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Description de Caboche
Frank Armstrong, détective privé blasé et au bout du rouleau, prend un café dans son snack habituel de Los Angeles. Il a une migraine de dingue. Soudain, il s’aperçoit qu’Adrian, une vieille connaissance, est assis en face de lui. Cette grosse brute d’Adrian l’informe que son boss, Gibson Atwater, veut lui parler. Et c’est pas comme s’il avait le choix. Entre deux malaises cérébraux provoqués par la tumeur au cerveau qui ne va pas tarder à avoir sa peau, Frank se laisse guider jusqu’à l’entrepôt d’une usine de nouilles chinoises. Il est persuadé que Gibson va abréger ses souffrances d’une balle dans le crâne. Mais tout parrain de la pègre soit-il, Gibson est tout mielleux : il a besoin de Frank. Sa fille Evelyn (âgée d’une vingtaine d’années) a disparu. Gibson affirme qu’elle est innocente de tous ses trafics et demande à Frank de la retrouver. Le deal est conclu pour 10 000 dollars… à condition qu’il la ramène en vie. Frank s’en retourne à son bureau, l’esprit particulièrement confus. Le présent et le passé se confondent un peu… mais il connaît son métier. Aussi repère t-il bien avant d’entrer qu’il a de la visite : quelqu’un a forcé la porte de son bureau. Il trouve Jimmy, inspecteur de police, installé dans son fauteuil, qui boit son whisky. Jimmy lui conseille de ne pas accepter ce contrat. La planche est pourrie, la fille n’est sans doute pas aussi innocente que l’affirme son père. Frank a de plus en plus mal au crâne…
Critique de Caboche
Un détective privé atteint par une tumeur cérébrale avancée enquête sur la disparition de la fille d’un parrain de la pègre. Un polar noir qui tire son originalité de sa construction narrative patchwork mais limpide.Paru en 2008 aux USA sous le titre Tumor, Caboche est aujourd’hui pour la première fois publié de ce côté-ci de l’Atlantique par les éditions Sonatines. Le pitch ressemble à un bon vieux classique du polar noir hard boiled : Frank Armstrong, un privé blasé et revenu de tout, est embauché (plus ou moins de force) par un parrain de la pègre pour retrouver sa fille disparue. L’originalité vient ici de la condamnation à très court terme de ce personnage central, dont le cerveau est atteint par une tumeur à un stade terminal. Cette tumeur, qui donne son titre en anglais, permet au scénariste Joshua Hale Fialkov de proposer une narration patchwork, relative au prisme subjectif que le lecteur porte sur la vie de Frank. Ce dernier mélange en effet le présent sur son lit d’hôpital et le passé récent, au court duquel il mène l’enquête boueuse. Graphiquement, cela se traduit par une différence de traitements, alors même que le style de Noël Tuazon se contente dans les deux cas d’un rough légèrement poussé. L’enquête au « présent » se suit au travers d’un encrage appuyé à l’encre de Chine ; les séquences hospitalisées, relatives à une fin de vie imminente, ou aux souvenirs, au passé en général, sont dessinées avec un trait encore plus rough, rehaussé de lavis. C’est nerveux, charbonneux, volontairement un peu crade, en parfaite adéquation avec le sentiment de mort imminente et les migraines abominables qu’on doit éprouver quand on a le cerveau rongé par une tumeur.
Auteur de la critique
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