ouverte, laissant la possibilité aux auteurs de revenir sur cet environnement spatial, et d'en écrire une suite : la dernière case contient d'ailleurs ce mot « FIN » (...?). Même s'il est agréable d'avoir une bonne dynamique dans le récit pendant la lecture, on regrette tout de même la rapidité de l'ouvrage, qui ne laisse pas forcément le temps d'aller au bout de toutes les thématiques, des personnages, de l'univers créé. Les illustrations sont agréables, mais peuvent sembler inabouties sur certaines cases : sûrement causées par des délais très courts pour produire un travail de fin d'études.
Orion part en quête pour rencontrer les Zodiaques, en espérant rétablir l'ordre du cosmos. Un album léger, qui aurait pu être plus abouti s'il avait été en plusieurs volumes.Orion voit son peuple et ses récoltes frappés par une sécheresse inhabituelle, et il comprend rapidement que cela vient de quelque chose de plus global : l'équilibre du cosmos est menacé. Pour ce one shot publié chez Shockdom, Gabriel Picolo, qui n'est plus un novice dans le domaine de la bande dessinée (il a notamment publié récemment Raven et Beast Boy chez Urban link), s'associe à Lucas Teixeira au scénario, nouveau venu dans ce domaine. La couverture laisse présager une petite merveille graphique, travaillée tant dans la finesse des traits et les détails, que dans l'association des couleurs. Malheureusement, en ouvrant l'album, on est assez déçus : le trait est plus grossier que l'illustration de couverture et la colorisation terne ne retranscrit pas d'aussi belles nuances et ambiances que ce que l'on aurait présagé. Gabriel Picolo avait, il y a quelques années, publié sur son compte instagram toute une série d'illustrations très réussies autour des signes du Zodiaque : on y retrouve des allusions dans cet ouvrage, mais moins abouties que ce que l'on espérait. Le scénario, quant à lui, part sur une base intéressante : une personnification des signes du Zodiaque, et un univers céleste tourmenté dont l'équilibre est menacé. Pourtant, tout est très vite survolé. On passe rapidement d'un personnage à un autre, sans vraiment s'attarder sur sa personnalité et ses particularités. Nous n'avons pas tous les tenants et les aboutissants de cette quête, et nous restons un peu sur notre fin. Cela aurait peut-être nécessité un développement sur plusieurs volumes, pour enrichir l'aventure et les protagonistes. Il est dommage que les auteurs ne soient pas allés plus en profondeur, car l'univers était très accrocheur !
Une ancienne rock star déchue tente désespérément de redevenir célèbre, mais elle va se retrouver propulsée dans un monde parallèle de fantasy. Un album bref, mélangeant héroïc fantasy et téléréalité.Un ancien rockeur star n'accepte pas d'être de nouveau dans l'ombre de la célébrité et il est prêt à tout pour que son nom apparaisse dans les médias. Mais sa maladresse va le transporter dans un monde de fantasy, et il va saisir cette chance pour essayer de retrouver sa popularité. Pour ce titre, deux auteurs s'associent : Cristiano Fighera au scénario, et Luca Colandrea au dessin et à la couleur. Cet album nous transpose dans deux univers parallèles : à la fois celui des médias et de la célébrité, mais également dans un monde imaginaire de fantasy. Le personnage principal va osciller entre les deux, et tenter de trouver sa place, face à son envie inépuisable d'être reconnu par les autres, d'être vu. Il a toujours été à la recherche du succès, de toutes les manières possibles. Mais petit à petit, il va réfléchir sur ce qu'il veut véritablement et sur ce qui peut le rendre heureux dans la vie. L'album est très bref et n'aborde pas les sujets en profondeur. On a l'impression qu'ils sont simplement survolés. La fin reste aussi décevante. Axel, le personnage central, est infâme et détestable, et son attitude exaspère page après page. Un album en demi-teinte, avec des illustrations aux traits assez grossiers, et qui s'attardent sur les personnages plutôt que sur les décors et un environnement immersif.
