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Ilatina

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Mars
30 mars

Le Dormeur

Un migrant spatial oublié sur Terre depuis 20 ans sort de cryogénisation au sein d’une communauté de survivants dans un immeuble autarcique. On exige qu’il enquête sur le meurtre de Luis. Un réjouissant polar post-apocalyptique !Ce Dormeur épouse toutes les dimensions du polar post-apocalyptique, parfaitement réjouissant dans les deux registres. D’emblée, le scénariste argentin Rodolfo Santullo nous surprend par le contexte, à la fois désespéré et terriblement réaliste : voilà notre humanité dans une poignée d’années, après qu’on soit parvenu à ne rien faire pour nous épargner l’autodestruction annoncée. On comprend les évènements en avançant petit à petit, à mesure que le héros enquêteur les découvre lui aussi. Avec sa combinaison intégrale aussi couillonne que celle des Télétubbies, ce personnage central de « Dormeur » ressemble à un homme du futur… mais il est un homme du passé : il a simplement été oublié dans son caisson de cryogénisation, alors qu’il espérait se réveiller sur Io (une lune de Jupiter), où les riches survivants se sont constitué une colonie. Cet avenir atroce dans lequel il devra rester pour toujours est aussi aride et désertique que celui de Mad Max. D’ailleurs, une communauté ennemi est baptisée « les madmax » et elle n’est franchement pas sympa (on vous laissera découvrir pourquoi)… Cependant, le décorum joue essentiellement sur le huis clos d’un immeuble en ruine ; et la problématique désigne une enquête sur un meurtre qu’il est sommé d’élucider. Santullo découpe l’intrigue en 11 chapitres, qui font chacun progresser l’intrigue dans une direction. C’est savoureusement construit, imprévisible, oppressant, avec ce qu’il faut de profils psychologiques retors et attachants parmi les persos. Le dessin semi-réaliste stylisé et très souple de Carlos Aon est parfaitement au point et joue admirablement sur les ambiances claires-obscures avec ses effets de bichromie suffocants. Une excellente surprise venue d’Argentine !


Illustration : Carlos Aon
Science-Fiction
Février
11 février

Cayetano

Deuxième titre de la récente collection Via Libre des éditions Ilatina, Cayetano fait froid dans le dos, mais révèle au lectorat français deux très bons auteurs.Au-delà de l'histoire particulièrement sordide de ce jeune garçon que la population surnommera Petizo Orujedo (le petit aux grandes oreilles), pour lequel les auteurs ont su retracer le parcours avec brio, Cayetano doit être salué pour sa mise en forme scénaristique sobre et intelligente et son esthétisme particulièrement réussi, révélant entre autre un très grand dessinateur : Nicolas Brondo. Et si le sujet en lui-même l'en rapproche avec facilité, c'est avec beaucoup de respect qu'on associera son dessin noir au trait fin aussi chirurgical de celui de son collègue anglais Eddie Campbell dans From Hell. Jack l'éventreur est d'ailleurs cité en page 82, tel un hommage évident, lorsque Vaccari, le journaliste spécialisé en affaires criminelles, est convoqué dans le bureau de son boss du journal La Prensa. Un parallèle cela dit agréable, car débouchant sur un résultat au ton suffisamment personnel pour en faire au final un petit roman graphique intriguant, dérangeant, mais fascinant, séduisant et donc quasi immanquable. Luciano Saracino dévoile cette histoire avec toute la finesse d’un grand scénariste. Cette collection au format comics dos carré avec rabats Via libre porte vraiment bien son nom et l'on aimerait pouvoir retrouver les auteurs de ce roman noir sur d'autres histoires.


Scénario : Luciano Saracino | Illustration : Nicolas Brondo
Thriller
Juin
11 juin

