Jeune enquêtrice au royaume d’Ambre, Félicie doit découvrir par quel processus et à cause de qui la princesse Olga a-t-elle été transformée en cochon ? Une première et savoureuse enquête emprunte de magie.Dans le milieu de la BD Jeunesse, Félicie Poucet n’est pas la première héroïne adolescente à bénéficier d’une renommée d’enquêtrice hors pair. Philippine Lomar, le Club des Cinq, Enola et les animaux extraordinaires, Les zindics anonymes (entre autres) sont passés par cet exercice et ce statut avant elle. Mais Félicie est la première à être la descendante officielle d’un célèbrissîme personnage de contes : le Petit Poucet. Elle a hérité du reste de ses bottes de sept lieux et officie dans un monde habité de magie. Une incantation permet de voler, une autre de transformer les gens en animaux. La mutation d’une sympathique princesse en gros cochon destructeur est d’ailleurs l’objet de cette première enquête, qui se laisse très agréablement découvrir (et pas que par les enfants), grâce à son ton léger et son rythme narratif exemplaire. La scénariste et professeur de français Anne Didier n’en est certes pas à ses débuts : elle anime déjà Anatole Latuile et Emile et Margot pour la collection BD Kids. Martin Desbat n’est pas non plus le premier venu : on lui doit Mégamonsieur et Le chasseur de rêves. Ensemble, ils donnent vie à une héroïne attachante qu’on espère retrouver dans une prochaine enquête. Car nom d’une mandragore, on aimerait quand même savoir ce que sont devenus les parents de Félicie…
Il y a ce que l’on voit et tout ce qui passe inaperçu, surtout quand c’est minuscule. Mais la fée des grains de poussière voit tout !Avec une couverture pailletée et attractive, ce petit format va plaire à coup sûr. La scénariste Esmé Planchon a plus d’une corde à son arc. Elle est comédienne, conteuse, mais aussi l’autrice de plusieurs romans jeunesse. Elle scénarise cet ouvrage dans lequel elle mêle quotidien et fiction. La jeune illustratrice Jeanne Balas dessine quant à elle cette mini bande dessinée, qui est leur première collaboration à toutes deux. Leur personnage est attachant et un peu candide. Elle regarde le monde avec ses yeux de fillette et invite le lecteur à considérer tout ce qui l'entoure, même ce qu'il y a de plus invisible, comme le grain de poussière. Les autrices tendent à faire changer le regard des jeunes lecteurs sur le monde qui les entoure. Un récit plein d’espoir, de magie et de poésie.
Zouk est une sorcière certes toute petite, mais avec un caractère bien affirmé. Les grands et gros méchants ne l’effrayent pas le moins du monde. Et lorsqu'il s’agit de venir en aide à ses camarades, elle ne recule devant rien !La petite sorcière Zouk n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’elle est l’héroïne de 20 tomes d'aventures illustrées jeunesse. On la retrouve également tous les mois dans le magazine Les Belles Histoires. Cet album est une nouvelle version des histoires de cette petite fille hors norme. Serge Bloch, directeur artistique chez Bayard, est aussi auteur et illustrateur. Il a scénarisé Sam-Sam et dessiné pour les Max et Lili. Il illustre aussi pour la presse et la publicité. Ici il est au scénario et c’est Nicolas Hubesch qui crayonne. Ce dernier dessine Zouk depuis le début de la série. On lui doit aussi Kiki et Aliène paru en premier dans le magazine Astrapi. Son trait est simple mais efficace. Cette histoire prend la forme d'un conte fantastique classique, avec une happy end. Une recette de potion où l’on connaît (déjà) la fin (enfin, pour les plus grands lecteurs) mais qui plaît toujours. Avec une héroïne, un méchant et une belle morale.
Möun devait devenir éleveuse de licornes... Mais elle souhaite prendre une autre voie et être dresseuse de dragons. Un premier tome avec une héroïne haute en couleur, qui interroge sur la question du genre.La petite Möun, au caractère bien trempé, sait qu'elle ne veut pas élever les licornes, même si cela semble être le métier rêvé. Non, elle ce qu'elle souhaite, c'est de l'aventure, du danger : elle veut dresser les dragons. Cette héroïne, accompagnée de son dragon Perséphone vous est peut-être familière et vos enfants la connaissent sûrement. En effet, avant d'avoir son propre album de bande dessinée, vous l'avez pu l'apercevoir dans le magazine des 7-10 ans Manon. Et ce sont deux autrices jeunesse reconnues qui se sont emparées de cet univers fantastique, où se côtoient dragons et licornes. Katherine Ferrier, qui est connue dans le milieu de la BD jeunesse pour avoir réalisé la série Hôtel étrange, et Cécile Alix, qui a signé de nombreux romans et albums pour les plus jeunes. Cette collaboration permet à Cécile Alix de produire sa première bande dessinée en tant que scénariste. L'univers inspiré du conte, séduira les enfants : on y retrouve des personnages qu'ils affectionnent et qui les font rêver. Les graphismes, très bienveillants et fourmillants de détails, permettent de créer un environnement propice au développement de l'imagination. Cette petite aventure chapitrée permet de s'interroger de façon insinue sur la question du genre, et de véhiculer un message positif incitant à la liberté de penser. Un premier tome pétillant et coloré, mettant en scène une héroïne forte et ambitieuse : un exemple qui pourrait inspirer les enfants.
