Un parapluie fait la pluie et le beau temps pour qui le porte. Un chasseur bien décidé à capturer la nuit. Un pêcheur de poisson volant. Tout perdre pour apprendre à être heureux. Un recueil d’histoires courtes sans parole aux frontières du merveilleux.Les Aventuriers de l’Etrange proposent un album original de l’auteure roumaine Ileana Surducan, dans lequel sont recueillies 24 histoires courtes dans un mélange de poésie et de merveilleux. Toutes ces histoires ont un point commun : elles sont sans parole. L’auteure joue sur un graphisme plutôt simple, coloré et très libre dans le style. Le dessin se doit donc de raconter chaque histoire à sa seule force évocatrice. Chacun des thèmes abordés peut surprendre, mais la compréhension se fait relativement bien. Il faut voir dans chacune de ces histoires courtes beaucoup de poésie et de merveilleux. L’auteure les construit sur des sentiments nobles comme l’amour, l’amitié, la tristesse et la joie. Elle adapte son style graphique selon le registre de l’histoire racontée. Tantôt elle utilise la peinture, tantôt le noir et blanc pour souligner les personnages. Cet album très visuel devra déclencher l’envie par le dessin pour accrocher le lecteur...
Lorinn et Lorinndell s’aiment comme des enfants, d’un amour pur et beau. Mais une sorcière transforme la belle Lorinn en oiseau. Lorinndell arrivera-t-il à la sauver ? Un conte frais et à la narration très visuelle.L’éditeur Les Aventuriers de l’étrange s’est spécialisé dans le merveilleux, les histoires qui font appel à l’imaginaire ou à l’esprit enfantin en chacun de nous. La collection des Merveilleux contes de Grimm présente ainsi des contes, souvent courts, revisités par des auteurs de BD. C’est ici Maurizio Rubino, qui avait déjà produit Berthile et le monde sans espoir, chez le même éditeur, qui se colle à un conte frais et plein d’espoir. Le jeune homme amoureux va chercher jour et nuit la fleur qui doit sauver sa belle, mais il va aussi devoir la retrouver, parmi des centaines d’autres princesses, elles aussi emprisonnées, elles aussi transformées en oiseaux. Ce conte est beau, simple, et Rubino le détaille, l’allonge en proposant de belles séquences de dessins sans texte, une narration toute en images, qui fonctionne et qui donne une ambiance particulière à l’album. Son trait simple parlera aux plus jeunes lecteurs et ses belles couleurs les enchanteront autant que l’histoire. Cette série, dont les albums sont de jolis petits objets, est décidément bien agréable à suivre.
Au début du XXème siècle, le combat de deux jeunes femmes pour vivre leur amour dans une Espagne profonde puritaine. Un hymne à la liberté et à l’amour racontant une histoire vraie, retracée par des documents d’époque.L’homosexualité est depuis longtemps difficile à vivre dans des sociétés majoritairement hétérosexuelles. Elle l’est un peu moins aujourd’hui, même si la peur de la différence, la bêtise et la religion s’entremêlent souvent pour produire des réactions épidermiques. Aujourd’hui, le mariage pour tous ne souffre plus de réelles contestations, alors qu'il n'a pas dix ans. Souvenons-nous que le délit d’homosexualité n’a été aboli qu’en 1982 en France, en 1986 en Espagne qui autorise le mariage pour tous en 2005. On imagine bien la difficulté pour deux jeunes femmes au début du XXème siècle de vivre leur amour. Xulia Vicente livre un témoignage poignant, où le bonheur et la légèreté de l’amour d’Elisa et Marcela tranche avec la violence des réactions des puritains. Le lecteur souffre avec les jeunes femmes, même si le choix de présenter un récit à tiroirs rend la lecture compliquée. Les flashbacks s’enchainent dans un récit relativement court. On a du mal à s’y retrouver. L’histoire et le travail de recherche sont approfondis, mais le récit pas toujours maîtrisé. Les dessins sont beaux et les couleurs magnifiques. Vicente a choisi une bichromie changeante qui donne beaucoup de poésie et de charme à son ouvrage. Le séquençage est d’une belle efficacité et les cases s’enchaînent, se cassent et se reconstruisent avec bonheur. Cette BD enrichit avec bonheur cette décidément passionnante édition des Aventuriers de l’étrange…