Dans un monde ordinaire, soudainement, quelques personnes à travers le monde se retrouvent avec des pouvoirs surnaturels. Cela intrigue deux agents spéciaux... Premier opus d'une nouvelle série rythmée chez Shockdom.Dans un futur très proche, se matérialisent soudainement des personnes aux étranges capacités, qui étaient jusque-là réservées aux super héros de fiction. Et une société aux mauvaises intentions est bien décidée à dénicher tous ces nouveaux héros pour exploiter leurs pouvoirs... Mais elle n'est pas la seule à les convoiter ! Shockdom inaugure une nouvelle collection et/ou série, Timed Zero. Ce premier tome lance l'intrigue principale autour de ce mystérieux phénomène qui donne à des gens ordinaires des capacités jusque-là inconnues, et qui intriguent deux agents spéciaux. Il constitue tout de même une histoire complète. La fin reste assez mystérieuse, et nous invite à creuser davantage le sujet, et à nous intéresser très certainement aux autres personnages. A savoir ceux qui ont reçu des pouvoirs lors de cette soirée de janvier 2022 et qui seront probablement développés dans les tomes à venir de cette collection, mais également les deux agents spéciaux. La page d'introduction en début d'album permet de poser le contexte de la collection, et l'on peut supposer que les deux agents spéciaux seront ceux qui formeront plus tard les deux coalitions en opposition. Cet album aux illustrations très classiques, introduit l'univers Timed en montrant l'origine des événements. Il questionne sur le rapport au pouvoir dans notre société : à l'envie de gouverner, et à l'utilisation que ceux qui détiennent un quelconque pouvoir peuvent en faire. Cette collection s'annonce prometteuse, malgré un premier tome d'introduction comportant une fin un peu confuse. Les thématiques abordées et le rythme de ce court album donnent envie d'en savoir plus.
Nicholas se réveille amnésique dans un manoir victorien inquiétant, entouré de créatures effrayantes qu'il semble être le seul à percevoir. Un conte cruel aux illustrations fascinantes.Dans ce nouvel album, Loputyn (qui a signé l'album Francis) revient avec son univers graphique à couper le souffle, en nous proposant une série horrifique prévue en deux tomes. Nous sommes immergés dans un manoir de l'ère victorienne, avec des personnages inspirés de l'univers du manga (un poil à la mode lolita). Comme Nicholas, nous ouvrons les yeux sur un monde que nous ne connaissons pas, qui est effrayant, et nous vivons les mêmes hallucinations horrifiques que lui. Les dessins, dans les teintes sépia, font ressortir un faux côté « mignon ». En feuilletant rapidement, nous pourrions penser que nous sommes dans un univers très doux, ce qui n'est pas du tout le cas, et certaines planches nous le rappellent rapidement... L'environnement, entremêlant manoir, fantômes et visions, nous plonge dans une histoire gothique mystérieuse, qui ne nous révèle pas tous ses secrets dans ce premier volume. Au contraire, nous sommes encore plus questionnés en terminant cet ouvrage, qu'en le débutant. Et il faudra lire la suite pour espérer obtenir des réponses à nos interrogations. Ce conte doux-amer devrait plaire aux lecteurs qui avaient apprécié le manga L'enfant et le maudit, ou encore aux aficionados d'Alice au pays des merveilles, de Lewis Carroll. Cet album hybride, aux multiples influences, propose tout de même un univers très particulier, dérangeant, parfois malsain, mais qui fascine autant qu'il inquiète.