Durant la collaboration, en Normandie, les enfants s’organisent pour survivre au marché noir et résister à leur manière. Une (autre) excellente série, très pédagogique, mettant en scène des enfants pendant la seconde guerre.A l’origine, Les grandes grandes vacances est une série animée (réalisé par Paul Leluc), 10 épisodes de 26 minutes qui ont été diffusés sur France 3 en 2015. Cette série a ensuite été adaptée en 4 romans « novellisés » et illustrés… qui sont aujourd’hui repris en BD par les éditions BD Kids, selon le dessin initial mis au point par Emile Bravo. A l’occasion de la parution de ce tome 3, on note la réédition du tome 1 dans un format légèrement plus grand que celui paru en 2019… mais hélas toujours trop petit pour profiter pleinement des détails du dessin de Bravo. On se situe ici dans un registre très proche d’une autre série BD à succès, sur le même thème : Les enfants de la Résistance. D’autant plus, avec ce tome 3, qui fait sérieusement entrer les jeunes héros dans le vif tragique de la guerre. Tout recommence par une ellipse légèrement facile : on apprend par un encadré narratif que le bébé trouvé (au tome 2) a été rendu à sa famille. Et la vie quasi normale a repris pour les enfants et leurs grands-parents, chez eux, avec un contexte nouveau : les restrictions alimentaires. Cette vie rurale sous l’occupation allemande, avec le marché noir, le système des tickets, les réquisitions et les délations des collabos, sera au cœur de cet épisode. Nos jeunes héros se mêlent aussi pour la première fois de la guerre – évidemment en se plaçant du côté de la Résistance – en soignant secrètement un pilote anglais blessé lors de son parachutage. Ils finissent aussi endeuillés par la mort d’un proche… mais on arrêtera là, afin de ne pas trop spoiler. Le dossier pédagogique en fin d’ouvrage se place à hauteur des 7-11 ans (le lectorat d’Astrapi) et revient sur : le marché noir, la survivance sous l’occupation, les rapports de forces en Europe en cette année 1941, la mondialisation de la guerre, la gestapo, les SS, les colabos et la Résistance.
Un frère et une sœur sont en vacances chez leurs grands-parents en Normandie, lorsqu’est déclarée la seconde guerre mondiale. Ces « drôles de vacances » à la campagne vont durer bien au-delà de ce qui était initialement prévu…Après La guerre des Lulus et Les enfants de la Résistance, voici une nouvelle série nous permettant d’appréhender une guerre mondiale à travers les yeux des enfants, en immersion sur le terrain. Frère et sœur, Ernest et Colette sont en effet en vacances en Normandie chez leurs grands-parents, lorsque l’Europe s’embrase en septembre 1939. Ou plutôt, lorsque les déclarations officielles de guerre aboutissent à la mobilisation générale et à la « drôle de guerre », 9 mois de latence qui précédèrent la blitzkrieg (mai 1940). Mais ces considérations militaires et géopolitiques, Ernest et Colette n’en ont pas vraiment conscience dans ce premier tome. Ils sont en effet occupés à se faire « la guerre » avec ce chenapan de Gaston, fils des fermiers voisins, qui ne fait rien qu’à les embêter. Cela permet tout de même au collectif de scénaristes d’aborder quelques dégâts sociaux, à hauteur d’enfant : le rejet de l’étranger, les restrictions de nourriture, l’importance de la Mémoire, notamment à travers les monuments aux morts. Ces concepts ne sont pas du tout abordés de manière trop professorale ou artificielle, ils font sens avec le récit, qui met essentiellement en scène des préoccupations d’enfants : les copains et les copines, les cabanes dans les bois, les petites bêtises du cochon, l’amour parental. Cette bonhommie est renforcée par le dessin plein de tendresse d’Emile Bravo, dans un registre jeunesse parfaitement adapté et abouti (évidemment !). La guerre s’installe vraiment à la toute dernière page de ce premier tome, avec la ville de Dieppe en flammes et un avion qui s’écrase à proximité. Mais cela sera pour le tome 2…
Athéna découvre progressivement le pouvoir dont elle est dotée, alors qu’un nouvel élève venu du grand Nord rejoint l’école du mont Olympe. Immersion dans la cour de récréation de ceux qui deviendront des dieux grecs.Ce troisième album d’Athéna nous invite à suivre la vie scolaire d'apprentis dieux et déesses grecques. La jeune Athéna commence enfin à découvrir le pouvoir dont elle est dotée. Elle dispose d’un bouclier protecteur, mais qu’elle n’arrive pas à maîtriser de manière optimale. Accompagnée par ses camarades, elle va être conseillée pour se familiariser avec ce don. Après le départ d’Osiris, un nouvel élève beaucoup moins sympa fait son apparition : Thor. Ce délégué de classe venu du froid est un poil prétentieux et suffisant. Il peinera donc à s’intégrer à son nouvel environnement, avant de changer d’attitude. Destiné à un public jeunesse (ces histoires sont prépubliées dans le magazine Julie, dont le cœur de cible sont les filles de 10 à 14 ans), les héros de la mythologie y sont gentiment caricaturés et sont bien éloignés des récits originels. L’Olympe est un peu la cour de récréation avec des adolescents aux préoccupations futiles qui s’appellent par des sobriquets comme Héphaïstochou ou Athénoulette. Le format court des histoires (maximum 5 pages) s’avère peu propice à développer des scénarios aboutis, même si certaines situations prêtent à sourire. Marie Voyelle revisite avec malice l’Olympe et donne un caractère espiègle aux personnages grâce à son dessin fin agrémenté de couleurs joyeuses.