Lorsque Mar arrive au Sénégal avec sa maman pour une mission humanitaire, elle va être confrontée à un choc culturel auquel elle ne s'était pas préparée. Un ouvrage beau, instructif, qui nous fait voyager en nous livrant un message de tolérance.Mar arrive au Sénégal pour participer, malgré elle, à une mission humanitaire. Elle ne s'attendait pas à vivre un tel choc de cultures. Elle va découvrir de nouvelles coutumes, un autre rythme de vie. En arrivant avec son propre vécu, elle transpose sur cette civilisation sa vision des choses, ses préjugés. Mais petit à petit, elle va apprendre à s'intéresser à cette société, sans essayer de la changer. Nuria Tamarit publie son troisième titre chez Les Aventuriers de l'étrange. Vous avez peut-être découvert son travail à travers son gros succès de l'année passée Géante, histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de liberté. Dans ce nouvel album, elle nous propose une auto-fiction, basée sur sa propre expérience, son voyage au Sénégal. On y retrouve son trait reconnaissable, rond, des couleurs chaudes et lumineuses. Le personnage de Mar reprend les caractéristiques visuelles de ses personnages principaux dans ses précédents albums. Toubab, avant d'être publié en France, a reçu le prix du meilleur roman graphique de Valence en 2019, et a été traduit dans sept langues tout autour du monde. Preuve que le sujet traité est universel. Avec bienveillance, elle nous fait découvrir le mode de vie africain, ses caractéristiques et ses différences avec notre fonctionnement européen. Avec le personnage de Mar très développé, elle nous invite à l'ouverture d'esprit, à l'acceptation de la différence, et elle nous montre aussi à quel point cela peut demander un véritable travail sur soi. La positivité de son message nous fait comprendre toute la richesse que peuvent nous apporter les voyages et la découverte de nouvelles cultures.
Nina est une jeune femme qui vit dans un monde sans dimanche. Elle décide de partir à sa recherche. Un conte écologiste et humaniste, plein de poésie. La Dame de l’hiver, ou Dame Holle des frères Grimm, parue dans les Contes de l’enfance et du foyer en 1812, est l’histoire d’une fille exploitée par sa marâtre et sa fainéante de sœur. Elle décide partir du foyer, rencontre une vieille sorcière pour qui elle travaille avec entrain et qui la récompense de son sérieux et de sa gentillesse. Sa sœur, jalouse, suivra le même chemin qu’elle, mais sera punie pour sa méchanceté. C’est un conte qui ressemble aux fées de Perrault, que l’on connaît mieux. Mais Iliana Surducan livre une adaptation très actuelle de ce conte, qui parlera autant aux adultes qu’aux enfants. La jeune fille est écrasée par le travail, mais elle est bien entourée et soutenue. Elle se lance dans la recherche du dimanche, pour enfin pouvoir profiter. Partie dans l’antre de la sorcière, elle va être confrontée à son double paresseux et vaniteux. Mais la jeune fille va suivre son instinct, de courage et de gentillesse. La jeune roumaine, déjà autrice des Vacances de Nor et du Cirque, possède un trait simple et vif, un sens exquis des couleurs qui rend son album à la fois drôle et poétique. Le quotidien est réinventé avec magie et fantaisie. Une vraie belle réussite.