Le Coup de cafard

Financée grâce à une opération participative, cette auto-fiction dévoile une jeune autrice argentine et son témoignage de l'inceste.Cécilia Lucia Gato Fernandez est une jeune autrice argentine dont c'est ici le premier album français. Bien qu'elle milite activement dans son pays pour le droit des femmes, et qu’elle soit responsable de nombreux comics et illustrations sur le sujet, elle n'a pas encore une grande expérience de récit sur la longueur. Cela se ressent un petit peu dans le déroulement de son histoire très personnelle où, en effet, l'utilisation des prénoms ne permet pas de comprendre toujours clairement qui est qui dans cette famille. Néanmoins, elle fait preuve d'un beau courage, d'une poésie certaine, relayée par l'utilisation métaphorique et kafkaïenne du cafard, pour dénoncer les travers de son père, qu'elle représente parfois comme une simple silhouette fuyante. L'allusion au refuge qu'elle trouve, soit auprès de « Dieu », représenté par un bidet, soit auprès d'une colline apparaissant avec la musique que son frère lui passe, est intéressante, poétique, et un peu plus compréhensible, pour la petite fille qu'elle est sensée être, ou ses jeunes lecteurs, que les bouges où elle se retrouve en compagnie d’étranges souris. Son dessin, assez minimaliste, qui évoluera avec le temps on l'imagine, pourrait trouver une comparaison dans un mélange entre la tradition du Mafalda de Quino et la BD alternative plus moderne de son collègue américain Noah Van Sciver. Il s’agit, cela dit, d’un album fort, prometteur, tout public à partir de 10 ans accompagné, dont la présentation cartonnée aurait néanmoins été tout aussi pertinente en format souple.


Scénario : Gato Fernandez | Illustration : Gato Fernandez
Chronique sociale
Avril
30 avril

Un Certain Daneri

Une compilation de courts récits, très noirs, nous présentant pour la première fois le personnage de Daneri créé dans les années 70. Patrimonial, pour sûr.A l'époque où le duo Trillo-Breccia père (« le vieux », son surnom) accouche de ces histoires, l'argentine s'apprête à renommer Juan Domingo Peron président, après deux premières mandatures entre 1946 et 1955. Comme l'explique Laura Carabello dans son prologue, l’Argentine va être marquée par la guerre sale contre le communisme, les divisions internes et les actions révolutionnaires. La violence sera fortement présente dans les rues et tout cela débouchera sur les années sombres de dictature suivant le décès de Peron en 1974 et le coup d'état de 1976. Férus tous deux de littérature, Carlos Trillo et Alberto Breccia vont écrire ces histoires dans l'ambiance des cafés palabres qu'ils affectionnent (« Charlas de café »), début d'une longue et riche collaboration. Publiées entre 1974 et 1978, entre l’Argentine et l’Espagne où ils ont émigrés, ces huit histoires permettent aux deux auteurs de donner de la matière à leur production, en y intégrant à la fois une touche vécue, car s'inspirant de l'enfance de Breccia dans ce quartier, mais aussi une ambiance de romans noirs, entre autre influencée par les écrits de Borges. Si Carlos Trillo est encore jeune à l'époque, Alberto Breccia va rentrer, lui, dans une phase créative avant-gardiste. Influencé par HP Lovecraft, il va développer sa technique mixant monotype, projections de tâches d'encre (le Dripping cher à Pollock), mais aussi les collages, dont une scène avec photo de Deux-Chevaux dans l'épisode le Barbot est à la fois significative et assez inédite. Néanmoins, le meilleur reste à venir avec son adaptation des Mythes de Cthulhu en 1973. Daneri est donc une œuvre que l'on pourrait qualifier de « transitoire » dans sa carrière. Elle rappellera d'ailleurs fortement sa série Mort Cinder, dont les planches créées dès 1974 auront déjà profité de cet entrainement. Huit histoires sombres, quelque peu « amorales », mais d'une violence et d'une poésie enivrantes, à la valeur patrimoniale indéniable. On regrettera juste, malgré le soin apporté à l'édition, que les originaux n’aient pas été existants pour l’impression.