Un équipage se réveille d'un long sommeil à bord d'un vaisseau spatial. Vêtus d'une étrange combinaison, et ayant perdu la mémoire, ils enquêtent sur la situation.Dans ce récit de science-fiction, nous sommes projetés dans un huis-clos au sein d'un vaisseau spatial futuriste, auprès d'un équipage amnésique, qui va tenter de découvrir la vérité et de raviver ses souvenirs. Pour cet album, deux auteurs ont travaillé ensemble. Samuel Spano, que nous avions pu découvrir en tant que scénariste au côté de Filippi sur l'album Mickey et la terre des anciens, et Claudio Cicciarelli nous proposent un album de SF assez énigmatique. Le scénario est accrocheur, mais il reste tout de même obscur. Nous ne comprenons pas toujours où veulent nous emmener les auteurs. L'album est cependant présenté comme un one-shot... La fin, notamment, nous laisse assez songeurs, en restant très ouverte, sans véritablement répondre à nos interrogations. Malgré une identification visuelle des différents personnages (chacun a sa propre couleur de combinaison) qui pourrait paraître évidente, il peut être ardu de les distinguer, et de se rappeler leurs liens, car leurs visages restent homogènes. Pour une thématique aussi populaire, notamment en bande dessinée, on aurait attendu un peu plus de lisibilité et de compréhension, pour y adhérer pleinement. Les illustrations très numériques, et la mise en page épurée, avec une taille de police assez importante, nous feraient penser à un titre pour adolescents. Mais la complexité du scénario et l'hypersexualisation des personnages nous orientent plutôt vers un lectorat adulte.
Technicien de drones à Anghywir, Watt Weland rencontre par hasard Spada Rodriguez, un drôle de gars qui va le conduire sur les traces du mystérieux projet Trueborg. Un récit fantastique, parfois confus, mais au graphisme chiadé.Les éditions Shokdom présentent le premier volume des aventures de Spada Rodriguez, imaginé et dessiné par Alexander Tripood. Ce récit fantastique au format comics nous entraine dans la ville futuriste d’Anghywir, ville dans laquelle travaille Watt Weland, un technicien de drones de la compagnie Knightzone. A la suite du braquage d’une banque, il va faire la rencontre de Spada Rodriguez, personnage étrange qui court après un secret en lien avec le projet Trueborg. Alexander Tripood use d’un graphisme original, chiadé, aux couleurs chatoyantes. Son style semi-réaliste fait mouche et compense allègrement les quelques confusions d’un scénario parfois difficile à suivre. En effet, son récit joue sur une intrigue basée sur le personnage d’Emerald Gudwyll, un personnage controversé qui a contribué à développer l’économie de la ville futuriste au travers de l’industrie, de l’éducation mais surtout du projet Trueborg. Pour lancer la problématique, ce personnage surprenant meurt tragiquement, assassiné par Spada. Les deux personnages principaux vont se trouver en lien avec cette intrigue, chacun ayant quelque chose à découvrir dans cette affaire sur fond de secret biomédical...
Une sombre organisation sème la terreur sur Paris avec ses automates alchimiques. Un mystérieux professeur charismatique enquête, en compagnie de son étrange et élégante assistante. Un joli thriller steampunk mais un peu creux.Dans un Paris de 1913 largement teinté de Steampunk, un « professeur » enquête sur des meurtres commis par des automates tueurs ultra perfectionnés, dont la conception relève plus de l’alchimie que de la robotique. Pourquoi cette sombre organisation terroriste s’en prend-elle au bas peuple ? Sa finalité est-elle uniquement tournée vers l’exploitation de la vilénie naturelle chez l’Homme ? Comment a-t-elle acquis ces invraisemblables moyens technologiques et/ou alchimiques ? Quelle est l’origine et l’histoire de ce professeur Prudhomme qui rayonne de charisme sans avoir de passé bien défini ? En quoi est-il professeur d’ailleurs ? Tout cela reste terriblement flou dans cette histoire mise au point par les italiens Paolo Margiotta (scénario) et Andrea Adiletto (dessins). La trame narrative semble toute entière tournée vers le traitement le plus spectaculaire possible, mais elle se soucie guère de la vraisemblance, de la psychologie plausible des personnages, de l’Histoire en cours (nous sommes à la veille de la première guerre mondiale). Bref, ce thriller steampunk fantasmagorique à souhait traite de l’effet visuel des conséquences sans se soucier de la cohérence des causes. Alors ça donne parfois des images très dynamiques et/ou spectaculaires, avec un réel savoir-faire infographique dans la gestion des lignes de fuites, des effets de profondeurs exagérés, du traitement des ombres et de la lumière, qu’il s’agisse de scènes d’action ou de romantisme exacerbé… Mais au final, on ne retient pas grand-chose de cette histoire un peu creuse.