Des espèces disparaissent, d'autres arrivent à survivre. Malgré sa solitude, la jeune Berthile donne le meilleur d'elle-même pour réaliser son rêve. L'amitié est un ingrédient qui l'aidera à réussir...Après avoir travaillé dans l'illustration pour des albums jeunesse, Maurizia Rubino se lance un nouveau défi avec la bande dessinée. Les Aventuriers de l'Etrange éditent cet ouvrage grand format, avec une couverture en relief qui brille. Le graphisme infographique avec une palette réduite de teintes, rend la lecture plus lisible. On s'immerge assez facilement dans cet univers sombre et mélancolique. La créatrice y aborde facilement et sans préjugé, l'abandon, la solitude, la différence, la guerre... Les jeunes lecteurs feront toujours face à l'une de ces situations dans leur vie et ils pourront alors s'identifier à l'un des personnage. Toutefois, malgré le lyrisme de fond, les choses arrivent brutalement. On évolue de péripétie en péripétie, bien souvent négatives et cruelles. Les pages se tournent sans grand enthousiasme car l'univers reste violent et dénué d'espoir. Après tout, pourquoi la bande dessinée ne pourrait être que mignonne et innocente? Le 9ème art n'a pas de frontière, quelque soit les profils des lecteurs. Cette histoire d'apprentissage ne prendra pas forcément auprès de toutes et tous, car il manque une bonne dose d'humanité, de bienveillance et de merveilleux. Des éléments qui permettent de relativiser la méchanceté du quotidien très présente dans la réalité. Au final, on reste sur sa faim.
Une souris héroïne aide un chef lion à gagner la guerre contre les envahisseurs extraterrestres Zurg. Une relecture moderne (et toujours jeunesse) de la fable de la Fontaine « Le lion et le rat ».Derrière la couverture héroïque et science-fictionnesque de cet improbable titre à rallonge (façon L’attaque des tomates tueuses venues de l’espace), se trouve la relecture modernisée d’une fable de la Fontaine bien connue : Le lion et le rat. Rappelez-vous, c’est celle qui commence vaguement par « On a souvent besoin d’un plus petit que soi », et qui se termine par « Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage ». Le scénariste américain Benjamin Harper situe donc le contexte de son adaptation au cours d’une guerre d’invasion extraterrestre, aussi premier degré que peut l’être le film Mars attacks. A savoir de méchants et moches aliens veulent dominer la Terre pour assouvir leur penchant pour l’hégémonie galactique. Et pour respecter le courant animalier de la Fontaine, les terriens sont ici tous des animaux anthropomorphes, comme dans un Walt Disney. Les évènements racontés de manière simples se bornent cependant à respecter relativement la fable, sans la dénaturer. Le lion épargne la souris, qui se trouve ensuite, providentiellement et très naïvement, en mesure de le sauver et de l’aider. Et ainsi de contribuer grandement à gagner la guerre contre les exécrables Zurg, en recourant à des forces alliées pour le moins inattendues, mais radicales… dont on vous laissera découvrir la nature. L’ensemble est dessiné pour s’adresser au public jeunesse par l’espagnol Pedro Rodriguez, auquel les Aventuriers de l’étrange ont déjà consacré 3 albums. On note que le format comics initial (plus vertical) a été re-maquetté (par Maria Surducan) dans un format franco-belge, avec notamment une pagination originale, sur le milieu latéral extérieur.
Différents dinosaures se confrontent à des jeunes skateurs, rideurs, voltigeurs, dans un environnement urbain en ruine. Sept historiettes muettes et ultra dynamiques, un exercice fun et fluo.Il y a une ville en ruine, totalement ravagée par une apocalypse dont l’humanité peinera à tout jamais à se remettre. Il y a des jeunes à têtes de chats, que ce contexte ne perturbe pas plus que ça : ils font du skate, du side-car, du VTT, du « kite », du scooter nautique, utilisant les débris de notre civilisation comme autant d’agrées sur lesquels s’appuyer. Enfin, il y a des dinosaures, des vrais, des gros, des méchants. Sans doute sont-ils arrivés avec l’apocalypse (l’ont-ils générée ?). Qu’importe, l’association de ces trois éléments fonde pleinement l’intention de cet album 100% muet et 200% ultra-dynamique, rehaussé de deux teintes ultimes en aplats et en bichromie : vert fluo et rose fluo. Rune