Céline aimerait vivre avec son nouvel amoureux. Mais rien ne se passe jamais comme on l’imagine. Les joies de la famille recomposée, sous le regard étrange d'une mère qui ne comprend pas et d’une psy qui ne sert à rien.Dans son premier tome paru en février 2021 (Happy family : Divorcée, 2 enfants et in love), Céline Bailleux parle de sa séparation et de sa nouvelle histoire d’amour. Dans cet opus, il est désormais question d'emménager ensemble. Les choses sérieuses commencent, les emm… aussi ! Mais chut ! Céline Bailleux raconte sa propre histoire et son changement de vie choisie et assumée. C’est proche de la quarantaine qu’elle envoie valser bonhomme et boulot. Diplômée d'art, elle décide de se remettre au dessin et devient illustratrice freelance pour la presse, l’édition et pas mal d’entreprises. Elle dépeint ici sa vie avec beaucoup d’humour et d’autodérision. Ce quotidien ressemble évidemment à celui de beaucoup de familles recomposées. Certaines scènes peuvent paraître un brin cliché et elles pourtant très réelles. C’est la routine que connaissent presque toutes les Happy family. On espère connaître la suite des aventures de cette famille recomposée. Auront-ils... un bébé ?
Quand l'heure est venue, il faut y aller. Le chemin n'a pas l'obligation d'être paisible et sans danger. Il permet toutefois de faire face aux choix passés et d'en faire de nouveaux qui peuvent tout changer.La mort reste un sujet sensible et souvent tabou dans les sociétés occidentales. Cela n'a pas l'air de déranger Philippe Scherding. D'ailleurs, l'auteur nous fait entrer directement dans le sujet à travers son personnage. M. Huysmans possède un sacré tempérament, très loin du papi tout mignon et gentil. Même face à l'évidence de son décès, il refuse de se laisser faire et de ne rien dire. Progressivement, l'attention à l'autre et l'écoute va le changer. Et s'il n'avait pas fait les bons choix de vie ? Et s'il n'était pas trop tard pour en faire le bien ? Malgré le thème, l'espoir est le maître mot. Le scénariste sort l'artillerie lourde avec des références culturelles à l'univers de la mort. Il y a déjà le vocabulaire avec la « psychopompe », un guide des âmes ou les limbes, un lieu intermédiaire. On trouve aussi des grands noms comme Hadès, le dieu des enfers ou Lovecraft, le maître du fantastique. L'image du corbeau est intelligemment utilisée. Une dualité de perception se fait dans le temps avec, d'un côté, l'accompagnant vers l'au-delà, et de l'autre un symbole morbide. L'imagerie populaire du XIXème siècle et des guerres mondiales représente la mort qui dévore les yeux des soldats décédés au combat. Sur le plan graphique, l'auteur nous plonge dans un camaïeu de bleu, vert, où seule Hel rayonne d'un blanc majestueux et rassurant. Le trait reste marqué, ce qui accentue la dramaturgie du récit, même si au final, tout se finit bien. Pour son première travail complet au dessin et à l'écriture, on sent un potentiel que l'on prendra plaisir à retrouver.
La (vraie) vie d’un (vrai) détective privé, en un recueil d’anecdotes narrées sous forme d’historiettes… un peu plates.Les héros détectives privés ne sont pas ce qui manque en bande dessinée. En général, ils s’efforcent de coller à l’image de Philipp Marlowe (de Raymond Chandler), comme Canardo ou Jérôme K Jérôme. Dans cette BD, un authentique privé, Fabrice Lehmann, ouvre ses dossiers les plus truculents pour en faire des historiettes à tonalité humoristique. Et on s’aperçoit que la réalité est bien plus terre à terre que ce que laisse fantasmer la profession. En général, il s’agit de filer un mari infidèle, ou de révéler une fraude à l’assurance. Avec ses dents du bonheur, Ficanasse (de l’italien ficcanaso : « curieux ») utilise donc le premier savoir-faire d’un détective : la filoche, souvent avec une moto et un appareil photo. Evidemment, puisqu’anecdotes truculentes il y a, cela se termine rarement comme ça devrait. Ficanasse devient souvent lui-même suspecte pour la police ou il se prend un retour de bâton dans les gencives. Il ne faut pas chercher plus loin l’humour, qui peine vraiment dans ce recueil d’historiettes de 1 à 4 planches, à susciter l’esclaffement. D’ailleurs, on ne sait pas toujours très bien que le gag s’arrête, et on tourne la page dans l’espoir d’une suite… qui ne vient pas. Aux scénarios, Véronique Grisseaux n’a pas encore totalement acquis la science de la chute. Jack Domon dessine l’ensemble à l’aide de son trait caricatural classique, moult fois éprouvé dans le registre de la BD d’humour.
1984. Un homme, Winston Smith. Une femme, Julia. Ils s'aiment. Leur amour survivra-t-il dans ce monde où les sentiments sont interdits et où les télespions captent les moindres faits, gestes et paroles... Une libre adaptation du monument d'Orwell.Big Brother is watching you... Souriez, vous êtes filmés. 1984 fait partie de ces romans d'anticipation fondateur, au même titre que Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley, le premier proposant une vision désincarnée du monde sous la coupe d'un parti totalitaire, et l'autre un monde où le plaisir achète la population pour mieux la soumettre. Cette nouvelle adaptation du roman de George Orwell tranche avec les précédentes grâce à une façon originale de raconter l'histoire, avec un Winston Smith à la peau d'ébène et une pointe d'érotisme. Fred Pontarolo, en auteur complet, se focalise sur l'atmosphère sombre du roman, avec des dialogues incisifs et denses. Les textes posent un climat pesant, donnant envie de se rebeller contre ce sur-ordre établi, de prendre les armes, pour ne pas sombrer dans la folie voulue par l'autorité. A moins que l'on ne se laisse emporter dans le supplice. L'ultra-présente voix off introspective permet de découvrir l'œuvre mythique de l'auteur anglais dans toute sa dimension. Le dessin est dans la même lignée, avec un trait saccadé et hachuré, des personnages au regard intense, éteints ou vifs, selon le degré de folie intérieure. Une nouvelle adaptation à lire et à comparer avec les autres toutes sorties en 2021 (ouverture des droits oblige...).