Revoilà l'un des bruxellois les plus allumés du milieu de la bande dessinée alternative, avec une réécriture du Seigneur des anneaux hilarante. Top.Ce pitch vous rappelle quelque chose ? Normal, après son long récit de science-fiction Docteur Cataclysme en quatre tomes, Mortis Ghost, resserrant la pagination pour une histoire plus simple, garde son haut potentiel comique et sympathique, dans une relecture toute personnelle du classique de JR Tolkien. Qu'ils sont mignons ces petits bonhommes Patate, ce Goloum flétri tristounet, et ce Mage Goudalf ronchon... Le dessin naïf de l'auteur, assez enfantin, baigné dans des coloris pastel semblant sortir d'un casier de glaces à la crème, se met au service de gags de situation et de dialogues certes naïfs de premier abord, mais parfaitement dans le ton d'un second degré assumé à 110% où l'on se teste à essayer de reconnaître les protagonistes apparaissant au fil du récit. Mortis Ghost s'amuse et on le suit béatement, goûtant ces cases « friandise » avec délice, d'autant plus qu'elles dégagent leur propre potentiel charismatique graphique (voir par exemple les pages 36-37 et le passage dans le tunnel). Lorsque minimalisme rime autant avec esthétisme, on ne peut qu'adhérer à cette forme d'art. En plus, cela fait du bien. La maquette de l'Employé du moi – petit format cartonné au dos toilé rose – est en outre du plus bel effet. Magique ? Précieux !
Line et Marlène vont faire un drôle de voyage pour sauver l’humanité. Une œuvre SF particulière et peu emballante, notamment en raison d'un graphisme qui cadre mal avec le thème.En voilà une drôle de bande dessinée, et pas seulement par son titre ! Julie Michelin propose une œuvre de science fiction proche du merveilleux scientifique qui pousse la physique jusqu’à tordre la réalité et les corps. Eksploracja est une vraie exploration d’un monde futuriste plein de plantes et de molécules bizarroïdes. A vrai dire, on ne sait pas vraiment où tout cela peut nous mener et ce voyage galactique est un peu désarçonnant. En effet, le rythme lent et les scènes étranges ne convainquent pas vraiment. La faute peut-être également à un dessin très particulier. Même si le thème explore les changements de formes et de perspectives, le graphisme peine à nous emporter. On sent bien un style à travers ces couleurs aquarelles mais on s’évade difficilement à travers ce trait un peu « naïf » ou caricatural. A mi-chemin entre onirisme, conte (une scène rappelle furieusement Alice aux pays des merveilles), merveilleux scientifique et roman graphique, cet ersatz protéiforme est une exploration très spéciale...
Nouvelle graphique fraîche et colorée, ce Solstice nous questionne sur notre relation à la notion de société et révèle un jeune auteur doué.Lucas Sholtes est étudiant aux arts décoratifs de Strasbourg. Précoce créateur, il est le premier de sa promo à se faire publier, apparemment, et cela n'étonne pas, tant il est à l'aise avec la narration. Celui-ci utilise d'abord les codes du fantastique, en emmenant l'étrange dans le quotidien de ces deux lycéens aventuriers. Puis c'est au roman d'aventures qu'il emprunte ensuite, nous embarquant dans un trip initiatique, évoquant aussi bien Edgar Rice Burroughs, que Ugo Bienvenu (Sukkaan Island) ou James Tynion IV avec Woods. L'auteur ne se contente pas de « faire » de l'aventure, il engage ses jeunes héros dans des questionnements sociétaux, des introspections qui les placent face à leurs peurs, exacerbant leurs valeurs naissantes. En fait, le propre de l'Aventure, la vraie. Le dessin moderne, usant beaucoup des formes géométriques (immeubles, rues... ) est anguleux, limite pixelisant, tel un jeu vidéo vintage. Mais celui-ci, adouci par des tons de couleurs doux, exprime un style unique, original, au charme fou. On sort de Solstice avec l'impression d'avoir lu un conte philosophique aux limites du psychédélisme et découvert un auteur qui comptera, qui compte déjà. Les pierres sont en tout cas bien alignées pour accueillir ce Solstice d'été.
