Prochain niveau: 2 EXP
Zac Deloupy s'est retrouvé, comme tout le monde, confiné. Entre juin 2020 et février 2021, il a régulièrement posté sur les réseaux sociaux des illustrations à la symbolique forte. 69 d'entre-elles sont ici regroupées. Un livre choc.Ce livre ne laissera aucun lecteur indemne. Zac Deloupy utilise des images nées de son imagination, sans texte, sans aucun commentaire et la puissance de la symbolique opère, faisant du lecteur de ces illustrations silencieuses le témoin de visions souvent désespérées et malheureusement justes. Deloupy fait mouche et c'est justice qu'un éditeur, en l’occurrence Komics Initiative, recueille ses noires inspirations pour proposer ce qui est bien plus qu'une compilation d'illustrations. Le monde d'après n'est pas celui que les hommes politiques, dans leur infinie démagogie, nous ont promis au tout début de la crise. Au contraire, il est souvent, sous les traits de l'auteur, celui qui va au bout de sa folie, au bout de ses extrémismes en tout genre, au bout de la destruction dont l'Humanité est actrice. Chacun retiendra les images qui le frappent le plus. Sommes-nous promis à un monde où l'amour sera lapidé ? Le futur de l'Humanité, est-ce la chasse aux animaux extraterrestres pour qu'ils finissent également en trophées, dans on ne sait quelle planète colonisée ? Jusqu'où la société s'Uberisera-t-elle, jusqu'à réintroduire l'esclavage, sous prétexte qu'il est contractualisé ? Devra-t-on dépolluer les enfants, en tenue NBC ? Nos écoliers se dirigent-ils inexorablement vers la moulinette façon Pink Floyd : The Wall ? On vous laisse avec ces questions et surtout, on vous incite à lire ce bouquin, agrémenté d'une remarquable introduction de Numa Sadoul (pléonasme) et d'un cahier de fin d'album dans lequel d'autres artistes français déclinent leur Monde d’après. On vous le répète, vous ne sortirez pas indemne de ce monde-là...
Nicoby raconte cette période si spéciale qu’ont vécu tous les Français : le confinement de mars 2020. Un album autobiographique au ton juste et humain qui apporte un peu de légèreté dans une période bien morose. Le coronavirus est d'ores et déjà un sujet intarissable pour les auteurs de bande dessinée. Nicoby prend les devants en traitant cette période si particulière du confinement total en France, à la façon d'un journal intime en BD. Il livre son quotidien en famille (exercice qu'il a déjà réalisé à plusieurs reprises). D’abord parues sur Facebook, ses planches ont ensuite formé cet album qui a été lancé en financement participatif chez Komics Initiative, remportant un beau succès. C’est d’ailleurs tout à fait mérité car le ton de l’album est vivifiant et plein de fraîcheur sur une période pourtant peu réjouissante. Tous les sujets qui ont marqué les gens sont abordés et rappelleront forcément des souvenirs à tous : la pénurie de papier toilettes, le jogging, le bricolage et le jardinage, les infos en continu, la cohabitation, le réveil de la nature, la cuisine, le programme télé et Koh-Lanta, l’autorisation de sortie, l’apéro en virtuel ou avec les voisins... Sur le format classique d’une planche avec une chute à la fin, Nicoby raconte toute cette période et son impact dans son cercle familial. Avec simplicité et non sans humour, il crée un sentiment de familiarité et de bien-être et on s’attache très vite à sa petite famille. Les blagues sont parfois inégales, mais avec son sens de l’autodérision, il se sert de ses enfants qui se moquent régulièrement de ses propres vannes. Il fait également quelques clins d’œil appuyés à la bande dessinée et à sa propre œuvre. Au gré d'un dessin très vivant et agréable, Nicoby rend cette période profondément humaine et raconte parfaitement toutes les étapes étranges, insolites ou cocasses de ce confinement. Rien d’original me direz-vous, mais cela a le mérite d’être un beau témoignage sur une période qui marquera notre histoire.
