Dix de der

Description de Dix de der

Décembre 1944. Alors que la Deuxième Guerre mondiale touche à sa fin, Hitler, dans une ultime tentative désespérée, lance une offensive dans les Ardennes belges. Face à ce mouvement, les alliés parachutent des hommes, vétérans et bleus, qui, sous-équipés pour affronter le froid, se heurtent aux réalités glaciales du terrain. C'est alors qu'un jeune soldat se retrouve coincé dans un trou d'obus après un bombardement allié, dans une ambiance chaotique et apocalyptique. Les fantômes des troupes allemandes et des soldats alliés forment une assemblée hétéroclite et surréaliste tandis que la partie se joue en huis-clos.

Critique de Dix de der

L'immense littérature sur les deux guerres mondiales offre de nombreuses perspectives sur des thèmes tels que les bouleversements émotionnels subis par les combattants, les enjeux politiques et militaires complexes, ou les conséquences de la guerre sur le monde. Cependant, Dieter Comès a réussi à introduire de la profondeur dans la narration de la guerre avec sa bande dessinée “L'Arbre-Coeur”. Né en 1942 en Belgique, dans une région historiquement divisée, l'auteur a su imprégner son travail de l'impact de cette ambivalence, arrivant à offrir un regard totalement nouveau sur la guerre. Cette bande dessinée est une incursion sensible et poétique dans la seconde guerre mondiale, en toute vigueur et énergie. L'hiver glacial ajoute une nouvelle dimension de réalisme à l'histoire, plongeant le lecteur dans une vague d'émotions et de frissons. Le protagoniste est un jeune soldat ordinaire qui sous-estime la dureté de la guerre, et devient presque une victime des circonstances. Comès évite les clichés et les stéréotypes souvent observées chez les protagonistes de guerre, offrant plutôt une figure en évolution, qui apprend à comprendre la complexité de la guerre et à évoluer dans le hachoir de la bataille. Les illustrations de Comès sont une merveilleuse expression d'émotion et de mouvement. La bande dessinée fait un grand usage de techniques en noir et blanc, ce qui renforce encore plus l'impact émotionnel sur le lecteur. Chaque dessin est savamment exécuté, avec une attention particulière portée aux détails, faisant ressortir les expressions faciales et les traits de personnalité de chaque personnage. Les fantômes de troupes allemandes et alliées sont très poignants, leurs formes spectrales ajoutant une touche de créativité et de surréalisme à la scène de la bataille. Un grand bravo à Comès, qui, en digne successeur de Shakespeare, conte cette tragédie de manière théâtrale. L'arbre-coeur est un ouvrage à parcourir régulièrement, en hommage aux soldats sans noms.