Policier
Janvier
13 janvier

Chroniques amérindiennes

Inédites en français, ces histoires permettent non seulement de mieux connaitre un duo Argentin talentueux, mais d'ajouter aussi un bel album à la thématique des légendes indiennes d'Amérique du nord. Du miel pour l’esprit et les yeux.Gustavo Schimpp, né en 1966 est un auteur Argentin surtout connu en France pour le dyptique Berzarek avec Horacio Lalia, paru chez Albin Michel en 1999. Enrique Alcatena, bien qu'un peu plus ancien de onze années et davantage présent en termes de bibliographie, a surtout pu être apprécié avec l'étonnant gros volume de 179 pages Borlavento face au vent, paru en 2019 aux éditions Warum. C'est là que son dessin noir et blanc ciselé est apparu comme l'un des plus formidables de la grande tradition des classiques « hispaniques ». Ces 10 récits fantastiques puisant dans les légendes indiennes de tribus des cinq nations pourront rappeler certaines autres histoires, par des auteurs amoureux aussi des sous-bois et des mocassins, ayant produit des classiques du western en BD, tels Hugo Pratt, Blanc-Dumont ou Derib. Cependant, rarement cette thématique aura bénéficié d'un tel traitement, que ce soit au niveau de la pagination, de la présentation, mais aussi artistiquement parlant. Gustavo Schimpp parvient, au rythme de 8 à 14 pages par récit, à nous immerger dans les vies, souvent dures, de membres de la communauté. Si une certaine poésie est présente et que des moments de tendresse parviennent à émerger, comme lors de l'épisode Face tachetée et ses complices castors, la vie et la mort reprennent à chaque fois leurs droits, apportant la touche dramatique à l'ensemble. D’ailleurs, souvent l'horreur fera son apparition dans les paysages sauvages des grandes forêts de l'Est. Que ce soit sous la forme de monstres, ou plus dramatiquement encore via la coutume sanguinaire des Ottawas, torturant leurs ennemis jusqu'à l'aube, ne leur laissant quasiment aucune chance. Ce que, par honneur, ira constater Thayenda dans l’épisode Un mince espace. Graphiquement, Enrique Alcatena donne pleinement vie à ces hommes et ces esprits, ces animaux et les grands espaces angoissants de ces forêts profondes et sombres. Son dessin, réalisé au pinceau et à la plume, mélange fluidité et hachures, magnifie les tuniques mais aussi les esprits et les morts-vivants. Il offre des cases et des planches magiques, dignes souvent des meilleurs récits d'horreur. Parfois, dans un esprit carte à gratter, les hachures fines émergent d'un noir profond, et à d'autres moments, les tâches noires du pinceau explosent du fond blanc, tels les casse-têtes sur le crâne de Thayenda, au petit matin nuageux. Majestueux. Vraiment, il était impensable que ces Chroniques amérindiennes restent inédites. On ne remerciera jamais assez l’éditeur pour cette initiative.


Scénario : Gustavo Schimpp | Illustration : Quique Alcatena
Western
Juillet
10 juillet

Bolita

Le dernier album de Carlos Trillo, décédé le 08 mai 2011, réalisé avec Eduardo Risso, son companero sur de nombreux projets. Un album unique, pourtant superbe introduction à ce qui aurait pu devenir une série.Profitant de la renaissance en 2006 de la revue mythique argentine des années soixante Fierro, Carlos Trillo crée cette histoire de Rosmery Ajata à partir du numéro 50, afin de pouvoir collaborer une nouvelle fois avec son collègue et ami de toujours. L'occasion est trop belle et ces deux compères, responsables des séries mythiques Je suis un Vampire, Fulù et Chicanos, vont pouvoir à nouveau faire montre de leur immense talent. Tout d'abord, Trillo dépeint une Argentine de trafics, où l’humain est pratiquement considéré comme un produit. Telle notre héroïne frontalière, obligée d'émigrer afin de trouver un emploi. Dans ce quartier huppé où elle vient faire le ménage, elle n'est que la Bolita, la petite bolivienne qu'on ne regarde même pas. Et elle non plus, venant des villas (les bidonvilles), n'est pas sensée regarder. C'est sa curiosité exacerbée et sa culture – elle fréquente beaucoup la bibliothèque du quartier – qui lui tient lieu de repère, et d'indicateur, en plus de son amant vicieux, le flic de la Bonaerense (la police corrompue) pour ses petites enquêtes. Carlos Trillo dénonce la pauvreté, mais aussi les turpitudes et magouilles bien malsaines des riches propriétaires, en lien avec l'église et ce qu'il reste de la junte militaire. Tout cela avec un regard pointu mais plein d'empathie et de connaissance, car il sait de quoi il parle. Nombreux sont ses clins d’œil à la fois féministes, culturels, et humanistes, dans un contexte pourtant peu porté sur la poésie. Eduardo Risso nous interpelle efficacement avec ses aplats noir et blanc puissants, géométriques, à la fois hyper cadrés et libres, dont lui seul à la formule. On chercherait des défauts graphiques que l'on n'en trouverait pas. Ici, tout est juste, à sa place, tant au niveau du dessin que des dialogues, de l'intrigue, pas moralisatrice pour un sous, mais juste fascinante comme peut l'être l’araignée dans sa toile, au coin de l'escalier, que Rosmery ne peut s’empêcher de repérer, alors que tout s'agite autour d'elle. Un duo au top, encore une fois, mais ce sera la dernière, malheureusement. Un grand cru de la BD argentine, bienheureusement mis entre nos mains grâce aux éditions Ilatina. Un grand cru de la BD, tout court.


Policier
Novembre
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