Le corps d’Aqua change… mais pas comme les autres : ses membres et son dos se couvrent de nageoires. Le contact permanent avec l’eau devient vital. Mise en bouche d’une allégorie fantastique de la puberté, transcendée par son somptueux visuel.L’éditeur ne dit pas si Angela Vianello, artiste qui a collaboré avec Barbara Canepa sur Sky Doll, est affiliée à l’auteur italien Lele Vianello, qui a travaillé quant à lui aux côtés d’Hugo Pratt. Qu’importe. Voici éditée en version française Blue, la première œuvre de cette italienne, qui a fait un carton de l’autre côté des Alpes. Dans un contexte de légère anticipation – qui fait comme un curieux écho à notre époque covidée (il faut y porter des masques en raison d’une bactérie dans l’air) – on suit les mutations d’une jeune fille en train de devenir une créature aquatique. Allégorie de la puberté et du mal-être adolescent, le pitch ne révolutionne pas le genre fantastique. On attend surtout de savoir où l’autrice veut nous emmener, à partir de cette base légèrement convenue. Néanmoins, on profite pleinement de son style graphique parfaitement abouti. Dans un registre hybride et à l’aide d’un trait fin et précis, entre un réalisme expressif dérivé de l’école italienne et des parenthèses importées du manga, Vianello se concentre sur une héroïne prépondérante et toujours magnifiquement proportionnée, qui semble réellement gélatineuse. Elle transpire l’eau, tant par sa maigreur, son teint pâle, sa tignasse bleue, ses grands yeux romantiques… et les apparats dont elle se revêt à la fin amplifient encore cette sensation. Sur ce plan, l’influence de Sky Doll est proche, jusque sur la couverture.
La sorcière Métillia croit invoquer un puissant esprit pour une aide suprême. Il sera un renard, lui fera perdre de vue son objectif mais prendre conscience de qui elle est vraiment. Au-delà d’une histoire simple, une sublime rencontre graphique.La maison d’édition Shockdom lance la version française de Francis, déjà parue depuis 2017 en Italie. Jessica Cioffi travaille sous le pseudonyme de Loputyn et s’est fait connaître dans l’univers manga, entre autres, avec sa saga Cotton Tales. Son trait, caractéristique, est un savoureux mélange de traits typiques de l'école manga avec l'atmosphère et les couleurs de l'illustration européenne du XIXème siècle. Une magnifique rencontre graphique alliant plusieurs techniques pour nous livrer une atmosphère maléfique et ensorcelante, avec un léger bémol sur l’incarnation humaine du renard, qui reste un peu trop moderne pour le contexte. Cette originalité graphique compense un scénario un peu léger mais bien construit. Simple, l’histoire est courte en elle-même : une apprentie sorcière rencontre un esprit renard mesquin qui lui fait prendre conscience de son côté obscur et la détourne de ses intentions premières, mais qui lui donnera les clés pour se révéler. Plus simplement, nous pouvons y voir l’allégorie de la rencontre qui nous permet de comprendre qui nous sommes vraiment, puis de construire son propre chemin et non celui dicté ou déjà tracé par nos pairs. Un one-shot agréable à lire, que les lecteurs apprécieront d’avoir dans leur bibliothèque pour le réel plaisir des yeux.