Deux copains de 10 ans, Max et Cédric, enchaînent les figures de skate. Jusqu'au moment où ils croisent la route d'un chien errant... Une chronique de proximité sympa, racontant un souvenir d'enfance marquant.
Avant de mourir, le leader d'un troupeau d'herbivores cherche son successeur. Une fois trouvé, il l’envoie auprès des humains pour apprendre à devenir chef de meute. Un récit initiatique et métaphorique, court mais efficace.
Dans une société plongée dans le culte du paraître et du confort matériel, David, cadre ordinaire, décide un jour d’acheter une grande maison pour sa famille. Une chronique sociale mélancolique et réaliste, parfois hermétique.
Barnie, deux lycéennes et un pompiste vivent dans une banlieue ordinaire américaine. Dans cette réalité d'une banalité mortifère, les destins de ces quatre figurants vont se croiser au cours d'une virée infernale... Punk, brut et désespéré !
En plein cœur de l'été, deux enfants repèrent un truc à travers les feuillages. Un truc qui sollicite d'ailleurs tous leurs sens. Oui mais quoi ? Un récit court mais efficace, teinté d'une poésie à fleur de peau. Sensuel, érotique et délicat.
Depuis quelque temps, une jeune femme a le sentiment d'être épiée par le voisin du demi sous-sol. Il doit avoir entre 40 et 50 ans et s'appelle Pascal Girard. Curieuse, la fille fait une recherche sur Google. Un récit court, touchant et efficace.
Evocation d’une absence, d’une chanson, de souvenirs, d’une odeur goûtée ça et là, d’un regret, etc. Cole Johnson livre un récit autobiographique emprunt d’une certaine nostalgie. Un album réfléchi mais très personnel, de compréhension difficile.
1937. Deux journalistes se rendent à Istanbul pour réaliser un reportage illustré sur la capitale aux trois noms, frontière mouvante entre Asie et Europe... Un songe hypnotique pour un voyage aux confins de l'exotisme, du rêve et de l'histoire.
Deux jeunes amis, plus ou moins punk, s'aventurent dans une forêt, puis débouchent sur une usine à têtes de gras. A l'issue d'une courte visite, ils décident de tout faire péter... Une métaphore sur l'individualisme exacerbé et le capitalisme destructeur.
En plein milieu du désert, un homme découvre un corps dans un ravin. A côté, une valise jointe à la main du cadavre par des menottes. Faut-il couper la main ou couper la chaîne ? Un récit expérimental amusant.
Jérémy rentre chez lui en avion. Lors du vol, il ne cesse de rêver de son chat disparu. L'apprentissage du deuil par un petit garçon encore plein de souvenirs et de rêves...
La vie d’un homme découpée en trois moments : il rencontrera trois jumelles inquiétantes, habitera chez sa mère paraplégique ou se baignera dans l’eau tiède d’un étang. Une traversée de l’existence aux accents mystiques.
Un couple navigue à bord d’une péniche : elle, c’est une fille androgyne, lui, une flaque d’eau en suspension douée de parole… Plus loin, un cascadeur-motard un peu barré s’amuse à escalader arbres et trains en marche… Vif et surprenant.
Dans une société ultra répressive envers les fanzines et l’autoédition, un groupe d’auteurs marginaux est traqué par la police. Une BD militante en forme de manifeste pour la liberté d’expression et de mise en garde contre les dérives totalitaires.
Un couple d’étudiant est assassiné à la veille de Noël sur la plage. Les inspecteurs Klaus et Nakamura sont chargés de l’enquête. Une enquête qui s’annonce délicate. Va y avoir Du sang sous le sapin… Festif et jubilatoire !