Dans un avenir proche, l’eau terrestre est spoliée pour irriguer les jolis jardins des colons lunaires. Des émeutes sanglantes éclatent… Une dystopie illustrant ce que pourraient être les futures guerres de l’eau. Angoissant !Les climatologues nous le prédisent : la guerre de l’eau se profile… Et la géopolitique récente, tout comme la concrétisation des pires trajectoires climatiques, tendent à leur donner raison. L’auteur Nicolas Presl nous alarme à travers ce petit – mais très épais – bouquin muet. Sa narration 100% visuelle nous donne à suivre plusieurs trames parallèles, à travers un découpage en gaufrier régulier (4 cases par page ; avec parfois un regroupement de 2 ; ou des 4, soit en pleine page). Nous sommes ici dans un contexte d’anticipation peu glorieux, une dystopie presque crédible. Les ressources en eau de la Terre sont devenues l’un des biens les plus précieux. Et pour cause, quelques gros bâtards de riches la spolient aux terriens, depuis leur base lunaire, où ils en ont besoin pour irriguer leur merveille : la reconstruction des antiques jardins suspendus de Babylone. Evidemment, sur Terre, l’ordre autoritaire réprime dans le sang révoltes et actions militantes musclées. C’est dans ce contexte politique et social plus que tendu que nous suivons une famille déchirée. A travers un style graphique qui lui est propre, Presl met en scène des personnages aux visages volontairement disgracieux et parfois mal orientés… On se prend à trouver dans cette manière quelque chose de Jérôme Bosch ou de Pablo Picasso. En tout cas, comme toute dystopie qui se respecte, cette vision d’un avenir peu glorieux pour l’humanité fait froid dans le dos. Espérons qu’elle ne soit pas trop prophétique et agissons pour l’éviter.
Dans une ville lacustre futuriste et ses abords, Pierrot et Dora fuient vers nulle part, en proie à des illusions télépathiques… ou leurs propres rêves ? Une échappée d’anticipation dystopique, hermétique et somptueuse.Au départ, on ne comprend rien. Par la suite, on ne comprend pas plus, mais on se laisse porter par une narration hypnotique et un dessin virtuose. A la fin, on comprend qu’il n’y avait pas grand-chose de plus à comprendre qu’un piège onirique, quelque part entre l’immersion dans le rêve d’un autre, le parasitage télépathique et la dystopie. Dans L’entrevue, Manuele Fior avait déjà brillamment abordé l’anticipation et évoqué les troubles d’une société future qui a fait muter nos réflexes cognitifs et nos rapports amoureux. Il poursuit dans la même veine, à travers la ville lacustre de Celestia, à la fois fantomatique et obscurantiste, qu’on assimile volontiers à une Venise post-apocalyptique. La (longue) narration (272 pages !) reste majoritairement énigmatique – et on peut la qualifier d’hermétique. Il faut accepter de ne pas tout piger et de se laisser porter par la fuite en avant de Dora et Pierrot, alter-ego improbable – mais volontaire – de la chansonnette infantile. Les apparences sont trompeuses, mais toujours riches en symboles. Cette escapade fuyante (sic) et dystopique questionne là où ça dérange. Cette vision du futur où « l’homme augmenté » se définit sans recours aux machines ou au numérique, mais en tant qu’être, est à la fois envoûtante, flippante et sublime sur le plan graphique. Le temps d’une déambulation sur un balcon qui s’écroule, à travers les brumes inquiétantes de la lagune vénitienne ou devant une forme urbaine géométrique et rougeoyante au milieu d’une plaine, on se régale d’une immersion dans un autre demain que celui de la science-fiction traditionnelle.
Deux frères fumistes et escrocs s’abandonnent à tous les vices : porno, drogues, alcool, entourloupes. Une photo peu reluisante d’une société et de mentalités délétères, remarquablement traitée avec inventivité, humour et une lueur d’espoir…
Capturé dans la jungle, un chimpanzé intègre un zoo, puis un programme spatial qui l’envoie dans l’espace, avec succès. Histoire authentique et muette de Ham, premier singe dans l’espace, d’un point de vue subjectif.
Tous les ans, dans la nuit du 4 au 5 août, un habitant du quartier disparait. La bienveillante Josepha est certaine de savoir qui est le coupable. Elle est loin d’avoir tout deviné. Un essai original et hétérodoxe sur l’individualisme.
Evadés d’un hôpital psy, un adolescent passionné d’astronomie et son ami imaginaire fuient, de mauvaises rencontres en désir d’ailleurs. Un récit initiatique un peu glauque, qui relative la place de l’homme dans l’univers.
Valentine et Mathilde résident à Bruxelles dans ces années 90 marquées par les drames pédophiles. Dans ce récit à quatre mains et deux voix, elles évoquent une enfance sentant rôder le loup, et font de la Menace le protagoniste de leur histoire.
Un groupe de comédiens musiciens blancs grimés en noir, est amputé d’un membre pour cause d’addiction à l’opium. Ce dernier est remplacé par un « vrai noir » qui va transfigurer chacun d’eux. Une satire pointue sur les a priori et la religion.
Quatre ans après son embauche chez Samsung, la jeune Yumi âgée de 22 ans décède d’une leucémie, comme d’autres de ses collègues. Un récit édifiant sur le combat d’un père contre un cynisme d’Etat inféodé au fleuron économique national : révoltant !
Après des années à se croiser, Frederik se rapproche enfin de Cati, une femme parfaite pour lui, à ceci prêt qu'elle souffre du HIV. Un récit témoignage émouvant et instructif, en forme de belle histoire d'amour.
L'histoire de Luca, Gianni et Paolo au début des années 90, trois jeunes garçons qui s'ennuient dans leur coin d'Italie. Entre vagabondages et découverte de l'autre sexe, l'histoire d'une enfance perdue. Une chronique sociale suggestive et intéressante.
Kurt, spécialiste d’architecture, se souvient de son adolescence dans les années 80, entre son amour fou pour Patrizia et sa conversion religieuse dans le groupe biblique du pasteur Obrist. Une BD poignante sur l’endoctrinement et ses ressorts.
Entre canotage et bavardage, adultes et enfants respirent l’air enivrant des vacances sous le chaud soleil d’Italie. Mais les tensions vont commencer à s’exacerber. Un huis-clos estival digne d’intérêt.
Kwon Yong-Deuk, auteur de BD coréen, partage ses déboires amoureux à travers 8 nouvelles où sentiments contradictoires, petits mensonges et trahisons mesquines rythment des histoires d’amour de notre temps. Amour amère.
Dès 2003, Pierre Wazem entame une correspondance avec son amie Louise, partie aux Etats-Unis. L'occasion de lui montrer ce qu'elle a perdu en quittant les Studios Lolos, leur atelier. Léger, drôle et porté par une subtile et touchante vision du monde.
Suite à une attaque de fourmis rouges, l’ordre d’une fourmilière s’effondre laissant les individus survivants, qui composaient la colonie, seuls et désœuvrés. Un album dont on ne sait trop quoi penser…
Au bar, on peut étancher sa soif jusqu'au malaise, ou faire des rencontres surprenantes, moins amoureuses que sexuelles d'ailleurs. Un chassé-croisé de drague foireuse et de sexe furieux, drôle et malin, pour amateurs d'expérimentation formelle.
Une petite fille peu aimée par son père, un loup-garou amoureux, des loups et des lunes en émoi... Un recueil de fables graphiques en prise avec l'âme, entre pleurs et sourires, petites joies et grandes désillusions. Très beau !