Le patient « A »

Description de Le patient « A »

L’histoire commence à la fin de l’automne 1941 dans la périphérie de Londres, village de Bletchley. Le comte de Champignac, Pacôme Hégésippe Adélard Ladislas file le parfait amour avec la douce miss Blair McKenzie. Ils sont tous deux des génies mal compris, qui ont trouvé l’amour alors qu’ils travaillaient avec Alan Turing au décodage d’Enigma. Malheureusement, l’idylle est interrompue par une nouvelle mission. En effet, deux amis chercheurs, un chimiste et un biologiste, lui adressent un message codé plutôt inquiétant. Schwartz et Bruynseelke l’informent que, sous la contrainte, ils prennent part à un programme de recherches pour le compte des nazis. Les amoureux ne réfléchissent pas longtemps. Il urge de se rendre à Berlin pour les secourir. La mission est périlleuse du fait de la seconde guerre mondiale en cours et en Allemagne, ils font de sacrées rencontres. Göring, un organisateur d’événements de réjouissances peu orthodoxes. Wernher von Braun, un don juan, qui ne manque d’air pour courtiser Blair. La rencontre la plus étonnante est celle du patient A, qui n’est nul autre que le Führer Hitler lui-même. Il serait sous l’influence d’une drogue appelée la pervitine. Durant la guerre, toute l’armée allemande avait recours à ce remède miracle pour toutes sortes de maux, allant de l’épuisement à la peur.

Critique de Le patient « A »

En 1941, le compte de Champignac était transi d’amour pour une chercheuse de nationalité écossaise. Il doit lutter contre une pilule qui renforce les capacités des hommes de la force armée du troisième Reich et d’une autre personne. Ce beau récit se déroule quelques années avant que Pacôme ne fasse la connaissance de Spirou et de Fantasio. Les admirateurs de cet univers en trouveront pour leur compte. Le scénario est l’œuvre de BeKa, le couple de scénaristes formé par Caroline Roque et Bertrand Escaisch. Alors, ce n’est pas extraordinairement époustouflant mais ça reste tout de même brillant. Le tome 2 centré sur Le patient A est romancé à loisir entre amitié et amour, pour le bonheur du héros, Champignac. La série respecte sa nature historique et est bien renseignée malgré la seule insuffisance notable liée à un certain anachronisme. En effet, la série fait référence à Elisabeth Alexandra Mary comme la Reine des Royaumes du Commonwealth déjà en 1941 alors qu’elle n’occupera cette fonction que onze ans plus tard. En ce moment, son père, le Roi George VI était le souverain. Cet impair mis à part, BeKa a fait ses devoirs. Le duo présente à l’aide d’arguments scientifiques la pervitine, ce « médicament » qui accroit l’attention et redonne du mordant à son consommateur. Les petits plats sont mis dans les grands. Les réparties sont spirituelles, profondes et remplies d’esprit. On retrouve des personnalités ayant existé au moyen de caricatures réussies. Flanqué de sa belle et de son vaporisateur de gaz soporifique, Champignac reste un gentleman même en territoire ennemi. Il ne trahit pas ses convictions et se refuse d’abattre le patient A. David Etien offre à un public pas tout à fait jeune, de sémillants dessins. Les détails sur les planches s’observent même dans leur complexité. C’est un plaisir de passer d’un graphisme à l’aspect ancien voulu à des couleurs, de la lumière et de la clarté moderne. C’est tout simplement éblouissant. Les BeKa sont hors pair et Etien est formidable. Rien ne lui résiste, et surtout pas le paysage londonien d’antan. Ils donnent de la pêche à Champignac, irradient le SpirouVerse en l’absence du boss, Spirou. M’enfin !