La Rousseur

Description de La Rousseur

Rousse, Charlotte l’a toujours été, et cela ne l’a jamais vraiment intriguée. Mais, lorsque son fils naîtra, roux lui aussi, et sera l’objet de remarques majoritairement assez déplaisantes venant de son entourage, Charlotte va se sentir personnellement affectée. Elle décide ainsi de mieux connaître cette couleur capillaire, cette particularité physique ne touchant que 2% des personnes européennes, et qui souvent dérange. Une particularité génétique que beaucoup craignent, à l’origine de croyances et de superstitions contre les roux, mais dans le même temps suscitant admiration et convoitise. Devant tant de réactions mixtes, Charlotte creuse l’origine du phénomène roux. Elle cherche du côté des idiomes du parler courant concernant la rousseur (et le plus souvent péjoratifs), examine ce qui différencie quelqu’un né roux de quelqu’un qui cherche à le devenir. Elle met en avant aussi des personnalités rousses célèbres ayant pu l’influencer, examinant tout aussi comment cette couleur est représentée dans la littérature ou l’art pictural. Elle a souvent été associée aux méfaits, au diable ou encore à la puanteur, entraînant, tout au long de l’Histoire, des actes discriminatoires, parfois violents. En se plongeant dans sa propre histoire, Charlotte va rendre siens ces faits, puis s’en détacher afin de mieux revendiquer ce qui fait d’elle une personne unique, sa couleur de feu si particulière.

Critique de La Rousseur

À cause des remarques faites sur son fils concernant sa rousseur, Charlotte décide de mieux connaître cette particularité physique, qui est aussi la sienne. Une bande dessinée didactique sur la caractérisation de la rousseur, dans l’Histoire, les représentations artistiques et la réalité scientifique. Charlotte n’avait jamais vraiment fait cas de sa rousseur, même lorsque des remarques lui étaient faites là-dessus. Mais, quand des remarques désobligeantes vont être faites sur son fils lui-même roux, elle va se lancer dans une enquête personnelle pour mieux connaître cette particularité, et se la réapproprier. Dans une démarche autofictionnelle, Charlotte Mevel s’interroge sur un fait qui se rapporte directement à elle : la perception de la couleur rousse dans la société, et au travers des arts et de la science. Depuis toujours, cette nuance de cheveux si rare a enflammé les imaginaires pour susciter à la fois curiosité et discrimination. Un rejet qui s’est manifesté dans des croyances et des expressions péjoratives. Exemple d’idée préconçue : la croyance que la couleur rousse des cheveux de certains individus était due à leur conception lors d’une période de menstruations, et donc qu’ils étaient « sales ». Ou encore : les taches de rousseur sont la matérialisation de rapports sexuels que des femmes auraient eu avec le diable, et le nombre de ces tâches indiquerait la fréquence de telles pratiques supposées. Autant de superstitions aujourd’hui désuètes, mais les préjugés sur la rousseur restent toujours vivaces. Dans le même temps, cette couleur évoquant un feu rougeoyant a servi d’inspiration pour des représentations picturales, ou fut à l’origine de légendes sur des héros ou héroïnes très braves. À travers cet album, Charlotte Mevel magnifie la rousseur et la tolérance aussi, et illustre bien sa thématique avec souvent quelques teintes grisées rehaussées par la teinte orange des cheveux. Souvent simplifié et assez schématique, le dessin acquiert une autre dimension sur les pleines pages, où l’autrice se laisse aller à sa créativité en toute liberté. On aurait donc voulu encore plus de liberté dans la narration, ce qui aurait rendu l’ouvrage encore plus original.