Ryberg met en scène sept séquences où les jeunes utilisent à chaque fois un moyen de locomotion différent et se confrontent à chaque fois, avec plus ou moins de succès, à un dinosaure en général agressif. Dans l’ordre : ankylosaurus, brachosaurus, triceratops, pterodactylus, tyranosaurus rex, vélociraptor, tylosaurus. Ce faisant, l’auteur danois gratte assurément la corde sensible des ados urbains avides de sensations de glisse avec leurs engins roulants ou glissants. Et aussi des ados qui n’ont pas tout à fait oublié qu’ils étaient auparavant des enfants effrayés par Jurassic park. Voire encore des futurs adultes adeptes de survivalisme décomplexé en milieu urbain. Les plus (extra)lucides auront peut-être une lecture au second degré permettant de déceler un propos sur l’appartenance et l’acceptation de soi grâce au groupe. Mouais…
Une femme fait le vœu d'avoir un enfant, au pied d'un genévrier, mais elle meurt en couche. La marâtre de son enfant va le tuer au pied de ce même arbre. Et l'histoire n'est pas finie... Une belle adaptation d'un conte méconnu des frères Grimm.Les frères Grimm ont sillonné l'Allemagne au début du XIXème siècle pour y recueillir les contes et les histoires transmis à la chandelle depuis des générations. Genre oral par excellence, moment de resserrement de la famille, de transmission, le conte devient grâce à leur travail, après celui de Charles Perrault en France au XVIIème siècle ; et en même temps qu'Andersen dans le Nord, histoires écrites. C'est ici le troisième conte de Grimm qui est adapté par Les Aventuriers de l'étrange, après Le lutin et le cordonnier et Le bal des douze princesses. Il est ici question de famille recomposée, de jalousie, de marâtre comme dans Baba Yaga... La vie est injuste, mais la puissance magique de la nature corrige ces injustices. C'est la jeune espagnole Nuria Tamarit (Géante, Avery's blues, Et le village s'endort...) qui adapte ce conte… pour le moins violent ! Son dessin est néanmoins simple, rond et coloré. En somme enfantin, pour contrebalancer. Le découpage est clair et agréable à suivre, à tout âge. C'est à nouveau un joli objet que produit cette collection agréable.
Comme beaucoup de garçons de son âge, Norbert est (trop) branché écrans et jeux vidéos, au point d'oublier toute vie sociale. Comme bien souvent, la privation va lui faire prendre conscience de bien des choses. Un conte moderne et mystérieux.Les autrices Iléana et Maria Surducan sont Roumaines, toutes deux à la fois scénaristes et dessinatrices. Maria a écrit sa première BD exclusivement en français en 2015, Foire de nuit. Plus récemment, en 2019, déjà chez les Aventuriers de l'Étrange, on a pu découvrir Au cœur des terres ensorcelées, pour lequel Maria assurait scénario et dessin. On notera dans ces Vacances de Nor un trait différent de sa précédente BD. Pour cause, ici le dessin est confié à sa sœur Iléana, Maria gérant la colorisation. Elles collaborent toutes deux à l'écriture du scénario. Cette fois le vaste sujet de l'adolescence est abordé. Le tempérament « ronchonchon » de nos jeunes est bien mis en avant, mais surtout leur intérêt insatiable pour les écrans, les jeux vidéos et les réseaux sociaux. Ce mélange maîtrisé de modernité et de féerie s'accompagne d'un dessin au trait jeunesse et aux couleurs attrayantes. La réalité est complémentaire à la fiction et ne dénote pas malgré le mystique de la lecture. Il en ressortira une petite morale destinée aux jeunes lecteurs : « Ouste, tous dehors ! » Car pour grandir, se créer des souvenirs et vivre des aventures, il vaut mieux les inventer que de rester vissé devant les écrans.
Des humanoïdes avec des cages à la place des têtes s’extirpent dans le chaos et la légèreté d’univers ornithologiques et minéraux. Une poésie métaphorique dont la beauté visuelle est aussi puissante qu’hermétique.
Un petit joueur de flûte est choisi par des esprits de la forêt pour être le 12ème damné qui succombera avec les princesses du château. Mais ce n’est pas ce qui va se passer… Un joli conte des frères Grimm, illustré de manière onirique.
L’aventure de trois frères en quête de reconnaissance paternelle. Un soupçon de magie, de complots, de princesses, de paillettes et de sortilèges, mais sans bave de crapaud. La bonne potion d’un conte mystérieux.